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Babeuf, dirigeant communiste de la Révolution française

dimanche 10 juin 2018, par Robert Paris

François Noël Babeuf (1760-1797), dit Gracchus Babeuf, dirigeant communiste de la Révolution française

Successivement domestique, artisan puis chargé de tenir le registre d’une propriété seigneuriale. Ruiné par un procès en 1785.

Publie en 1790, Le cadastre perpétuel, où il défend les revendications d’égalité radicale du peuple de Paris. Plusieurs fois arrêté et relâché en raison de ses positions. Il se fait appeler Gracchus en référence à deux frères romains qui militèrent pour la réforme agraire et furent assassinés (133 et 121 avant J.-C.).

Fonde en 1794 le journal Le Tribun du peuple et crée en 1795 la Société des Égaux avec Buonarroti. Face à la montée de la réaction thermidorienne, cette société revendique l’application de la constitution de 1793, qui amende celle de 1789. Les amendements en question sont surtout des concessions aux revendications populaires : droit à l’instruction, aux secours publics...

Arrêté en 1796, Babeuf est exécuté en mai 1797, après une tentative de suicide.

Marx considérait Babeuf comme « le premier communiste agissant ».

Gracchus Babeuf :

« Ce fut dans la poussière des archives seigneuriales que je découvris les affreux mystères des usurpations de la caste noble. »

« La connaissance des pratiques féodales « est la raison pour laquelle je fus peut-être le plus redoutable fléau de la féodalité. »

« La féodalité n’est qu’un système d’Esclaves et de Tyrans ; ma patrie veut-être libre, ne peut plus rien conserver dans ce qui tient à ce système. »

« Si le peuple est souverain, il doit exercer lui-même tout le plus qu’il peut de souveraineté. »

« Le vrai Citoyen préfère l’avantage général à son avantage. »

« C’est la grande propriété qui a inventé et soutient le trafic des blancs et des noirs qui vend et achète les hommes... C’est elle qui dans les colonies donne aux nègres de nos plantations plus de coup de fouet que de morceau de pain. »

« La nature n’ayant donné de propriété à personne. »

Le tribun du Peuple, 21 novembre 1795, Babeuf :

« Contre le droit de propriété

Tu m’accordes le fond des principes sur le fameux droit de propriété. Tu conviens avec moi de l’illégitimité de ce droit. Tu affirmes que c’est une des plus déplorables créations de l’erreur humaine. Tu reconnais aussi que c’est de là que découlent tous nos vices, nos passions, nos crimes, nos maux de toutes espèces.
Quand ce peuple est éclairé, capable d’entendre et disposé par sa position à saisir avec avidité cette vérité précieuse : les fruits sont à tous, la terre à personne ; et quand Antonelle se trouve là et lui dit encore l’état de communauté est le seul juste, le seul bon ; hors de cet état il ne peut exister de sociétés paisibles et vraiement heureuse ; je ne vois pas pourquoi ce Peuple, qui veut nécessairement son bien, qui veut par conséquent tout ce qui est juste et bon, ne pourrait pas être amené à prononcer solennellement son vœu pour vouloir vivre dans le seul état de société paisible et vraiement heureuse. Loin qu’on puisse dire, à l’époque où l’excès de l’abus du droit de propriété est porté au dernier période : loin qu’on puisse dire alors que cette fatale institution a des racines trop profondes, il me semble qu’au contraire, qu’elle perd le plus grand nombre de ses filaments, qui, ne liant plus ensembles les soutiens principaux, exposent l’arbre au plus facile ébranlement. Faites beaucoup d’impropriétaires, abandonnez-les à la dévorante cupidité d’une poignée d’envahisseurs, les racines de la fatale institution de la propriété ne sont plus inextricables. Bientôt les dépouillés sont portés à réfléchir et à reconnaître que c’est une grande vérité, que les fruits sont à tous et la terre à personne ; que nous sommes perdus que pour l’avoir oublié ; que c’est une bien folle duperie, de la part de la majorité des Citoyens, de rester l’esclave et la victime de l’oppression de la minorité ; qu’il est plus que ridicule de ne point s’affranchir d’un tel joug, et de ne point embrasser l’état d’association, seul juste, seul bon, seul conforme aux purs sentiments de la nature ; l’état hors duquel il ne peut exister de sociétés paisibles et vraiement heureuses. La Révolution française nous a donné preuves sur preuves que les abus, pour être anciens, n’étaient point indéracinables ; qu’au contraire ce fut leur excès et la lassitude de leur longue existence qui en a sollicité plus impérativement le destruction. La Révolution nous a donné preuves sur preuves que le Peuple Français pour être un grand et vieux Peuple, n’est point pour cela incapable d’adopter les plus grands changements dans ses institutions, de consentir aux plus grands sacrifices pour les améliorer. N’a-t’-il pas tout changé depuis 89, excepté cette seule institution de la propriété ? »

Babeuf dans « Le Tribun du peuple » :

« La révolution française nous a donné preuves sur preuves que des abus, pour être anciens, n’étaient pas indéracinables ; qu’au contraire ce fut leur excès et la lassitude de leur longue existence qui en a sollicité plus impérativement la destruction. La révolution nous a donné preuves sur preuves que le peuple français, pour être un grand et vieux peuple, n’est pas pour cela incapable d’adopter les plus grands changements dans ses institutions, de consentir les plus grands sacrifices pour les améliorer. N’a-t-il pas tout changé depuis 89, excepté cette seule institution de la propriété ? Pourquoi cette seule exception, si justement on reconnaît qu’elle tombe sur ce qu’il y a de plus abusif : sur la plus déplorable création de nos fantaisies ? L’ancienneté de l’abus arrêtera-t-elle ici, plus que la même circonstance n’a pu faire pour tous les autres abus qui ont été renversés ? (…) Un bouleversement général dans le système des propriétés est inévitable ; la révolte des pauvres contre les riches est d’une nécessité que rien ne peut vaincre. »

Babeuf dans le « Manifeste des plébéiens » :

« Il est temps de parler de la démocratie elle-même : de définir ce que nous entendons par elle, et ce que nous voulons qu’elle nous procure, de concerter enfin, avec tout le peuple, les moyens de la fonder et de la maintenir… Il est plus que temps. Il est temps que le peuple, foulé et assassiné, manifeste, d’une manière plus grande, plus solennelle, plus générale qu’il n’a été fait, de sa volonté, pour que non seulement les signes, les accessoires de la misère, mais la réalité, la misère elle-même soient anéanties. Que le peuple proclame son Manifeste. Qu’il y définisse la démocratie comme il entend l’avoir, et telle que, d’après les principes purs, elle doit exister. Qu’il y prouve que la démocratie est l’obligation de remplir, par ceux qui ont trop, tout ce qui manque à ceux qui n’en pas assez ! Que tout le déficit qui se trouve dans la fortune des derniers ne procède que de ce que les autres les ont volés. Volés légitimement, si l’on veut : c’est-à-dire à l’aide des lois de brigands qui, sous les derniers régimes comme sous les plus anciens, ont autorisé tous les larcins ; à l’aide de lois telles que toutes celles qui existent en ce moment ; à l’aide de lois d’après lesquelles je suis forcé pour vivre de démeubler chaque jour mon ménage, de porter chez tous les voleurs qu’elles protègent jusqu’au dernier haillon qui me couvre ! Que le peuple déclare qu’il entend avoir la restitution de tous ces vols, de ces honteuses confiscations des riches sur les pauvres…

Nous expliquerons clairement ce que c’est que le bonheur commun, but de la société…

Nous prouverons que le terroir n’est à personne, mais qu’il est à tous.

Nous prouverons que tout ce qu’un individu en accapare au-delà de ce qui peut le nourrir est un vol social…

Nous prouverons que l’hérédité par familles est une non moins grande horreur ; qu’elle isole tous les membres de l’association et fait de chaque ménage une petite république, qui ne peut que conspirer contre la grande, et consacrer l’inégalité.

Nous prouverons que tout ce qu’un membre du corps social a au-dessus de la suffisance de ses besoins de toute espèce et de tous les jours est le résultat d’une spoliation de sa propriété naturelle individuelle, faite par les accapareurs de biens communs…

Que tous les prolétaires ne le sont devenus que par le résultat de la même combinaison…

Qu’il y a absurdité et injustice dans la prétention d’une plus grande récompense pour celui dont la tâche exige un plus haut degré d’intelligence, et plus d’application et de tension d’esprit ; que cela n’étend nullement la capacité de son estomac.

Qu’aucune raison ne peut faire prétendre une récompense excédant la suffisance des besoins individuels…

Que toutes nos institutions civiles, nos transactions réciproques ne sont que les actes d’un perpétuel brigandage, autorisé par d’absurdes et de barbares lois, à l’ombre desquelles nous ne sommes occupés qu’à nous entre-dépouiller.

Que notre société de fripons entraîne, à la suite de ses atroces conventions primordiales, toutes les espèces de vices, de crimes et de malheurs contre lesquels quelques hommes de bien se liguent en vain pour leur faire la guerre, qu’ils ne peuvent rendre triomphante par qu’ils n’attaquent pas le mal dans sa racine, et qu’ils n’appliquent que des palliatifs puisés dans le réservoir des idées fausses de notre dépravation organique.

Qu’il est clair, par tout ce qui précède, que tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle dans les biens de la société est vol et usurpation.

Qu’il est donc juste de leur reprendre…

Venons-en, après mille ans, changer ces lois grossières… »

Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier : son procès, et celui du Comité révolutionnaire de Nantes...

Lettre à « L’Observateur » du 16 août 1789

Le scrutateur des décrets, par Babeuf, en 1791

Le journal Le Tribun du peuple de Babeuf

Nouveau Calendrier de la République française – 1793

Adresse du tribun du peuple à l’armée de l’intérieur (1796)

L’éclaireur du peuple (1796), ou le défenseur de 24 millions d’opprimés, de Babeuf alias Lalande

Babeuf, tribun du peuple, à ses concitoyens (1796)

Babeuf, Manifeste des plébéiens

Analyse de la doctrine de Babeuf

Babeuf devant la Haute-Cour de justice

L’accusation contre Babeuf

Défense de Babeuf

Jugement contre Babeuf le 25 Brumaire an 5

Dernière lettre de Gracchus Babeuf, assassiné par la prétendue Haute-Cour de Justice

Histoire de Babeuf

Gracchus Babeuf et la conjuration des Egaux par Buonarroti

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