vendredi 1er novembre 2019, par
Edito
Soulèvement social en Irak, au Liban, en Equateur, au Chili, en Algérie, au Soudan, en Haïti, en Guinée, en France… Partout dans le monde la lutte des classes reprend ses droits… Des manifestations monstres, des gouvernants conspués, des répressions impuissantes à endiguer le flot de la révolte… La remise en cause partout de l’ordre établi, de l’ordre social et de l’ordre politique par ceux qui ne sont rien, qui n’ont rien, qui d’habitude ne décident de rien, ne participent à rien, n’ont pouvoir sur rien…
Et c’est bel et bien une tempête sociale, pas nationaliste, pas identitaire, pas ethnique, pas religieuse qui explose en Irak, en Algérie, au Soudan, en Equateur, au Chili... Partout, elle se heurte directement à la réalité du pouvoir : à l’armée !!!
Ce qu’il y a de commun dans ces révoltes. Ce sont celles des plus démunis, des femmes et de la jeunesse. Elles contestent l’ordre social et liens des plus riches avec le pouvoir politique. On assiste à une mondialisation de la révolte. Les peuples ne se laissent plus faire. Ils ne se laissent même pas diriger.
Au Chili, c’est le prix du métro. Au Liban, c’est une taxe sur les appels téléphoniques via Internet. En Russie, c’est une réforme des retraites peu avantageuse. En Equateur, c’est l’arrêt brutal des subventions aux carburants. En France, c’est une taxe sur le carburant… C’est bel et bien la révolte sociale qui met partout le feu aux poudres et pas l’identitaire, pas la religion, pas la race, pas l’ethnie !!! L’augmentation du prix des transports publics est à l’explosion sociale au Chili ce que la taxe de WhatsApp est au Liban, ce que la taxe carbone a été au mouvement des Gilets jaunes en France : la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cet embrasement sans précédent dans l’histoire démocratique du Chili, sans précédent dans l’histoire de l’Algérie, du Soudan, de l’Irak est l’expression d’un ras-le-bol généralisé contre un système qui privatise à tout-va, creuse les inégalités et ne prodigue presque aucune aide sociale. Ainsi, les Chiliens protestent ainsi contre des abus subis depuis de nombreuses années : la précarité du système de retraite et de santé, l’augmentation du prix des médicaments, la hausse des coûts de l’électricité ou encore les intoxications répétées dans les « zones de sacrifice » très industrialisées et fortement polluées.
Les classes dirigeantes du monde ont parfaitement raison de considérer les grèves spontanées, dites par elles « sauvages », les grèves illimitées auto-organisées, les rassemblements de gilets jaunes, les manifestations des plus démunis comme des prémisses insurrectionnelles de la classe exploitée et ils les traitent, du coup, par une répression sans frein, avec toute l’arrogance, la violence et l’obstination de possédants menacés par les opprimés comme on le voit avec les Gilets jaunes, avec les personnels des Urgences, des Ephad, des cheminots, etc. Les possédants savent bien que la valse des dirigeants syndicaux (promenades même massives des journées d’inaction puis négociations) n’est en rien une menace pour l’ordre des milliardaires et sert même généralement pour réaliser des lâchers de vapeur et retarder les luttes, alors que chaque vraie grève illimitée, auto-organisée, spontanée, sans avertissement, sans respect de cet ordre, même si elle ne concerne qu’une centaine de prolétaires, est comme le son du tocsin pour les exploiteurs.
La vague des révolutions contemporaines a débuté avec la vague de révolte dite des « printemps », pas du tout par hasard, peu après l’effondrement économique du capitalisme mondial de 2007-2008, quand toutes les grandes puissances, tous leurs Etats, toutes les banques centrales ont estimé de concert qu’il était indispensable d’empêcher la faillite de tout trust, de toute grande banque de tout bourse, avec des sommes colossales d’argent public, pour l’essentiel en fausse monnaie, sans aucune garantie derrière, sans production de richesse ni stockage de richesses pour appuyer ces monnaies balancées à hauteur de milliers de milliards de dollars. Ce sont non seulement les « printemps arabes », en particulier en Tunisie et en Egypte mais aussi au Maroc et en Algérie, les révoltes en Afrique et au Brésil, mais aussi la révolte dans tout le monde des anciens « pays de l’Est ». Par la suite, des révoltes sociales ont explosé partout d’Haïti à l’Europe de l’Est, d’Israël à la Palestine, de la France (Gilets jaunes !) à Porto Rico, et du Soudan à l’Algérie.
Et ces révolutions qui touchent dorénavant toute l’Amérique latine mais aussi au Liban ou en Irak, prennent un nouveau caractère. Le niveau de conscience des révoltés étonne le monde. La révolte ne fait pas que conspuer les classes dirigeantes, c’est-à-dire les politiciens, mais aussi les classes possédantes. Ils refusent non seulement toutes les équipes politiques au pouvoir et tous les corrompus qui leur sont liés.
Ils repoussent aussi tous les modes de divisions et d’oppression qui avaient été la règle pendant des décennies. Par exemple, là où les femmes sont particulièrement opprimés comme au Soudan, elles sont à la tête de la révolte. Là où les Amérindiens sont opprimés comme en Equateur, ils sont à la tête de la révolte. Au pays de l’organisation féodale confessionnelle, ils rejettent jusqu’à son principe. Là où le peuple était divisé en chrétiens, druzes, chiites et sunnites, la partie chrétienne dénonce les chefs chrétiens, la partie druze dénonce les chefs druzes, la partie chiite dénonce les chefs chiites et la partie sunnite dénonce les chefs sunnites. Finie la belle division religieuse et clanique ! Le chef de l’Etat libanais, soutenu par tous les clans féodaux et religieux, est tombé sous la pression populaire et ce n’est pas fini !
Dans tous les pays en révolte, ce sont les plus démunis qui sont à la tête de la révolte !! Et partout aussi, ce sont les profits fabuleux des possédants qui sont les plus dénoncés !! On peut dire que c’est presque un seul mouvement de révolte mondial auquel on assiste !!
Oui ! c’est bel et bien la planète entière des démunis, des femmes et des jeunes qui est devenue des gilets jaunes ! Et cette conjonction de mouvements aux quatre coins du monde ne doit rien au hasard : c’est le système qui domine le monde qui a atteint ses limites et approche de sa fin, mais les peuples savent que les possédants ne se laisseront pas pousser dehors sans efforts. Ils le savent aussi parce que partout, y compris dans la « démocratique » France, les forces de répression frappent, arrêtent, blessent et tuent !!! L’Etat est partout au service exclusif des classes possédantes, y compris dans les prétendues démocraties !
Comme avec les gilets jaunes en France, ou comme avec les agents du technicentre SNCF de Châtillon, l’explosion de colère a démarré par une mesure antisociale qui a fait déborder le vase des mécontentements. Et aussi, comme en France, les révoltés ont été dénoncés par les puissants, par les possédants, par les corrompus. Ceux qui détruisent les services publics ont accusé les pauvres révoltés de détruire les services publics !!! Ceux qui démolissent l’économie, la vie sociale, les emplois ont accusé les pauvres révoltés de détruire l’économie, la vie sociale, les emplois !!! Partout, les plus démunis ont été accusés d’être des barbares alors que les barbares, ce sont le un pourcent de riches qui s’enrichissent sur le dos de toute la population. Partout, les possédants se sont autorisés à déclencher une violence répressive sans limite. Mais, partout aussi, cela n’a pas suffi à arrêter le mouvement.
Car l’une des caractéristiques de tous ces mouvements, c’est qu’ils prennent un caractère permanent. L’Algérie, le Soudan n’ont pas plus terminé leur mouvement que la France, pas plus que l’Irak ou le Liban…
Oui, nous sommes entrés dans l’ère de la révolution permanente car les possédants et les classes dirigeantes ont beau reculer sur telle ou telle mesure qui avait provoqué la colère, cela n’empêche pas le mouvement de continuer, de s’approfondir, ou, comme en Algérie, de commencer à s’auto-organiser.
Les travailleurs, les femmes, les jeunes qui sont en mouvement ne disposent pas d’avance des solutions, des réponses, des modes d’organisation, des perspectives toutes prêtes. Pendant des lustres, ils n’ont pas dirigé eux-mêmes leur propre mouvement et le font là pour la première fois, comme on l’a constaté en France avec les Gilets jaunes, avec les personnels des Urgences, avec les personnels des EPHAD, avec les personnels de la Psychiatrie, avec les cheminots des Ardennes, avec les agents du technicentre SNCF de Châtillon, etc., et ils apprennent vite.
Ils apprennent à s’organiser, à décider eux-mêmes des revendications, des modes d’action, des modes d’organisation, de la qualité d’amis ou d’ennemis de tous ceux qui viennent vers eux et sont parfois de véritables adversaires, des trompeurs, des
C’est une véritable lutte de classes mondiale qui se développe, exploiteurs et oppresseurs face aux exploités et aux opprimés. Et la seule véritable perspective ne peut qu’être d’en finir avec l’exploitation et l’oppression que représente l’ancien régime, l’ancien système, l’ancien monde, à savoir celui du capitalisme, de la production pour le profit du capital aux dépens du travail car ce système-monde est devenu incapable de donner des emplois, incapable de maintenir même les anciens emplois, incapable de conserver seulement le niveau de la santé, de l’éducation, de la sécurité, de la démocratie, etc.
Bien sûr, des menteurs et bonimenteurs de toutes sortes vont continuer à présenter les choses autrement, à faire croire que l’ennemi des chiites sont les sunnites et inversement, que l’ennemi des français ce seraient les musulmans, que l’ennemi des hommes seraient les femmes, que l’ennemi des blancs seraient les noirs, que l’ennemi des occidentaux seraient les orientaux, mais ces tromperies ne font que couvrir les crimes des classes possédantes qui sont les seus véritables ennemis du peuple travailleur du monde. Ce dernier ne va pas entrer en lutte tout préparé, tout armé idéologiquement ni matériellement, tout cela mettra du temps. Mais les classes possédantes tremblent : les prolétaires sortent partout de leurs gonds et ils sauront trouver les voies de la transformation du monde dont ils ont besoin. L’ancien système d’exploitation vit sa phase finale.
Il n’y aura pas de pitié des Etats face aux peuples. Partout, les révoltés se heurtent aux armées qui tirent et tuent. Même les « démocraties » en feront autant. Les peuples devront s’adresser aux petits soldats, aux petits policiers et les menacer en même temps que les entraîner. Il faudra briser l’appareil d’état sinon c’est lui qui brisera le peuple travailleur !
C’est la révolution qui est à l’ordre du jour et son pire ennemi sera d’abord ses faux amis, les réformistes politiques, syndicaux et associatifs qui vont recommencer à proposer des « solutions » pour sauver les classes possédantes, et ce sera ensuite tous ceux qui chercheront à nouveau à diviser les peuples entre chiites et sunnites, occidentaux et orientaux, noirs et blancs, femmes et hommes, musulmans et non-musulmans, etc. La perspective du peuple travailleur du monde en révolution ne peut qu’être la fin des corrompus, la fin des profiteurs, la fin des exploiteurs, c’est-à-dire la fin de la propriété privée des moyens de production capitalistes et des capitaux, ainsi que la fin de l’Etat au service des capitalistes !
Tous ceux qui nous disent de bien voter, de bien participer, de bien négocier, de bien élire des gouvernants, de bien nous promener avec les syndicats, de bien participer aux guerres de nos Etats, de bien accepter les sacrifices ne font que nous prendre pour des moutons que l’on envoie à l’abattoir. La révolution, c’est d’en finir avec tous ces menteurs pour nous débarrasser définitivement de tous les profiteurs.
Et on pourra dire que le XXIème siècle aura été le siècle de la véritable Liberté, Egalité, Fraternité, enfin réalisé par le peuple prolétaire, alors que la révolution bourgeoise n’avait fait que le proclamer !
Les gouvernants ont affirmé que la lutte sociale, c’est la guerre ! Eh bien, nous saurons bien retourner cntre eux et leur système pourri leurs armes de destruction !!!
Travailleurs, organisons nous-mêmes nos luttes. Comme les Urgences et les cheminots, décidons aujourd’hui de nos revendications et de nos modes d’action et nous déciderons demain de tout le fonctionnement de la société, cela seul est un avenir qui en vaille la peine !!!