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Extrême droite et progressistes, la fausse alternative

mardi 16 février 2021, par Alex, Waraa

Extrême droite et progressistes, la fausse alternative

« Les Patries sont en danger, aux urnes citoyens, ayez peur défendez, la démocratie ! », nous assènent les relais politiques et médiatiques des Biden et Macron, et de leurs équivalents dans le monde, et sachez, nous disent-ils, que le seul recours contre les fascismes qui montent ce sont nos « institutions démocratiques », comme l’Etat et comme les élections dans le cadre capitaliste, ou encore comme l’« Impeachment » aux USA. C’est à ce dernier spectacle que les « démocrates » nous ont conviés ces jours derniers. Même si cette procédure de destitution contre l’ex-président Trump a échoué, elle a permis de faire croire à un maintien et une efficacité des procédures « démocratiques » américaines alors que les bandes fascistes croissent en nombre et en armement et que les forces d’Etat sont loin de combattre le fascisme.

En France, c’est la lutte électorale entre Macron et Le Pen pour 2022 qui devrait déjà nous mobiliser selon ces derniers. Le ministre de l’économie Lemaire a fait une apologie déguisée en cri d’alarme de Le Pen en la promouvant en potentielle future présidente de la République, en tout cas en opposante en chef à Macron. Tout comme le ministre de l’Intérieur Darmanin en faisant semblant de la combattre dans un débat public. Ils estiment que seule la menace Le Pen peut crédibiliser à nouveau Macron, présenté comme le rempart contre le fascisme. Mais surtout une manière de faire croire à un choix entre capitalisme démocratique et capitalisme fasciste qui dépendrait soi-disant des élections…
Oui, le fascisme, aux USA comme en France et dans le reste du monde est bien à l’ordre du jour, à moyen terme. Mais est-ce véritablement à cause des aléas d’une élection, ou des idéologies et organisations d’extrême droite ? A cause des complotistes ? Des bandes de nazis du type du groupuscule néonazi « Génération identitaire » ou de ceux qui ont envahi le Capitole, comparés de manière calomnieuse aux Gilets Jaunes qui ont menacé d’aller chercher Macron à l’Elysée ? A cause d’un Trump ou d’une Le Pen ? Ces explications simplistes qui font croire qu’on pourrait combattre le fascisme sans lutte extra-parlementaire et sans s’attaquer à l’Etat et au régime capitalistes, par un simple vote « progressiste » pour Macron ou Biden, n’en sont pas. Des gouvernants issus de la droite (Pétain) ou de la gauche (Mussolini) peuvent aussi bien mettre en place le fascisme que des gouvernants issus de l’extrême droite (Berlusconi) ne pas souhaiter le faire… Et aucun gouvernant « démocratique » (ni la social-démocratie en Allemagne, ni Blum en France, ni Allende au Chili) n’a jamais « barré la route au fascisme » !

Les conditions qui ont amené le capitalisme aux régimes fascistes et nazis au cours de l’histoire (Italie, Allemagne, France, Espagne, Grèce, Chili, etc.) étaient et sont toujours à chercher dans un ordre économique au pouvoir de grands groupes capitalistes, mais dont les contradictions deviennent parfois explosives parce qu’ils vivent dans une économie mondialisée qui reste, malgré tout, cloisonnée par des frontières nationales, contradiction mortelle en temps de crise aigue et pire encore en ce moment en plein effondrement systémique causé par une autre contradiction aigue entre le surcroit de capitaux par rapport aux investissements productifs rentables, créant de la plus-value et la nécessité d’accroitre sans cesse le capital.

Quelques 200 multinationales, malgré leur dictature économique mondiale, sont incapables d’enrayer l’anarchie de la production capitaliste en organisant une planification économique mondiale. Les licenciements à grande échelle touchent des millions de travailleurs au cœur des pays riches. Aux USA la vice-présidente Kamala-Harris annonce que 2 millions et demi de femmes et des millions de noirs ont perdu leur emploi depuis le début de la « crise du coronavirus », nom commode pour ce qui est une chute inexorable du capitalisme, déjà de l’ampleur de celle de 1929 et ce n’est pas fini. Un homme blanc au pouvoir annonce à des millions femmes et de noirs, omettant tous les autres, qu’ils ont plongé dans la misère, ce qu’elles savaient déjà, et ce que le capitalisme nous présente comme un progrès de la cause des femmes et des noirs aux USA, c’est l’élection de cet homme blanc aux mains des capitalistes et qui s’en tient à ce constat accablant qui n’est pas le seul produit de Trump mais des magnats capitalistes !

Souvenons-nous que ce sont les « progressistes », le faux socialiste L. Blum, le vrai stalinien M. Thorez, ainsi que les dirigeants bureaucratiques de la CGT qui ont ouvert en France la voie au Maréchal Pétain puis à la domination nazie en France, notamment en polarisant la mobilisation sociale vers l’élection d’un gouvernement de gauche et en cassant la grève générale insurrectionnelle de l’été 1936 ou encore sociaux-démocrates, staliniens et anarchistes d’Espagne. Ils s’opposaient en parole au fascisme qui, selon eux, « ne passera pas », mais leur programme (notamment le « il faut savoir terminer une grève » et « la révolution sociale n’est pas à l’ordre du jour ») était celui que nous proposent aujourd’hui Macron et Biden ou encore les nouveaux bureaucrates syndicaux de la CGT à la Thibaut-Lepaon-Martinez : exclure toute lutte de classe extra-parlementaire contre le capitalisme donc contre le fascisme. Blum et Thorez, alliés au centristes Radicaux dans l’alliance électorale du Front populaire, en appelaient en permanence à la police et à l’armée française, futurs collaborateurs des nazis, organisateurs de la rafle du Vél d’hiv, du camp pour enfants de Pithiviers, à défendre les travailleurs contre le fascisme et Hitler. La seule tâche des « progressistes », lorsque le grand capital a décidé de marcher aux dictatures militaro-policières puis ouvertement fascistes, est de discréditer toute solution « progressiste » c’est-à-dire capitaliste, poussant ainsi une partie des classes moyennes désespérées vers l’extrême-droite. Et c’est de préparer la révolution sociale en plaçant le peuple travailleur à la tête de toutes les couches sociales frappées par la crise, les chômeurs, les femmes, les jeunes, la petite bourgeoisie… C’est cela couper l’herbe sous le pied des fascistes car ils sont incapables de rivaliser en radicalité avec le peuple travailleur révolutionnaire.

Que les progressistes démocrates antifascistes puissent servir l’extrême droite, on a pu le constater récemment : la « loi sur le séparatisme » des centristes pro-Macron est un appel d’air à l’extrême-droite raciste, comme l’a illustré l’actualité de la ville de Trappes, ville ouvrière, deuxième ville la plus pauvre des Yvelines. Les motifs de cette loi rappellent des formules reprises dans les poubelles de l’histoire de France : le programme du leader de l’extrême-droite des années 1930, le colonel de La Rocque, s’attaquait déjà en effet au prétendu séparatisme des travailleurs immigrés : « On a vu s’établir dans nos provinces, parfois très loin des zones frontières, un pullulement de colonies conservant, avec leur nationalité, une quasi-autonomie morale, religieuse, administrative ». La réponse de La Rocque au séparatisme était : « Travail, famille patrie », repris ensuite par Pétain, et « la France aux Français ».Et c’est sur un tel programme « anti-séparatiste » repris de l’extrême-droite des années 30 par Macron, qu’on nous appelle à voter pour Macron contre Le Pen ! Ce sont ces slogans de l’extrême-droite des années 30 qu’a repris en creux un enseignant de Trappes lorsqu’il accuse ses élèves de « ne pas se sentir français ». Cet enseignant a eu le soutien concomitant des partisans de Le Pen et de Macron, contre le maire social-démocrate de Trappes.
La réalité, c’est que Macron a beaucoup plus fait progresser la France vers le fascisme par sa radicalisation de la répression policière contre les Gilets jaunes et autres transformations de l’Etat vers la dictature que ne l’ont fait les propos fascistes d’une Le Pen.
L’Etat d’urgence sanitaire a pris la suite de l’Etat répression anti Gilets jaunes et de l’Etat d’urgence soi-disant antiterroriste !
Discrédit du parlement (remplacé sous prétexte de Covid par un Conseil de défense qui place l’armée au centre), discrédit des pseudo-représentants des ouvriers qu’incarnent les sociaux-démocrates dans ce système, priés de quitter la scène :cette étape qui se déroule aujourd’hui devant nos yeux fut celle de la transition au fascisme en France de 1934 à 1940.

Au Mali, ce rôle du gouvernement français est à l’œuvre depuis 2013 : au nom de la lutte contre le terrorisme, cette forme de fascisme, l’armée française s’autorise des « bavures » mortelles et est un des principaux piliers d’une dictature militaire contre la population. La démocratie française, le peuple malien n’en connaît pas l’aspect « démocratique » !

Ce n’est ni en nous sentant français, musulman, jeune ou vieux, que nous abattrons ce capitalisme qui mène au fascisme lors de ses crises.

Ni Biden ni Macron ni aucun gouvernant capitaliste ne sauveront les peuples du danger fasciste car c’est le capitalisme décadent qui en est la cause de la fascisation des Etats et des sociétés. La seule force antifasciste réelle est le peuple travailleur, s’unissant au reste du monde du travail, chômeurs, jeunesse, femmes, retraités y compris la petite bourgeoisie qui vit de son travail, dont une partie a rejoint les Gilets jaunes.

C’est de la classe ouvrière et elle seule, et de son action extra-parlementaire, extra-électorale, y compris sa capacité à fédérer à ses côtés tout le peuple travailleur, que pourra surgir la vraie alternative. C’est de la force des masses travailleuses organisées dans des comités de quartier, de ville, d’entreprise qui porteront les revendications que ces masses auront élaborées elles-mêmes que viendra le salut. Les organisations politiques, associatives, syndicales ou élus locaux qui voudront s’associer à la lutte devront accepter de se soumettre aux décisions des comités du peuple travailleur.

Actuellement, les grandes organisations politiques, associatives ou syndicales qui prétendent nous représenter laissent ouvertement le champ libre à « l’expérience Macron ». Des « révolutionnaires », en fait opportunistes et liés aux organisations de gauche et aux bureaucraties syndicales, ne se démarquent pas de la gauche réformiste ou seulement en paroles au moment des élections (Arthaud, Poutou), tout en applaudissant les rituelles « journées syndicales d’action » sans objectif, ces échecs annoncés, comme la dernière en date du 4 février. Ces journées sans lendemain ne risquent pas de permettre aux travailleurs de se défendre ni de contrer la montée de l’extrême droite. Ce ne sont pas des échecs de la classe ouvrière mais de ceux qui veulent que nous accrochions nos wagons aux institutions d’un capitalisme qui s’effondre, entrainant avec lui ses parlements, ses mairies « progressistes » qui ne font que gérer la misère, ses organisations syndicales devenues des organes de collaboration de classe. Organisons-nous nous mêmes, préparons, contre les fascismes d’Etat des capitalistes et de leurs défenseurs, notre guerre de classe contre le capitalisme, avant que ce capitalisme et ses serviteurs ne nous entrainent dans des guerres de races, de religion, de patries, qui ne sont pas les nôtres !

Contre le fascisme et la dictature ainsi que contre la guerre, une seule solution la révolution sociale menant au pouvoir des travailleurs organisés en comités !

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