samedi 23 février 2019, par
Le gouvernement a décidé de lancer une vaste accusation de fascisme et d’antisémitisme pour isoler la lutte des Gilets jaunes ! Mais les vrais antisémites sont ceux qui poussent les plus démunis à croire que leurs ennemis sont les Juifs, qui organisent des manifestations anti-Gilets jaunes sous le drapeau de la lutte contre l’antisémitisme. Eh bien, ceux qui le font c’est d’abord le pouvoir d’Etat et ses défenseurs politiques, syndicaux, associatifs et médiatiques qui désignent les Gilets jaunes comme ennemis des Juifs ! Cela ne les gêne pas d’agir ainsi derrière un chef d’Etat qui vient de réhabiliter officiellement Pétain, qui l’a fait publiquement et de façon grandiose à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, occultant totalement le rôle dirigeant de Pétain dans l’antisémitisme et le fascisme en France pendant la deuxième guerre mondiale ! Et ce personnage de pouvoir des milliardaires voudrait nous faire croire qu’il a l’épiderme si sensible à toute critique contre les Juifs qu’il l’a trouvée dans la critique du personnage sulfureux bien connu, le soi-disant penseur, provocateur, anti-musulman, anti-banlieues Finkielkraut !!!
Tous ces gens-là ont prétendu avoir trouvé un moyen de présenter une forme de l’antisionisme (ne pouvant pas affirmer que tout antisionisme en soit !) comme antisémitisme, mais c’est une arnaque et ils veulent mettre cela en termes de lois ! Nulle part au monde, pas même en Israël où de nombreux juifs sont antisionistes, à commencer par les ultra religieux et l’association des anciens détenus des camps de la mort, il n’est interdit d’être antisioniste ! Nulle part, même aux USA qui sont ouvertement pro-sionistes, quelque soit la couleur du parti au pouvoir, on n’a édicté de loi interdisant l’antisionisme. La France est le premier pays au monde à vouloir agir ainsi !
Ce qui est fasciste dans cet acte du pouvoir, c’est de développer une démagogie qui divise violemment la population : d’un côté les pro-Juifs, de l’autre les pro-Arabes, les pro-Musulmans, les pro-Islam, les pro-Palestiniens, tous mis dans le même sac que les antisémites, les fascistes et les racistes. Cette dichotomie, c’est cela la propagande fasciste elle-même ! C’est de la démagogie ! Et c’est du racisme !
Loin de combattre une influence des racistes au sein des Gilets jaunes, cette politique vise au contraire à la favoriser ! Même si rien ne dit que cela marche, cela permet au pouvoir de prétendre qu’il ne se mobilise pas aux côtés des milliardaires mais aux côtés de victimes : des Juifs !!!
Le pouvoir a d’abord prétendu agir ainsi mais sur la base de la défense de l’écologie, les Gilets jaunes étant présentés comme des adversaires de la Planète, du développement durable, des efforts pour diminuer l’effet de serre, et on en passe… Il a mobilisé les écolos dans la rue pour contrer les Gilets jaunes ! Comme si les mesures du gouvernement qui s’en prennent aux plus démunis, qui les étouffent sous des taxes et impôts indirects, visaient à autre chose que de ne pas faire payer les riches !
Ensuite, vu que la première manœuvre n’a pas suffi, le pouvoir a tout misé sur l’ « effet casseurs », en poussant sur le devant de la scène médiatique tous les actes des minorités qui cassaient, à commencer par les provocateurs de la police, mais aussi les blacks blocks et les gens en colère. Il a laissé la casse se dérouler pour bien la présenter au public, pour faire peur aux bonnes gens. Il a poussé lui-même, par une répression particulière contre les manifestants pacifiques, le mouvement à devenir violemment hostile aux forces de l’ordre, ce qui n’était nullement le cas au départ. Il a poussé aussi les forces de l’ordre à frapper violemment les manifestants, qu’ils soient Gilets jaunes, salariés ou lycéens, mais aussi à frapper violemment les journalistes qui prétendaient filmer les violences policières ou les équipes de secours qui prétendaient à une action médicale pour protéger les victimes des violences policières !
Oui, tout cela correspond de nouveau à une dérive violente, démagogique, fasciste avec une campagne de propagande d’une violence inouïe contre toutes les libertés, liberté de manifestation, liberté de rassemblement, liberté de réunion, et maintenant liberté de parole !
La nouvelle loi anti-manifestations, dite improprement anti-casseurs, est là pour supprimer le droit de manifester, pour punir comme crime toute participation à des réunions préparatoires à des manifestations non autorisées, tout moyen de défense contre les gaz, grenades et balles des forces de répression, toute relation même avec des organisateurs de manifestations. La pénalisation de l’antisionisme rejoint la pénalisation des utilisations de média alternatifs pour populariser le mouvement.
Tous les média ont été mis à contribution pour la propagande du pouvoir des milliardaires ! Facebook a reconnu s’être mis d’accord avec le gouvernement pour casser tous les messages en faveur du mouvement. Twitter a été publiquement dénoncé et discrédité pour ne pas s’y être prêté. Google a modifié ses paramètres de ses automates de gestion et d’indexation pour défavoriser la popularité des sites et pages qui défendent le mouvement. Quant aux média officiels, qui appartiennent tous aux trusts, ils n’ont pas eu besoin d’incitations pour diffuser un message de haine contre les Gilets jaunes, les considérant ouvertement comme les nouveaux barbares, des criminels, des casseurs, des fasciste et on en passe des gentillesses de la presse.
L’accusation d’antisémitisme n’est que le dernier avatar des insultes et des calomnies du pouvoir et de ses soutiens à l’égard d’un mouvement de masse qui n’est ni antisémite, ni fasciste, pas plus qu’il n’a jamais été anti-écolo, ni anti-démocratique, ni casseur !
Non, la réalité qui dérange le pouvoir des milliardaires et qui le dérange même follement, c’est que les Gilets jaunes sont un mouvement de masse auto-organisé, donc incontrôlable, qui est un mouvement de classe des prolétaires, qu’il s’agisse de salariés, de retraités, de chômeurs, de précaires, de travailleurs pauvres, de travailleurs à temps partiel, de travailleurs contraints de se vendre comme auto-entrepreneurs ubérisés et surexploités (sans salaire fixe, sans retraite, sans cotisations patronales, sans la moindre assurance d’emploi, etc.) et aussi tous ceux qui ne vivent, difficilement que de leurs travail, dans certaines professions de la petite bourgeoisie frappées par les politiques de destruction des services publics (des ambulanciers par exemple). Oui, ceux qui se sont unis ainsi dans les Gilets jaunes sont des prolétaires, y compris des nouveaux prolétaires ! Et ils se sont retrouvés sur de véritables bases de classe, celles de la classe de ceux qui ne possèdent rien, qui ont du mal à joindre les deux bouts, à finir les fins de mois. Et le programme qui est ressorti de cette lutte en témoigne. Il n’a rien à voir avec la nationalisme exacerbé du fascisme, avec le racisme, avec le programme de Le Pen ou des ultra droite, rien à voir avec la haine des migrants, des Juifs, des Arabes, des Musulmans !
D’ailleurs, des pays musulmans ont vu fleurir des gilets jaunes et les Israéliens pauvres eux-mêmes se sont mobilisés en gilets jaunes !
Par contre, du dictateur de l’Egypte à celui d’Israël, tous les gouvernants qu’ils soient pro-sionistes ou anti-sionistes ont été hostiles aux Gilets jaunes, comme toutes les classes possédantes du monde, de l’Occident à l’Orient, du Nord au Sud ! Une manière de rappeler que les Gilets jaunes sont un mouvement autonome de la classe opprimée et pas un mouvement nationaliste ni raciste !
Certes, le mouvement des Gilets jaunes est resté indépendant des organisations politiques, associatives et syndicales qui avaient traditionnellement de l’influence dans la classe ouvrière, à commencer par les bureaucraties des grands confédérations, toutes organisations qui ont été et sont encore viscéralement hostiles à ce mouvement qui, par sa seule existence, démasque déjà toutes leurs trahisons, toutes les manières par lesquelles ils ont muselé, désorganisé, divisé, affaibli, déconsidéré et déboussolé la force prolétarienne de la lutte des classes. Les partis politiques et associations (antifascistes, écologistes, démocratiques, citoyennes et autres) n’ont pas fait mieux. Même les gauche de la gauche et les extrême gauche ont été pris à contrepied par l’indépendance du mouvement, par son refus de se placer derrière des appareils, notamment syndicaux.
La peur que ce mouvement a suscité dans les classes possédantes et dans leur pouvoir d’Etat n’a pas pu être occulté, malgré les multiples manœuvres citées ci-dessus, et cela a tranché avec la tranquillité des mêmes face aux journées d’inaction syndicales et promenades organisées dans les rues par les bureaucraties qui encadrent et étouffent la classe ouvrière.
Le pouvoir a été contraint de reculer sur des mesures économiques, sociales et politiques. Il a été mis sur la défensive. Il a dû annuler des mesures, en prendre d’autres qu’il a présentées comme favorables aux plus démunis. Il a été dans la crainte de l’ampleur que prenait la révolte des plus pauvres et a été contraint à donner des primes consistantes à une fraction importante de la classe ouvrière.
Et, de fait, le mouvement des Gilets jaunes a gagné le soutien d’une fraction considérable de la classe ouvrière. Bien sûr, il n’a pas gagné tous les travailleurs, soit que certains aient été bloqués par le militantisme actif anti-gilets jaunes des militants, des appareils syndicaux à l’extrême gauche, en passant par les écolos et les « antifascistes », soit que la menace des patrons ait agi (des travailleurs ont été licenciés simplement parce qu’ils participaient aux gilets jaunes), soit parce que, dans les entreprises, règne le non-droit permanent pour les travailleurs. Organiser ouvertement des réunions de gilets jaunes dans les entreprises se heurtait au sacro-saint droit des patrons au sein des sociétés privés comme publiques, par lequel les salariés n’ont aucun droit de réunion, aucun droit de diffuser des tracts, aucun droit de se rassembler, sous peine de faute grave et de licenciement. Cette absence de droits est occultée par le fait que les appareils syndicaux, liés par mille lien notamment financiers au grand capital et à l’Etat, eux, ont ces droits au nom… des salariés !
Cela signifie que, mettre en place des comités de gilets jaunes dans les entreprises s’est révélé trop difficile pour découler du seul lancement du mouvement des ronds-points puis des assemblées de Gilets jaunes. La liaison avec les entreprises a été une politique méthodique des Gilets jaunes mais n’a été relayée au sein des entreprises par aucune force militante sérieuse. Même quand des syndicats ont prétendu « converger » avec le mouvement des Gilets jaunes, ils n’ont jamais proposé d’en organiser au sein des entreprises. Aucune organisation syndicale, associative ou politique un tant soit peu importante, même d’extrême gauche, ne milite pour constituer des comités de gilets jaunes dans les entreprises. Même celles qui parlent de converger avec les Gilets jaunes ne proposent pas de le faire sur les bases auto-organisées du mouvement !
Aucune des ces organisations implantées dans les entreprises ne proposent ni de soutenir les objectifs sociaux, politiques et économiques du mouvement ! Aucune ne soutient qu’au sein des entreprises, ce soient les salariés eux-mêmes et pas les appareils qui décident des mots d’ordre, des modes d’action, des buts.
D’ailleurs, il ne faut pas croire qu’au sein des Gilets jaunes l’auto-organisation du mouvement n’était pas aussi une bagarre politique !! Les prétendus « modérés », les prétendus « porte-parole », les prétendus gilets jaunes négociateurs, les prétendus gilets jaunes anticasseurs, les favorables au grand débat, les candidats aux européennes se sont retrouvés contre l’auto-organisation au même titre que ceux qui voulaient réintégrer tel quels les appareils syndicaux au sein des Gilets jaunes, en particulier les Insoumis, les staliniens, les extrêmes gauches (NPA, LO, etc.)
Remarquons qu’aucune organisation syndicale, associative, ou politique qui milite dans les entreprises, soi-disant aux côtés des salariés, n’intervient contre la campagne mensongère du gouvernement qui défend les capitalistes sous prétexte de défendre les Juifs !!!
Aucune ne désigne du doigt le véritable antisémitisme qui consiste à prétendre organiser un mouvement des Juifs contre les plus démunis dénoncés mensongèrement comme antisémites !
Pas plus qu’aucune d’entre elles n’avait dénoncé les violences policières présentées comme réponses aux prétendues violences des gilets jaunes !!!
Ces organisations se sentent plus menacées par le caractère auto-organisé des Gilets jaunes que par les attaques des capitalistes et de leur gouvernement !!!
L’essentiel des forces militantes « de gauche » au sein des entreprises a milité activement contre le mouvement des Gilets jaunes, a contribué à diffuser les thèses mensongères sur son prétendu caractère petit bourgeois patronal, de droite, d’extrême droite, fasciste, raciste, violent, casseur sans parler d’antisémite ou anti-migrants, toutes ces fables violentes. Il n’y a aucune de ces organisations qui a dénoncé la violence de la répression policière. Aucune n’a fait de tract sur le mouvement des Gilets jaunes ! Aucune de ces organisations n’a même manifesté des gestes de solidarité avec les Gilets jaunes ! Aucune n’a choisi ce camp prolétarien dans cette lutte contre le pouvoir des milliardaires, bien au contraire. Ainsi, les syndicats ont rejeté dos à dos « toutes les violences », appelant au calme, demandant de ne pas manifester, d’arrêter le mouvement, de négocier, etc !
Non pas que les directions de ces organisations (syndicales, politiques, associatives) aient été réellement convaincues des fables (sur le caractère prétendument petit-bourgeois ou raciste, fasciste du mouvement) qu’elles diffusaient (puisqu’ensuite elles ont plus ou moins manifesté avec les Gilets jaunes) mais elles étaient réellement persuadées que l’auto-organisation était un adversaire menaçant pour leur poids dans la classe ouvrière et pour la direction de ces luttes.
Ces organisations qui se réclament de la classe ouvrière ont ainsi joué un rôle déterminant pour empêcher le succès des Gilets jaunes dans les entreprises et, du coup, pour imposer des reculs déterminants aux classes possédantes en même temps que des avancées historiques à la lutte des classes, non seulement dans ce pays mais dans le monde.
La peur qu’a engendré parmi les classes possédantes le mouvement des Gilets jaunes, anticipation de la révolution ouvrière, a touché y compris les institutions de la grande bourgeoisie au sein des travailleurs que sont devenus les appareils syndicaux et également les forces militantes qui se sont liées à ces appareils, y compris celles dites d’extrême gauche ou de gauche de la gauche.
C’est effectivement non les seuls macronistes mais toutes les forces de la bourgeoisie qui ont été impactées par ce mouvement, affolées même par lui, tant elles avaient essayé de croire leur propre discours selon lequel les révolutions prolétariennes étaient de l’histoire passée ! Les voilà, ces classes possédantes d’un pays dominant le monde capitaliste, qui se retrouvaient à nouveau face à la masse des démunis clamant : « Tout est à nous ! Rien n’est à eux ! Tout ce qu’ils ont, ils nous l’ont volé : leurs richesses et leur pouvoir ! Ce que nous voulons : leur reprendre TOUT ! »
Et c’est dans ces conditions que la fameuse bourgeoisie démocratique, progressiste dirait même Macron, se met à cultiver le fascisme, à le développer réellement, à en faire un discours d’Etat !
Rappelons-nous que le fascisme s’est toujours développé dans les classes possédantes, non par faiblesse idéologique ni par attrait vis-à-vis des démagogies barbares, mais par volonté de détruire la révolution prolétarienne. C’est la peur de la révolution qui a toujours inspiré Hitler en écrivant Mein Kampf et il ne s’en cachait pas. C’est la peur de la révolution prolétarienne qui a amené les classes possédantes à mettre au pouvoir le dirigeant des masses fascistes. C’est la crainte de celle-ci qui l’a amené le nouveau pouvoir à détruire toutes les organisations ouvrières et à bâtir les camps de travail pour casser la classe ouvrière, avant même d’y enfermer les Juifs. C’est la peur de la classe ouvrière qui est à l’origine de la démagogie antijuive des nazis, l’antisémitisme faisant semblant d’être une idéologie contre le grand Capital.
Eh bien, à nouveau aujourd’hui, les Gilets jaunes n’ont pas encore la force de mettre en débandade complète les possédants et leur pouvoir mais ils évoquent suffisamment la révolution prolétarienne pour pousser les classes possédantes à mettre en place des propagandes et des organisations fascistes, non pas grâce aux Gilets jaunes mais grâce au pouvoir, au gouvernement, à l’appareil d’Etat. N’oublions pas que là où les fascistes sont majoritaires, ce n’est pas parmi les Gilets jaunes ni dans la classe ouvrière, mais dans les forces de répression de l’Etat dit démocratique. Ceux qui ont ouvertement un discours fasciste, préparant notamment le pouvoir dictatorial de l’armée, ce sont les généraux, hauts cadres ou ex hauts cadres de l’Etat dit démocratique !
Les forces de répression ne s’attaquent pas aux casseurs mais aux manifestants pacifiques ! Elles ont peur parce qu’on « casse », non les boutiques, mais leur pouvoir de classe !
La propagande du pouvoir ne vise pas les anti-migrants : ce sont ses forces de répression qui s’en prennent aux migrants !
Elle ne vise pas les racistes : c’est elle qui le développe tous les jours en désignant du doigt les pauvres du monde comme elle désigne les pauvres de l’intérieur comme des ennemis !
Ce que disent, ce que veulent les Gilets jaunes ?
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Nous ne possédons rien, prenons tout !
Nous n’avons aucun droit démocratique, faisons-nous-mêmes notre démocratie !
Le régime capitaliste refuse de nous assurer nos fins de mois, assurons-nous de la fin de ce monde d’exploitation et d’oppression !