mercredi 24 avril 2019, par
édito
C’est ce que clament les gilets jaunes en France comme les manifestants algériens ou soudanais, comme nombre de peuples africains révoltés contre leur dictature, et ceux d’Europe de l’Est ou d’Amérique du sud, ou encore les électeurs ukrainiens et indonésiens qui viennent de démettre dans les urnes les présidents soutenus par les militaires et les millionnaires en élisant des présidents qui sont complètement hors du système !
Le peuple ukrainien vient ainsi de démettre l’ancien richissime président, celui qui avait détourné le soulèvement populaire, marqué notamment par les rassemblements massifs de la place Maidan, en le mettant sous la coupe des ultra-nationalistes anti-Russes et des fascistes, qui, à la tête de son armée et des milices paramilitaires fascistes, avaient mis à feu et à sang le pays avec le soutien de l’Europe, attaquant les quartiers populaires au lance-flammes, et qui n’a fait ensuite que détourner les richesses du pays pour s’en mettre plein les poches ainsi que ses amis au pouvoir. Il a renvoyé de la manière la plus cuisante qui soit, dans un ras de marée électoral, en élisant à plus de 70% des voix un Coluche ukrainien, comique anti-corruption, anti-profiteurs et juif de surcroit !
Le peuple indonésien a fait à peu près la même chose en démettant l’ancien président-général multimillionnaire et dictateur militaire dans les urnes et en le remplaçant par un candidat issu des quartiers populaires et taxé de communisme par les possédants et leurs amis politiciens !
Bien sûr, pas plus en Ukraine qu’en Indonésie, les classes possédantes et le pouvoir des profiteurs ne dépendent uniquement des urnes, les grands exploiteurs sont liés par mille liens aux généraux, aux chefs de la police, de la justice, de la religion, de l’administration, etc., et ne comptent pas rendre leur pouvoir pour un simple vote défavorable. Ils préparent plutôt, dans ces deux pays, des coups d’état pour remettre en cause le résultat des urnes et établir ouvertement leur dictature des possédants.
En Ukraine comme en Indonésie, comme aussi en Algérie ou au Soudan, comme en France également, les soulèvements se multiplient, les sentiments de révolte du peuple travailleur s’exprimant dorénavant ouvertement, et devant le discrédit des classes dominantes, les opprimés faisant eux-mêmes leur propre politique.
Bien sûr, les réactionnaires, les fascistes profitent encore parfois de ce discrédit, comme au Brésil, au Venezuela, au Nicaragua ou dans certains pays de l’Est ou d’Afrique.
Bien sûr aussi, il ne suffit pas que les peuples descendent massivement dans la rue, ou qu’ils votent, pour que les classes possédantes et les profiteurs de l’Etat qui leur sont liés, remettent leur pouvoir et leurs milliards au peuple travailleur !
Cependant, tous ces mouvements qui ont lieu en même temps ne sont pas des produits du hasard, pas plus que n’est un hasard le fait qu’un mouvement persistant touche un des pays les plus riches du monde, la France avec ses Gilets jaunes, sans que les gouvernants ne soient capables d’y mettre fin.
Que la révolte sociale soit mondiale et permanente, de l’Algérie à la France, et du Soudan à toute l’Afrique, cela indique que le monde capitaliste est entré dans une phase complètement nouvelle, celle où ce système a atteint ses limites et où il ne peut qu’entrer dans l’ère des révolutions et des contre-révolutions sociales.
Les « printemps arabes » n’ont fait que démontrer que ces révoltes sociales et politiques doivent, de manière vitale, ne pas se cantonner à réclamer la fin de la dictature et se contenter à acclamer la démocratie, félicitant les forces armées qui refuseraient de réprimer dans le sang. Elles doivent renverser l’ancien pouvoir et constituer elles-mêmes la démocratie à laquelle elles aspirent.
Tant que les peuples réclament la démocratie et ne l’imposent pas elles-mêmes, en désarmant leurs adversaires, notamment la hiérarchie militaire, comme elles l’ont fait en Egypte ou en Libye, en Syrie ou en Tunisie, elles ne peuvent espérer que des désillusions, de la misère, des coups et de la mitraille, que du sang et des larmes. Il en ira nécessairement de même en Algérie et au Soudan, en Ukraine et en Indonésie.
Oui, il faut que le peuple travailleur, allié aux petits soldats, aux policiers du rang, renverse le pouvoir d’Etat des classes possédantes et constitue le pouvoir des comités du peuple travailleur. S’il ne le fait pas, il laisse les possédants se retourner violemment contre lui, leur ayant fait craindre la révolution sociale sans porter celle-ci à son terme.
C’est la leçon de toutes les révolutions sociales de l’Histoire : si celle-ci ne va pas jusqu’au bout, c’est la terreur blanche, la riposte fasciste violente, le bain de sang qu imposent, sous toutes les formes, le fascisme, la dictature militaire, par la répression, la guerre civile, la terreur, la guerre tout court ou même la guerre mondiale.
A la racine de ces soubresauts violents, il y a la déstabilisation non seulement des dictatures mais du système social, du monde capitaliste lui-même, ce dernier ayant atteint ses limites et menaçant à touts moments de s’effondrer dans la prochaine crise financière, bancaire et boursière, entraînant toute l’économie mondiale dans le gouffre qui a failli l’engloutir en 2007-2008. Mais, si les banques centrales avaient alors retardé la chute en déversant des sommes folles sur les marchés, elles ne disposent nullement des moyens d’en faire autant, et les Etats ne sont pas plus capables de faire face à une banqueroute généralisée.
Il est donc de plus en plus vitalement nécessaire que les révolutions populaires mènent à la formation de comités et d’assemblées du peuple travailleur, qu’ils s’allient aux petits soldats et petits policiers, eux-mêmes organisés, pour cesser d’obéir aux classes possédantes et pour mettre en place l’Etat du peuple travailleur, de tous ceux qui ne vivent que de leur travail en n’exploitant personne, et que ce pouvoir supprime celui des possesseurs de capitaux et d’entreprises.
Dans un avenir proche, nous n’aurons le choix qu’entre la dictature du un pourcent des possesseurs de capitaux faisant un immense bain de sang ou le pouvoir aux travailleurs ! Plus vite nous en serons conscients et moins le changement social indispensable sera couteux pour l’humanité !