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L’antiterrorisme, arme de guerre contre les Gilets jaunes !

mercredi 13 mars 2019, par Robert Paris

L’antiterrorisme, arme du pouvoir contre les Gilets jaunes et les luttes sociales

Au moins un mort, 208 blessures à la tête, 22 éborgnements et cinq mains arrachées et bien d’autres atteintes physiques ou psychologiques, c’est le bilan officiel (qui peut être très inférieur à la réalité) des interventions policières violentes contre les gilets jaunes et la plupart d’entre elles se servent d’un attirail répressif issu des lois et décrets adoptés pour la lutte contre… le terrorisme !!!

Le défenseur des droits Toubon vient de rappeler que le gouvernement détourne une législation officiellement produite pour combattre le terrorisme en l’utilisant contre des manifestations sociales et politiques qui n’ont rien à voir avec lui. Il rappelle que l’usage du LBD et de la grenade de désencerclement GLI-F4, de même que des gardes à vue préventives et des interpellations sans acte répréhensible est strictement limité à la lutte antiterroriste et elle seulement. Il rappelle que les violences policières et les méthodes inquisitoriales contre les gilets jaunes n’ont été autorisées à la police que dans le cadre de « l’état d’urgence » de Hollande-Valls, lui-même exclusivement justifié en cas d’attaque terroriste et absolument pas lors d’une contestation populaire.

Le gouvernement Macron-Philippe a inventé, face à la contestation des gilets jaunes, un très grand nombre de moyens répressifs nouveaux et incroyablement violents, au moins nouveaux pour réprimer des civils désarmés, y compris pour réprimer des casseurs, mais pas tout à fait nouveaux parce qu’ils avaient été rendus légaux sous prétexte de lutter contre le terrorisme ! Ces moyens répressifs sont les suivants : des armes répressives contre les manifestants, des droits de fouiller, d’arrêter, de condamner, des droits de détention préventive, des droits d’arrestation avant même qu’un acte répréhensible ait été commis, des moyens supplémentaires pour interdire l’information, des droits d’interdire les manifestations sous prétexte que leur autorisation officielle n’a pas été demandée, des droits de s’en prendre directement et violemment aux manifestants en tirant directement au corps et même au visage, et on en passe…

L’attentat de Strasbourg n’a même pas poussé le pouvoir et ses alliées à baisser d’un cran leurs attaques, pour se concentrer sur la recherche de l’assassin ! Ils n’ont pas diminué leur répression policière des gilets jaunes, des lycéens ou des grévistes pour concentrer leurs attaques contre le terrorisme !

Et, quand cela a été fini, le pouvoir a encore instrumentalisé sa « victoire contre le terrorisme » en pratiquant un éloge exagéré des forces de l’ordre et en exploitant la menace terroriste pour reprendre barre sur l’opinion publique en lui rappelant que l’Etat, voleur, détourneur de fonds publics, prévaricateur, corrupteur, serait le seul sauveur d’un peuple menacé par des assassins. Il en a également profité pour dénoncer tous les gilets jaunes qui refusaient d’arrêter leur mouvement au nom de l’unité nationale face au terrorisme ! Ils ont ainsi montré que l’antiterrorisme sert d’abord à imposer à la population de serrer les rangs autour… d’ennemis qui le défendent soi-disant avec beaucoup de zèle. En réalité, les forces de l’ordre ainsi encensées avaient surtout laissé échapper trois fois le terroriste et n’avaient mis en place de véritable appel à témoins et de surveillance des sorties de la ville que plus d’une journée après…

L’attentat de Strasbourg n’est pas le seul à avoir été instrumentalisé contre les Gilets jaunes. De multiples moyens ont été employés par le gouvernement pour mettre dans le même sac Gilets jaunes et terroristes, soit pour faire croire que les uns appuient les autres, que les uns servent les autres, ou que les uns couvrent les autres…

Il y a eu l’accusation selon laquelle les Gilets jaunes, en polarisant les forces de répression, empêchaient la France de se défendre contre le terrorisme.

Il y a eu l’accusation selon laquelle une tentative terroriste s’était servie d’une journée des Gilets jaunes, d’un Acte !

Il y a eu l’insinuation selon laquelle un groupe terroriste avait un gilet jaune dans son véhicule, comme si tous les conducteurs n’avaient pas tous obligation d’avoir un gilet jaune, d’après la loi…

Il y a encore eu la prétention que les manifestants pacifiques étaient des émeutiers prêts à employer la pire terreur, prêts à s’attaquer violemment aux policiers, éventuellement à les tuer.

Il vient d’y avoir toute la campagne assimilant les gilets jaunes et l’antisémitisme, ce dernier au mouvement islamiste, et l’islam au terrorisme, ainsi de proche en proche, par mensonges successifs on en vient à l’équation bidon terrorisme égale gilets jaunes.

Du coup, discrètement cette fois, le gouvernement a employé des lois et décrets qui n’ont été votés ou décidés que dans le cadre prétendu de l’antiterrorisme. L’usage de certaines armes par les forces de répression en fait partie. Le type d’arrestation ou de perquisition aussi. L’usage du droit d’interdire des manifestations ou des rassemblements en fait également partie.

Les lanceurs de balles de défense LBD, les grenades de désencerclement, les « armes de force intermédiaire » sont en fait des armes de guerre, employées ici essentiellement contre des manifestants pacifiques. Le gazage à bout portant et au visage n’est pas non plus d’un usage classique. C’est un acte d’exception qui n’est autorisé par la loi qu’en cas d’extrême urgence face à un acte de terreur.

Il y a l’utilisation de certain type d’armes et il y a aussi l’autorisation qui est donnée aux forces de l’ordre pour attaquer sous prétexte que les gilets jaunes utiliseraient de la terreur…

L’usage du LBD selon la loi est considéré comme interdit en visant la tête mais les blessés sont là pour témoigner de la manière dont ces armes ont été utilisées : arrachant yeux, nez, joues, oreilles !

L’usage des lanceurs de grenades n’est pas classique non plus, parce qu’ils ne sont pas censés tirer directement au corps. C’est la prétention que les gilets jaunes agiraient de manière terroriste qui justifie la manière dont ces armes sont utilisées.

Le vrai terrorisme, c’est celui qui a blessé des centaines de manifestants pacifiques, c’est le terrorisme de l’Etat capitaliste qui estime que la simple menace contre la domination des milliardaires et leur mainmise sur l’Etat justifie tous les moyens violents imaginables.

Le caractère policier du pouvoir a pris un nouveau tour plus radical avec une surveillance de toute la population, les services chargés du terrorisme étant détournés pour surveiller les gilets jaunes, suivre tous leurs contacts, leurs zones d’influence, les encadrer et les casser à chaque fois que c’est possible.

Ces tout derniers événements répressifs en France ont montré à quel point les forces de police y combattent bien plus violement les activistes des gilets jaunes que les bandits, les assassins et les terroristes. En effet, ces derniers, même lorsqu’ils sont fichés et repérés ne sont pas arrêtés préventivement alors que des gilets jaunes ont été arrêtés par la police et la justice avant même d’arriver sur le lieu des manifestations, mobilisations ou blocages sous le motif qu’ils avaient une intention d’agir, sans aucune preuve d’aucune action, ni violente ni autre !

Bien sûr, la violence de la répression contre les gilets jaunes, dans laquelle des manifestants pacifiques ont été chargé aux gaz, aux flash-balls, aux balles plastiques, aux grenades offensives, avec des chevaux, avec des blindés, tout cet attirail de guerre intérieure contre la population, diffusé largement et fièrement par le pouvoir soi-disant démocratique, a dissuadé parfois certains à manifester et ce n’est pas étonnant.

Journal gratuit 20 minutes du 16 janvier :

« Acte 9 des « gilets jaunes » : Oui, des CRS avec des fusils d’assaut ont bien été déployés le 12 janvier.

• Une vidéo partagée sur Facebook et sur Twitter montre des CRS avec un fusil d’assaut dans Paris le 12 janvier, en marge d’une manifestation des « gilets jaunes ».

• Des forces de l’ordre portant cette arme ont bien été déployées, confirment la préfecture de police de Paris et la police nationale.

• Ce déploiement s’explique en raison d’un contexte de « violences contre les forces de l’ordre » et d’un contexte de « menace terroriste - l’attentat de Strasbourg le 11 décembre », précise le service d’information et de communication de la police nationale.

La préfecture de police de Paris confirme à 20 Minutes que « dans le cadre de la manifestation du 12 janvier, plusieurs services de la préfecture de police et plusieurs compagnies républicaines de sécurité (des CRS) étaient porteurs » de cette arme, un fusil d’assaut HK G36. La raison de ce déploiement ? « Un risque de menace terroriste ».

Le service d’information et de communication de la police nationale (SICOP) confirme également à 20 Minutes que des CRS « ont à disposition des moyens de protection, dont le HK G36 fait partie ». Le Sicop met en avant un contexte de « violences contre les forces de l’ordre - l’attaque contre la caserne de gendarmerie à Dijon le 5 janvier - » et un contexte de « menace terroriste - l’attentat de Strasbourg le 11 décembre ».

La presse le 3 mars :

« Le ministre de l’intérieur Castaner prétend qu’un terroriste avait un gilet jaune dans sa voiture, sous-entendant que les Gilets jaunes servaient le terrorisme. Il ne sait pas que tous les automobilistes ont forcément un gilet jaune dans leur voiture, de par la loi !!! »

La presse le 4 décembre :

« Un membre des forces de l’ordre, armé, était-il posté sur un des toits des immeubles bordant les Champs-Élysées, lors de la manifestation des Gilets jaunes, samedi 1er décembre… Une vidéo postée sur Facebook montre les images d’un homme armé d’un fusil à lunette, à la nuit tombée sur un toit d’immeuble, le long des Champs-Élysées à Paris. Ces images, visionnées plus d’1,7 millions de fois sur le réseau social, ont fait réagir de nombreux internautes, qui s’interrogent sur les raisons de la présence d’un sniper (un tireur d’élite) sur le parcours de la manifestation des Gilets jaunes, samedi 1er décembre à Paris. »

Le Canard Enchainé du 16 janvier :

« C’est une première depuis le début du mouvement des gilets jaunes : le 12 janvier, lors des dernières manifs, certains CRS ont été autorisés à s’équiper de fusils d’assaut lors d’ « opérations de maintien de l’ordre ». A n’utiliser, bien sûr, qu’en cas de force majeure…
Le 10 janvier, à 10h48, un télégramme émanant du ministère de l’Intérieur – dont « Le Canard » a eu copie – ordonne aux patrons de compagnie d’ « appliquer systématiquement et obligatoirement deux instructions ».

Primo, « chaque commandant veillera à prééquiper un binôme observateur tireur (BOT) en capacité de se déployer immédiatement ».
En clair, un tireur d’élite flanqué d’un guetteur avec jumelles, positionnés sur des « points hauts », c’est-à-dire des toits d’immeubles. Un taf habituellement confié aux tireurs d’élite des unités antiterroristes.

Secundo, déploiement systématique de « 2 HK G36 », les fameux fusils d’assaut dont ont été dotés policiers et gendarmes après l’attentat du Bataclan, le 13 novembre 2015.

Justification comique fournie par le directeur central des CRS : « Si nos hommes portent leurs fusils d’assaut, c’est pour ne pas se les faire voler dans le camion (sic) ».

Le même Philippe Klayman, en 2015, justifiait la création des BOT par la « possibilité d’une riposte au délai de mise en œuvre réduit », tout particulièrement dans le cadre de « nouvelles menaces ». Comprendre : les actes terroristes. Et, désormais, les gilets jaunes.

Dans son rapport 2018, qui couvre la période d’éclosion du mouvement des "gilets jaunes", l’institution présidée par l’ancien ministre de droite Jacques Toubon s’interroge notamment sur "le nombre ’jamais vu’ d’interpellations et de gardes à vue intervenues ’de manière préventive’" lors de certaines manifestations et relève que cela s’est fait en s’appuyant sur la législation soi-disant antiterroriste de l’état d’urgence de 2015.

Des étrangers aux "gilets jaunes" en passant par la lutte antiterroriste, le défenseur des droits pointe un "renforcement [...] de la répression" en France et s’inquiète d’un "affaissement" des libertés inspiré par l’état d’urgence de 2015, selon son rapport annuel publié mardi 12 mars.

"En France, [...] s’est implantée une politique de renforcement de la sécurité et de la répression face à la menace terroriste, aux troubles sociaux et à la crainte d’une crise migratoire alimentée par le repli sur soi", pointe cette autorité indépendante chargée notamment de défendre les citoyens face à l’administration.

Pour conclure, rappelons que le contrôle policier de l’internet, des réseaux sociaux, de tous les moyens d’informations relèvent de l’antiterrorisme ou de l’état de guerre...

Messages

  • La première thèse complotiste sur l’attentat de Strasbourg est venue du pouvoir !!!
    C’est celle qui met terroristes et gilets jaunes dans le même sac !!!

    Et l’utilisation par le pouvoir du terrorisme n’a pas besoin de complotisme. Il suffit d’écouter les gouvernants face à l’attentat : "J’espère qu’on n’aura pas à mobiliser autant d’hommes simplement parce qu’il y aura une responsabilité générale dans le pays qui fera qu’on aura un peu moins de manifestations voire beaucoup moins", a déclaré par exemple Laurent Nuñez.

    Les gilets jaunes affaiblissent le pays face au terrorisme, avait affirmé Christophe Castaner

    Le Parisien écrivait alors :

    « Alors "que notre pays doit faire face à des risques sécuritaires majeurs, dont le risque terroriste qui est toujours présent, a-t-il ainsi lancé lors d’une conférence de presse lundi soir, il faut avoir en tête que la mobilisation massive de nos forces de sécurité a aussi un effet sur notre capacité à intervenir sur d’autres sites du territoire"… En clair, le risque d’attentat est décuplé par les manifestations des gilets jaunes.

    Une allusion qui intervient après les révélations du Parisien ce lundi, selon lesquelles quatre hommes, mis en examen et placés en détention provisoire depuis samedi dans le cadre d’une enquête antiterroriste, sont soupçonnés d’avoir voulu profiter de la mobilisation des forces de l’ordre au cours des manifestations des gilets jaunes pour commettre un attentat le 17 novembre, premier jour du mouvement.

    Il faut avoir en tête que la mobilisation massive de nos forces de sécurité a aussi un effet sur notre capacité à intervenir sur d’autres sites du territoire.
    Et ceci alors que notre pays fait face à des risques sécuritaires majeurs, dont le risque terroriste qui est présent. »

  • Casseurs, homophobes, xénophobes, fascistes, factieux, foule haineuse, antisémites. On ne s’étonnerait même plus de voir les gilets jaunes accusés de cannibalisme.

    Cette stratégie macroniste de diabolisation poursuit plusieurs objectifs. Donner aux Gilets Jaunes une image aussi négative que possible sert à essayer de faire baisser le soutien massif des Français envers le mouvement. Cela sert aussi à essayer de changer de sujet, pour qu’on arrête de parler des revendications des Gilets Jaunes alors que, du rétablissement de l’ISF à l’augmentation du SMIC en passant par la mise en place du référendum d’initiative citoyenne, leurs exigences sont largement majoritaires dans la population. Parallèlement, cela sert à donner au gouvernement le temps d’essayer de reprendre la main.

    A cet égard, cette diabolisation s’est faite d’autant plus agressive que pendant ce temps, les tentatives macronistes pour reprendre la main multiplient les échecs. La répression policière ahurissante des manifestations ne parvient pas à enrayer la mobilisation. Les violences policières sont devenues un scandale national, condamné aussi bien par Amnesty International que par des experts indépendants de l’ONU, par le Conseil de l’Europe ou par le Parlement européen. Les annonces gouvernementales n’ont pas apaisé la colère, principalement parce que les Gilets Jaunes ont considéré à raison qu’il s’agissait d’escroqueries : je pense en particulier à la fausse hausse du Smic "de 100 euros". Bien qu’abondamment diffusé par les médias de masse, le "Grand Débat" devient un bide d’audience.

    La diabolisation macroniste est soutenue par des catégories précises dans la population. C’est le fait de tout un pan des classes moyennes supérieures et des classes aisées, qui expriment des préjugés d’une stupéfiante agressivité. Le cas des "foulards rouges" est édifiant, usant du slogan "Gilets Jaunes, allez travailler !" –alors que le profil-type du Gilet Jaune, c’est un travailleur pauvre !!!

  • Samedi dernier à Paris, un flic a dit à l’un de nous : “Si tu veux rester en vie, rentre chez toi.” Ses paroles effrayantes font simplement écho à la violence que tous les gouvernements sont prêts à utiliser lorsqu’ils ont l’impression que le peuple est devenu ingouvernable.

  • Frédéric Péchenard, vice président de la région Ile de France, préconise d’"interdire les manifestations dans toute la France" !!! Macron envisage progressivement une interdiction…

  • Le ministre Castaner a ouvertement comparé les gilets jaunes aux terroristes talibans !!!

    Alors que le ministre français de l’Intérieur s’est exprimé, à l’Assemblée nationale, sur la destruction partielle de la sculpture de la Main jaune installée sur un rond-point à Châtellerault, lors des manifestations des Gilets jaunes, il a rappelé comment les Talibans* avaient attaqué les bouddhas de Bâmiyân en 2001.

    ​« Quand on en vient à attaquer des œuvres d’art […] on oublie la liberté de création, on oublie au fond la liberté tout simplement. Et on l’a vu dans notre propre Histoire. On a vu comment les Talibans* ont attaqué les bouddhas géants de Bâmiyân, c’était en mars 2001 », a lancé M.Castaner.

  • Les militaires de Sentinelle sont mobilisés ! L’antiterrorisme sert contre les Gilets jaunes !

    Benjamin Griveaux a déclaré : "On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d’ailleurs nos concitoyens ont l’habitude de les voir"

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