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La politique des classes dirigeantes grâce à Covid : faire changer la peur de camp en l’inoculant au monde du travail

lundi 28 décembre 2020, par Robert Paris

édito

La politique des classes dirigeantes grâce à Covid : faire changer la peur de camp en l’inoculant au monde du travail

D’un pays à l’autre, il pourrait sembler que les politiques d’Etat face à covid soient tout à fait dissemblables : les uns se masquaient quand les autres dénonçaient les masques, les uns se confinaient quand les autres déconfinaient, les uns testaient en masse pendant que les autres ne le faisaient pas, les uns mettaient le couvre-feu et pas les autres, les uns fermaient et les écoles et pas les autres, les uns coupaient les communications aériennes et pas les autres, les uns autorisaient ce que les autres interdisaient, etc. Bien difficile de trouver la logique de tout cela et tout est fait pour faire croire que ce qui se passe n’a aucune logique. Tout est fait pour que l’emporte dans le grand public la seule panique. Tout est fait pour qu’aucun fait scientifique ne soit sérieusement étudié et diffusé, qu’aucun ne soit cru, en créant une cacophonie médiatique des points de vue contradictoires des spécialistes. Finalement, Macron annonce triomphalement qu’ « on finit par ne plus croire en rien », car déboussoler la population, c’est son œuvre principale, comme celle des autres gouvernants, de l’Angleterre à la Suède, en passant par les USA et le reste du monde. Non seulement, les gouvernants disent le contraire les uns des autres mais les mêmes gouvernants disent le contraire le lendemain de ce qu’ils disaient hier.

Alors qu’au début, ils affirmaient que l’essentiel du discours public devait consister à ne pas faire peur, et même à rassurer, il devient de plus en plus clair qu’ils cultivent sciemment la panique, certains discours gouvernementaux ne donnant pas d’autre information que « vous devriez avoir peur » !!!

Qu’est-ce que la peur des milieux populaires peut bien apporter aux classes dirigeantes en ce moment ? Eh bien, tétaniser la population laborieuse au moment où elle subit, tous pays confondus, la pire attaque jamais connue au plan économique, social et politique…

Ils vous disent qu’il n’y a que pour aller au travail que vous ne devez pas avoir peur et les classes dirigeantes, elles, n’ont pas peur de vous envoyer à la mort !

Elles n’ont même peur d’aucune mesure favorable à l’économie capitaliste, même si elle est défavorable à santé. Par exemple, peu importe que les enfants attrapent covid dans les écoles et les crèches, on les y envoie quand même parce que, sinon, leurs parents ne pourraient pas aller au travail ! En même temps, on prive les étudiants de leurs cours parce que leur maintien à la maison ne nuit pas à l’économie capitaliste en empêchant leurs parents de travailler.

Autre exemple de la même logique : les restaurants sont fermés mais pas les hôtels. En effet, un grand nombre de salariés sont contraints de vivre à l’hôtel ou d’y séjourner et l’économie capitaliste serait affectée si on fermait les hôtels mais ce n’est pas le cas pour les restaurants. Les travailleurs n’ont qu’à se contenter de repas à emporter. Remarquable : les hôtels ont le droit de servir des petits déjeuner mais pas les cafés !!!

Dans toute cette campagne de panique, il y a donc un prétendu havre de paix, ce serait le travail ! Mais pas du tout, les entreprises entretiennent une autre panique, en plus de celle d’y attraper le covid (et les entreprises sont la première sorte de cluster de covid pour les statistiques), c’est la peur de perdre son emploi.

Les licenciements et fermetures d’entreprises se multiplient sous prétexte de covid. Bien entendu, les gouvernants non seulement tolèrent mais accompagnent les patrons qui s’attaquent ainsi aux salariés. Et cela ne suffit pas à la classe capitaliste : elle pousse les salariés à démissionner et à quitter l’entreprise. Et tout est bon pour cela : des pressions de l’encadrement aux stages, aux réunions, aux conférences de suggestions, de formation et de reconversion aux activités extérieures. Ce type de réunions d’incitation à partir de l’entreprise se multiplient du secteur public comme la SNCF au secteur privé comme Renault.

Et la peur a d’autres moyens de communication que les média. Les forces de répression diffusent la peur, en intervenant de manière violente, en développant un climat de suspicion, en arrêtant les manifestants ou les personnes accusées de ne pas respecter les consignes, etc.

Bien sûr, il ne faudrait pas oublier le terrorisme islamiste qui, selon les gouvernants, menace chacun d’entre nous, même si aucun complot réel sur le sol national n’a été éventé. Le gouvernement essaie de terroriser les non-musulmans en leur disant que sous chaque musulman peut se cacher un terroriste et aussi les musulmans en leur disant que chaque propos de leurs enfants à l’école seront surveillés et qu’ils pourront sur cette base être accusés de terrorisme…

Et, bien entendu, il y a covid… C’est tous les jours que les ministres et le président, et autres responsables de la santé publique, se succèdent pour diffuser des messages de peur !

On pourrait croire que c’est dans l’intérêt de la population qui sous-estimerait le danger mais, en même temps, ils déconfinent et envoient les gens se contaminer mutuellement de manière inévitable. En même temps, ils traînent à couper les communications avec l’Angleterre frappée par une variante du virus particulièrement rapide à se propager. En même temps, ils autorisent des entreprises à ne pas utiliser les masques. Interdit d’aller dans une librairie avec un masque mais autorisé de travailler dans un chantier sans masque !

Interdit d’ouvrir des petits commerce quand il y a peu de clients dedans mais autorisé de les ouvrir en plein dans les fêtes, quand les commerces sont bondés !

Quel est l’intérêt de tous ces types de peurs que propage la classe dirigeante ?

Eh bien, tout d’abord à l’usage des travailleurs, cela les tétanise et bloque l’essentiel des réactions. Ainsi, il n’y a pas de réaction d’ensemble à la plus grande vague de licenciements que l’on ait connue et qui débute actuellement. Ce n’est bien entendu pas sur les appareils syndicaux que l’on pouvait compter pour mettre en place l’organisation des travailleurs par-delà les secteurs et les divisions, comme public/privé, pour combattre ces suppressions d’emplois. Et pas même pour combattre réellement la propagande selon laquelle ce serait le covid qui causerait une crise économique et pas l’effondrement historique du capitalisme, ce dont les appareils réformistes ne veulent pas entendre parler car leur fromage serait définitivement supprimé !

La deuxième utilisation de la peur consiste à cibler les classes moyennes, les petits commerçants, les petits artisans, les petites professions libérales et les auto-entrepreneurs, les petits pêcheurs, petits paysans, etc. Ces gens-là doivent se sentir particulièrement frappés, leurs boutiques fermées ou perdant leur clientèle, pendant qu’ils apprennent qu’on aide les entreprises et qu’on prétend que c’est pour sauver les emplois des salariés. C’est ainsi qu’on remonte les peurs de la petite bourgeoisie comme on l’avait déjà fait lors de graves crises économiques et sociales précédentes pour produire une masse fasciste manipulable et prête à se jeter dans les bras des soi-disant sauveurs !

La peur, c’est un moyen de déboussoler et de déstabiliser la population pour la jeter dans les bras de vrais terroristes, les classes possédantes devenues d’autant plus violentes qu’elles sont plus menacées par la révolution sociale internationale du fait que le système capitaliste ne parvient plus qu’à se survivre à coups d’aides en milliers de milliards d’aides sur fonds publics…

Bien sûr, en réalité, ce sont ces classes possédantes qui ont ressenti au départ une grande peur de ne pas savoir quoi faire quand tout allait s’écrouler, comme elles le reconnaissaient au forum de Davos des capitalistes et des gouvernants qui a précédé covid. Eh bien la pandémie a été l’une des réponses à la question posée : comment faire en sorte que la peur des possédants gagne les non-possédants.

Bien sûr, ces mêmes classes possédantes ont prétendu de longue date qu’elles n’étaient plus menacées par une révolution communiste mais elles-mêmes n’y ont pas cru et elles savent que, du moment que le grand capital ne proposera plus des emplois aux exploités, ne leur assurera plus ni salaires, ni logement, ni santé, ni sécurité, les exploités n’auront plus aucune raison de subir la loi du grand capital…

Dès lors que l’effondrement capitaliste, avec les fermetures en masse des trusts et des banques, deviendra une réalité palpable, les prolétaires sauront clairement qu’ils n’ont plus à perdre que leurs chaînes et un monde à gagner. Nous, humains, ne sommes pas définitivement mariés avec le régime de la propriété des moyens de production et des capitaux, qui n’aura été qu’un court passage dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes parfaitement capables de faire fonctionner une société sur des bases communistes en mettant en commun les moyens de production et les richesses.

L’épidémie de panique que les classes possédantes ont diffusé partout dans le monde ne suffira pas à détourner l’histoire de son cours ni à imposer des horreurs généralisées transformant la planète en un vaste camp de concentration.

Ne laissons pas la peur nous gagner, ne cédons pas aux haines qu’ils veulent diffuser, ne paniquons pas : le monde du travail est bien plus fort que le monde du un pourcent de capitalistes, et nous sommes capables, comme le mouvement des gilets jaunes l’a montré, d’entraîner avec les prolétaires la fraction de la petite bourgeoisie qui est victime du système capitaliste.

Dès lors, n’ayons peur que d’une chose : de suivre les sirènes des réformistes qui nous proposent de ne pas nous organiser nous-mêmes, de ne pas décider nous-mêmes de notre avenir, de ne pas nous unir aux couches travailleuses de la petite bourgeoisie et de la jeunesse, de ne pas nous attaquer à un système capitaliste définitivement dépassé.

Et surtout, n’ayons pas peur… de bâtir une nouvelle société débarrassée de l’exploitation et de l’oppression d’Etat !

Messages

  • la peur de se masquer et de ne pas se masquer puis la peur de se confiner ou de ne pas se confiner et maintenant la peur de vacciner ou de ne pas se vacciner, oui, les gouvernants veulent tenir les peuples travailleurs dans la peur...

    Et le fichier des personnes vaccinées a le même but !

  • « Si vous le voulez, priez pour les morts - mais surtout, battez-vous pour les vivants ! » Mama Jones Lire ici l’article sur cette ouvrière et militante de la cause des travailleurs. Lire ici

    Ses enfants et son mari ont tous péri dans l’épidémie de fièvre jaune qui a frappé Memphis en 1867. « Les victimes étaient avant tous les pauvres et les travailleurs », a-t-elle écrit plus tard. « Les riches pouvaient quitter la ville. Les écoles et les églises ont été fermées. Il était interdit d’entrer dans le foyer d’une victime sans autorisation spéciale. Les pauvres ne pouvaient pas se payer une infirmière. En face de chez moi, dix personnes étaient mortes de l’épidémie. De tous les côtés, la mort nous entourait. On enterrait les cadavres la nuit, sans cérémonie. J’entendais les cris délirants et les pleurs.

    Mother Jones a joué un rôle de premier plan dans de nombreuses luttes, dont la grève des mineurs à Arnot (Pennsylvanie). La grève a été victorieuse, mais pas avant une tentative, de la part des employeurs, d’y mettre fin d’une façon bien particulière. Mother Jones se trouvait un soir chez le dirigeant du syndicat de la localité, un dénommé Wilson, lorsque quelqu’un a frappé à sa porte. Le foyer de la famille Wilson était hypothéqué auprès d’une banque dont le propriétaire était aussi celui de la mine. Les visiteurs nocturnes avaient une proposition à faire au dirigeant syndical : « On annulera l’hypothèque sur votre foyer et on vous donnera 25 000 dollars si vous acceptez de quitter la région et de laisser mourir la grève. » Mother Jones écrit : « Je n’oublierai jamais sa réponse : " Messieurs, si vous rendez visite à ma famille, je vous garantis un accueil chaleureux. Mais si vous êtes là pour m’inciter à trahir mon intégrité et les travailleurs qui me font confiance, je vous demande de partir immédiatement et de ne plus jamais revenir. " » Wilson logeait des grévistes en difficulté chez lui, partageait tout ce qu’il avait avec eux et vivait modestement. Mother Jones écrit encore à son sujet : « Il connaissait les mêmes difficultés que les militants de base de l’organisation. Des dirigeants comme lui, nous n’en avons plus, de nos jours. »

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