jeudi 31 août 2017, par
Edito
La venue aux affaires de Macron-Philippe, à la suite d’Hollande-Valls, n’a rien changé à la politique guerrière de la France. Celle-ci est engagée, plus que jamais dans son histoire y compris les époques coloniales, dans de multiples guerres aux quatre coins du monde, de l’Afrique au Maghreb, de l’Orient à l’Extrême-Orient. La plupart des Français en ignorent même l’ampleur car, si les interventions militaires françaises en Libye ou au Mali ont été médiatisées, on ne parle pas tous les jours des interventions armées au Niger ou au Cameroun, sans parler de l’Irak et de la Syrie. Saviez-vous seulement que l’armée française intervenait en Ukraine ou au Yémen et y soutenait des bandes armées terroristes et fascistes ?!!
On se garde bien de citer, dans les média français, le grand nombre de victimes civiles des bombardements français. On ne parle pas du bilan de ces guerres pour les peuples concernés, pour la sécurité, le bien-être et la démocratie. Saddam Hussein et Kadhafi ont disparu mais pas la dictature et le terrorisme fleurit plus que jamais… Une masse considérables d’armes, qui ont été récupérées par les bandes terroristes, l’ont été grâce à la chute de Saddam et Kadhafi, sans aucun effort de la France ou des USA pour l’empêcher. Et, soi-disant pour combattre ces dictatures, les puissances occidentales ont, plus ou moins ouvertement, soutenu et armé des bandes terroristes comme Al Qaïda ou Al Nosra, sans parler d’Etat islamique lui-même !
Tout a été fait pour faire croire que la planète entière ne serait plus qu’un vaste conflit de l’Occident, luttant pour la liberté contre un terrorisme se revendiquant mensongèrement de l’islam, alors que ce sont les puissances occidentales, comme la France, qui le nourrissent et le justifient.
Alors que les chefs d’Etat successifs clament qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses publiques pour financer les services publics, pour faire fonctionner les hôpitaux, les postes, les écoles, les universités, pour payer les infirmières, les aides soignantes, les postiers, les enseignants et les cheminots, il y a toujours plus d’argent pour faire des guerres partout dans le monde et pour financer personnels et matériels des armées. Le prétexte de ces guerres, c’est que la France serait une nation qui défend la liberté dans le monde en s’opposant militairement aux dictateurs et aux terroristes.
Mais remarquons d’abord qu’aucun Etat de la planète n’envoie ses hommes en armes attaquer la France, alors que cette dernière le fait dans de nombreux pays, tuant un grand nombre de civils qui ne sont partie prenante d’aucun conflit, ni avec elle, ni avec personne, bombardant des villes et des villages, détruisant les installations, qu’ensuite personne ne va reconstruire, terrorisant des peuples entiers. Cela va de la Libye à la Côte d’Ivoire, du Centrafrique à l’Irak, de la Syrie au Mali, en passant par l’Afghanistan (d’où les troupes françaises ne sont pas encore tout à fait parties) au Niger, et sans parler des pays où ses forces spéciales interviennent sans le faire savoir, comme la Somalie, le Yémen et bien d’autres…
Il suffit de dire qu’un chef d’Etat est un dictateur pour que cela justifie que la France y envoie son armée ! Il suffit aussi qu’existent dans ce pays des terroristes pour que cela permette d’y envoyer des troupes ou de bombarder le pays !
Mais ce que l’on sait moins, c’est que la même France a soutenu des terroristes, les a même armés, les a financés, soutenus politiquement, et qu’elle a également soutenu des dictateurs sanguinaires, les a financé, les a sauvé par d’autres interventions armées. La France a même cautionné des massacres et un génocide. On pourrait penser que la France est très loin de son passé colonial et c’est faux. La méthode d’intervention de la France est celle d’une puissance coloniale, d’un impérialisme.
C’est toujours la mainmise sur les richesses minières et pétrolières qui justifie en réalité les interventions, comme celles pour défendre la mainmise sur l’uranium du Niger, sur l’aluminium de la Guinée, sur le pétrole du Gabon, sur l’or du Mali, etc. Mais ce n’est pas tout : la France agit pour affirmer son rôle de grande puissance militaire : lancer des guerres, aider des terroristes ou des dictateurs permet de créer un dérivatif à la crise que traverse le système capitaliste mondial, de détourner les peuples de la révolution sociale.
Pourquoi le monde est en guerre, pourquoi les guerres se développent-elles sans cesse ? Pour se défendre du terrorisme ? Pour lutter pour la liberté et contre les dictatures ? Pour sauver les peuples ? Ou pour sauver un système d’exploitation et d’oppression qui est en bout de course !
Bien sûr, bien des gens diront que les informations n’ont pas montré la France soutenant les dictateurs ni la France armant les terroristes. Ils diront que tout cela, ce serait encore « la théorie du complot ». Mais c’est l’inverse : les gouvernants nous servent la théorie du complot terroriste, du complot des musulmans, du complot des migrants qui essaient d’envahir le pays, du complot des étrangers qui voudraient prendre le travail des français, etc.
Pas besoin de théorie du complot pour savoir que les gouvernants français étaient et sont les meilleurs amis des dictateurs, qu’ils aimaient particulièrement Saddam Hussein, qu’ils ont cultivé la relation avec Kadhafi, qu’ils ont leurs petits copains dictateurs africains si arrangeant pour donner des petits coups de mains financiers aux partis à la veille des élections françaises. Les trusts français ont toujours leur « pré carré » en Afrique et ils comptent bien le conserver, comme on l’a vu au Mali, au Niger ou en Côte d’Ivoire, tous des pays où l’armée française intervient activement en élément avancé de la défense des intérêts des trusts français, Bolloré, Bouygues, et autres Total.
La France a aussi ses petits copains terroristes, ceux qui l’ont aidée à virer Kadhafi, ceux qui l’aident en Syrie. Certains gouvernants français s’en cachaient très peu, comme Hollande-Valls-Fabius. Ce dernier a même fait scandale avec son soutien public au groupe terroriste Al Nosra. USA et France ont même, un moment, soutenu A Qaïda en Syrie, sous prétexte de virer le dictateur Assad. A la finale, ils ne l’ont pas fait chuter et ont contribué par leur intervention à mettre le pays à feu et à sang.
Bien sûr, pour tous ceux qui considèrent la France comme une nation démocratique, pacifique, exemplaire, tout cela n’est pas croyable. Eh bien, crédible ou pas, il est réel que la France a financé, armé et appuyé par tous les moyens des groupes terroristes et continue de le faire. Elle l’a fait au Centrafrique, en Syrie, en Libye, en Irak… Comme elle l’a fait en Ukraine et en Yougoslavie, en Afghanistan et au Mali.
De toutes manières, on ne doit pas soutenir ces guerres soi-disant pour libérer des peuples car toutes mènent les pays en question vers des situations encore pires que celles qu’il connaissait auparavant. Comparez la Libye avant l’intervention militaire française et celle d’après ! Comparez la Syrie d’avant et celle d’après.
Ces interventions, non seulement n’éliminent pas le terrorisme, mais elles lui permettent de se développer de manière folle. Elles crédibilisent politiquement et socialement les terroristes. Elles sèment la haine dans le monde entier.
Il n’est pas vrai non plus que ces interventions protègent notre sécurité ici en France. Il n’est pas vrai que, sans elles, les actes terroristes seraient plus nombreux. Tout cela est mensonger.
Il n’est pas vrai que les interventions armées de la France à l’étranger proviennent d’attaques terroristes en France. Les Ivoiriens n’attaquent pas la France. Les Maliens non plus. Les Centrafricains, les Nigériens, les Syriens, les Irakiens, les Afghans pas davantage. Leurs Etats n’attaquent pas non plus la France. Ses guerres ne sont nullement de la légitime défense. C’est au contraire une offensive impérialiste et colonialiste.
Elle fait partie des guerres des USA, de l’Angleterre et des autres puissances impérialistes occidentales.
Ces guerres n’ont sauvé aucun peuple du terrorisme.
Ces guerres n’ont ramené la paix, la sécurité et le bien-être dans aucun pays.
Ces guerres de la France devraient être dénoncées dans la rue, par des manifestations et autres actions de réprobation et elles ne le sont pas.
La dénonciation de ces guerres, y compris la grande guerre contre les migrants en Méditerranée, avec une armée spéciale pour les agresser, ne fait même pas partie des revendications des organisations syndicales.
Pourtant, le budget des armes et des armées est l’un des trous financiers du budget de la France, comme celui des « opérations extérieures » qui n’a cessé de monter en flèche.
Plus l’Etat est en faillite, plus il dépense en armements et en guerres !
Nous, travailleurs, ne devons pas rester silencieux devant ces agressions militaires contre les peuples, et d’autant moins qu’elles ne font que préparer une guerre généralisée, qui menace de s’étendre à la Corée du Nord, à la Chine et à la Russie, c’est-à-dire de devenir la troisième guerre inter-impérialiste mondiale !
N’attendons pas pour combattre l’Etat de guerre permanent et généralisé (intérieur et extérieur) dont l’Etat d’urgence n’était qu’une étape.
Travailleurs de France, comme partout dans le monde, notre principal ennemi est dans notre propre pays : c’est « notre » classe possédante et l’Etat qui défend son intérêt contre celui de l’immense majorité de la population. Les armées et les polices ne sont pas là pour la sécurité du peuple, ni en France ni ailleurs, mais pour casser les luttes sociales et garantir le pouvoir de l’infime minorité de moins d’1% qui détient le pouvoir politique et économique, contre la révolution sociale. Et, comme par hasard, les guerres grandissent au rythme des craintes des classes possédantes face à la menace montante d’une révolution sociale !
Et la révolution sociale est bien la seule réponse possible à la guerre des impérialismes se généralisant à la planète !