vendredi 8 novembre 2019, par
Près de neuf Français sur dix soutiennent la grève des urgences, les deux tiers ne sont pas convaincus par le plan d’Agnès Buzyn pour l’hôpital. Mais ce n’est pas l’opinion publique qui dicte la politique des gouvernants : c’est la lutte des classes ! Et l’InterUrgence, qui s’y opposait jusque là, a décidé d’étendre la lutte dans tout l’hôpital, rejointe notamment par des médecins et des personnels de santé. Dans une motion adoptée à l’unanimité, le collectif inter-hôpitaux demande une augmentation du salaire de base de 300€ nets mensuels pour tous les salariés de l’hôpital et l’abandon de la tarification à l’activité. Ces revendications sont générales à tous les personnels de l’hôpital public. Les EPHAD aussi, les unes après les autres, entrent en grève. La lutte d’ensemble est bel et bien la seule réponse au gouvernement, à Hirsch et à Buzyn !
Les projets de destruction gouvernementaux ne désarment pas Les hôpitaux devront encore réaliser 800 millions d’euros d’économies cette année !!! En quinze ans, c’est carrément 8,6 milliards qui ont été volés à l’hôpital public. Et, a déclaré la ministre Buzyn, « avec ce projet de loi de finances, nous préservons l’hôpital ». En fait, les urgences ne sont pas les seules à craquer, tout l’hôpital craque, et aussi toute la psychiatrie, toutes les EPHAD, toute la pédiatrie, toute la santé !
Nous recevons de nombreux tracts syndicaux sur les retraites. Tous rappellent que la réforme du gouvernement est inacceptable. Cela, on le comprend aisément. Mais ce qui est moins compréhensible, c’est que l’attaque des retraites se produit dans la même lignée que tout un tas d’autres attaques alors que les directions syndicales n’appellent pas à les combattre en même temps. L’hôpital est détruit en même temps que les services publics de transports, de recherche, d’enseignement, d’énergie, de communications, d’aéroports et on en passe… En même temps aussi que la destruction des retraites, il y a les attaques contre la sécurité sociale, contre les chômeurs (la pire attaque depuis longtemps !) et bien d’autres contre les migrants, contre les musulmans, contre les pauvres en général avec des hausses tous azimuts et le blocage des salaires du privé comme du public. Attaque générale donc mais riposte dispersée puisque la RATP, sous l’égide des syndicats, a démarré seule. Puisque les syndicats ont lâché les cheminots lors des deux derniers mouvements importants ! Un tract de FO débute ainsi : « Une grève et manifestation chacun dans son coin et sur une seule journée n’apporte rien » et il appelle à une seule journée d’action le 5 décembre et aussi chacun dans son coin puisque certains syndicats appellent au 5 décembre et d’autres au 14 novembre. D’un côté la RATP et de l’autre la SNCF. D’un côté, l’hôpital public et de l’autre le secteur Santé-action sociale ! Et certains syndicats appellent l’hôpital public au 14 novembre et d’autres au 5 décembre ! En fait, le 14 novembre état surtout la journée appelée par l’InterUrgences devenue InterHôpitaux et les syndicats n’ont pas voulu suivre l’auto-organisation ! Mais, même si les syndicats se sont mis d’accord sur la journée du 5 décembre, bien lointaine, ce n’est encore pas pour permettre une organisation de la lutte par les travailleurs eux-mêmes, et, dans l’idée des appareils syndicaux, ce ne sera encore pas nous, travailleurs, qui aurons décidé des revendications, des buts de la grève, de son mode d’action et de sa durée, de ses perspectives et donc les classes possédantes n’auront aucune raison de craindre une telle journée. On remarquera qu’une poignée de cheminots ont plus réussi à se faire craindre en s’organisant eux-mêmes sans les appareils syndicaux et à faire reculer les gouvernants comme à étendre leur mouvement, ou encore une poignée de personnels des Urgences, ou des EPHAD, que ne l’ont fait des journées d’inaction syndicale, même massives ! Pour le 5 décembre, ne nous contentons pas de marcher derrière les syndicats : organisons-nous dès maintenant pour décider des revendications et des suites du mouvement...
La télévision a diffusé un documentaire édifiant sur l’état de décomposition de l’hôpital public. Des personnels ont collaboré à cette dénonciation du scandale d’un service public autrefois de qualité et qui devient une véritable horreur par manque de personnels, par manque de moyens et par volonté politique des responsables étatiques qui veulent favoriser le privé au prix du coulage de l’hôpital public et qui, pour les fonds publics, les consacrent à des aides… aux trusts du bâtiment, d’aide aux trusts du médicament, aux trusts de l’informatique, qui suppriment sans cesse des emplois, des lits d’hôpital, des services, des maternités, des services et des hôpitaux. Ce documentaire montre ainsi la Réa du CHU de Nice au sous-sol sans aération à côté des poubelles, sans isolement, sans lumière naturelle, sans hygiène. Ou encore la Chirurgie cardiaque du CHU de Nantes qui fonctionne à 5 ou six blocs sur dix par manque de personnel et laisse crever les malades qui ont besoin d’un pontage cardiaque ou d’une autre opération. Les responsables de cette destruction du service public devront un jour être traduits en justice pour détournement de fonds au service d’intérêts privés et Buzyn-Macron-Hirsch devraient être accusés de conflit d’intérêt ! Agnès Buzyn, ministre de la Santé, après avoir bossé des années chez Bristol-Myers Squibb et Novartis, est devenue la principale défenseur des vaccins à tout prix !!! Bel exemple de conflit d’intérêt avec le lobby pharmaceutique ! Tout comme, avec son mari, elle est bien introduite dans la médecine privée !
Les cadres de l’hôpital sont sollicités sans cesse : « quels sont vos objectifs ? » Et il s’agit bien entendu d’objectifs de restrictions, de diminutions de dépenses, de suppressions de lits, de restrictions d’effectifs, de suppressions de services, de mutualisation, de regroupements, de méthodes de gestion du privé avec rentabilisation à mort. Les médecins et responsables hospitaliers eux-mêmes n’en peuvent plus et répondent à la direction qu’ils ne peuvent plus tirer sur la corde : déjà elle casse !!! De nombreux médecins prennent la porte, des infirmières aussi, de peur de détruire leur santé, leur sécurité et celles des malades !!! Certains ont même convergé avec l’InterUrgence… C’est dire l’évolution des consciences… Ceux qui pensent qu’on pourra éviter de se révolter ont bien tort : c’est la seule chose que les gouvernants comprennent de nos jour, la révolution sociale. Ce n’est pas qu’au Chili, en Equateur, en Irak, en Haïti, c’est aussi en France !!
A l’hôpital Saint-Antoine, les remontées d’égouts sont telles que, malgré l’intervention répétée et massive des véhicules de pompage des sous-sols sous les bâtiments, les odeurs sont, parfois et dans certaines zones, complètement nauséabondes, pestilentielles et récurrentes. Faudrait-il installer les bureaux de la direction générale de l’APHP dans les sous-sols de Saint-Antoine pour faire évoluer les choses ?
L’hôpital public en France était autrefois extrêmement bien classé en Europe et dans le monde mais ce classement dégringole d’année en année, du fait des politiques gouvernementales et des directions de l’APHP, à commencer par celle de Hirsch, destructeur en chef de l’hôpital public ! Ce classement de la France est passé des tout premiers rangs au 26ème, derrière la Slovaquie ! Que l’on ne nous dise pas que ce sont les personnels qui en sont cause. Non, ce sont les hauts responsables de la Santé qui la détruisent pour favoriser la santé… des trusts privés de l’hôpital, des maisons de retraite, du médicament, du bâtiment, de l’informatique et autres intérêts privés.