dimanche 16 décembre 2018, par
Ni les annonces de Macron, ni le terrorisme, ni l’approche des fêtes, ni l’anti-terrorisme affiché, ni le froid, ni la pluie, ni la répression violente, ni les casseurs policiers, ni la campagne de discrédit orchestrée par le pouvoir et ses alliés, ni les mensonges des média n’ont fait reculer le mouvement des gilets jaunes et l’ont encore moins arrêté ou apprivoisé et canalisé.
Si les prétendues mesures de Macron ont eu pour but essentiel, non de calmer la colère des gilets jaunes, mais de convaincre l’opinion qui les soutenait massivement tout en restant inactive, elles ont aussi cherché à faire croire que le mouvement n’était que revendicatif sur le terrain économique et ne développait aucune perspective politique propre. Eh bien, c’est raté : les gilets jaunes sont de plus en plus clairement identifiés maintenant comme luttant en vue de renverser cet Etat au service des milliardaires, comme des révolutionnaires. Et ils sont traités comme tels par l’Etat.
En effet, si la révolte avait commencé sur le slogan « Il y en a marre de payer pour les milliardaires », de plus en plus de gilets jaunes affirment : « Nous n’arrêterons notre mouvement que lorsque sera supprimée l’organisation de l’Etat au service des plus riches, cautionnée par la loi et par les gouvernants ». Ils disent encore : « Nous ne nous contenterons pas des miettes que Macron nous lâche. Nous ne voulons plus que les plus riches s’enrichissent toujours plus et touchent des cadeaux de l’Etat, alors que les pauvres ne cessent de s’appauvrir ».
Cela signifie que la propagande du gouvernement, des classes possédantes et de leur alliés, loin d’empêcher le mouvement des gilets jaunes ou de l’affaiblir, ne fait qu’en renforcer la conscience et l’auto-organisation.
Dès le départ, ce mouvement s’est signalé parce qu’il refusait de jouer le jeu trompeur de la conciliation-négociation avec le pouvoir des milliardaires, d’annoncer d’avance ses mobilisations, d’accepter le terrain de discussion choisi par ses ennemis, de jouer les réformistes comme nous y avaient habitué politiciens, associatifs et syndicalistes réformistes. Il a ainsi fait mille fois plus peur que toutes les journées d’inaction syndicales de ces dernières années. Il a ainsi montré que le monde du travail, loin d’être faible, impuissant, incapable de s’organiser par lui-même, est la plus grande force sociale de ce pays.
En organisant le débat permanent sur les ronds points occupés, le mouvement a mis en place une démocratie réelle d’un type nouveau que le pouvoir ne peut accepter, et de nouvelles règles de débat démocratique qui dépassent largement le cadre étriqué des lois de la grande bourgeoisie capitaliste.
Jamais au sein des grandes entreprises appartenant à l’infime minorité de possesseurs de capitaux ou dans celles gérées par l’Etat au service exclusif des possédants, une telle liberté démocratique n’a existé. Les idées divergentes y sont acceptées aisément et débattues librement. Le mouvement n’impose pas des dirigeants, des structures, des mots d’ordre, des perspectives et discute avec quiconque veut discuter sur son terrain. Si le mouvement a refusé d’être chapeauté par tout parti, tout syndicat, toute association, il a aussi accepté de discuter avec tous les individus de ces organisations qui voulaient lui soumettre ses propositions.
Le caractère clair du mouvement, c’est son caractère de classe : ce sont de manière évidente tous ceux qui ne parviennent pas à bien vivre de leur travail qui sont mobilisés ainsi en vue de leurs véritables intérêts sociaux et politiques. Les appareils réformistes liés au pouvoir et aux classes dirigeantes ont bien vu qu’elles ne pouvaient rien y manipuler et se sont dès lors tenues complètement à l’écart de ce mouvement, soulignant ainsi son caractère insurrectionnel. L’insurrection, c’est quand ceux qui sont toujours silencieux se mettent à parler, quand ceux qui ne se réunissent jamais pour discuter et décider se mettent à se réunir en permanence pour discuter et décider. Et quand ils cessent d’attribuer le droit de décider aux infimes minorités de possesseurs des capitaux et à leurs valets politiques et sociaux.
On comprend, du coup, que toutes les forces liées aux classes possédantes, des hommes politiques aux médias, des leaders d’opinion et soi-disant spécialistes aux dirigeants syndicaux, unissent leurs forces pour discréditer ce mouvement. Et, effectivement, tous les moyens ont été tentés dans ce but par les complotistes du pouvoir : développer la thèse ridicule d’un complot fasciste, d’un complot raciste, d’un complot islamiste, d’un complot de Trump en France, d’un complot anti-environnementaliste, d’un complot de l’ultragauche, d’un complot lié au terrorisme, d’un complot de casseurs et on en passe.
L’attentat de Strasbourg n’a même pas poussé le pouvoir et ses alliées à baisser d’un cran leurs attaques, pour se concentrer sur la recherche de l’assassin ! Ils n’ont pas diminué leur répression policière des gilets jaunes, des lycéens ou des grévistes pour concentrer leurs attaques contre le terrorisme !
Et, quand cela a été fini, le pouvoir a encore instrumentalisé sa « victoire contre le terrorisme » en pratiquant un éloge exagéré des forces de l’ordre et en exploitant la menace terroriste pour reprendre barre sur l’opinion publique en lui rappelant que l’Etat, voleur, détourneur de fonds publics, prévaricateur, corrupteur, serait le seul sauveur d’un peuple menacé par des assassins. Il en a également profité pour dénoncer tous les gilets jaunes qui refusaient d’arrêter leur mouvement au nom de l’unité nationale face au terrorisme ! Ils ont ainsi montré que l’antiterrorisme sert d’abord à imposer à la population de serrer les rangs autour… d’ennemis qui le défendent soi-disant avec beaucoup de zèle. En réalité, les forces de l’ordre ainsi encensées avaient surtout laissé échapper trois fois le terroriste et n’avaient mis en place de véritable appel à témoins et de surveillance des sorties de la ville que plus d’une journée après… Les forces de police ont une fois de plus supprimé tout témoignage possible des terroristes qui aurait permis de savoir si ceux-ci disposaient de complicités. On a remarqué que cela a été le cas même lorsque les policiers pouvaient tout à fait se saisir des terroristes en question. Le doute subsiste sur l’utilisation du terrorisme en France alors qu’il n’est plus douteux en ce qui concerne l’utilisation par l’Etat français des terroristes en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Libye. Dans tous ces pays la France a armé, financé, aidé les terroristes et continue de le faire. Sans parler de l’aide française au terrorisme génocidaire hutu au Rwanda qui a produit un massacre ou encore son aide aux assassins massacreurs du Centrafrique.
Ces tout derniers événements répressifs en France ont montré à quel point les forces de police y combattent bien plus violement les activistes des gilets jaunes que les bandits, les assassins et les terroristes. En effet, ces derniers, même lorsqu’ils sont fichés et repérés ne sont pas arrêtés préventivement alors que des gilets jaunes ont été arrêtés par la police et la justice avant même d’arriver sur le lieu des manifestations, mobilisations ou blocages sous le motif qu’ils avaient une intention d’agir, sans aucune preuve d’aucune action, ni violente ni autre !
Bien sûr, la violence de la répression contre les gilets jaunes, dans laquelle des manifestants pacifiques ont été chargé aux gaz, aux flash-balls, aux balles plastiques, aux grenades offensives, avec des chevaux, avec des blindés, tout cet attirail de guerre intérieure contre la population, diffusé largement et fièrement par le pouvoir soi-disant démocratique, a dissuadé parfois certains à manifester et ce n’est pas étonnant.
On a pu voir, avec le mouvement lycéen et sa répression violente, que cette « démocratie » des milliardaires entend réprimer d’une manière violente inconnue jusque là dans ce pays. Jamais on n’avait vu menotter des centaines de lycéens, les mettre à genoux face au mur, les charger violement, leur interdire de manifester ou de se rassembler, faire exclure des lycéens qui n’étaient même pas accusés personnellement de violences.
C’est la même chose en ce qui concerne les gilets jaunes. Le pouvoir des milliardaires a dépensé bien plus d’efforts contre eux que contre le terrorisme. Il mène une véritable guerre contre les manifestants, une guerre intérieure au service de la classe des possédants et des bandits !
Les méthodes violentes de répression sont totalement nouvelles en France alors que des épisodes de casseurs n’ont rien de nouveau. On en avait vu aussi bien dans les manifestations environnementalistes que syndicales et autres. Ce n’est pas une nouveauté, pas plus que n’est une nouveauté qu’une partie des casseurs soient en fait des policiers déguisés qui cherchent à discréditer les manifestants pacifiques et à couvrir ainsi leur répression d’un voile de prétendue défense de la sécurité des citoyens.
Bien sûr, se servant du terrorisme, de la répression et de la campagne de discrédit contre les gilets jaunes, le pouvoir a tenté de faire croire que le mouvement serait en train de s’arrêter. Mais cela fait des semaines qu’il pratique ainsi après toutes les manifestations de samedis. En vain.
Non ! la colère n’est pas retombée. Non ! la révolte ne s’est pas arrêtée. Non ! le pouvoir n’en a pas fini avec les gilets jaunes.
C’est un mouvement profond qui a des visées sociales et politiques qui vont très très loin et qui touchent non seulement les opprimés et les exploités de France mais aussi ceux du monde entier et les exploiteurs du monde ainsi que leurs valets gouvernementaux ne l’auront pas volée, cette révolution sociale ! Elle veut en finir avec les profits éhontés des milliardaires et avec l’Etat servant exclusivement le grand capital. Eh bien , c’est là que réside l’avenir et pas dans les élections politiciennes ni dans les mouvements réformistes des syndicats !
Vive l’insurrection sociale des gilets jaunes ! A bas l’Etat des milliardaires !