mardi 31 mars 2020, par
Edito
Le G20 va jeter cinq mille milliards de dollars dans le gouffre capitaliste et cela ne suffira même pas à diminuer le creusement de l’abîme tant ce dernier croît à un rythme plus accéléré que le nombre de morts de la pandémie ! Aucun politicien, aucun économiste, aucun prédictionniste ne se hasarde à dire qu’il existe une chance de survie et de reprise économique. Ils se contentent d’affirmer que tous les moyens doivent être mis, sans limite, pour « aider l’économie » et, si ces sommes colossales parviennent bien aux mains des capitalistes, elles ne créent ni une relance, ni une prospérité et même pas une confiance des capitalistes eux-mêmes !
Trump verse 2200 milliards de dollars d’aide… aux capitalistes ! La BCE verse 750 milliards d’euros aux mêmes ! Le Japon leur verse 120 milliards de dollars… Aucun Etat et aucune banque centrale ne verse aux peuples, aux travailleurs, aux petites gens ! Oui, le système capitaliste tentera de se maintenir quoiqu’il en coûte à la société humaine ! Il est prêt à payer, et surtout à faire payer aux peuples n’importe quel prix, en argent comme en vies humaines, pour sauver la domination de la minorité capitaliste sur l’humanité exploitée !
Quelle que soit la date où le coronavirus a frappé chaque pays, les gouvernants ont choisi jusqu’au dernier moment de déclarer que ce n’est rien, c’est moins grave qu’une grippe et de ne pas prendre des mesures massives et drastiques. Il y a là une raison qui dépasse l’aveuglement, la bêtise, la corruption, le refus de dépenser et l’arrogance des gouvernants. Il y a eu là un calcul et celui-ci n’est pas un complot mais simplement "une guerre", une guerre contre le peuple travailleur du monde entrant en révolution contre l’ancien système dominant à l’agonie. Laisser les peuples frappés par la pandémie, en se couvrant de son caractère prétendument naturel, c’est se donner les moyens de terroriser, d’encaserner, de développer la dictature, d’empêcher les rassemblements et les manifestations, de détruire les réactions sociales et politiques. Cela ne sauvera pas le système capitaliste qui est incapable de se survivre mais cela sauve momentanément les Etats au service des capitalistes.
Les gouvernants essaient de nous faire croire que, sortis de la pandémie, les choses vont se rétablir et qu’ils vont tirer les leçons de toutes les fautes commises et de tous les défauts de la société qui ont permis cette catastrophe, et même feront de cette victoire sur la pandémie une avancée de la société humaine. Les réformistes politiques, syndicaux et associatifs, essaient de nous faire croire qu’il va suffire, à la fin de la pandémie, de régler quelques comptes politiciens, de reprocher leur imprévoyance et leur incapacité aux hommes politiques en place, comme si cela n’était pas bien plus profond que quelques mauvaises décisions prises par tel ou tel, comme si ce n’était pas le système mondial de domination lui-même qui révélait ainsi son incapacité à protéger l’humanité.
Les capitalistes essaient de nous faire croire que, une fois la pandémie réglée, ils vont pouvoir faire repartir comme avant la machine économique. Y croient-ils eux-mêmes ou veulent-ils seulement le faire croire aux peuples ? Peu importe en fait. Ce qui compte, c’est que tout cela est complètement faux et pour une raison fondamentale : ce n’est pas le coronavirus qui a tué le monde capitaliste même s’il tue effectivement un grand nombre d’êtres humains et détruit bien des anciennes relations sociales. Non, c’est la société humaine qui vient de basculer sans que l’on sache exactement vers quoi d’autre, sans que les classes dirigeantes puissent dire quel avenir elles préparent ni que les classes exploitées puissent commencer à bâtir une nouvelle société débarrassée des scories de l’ancienne ou même à développer leur conscience et leur organisation dans ce sens.
Bien sûr, le rôle des politiciens, des média et des gouvernants au service du grand capital, c’est de sauver le système d’exploitation et ils sont prêts à dire qu’ils vont tirer toutes les leçons. Ils l’ont dit déjà en 2008 sans que leur politique ait cessé de favoriser uniquement le grand capital, en particulier le capital financier et même le pire de la spéculation, celui qui mise sur la chute, celui des actions pourries et investissements nécrophiles. Jamais il n’a fait payer au grand capital ses investissements pourris, même ceux qui sont destructifs pour le système ! Jamais il ne le fera ! Il a, au contraire, racheté sans cesse sur fonds publics des banques centrales et des Etats, les actions pourries qui plombaient les bilans du grand capital ! Il n’a fait qu’inonder de milliers de milliards les grands capitalistes qui détruisent le système par leurs investissements nécrophiles qui misent sur la chute !
Quand les politiciens déclarent comme Macron que rien ne sera jamais comme avant, ils ne font que reprendre la phrase fameuse de Leopardi dans « Le Guépard » : « Il faut que tout change pour que rien ne change ! » Tout changer en apparence pour conserver la dictature de la classe exploiteuse !
Les uns et les autres, suivant l’appréciation qu’ils donnaient aux causes fondamentales de l’effondrement mondial actuel, sanitaire mais aussi social, économique et même politique, démocratique, relationnel, avancent des changements possibles pour l’ère post-pandémie. Ceux qui accusaient la mondialisation affirment que l’on va revenir dessus. Ceux qui accusaient la pollution carbone voient dans la pandémie une réaction naturelle de la planète. Les religieux qui accusaient l’amoralisme des hommes y voient une punition. Ceux qui accusaient le libéralisme revoient une ère bénie de nationalisations et d’étatisme. Ceux qui préconisaient une baisse de la production et un déclinisme, une thèse de la décroissance, un recul du développement productif, peuvent estimer que l’on est en train de la réaliser… Ceux qui remarquent que les frontières se ferment et les échanges mondiaux aériens chutent, estiment que l’ère des nations revient…
Mais ils se trompent, le capitalisme ne va nullement ni vers un développement plus écologique, ni vers un développement décroissant, ni vers un développement plus durable, ni vers un développement moins mondialiste, ni vers un développement plus national, ni même vers un développement plus social, plus respectueux des travailleurs, etc. Non, le capitalisme ne va vers rien de tout cela. Il ne va nulle part et n’a aucun plan de rechange. Il ne peut que suivre la même voie et celle-ci le mène à une seule issue : l’abîme. Cette voie, c’est celle de la propriété privée des capitaux par une infime minorité et celle de la recherche du profit maximal du capital et ces deux là, qui l’ont mené à l’époque glorieuse du capitalisme, vers un développement sans cesse accéléré, malgré quelques crises conjoncturelles, le mènent aujourd’hui à sa tombe car le profit maximal ne s’obtient plus en embauchant des salariés et investissant dans la production mais en spéculant sur… des aides massives, de véritables distributions de milliers de milliards, comme des petits pains, par les institutions centrales !!!
Nous sommes à une transition de la société humaine et c’est cela peut laisser à penser, à tort, que tout pourrait revenir à la normale avec tel ou tel petit aménagement mais cela est faux. Bien sûr, il y a eu des épidémies qui se sont arrêtées et il y a eu des reprises économiques après des crises du capitalisme, mais la situation historique actuelle est complètement différente : il n’y a pas de perspectives nouvelles de développement dans le cadre du capitalisme.
En fait, le capitalisme n’est même pas en train de mourir en 2020 : il était déjà mort en 2007-2008, soit il y a treize ans !!! La mort d’un système n’est pas un simple événement ponctuel et l’agonie peut durer mais c’est un événement irréversible car le ressort du fonctionnement économique et social est cassé. Le capitalisme ne sera pas le premier système socio-économique à avoir péri au cours de l’Histoire. Bien au contraire, il a eu de nombreux prédécesseurs. Certains sont fameux comme l’empire romain ou l’empire incas, mais la plupart des gens, même s’ils ont visité des ruines de civilisations, ignorent comment chutent les civilisations. On entend tout dire et son contraire, non seulement sur l’origine du coronavirus mais aussi sur la fin historique des systèmes sociaux, par exemple sur la fin de l’esclavagisme romain, sur celle des Hittites ou encore sur celle de l’Ancien régime en 1789-1793.
Il faut savoir qu’un système social ne disparaît que lorsqu’il n’est plus capable de développer les forces productives et qu’il en va ainsi aujourd’hui pour le capitalisme. Pourtant, ce système d’exploitation a connu des époques où il n’avait pas besoin d’incitations ni d’aides pour développer la production, pour multiplier les produits fabriqués et embaucher massivement des salariés !
Qu’est-ce qui a bien pu le faire s’effondrer à un moment où les capacités techniques sont plus élevées que jamais et où le niveau des capitaux qui circulent dans le monde atteint des sommets incroyables ?
Eh bien, c’est justement le niveau incroyable des capitaux mondiaux qui plombe le capitalisme, c’est son succès même qui en fait un système dépassé historiquement. A ce niveau incroyable des capitaux, aucune sphère productive n’est capable, de manière rentable, d’absorber cette masse d’argent dans des investissements productifs. Du coup, la masse de capitaux spéculatifs est telle qu’elle fait basculer le monde et oblige les Etats et les banques centrales à payer sans cesse plus de rente au capital spéculatif, lequel se drogue de plus en plus aux aides des institutions centrales, au point de se détourner complètement de l’investissement productif. Et pourtant, le système capitaliste ne peut tirer des richesses nouvelles à se distribuer que de l’exploitation du travail humain, de la plus-value extraite du surtravail. En se détournant de l’exploitation du travail humain de manière durable et pas seulement ponctuelle, lors d’une crise classique, le capitalisme a signé son arrêt de mort.
Le capitalisme est mort ! Ce n’est pas le coronavirus qui le tue mais ses propres contradictions et son incapacité à développer davantage les forces productives. Les déversements massifs de milliers de milliards ne vont que retarder l’échéance tout en augmentant l’ampleur de la chute. Si on ne se débarrasse pas rapidement de l’ancien système d’exploitation tout pourri, il nous enterrera avec lui, par le coronavirus comme par la guerre et le fascisme, et nous fera entrer dans un enfer sanglant moyenâgeux ! L’humanité a bien d’autres perspectives à condition de se débarrasser définitivement de la propriété privée des moyens de production et de l’Etat capitaliste ! Et d’abord de débarrasser les consciences du réformisme et de l’opportunisme qui nous mentent, qui nous poussent dans les bras de nos pires ennemis et qui nous empêchent de regarder l’avenir avec courage et détermination et de nous contacter et nous organiser pour préparer une perspective historique nouvelle ! L’avenir est à l’auto-organisation du peuple travailleur du monde et à sa prise de pouvoir sur toute la société et sur toutes les richesses ! Le coronavirus, loin de retarder cette échéance, en nécessite l’accélération ! Vive la révolution prolétarienne mondiale, seule chance des peuples pour se défendre de toutes les menaces, la pandémie comme l’effondrement économique et sociale et la dictature politique, policière et militaire ! Contre l’union sacrée, développons la lutte des classes révolutionnaire ! Serrons les rangs, camarades, préparons le nouveau parti révolutionnaire comme boussole de notre analyse, de notre organisation et de notre action. Plus que jamais, le seul activisme syndical ou politique n’est pas la voie : nous avons besoin d’étudier et de comprendre ce qui est en train d’advenir et pas de faire semblant d’agir. Quant à réclamer et revendiquer, c’est carrément dépassé : on ne demande rien aux classes possédantes quand elles s’arment du couteau des assassins ! On se prépare seulement à les renverser ! L’appel à l’unité, y compris l’unité prolétarienne, ne doit pas cacher ni supprimer les divergences, et surtout pas repousser lâchement les polémiques. Se préparer, c’est d’abord discuter, même quand il est plus difficile de le faire physiquement en face à face. C’est des idées révolutionnaires prolétariennes que l’on a maintenant urgemment besoin ! Nous entrons dans une période où les idées peuvent devenir des forces réelles car elles peuvent demain trouver le chemin des masses exploitées ! Débattons, chers amis et camarades, et c’est ainsi que nous préparons déjà un monde meilleur, une société véritablement humaine, sans exploiteurs et exploités, sans dirigeants et dirigés, sans possédants et non-possédants, sans classes sociales et sans oppression d’Etat. Puisque les capitalistes nous jettent dans leur effondrement, faisons en sorte que l’humanité en tire sa liberté et son émancipation !
Depuis le début de la pandémie et de la chute de l’économie, les classes possédantes ont digéré des milliers de milliards distribués par les Etats et les banques centrales, un argent qui aurait pu construire des hôpitaux, embaucher des personnels de santé, produire des matériels de protection et des médicaments, et cette distribution historique de fortunes aux marchés n’a pas pu freiner la chute des bourses et de tout le fonctionnement capitaliste. Les classes possédantes et leurs Etats sont incapables de faire face à la catastrophe, même si elles font semblant de tout faire et d’être indispensables pour nous sauver. Elles ne feront rien de plus en faveur des peuples et ne font que se préparer à nous réprimer violemment.
Bien sûr, dans l’immédiat, la peur suscitée par la chute générale de la société et par la vague immense de morts ne provoque que le repliement mais la colère monte… Les peuples sont bien conscients que c’est l’incapacité du système d’exploitation qui les livre ainsi à la mort et à la misère à court terme.