vendredi 9 juin 2017, par
En application du plan Hirsch, la direction de l’APHP prétend imposer d’afficher les plannings horaires trois mois à l’avance. Mais cette obligation est pure comédie puisque les cadres continuent de s’autoriser de le changer très souvent 48 heures à l’avance, sous prétexte du manque d’effectifs, et même souvent du jour au lendemain ! Mais, pour imposer qu’on ne nous change pas sans cesse nos plannings, inutile de compter sur la charte et sur la direction des hôpitaux, ce ne sont pas ceux qui créent les problèmes qui vont les résoudre !
De plus en plus d’emplois du nettoyage biologique sont livrés au privé à Cochin, suivant ainsi de nombreux hôpitaux de l’APHP où c’est déjà privatisé. C’est près d’une cinquantaine d’emplois publics qui sont ainsi passés au privé, l’argent public servant à financer des intérêts privés, sans que le service y gagne, ni les salaires des agents, ni leurs conditions de travail, ni leur charge de travail… Ce n’est même pas une économie pour les fonds publics !
Les cadres sont toujours extrêmement étonnés et choqués que les personnels soient amenés à s’arrêter, qu’ils soient épuisés, que leur santé ne tienne plus le coup. Comment le comprendre alors que ces mêmes cadres trouvent parfaitement normal de tirer sans cesse sur la corde, de changer sans cesse nos horaires, de changer nos repos du jour au lendemain, de nous pousser aux heures supplémentaires, de nous pousser à faire des week-ends, de nous rappeler sur nos repos d’augmenter sans cesse la charge de travail pour pallier au manque d’effectifs, de nous refuser nos dates de vacances, de nous mettre dans des situations intenables avec des moyens et des effectifs insuffisants pour prendre en charge correctement les malades ? Comment comprendre qu’après avoir été usés, épuisés, fatigués moralement autant que physiquement, on ait besoin de s’arrêter en maladie ? Jouer les étonnés, c’est bien pratique pour ne pas admettre que c’est leur politique qui nous rend malades !
Quelle n’a pas été notre surprise quand on a constaté sur les feuilles de paie que nous avions tous baissé d’un échelon. Certes, c’était sans perte immédiate de salaires mais, à terme, c’est quand même une baisse puisque ce recul signifie qu’on perdra des mois avant de monter d’un échelon et d’être augmentés en conséquence. Cela concerne tous les agents de l’hôpital public et même toute la fonction publique hospitalière. Et cela se rajoute au blocage des salaires qui se maintient, malgré les changements de gouvernement. Il n’y a que les arnaques gouvernementales qui ne soient pas bloquées !
C’est une partie d’une prime qui a été intégrée au salaire, permettant d’indiquer une augmentation sur la paie, mais une augmentation si minime qu’elle représente quelques euros et même pas une dizaine d’euros !! Bien sûr, intégrer les primes au salaire ne change pas la paie mais change quand même la retraite et cela garantit aussi les revenus car les primes peuvent facilement sauter. Mais intégrer au salaire des miettes, il fallait le faire !! Et le gouvernement l’a fait !
Alors que l’été n’est même pas encore arrivé, la chaleur est là mais rien n’est en place pour y faire face à l’hôpital public. Quand il y a des ventilateurs, ce sont des appareils bas de gamme ou vétustes. Et les directions des hôpitaux font comme si elles étaient surprises du retour annuel des chaleurs, comme si l’été ne les avait pas prévenues. Le cycle des saisons ne serait pas intégré aux plans de Hirsch ?!!!
Plusieurs hôpitaux du GH d’Avicenne ont fait grève contre une nouvelle organisation du travail de nuit dans laquelle les personnels de nuit n’y travaillent plus un week-end sur deux mais un week-end sur trois. Cette réorganisation concerne de nombreux autres hôpitaux comme Tenon ou Poissy, les fermetures de lits et de services permettant de réduire les effectifs de week-end. Pour beaucoup de ceux qui ont des raisons personnelles de choisir de faire les nuits, c’est un changement qui chamboule leur vie privée. Bien entendu, la direction des hôpitaux s’en moque : l’hôpital est là pour soigner la gestion, pas les malades ni les personnels !
Les travaux à l’hôpital public, c’est le règne de la sous-traitance et de la sous-traitance de la sous-traitance car les sociétés privées sous-traitent elles-mêmes les chantiers ! Au bout de la chaîne, il y a des travailleurs sans contrat fixe, sans sécurité, sans garantie de l’emploi, souvent même sans qualification et le résultat est en conséquence. La direction de l’hôpital s’en moque : le but est de faire rentrer de l’argent public dans les comptes des trusts du Bâtiment qui dirigent l’ « ouvrage » !
Ces projets sont déjà connus, c’est l’aggravation de la politique de Sarkozy-Hollande : poursuite de la remise en cause des congés et repos, précarisation des emplois, blocage des salaires, fermetures de lits et de services, diminution de l’offre de soins, regroupements hospitaliers contre l’hôpital de proximité, privatisation et ubérisation au maximum des emplois, « partenariats privé-public » pour se servir des fonds publics à des fins d’aide aux entreprises privées, hôpital transformé en soutien de la santé du secteur du Bâtiment, de l’Informatique et des Labos pharmaceutiques sans parler des maisons de santé soutenues par le gouvernement et qui sont, bien entendu, libérales… Sauf si on ne se laisse pas faire ! Comment empêcher cela ? Pas en suivant les politiques des directions syndicales qui continuent à dialoguer quand il s’agit de nous crever un œil et de nous couper un bras, pas par journées d’action de l’intersyndicale, pas par des actions catégorielles, mais par des luttes d’ensemble et la grève générale dirigées par des assemblées interprofessionnelles liées à des comités de grève locaux dirigeant démocratiquement la lutte !!!
L’APHP a trouvé comment proposer des logements aux agents de l’hôpital public : en expulsant de leurs logements actuels 1200 salariés ou des retraités de l’AP-HP et leurs familles… L’association de locataires a remarqué cette « manière un peu particulière de remercier le dévouement des personnels »… Par contre, la direction de l’APHP va continuer à financer en pure perte des locations à très bas prix dans des logements luxueux pour les dirigeants de l’APHP eux-mêmes et pour leurs petits copains hauts fonctionnaires, et petits copains des anciens présidents, des ministres et des chefs de cabinet qui, eux, ne seront pas expulsés !!!
Où en sont les enquêtes des suicides à l’hôpital public (Cochin, HEGP, Longjumeau, Le Havre, Bordeaux, Rangueil, Saint-Calais, Loudun, Argenteuil, Reims, Nord-Franche-Comté, Saint-Antoine, Bichat, etc, etc.) ? Au même point que les enquêtes des suicides à la SNCF ou à La Poste ! On nous dit qu’il va y en avoir, qu’il y aura des mesures, puis plus rien ! Combien faudra-t-il de mort pour interrompre cette chaîne qui mène de la surexploitation, des pressions, des suppressions de postes, de la surcharge de travail et des pressions de l’encadrement au burn out, à la maladie ou au suicide ? Et ensuite, quelle est l’assistance aux proches, l’aide juridique pour faire valoir ses droits, les moyens financiers pour subvenir aux besoins des familles endeuillées ? Néant ! L’APHP les abandonne à leur triste sort puisqu’elle nie sa responsabilité !!! Et toute cette machine infernale à broyer des vies continue tranquillement son bonhomme de chemin… Jusqu’à ce qu’au lieu de nous laisser détruire individuellement, on se retourne collectivement contre les harceleurs !
"J’ai 25 ans de métier et jamais je n’ai travaillé dans des conditions aussi misérables et dangereuses, tant pour le patient que pour le soignant", déclarait une infirmière citée dans la presse. Nous avons tous entendu ce type de propos et nous les avons-nous nous-mêmes lancés un jour ou l’autre car la situation ne cesse d’empirer. Il n’y a pas d’autre solution que de nous révolter, tous ensemble, et en tirant les leçons du dernier mouvement de l’APHP : diriger nous-mêmes notre lutte par des comités et des coordinations, sans laisser la direction à l’intersyndicale.
Pas besoin de préciser dans quel sens Macron va tenter de gouverner : il suffit d’entendre les cris de victoire du MEDEF, des patrons, des banques, des bourses, du Figaro et autres représentants de la grande bourgeoisie. Il suffit aussi de voir que les ministres, dont le premier, sont des suppôts affirmés du patronat, dont tout le passé les montre au service du grand capital, que ce soit d’Areva, de Total ou d’autres trusts ou banques, comme Macron lui-même, des défenseurs aussi de l’aide publique au patronat privé et de l’Etat aux ordres du capital.
Macron, ministre, n’avait fait que lancer des attaques contre les travailleurs, contre les prud’hommes, contre la sécu, contre la santé, contre les services publics (lançant notamment les cars privés contre la SNCF). Il est favorable à l’ubérisation de toute l’économie, de façon que le privé pousse partout au dépend des services publics. Il a soutenu les mesures de Sapin en faveur des banques, notamment la loi Sapin II, qui prévoit que les banques pourront voler la totalité des comptes en banques des particuliers ainsi que leurs épargnes, l’Etat se contentant de prétendre qu’il versera une somme fixe, mais étant incapable en réalité de le faire en cas de krach général… Ministre des Finances, détenteur majoritaire des actions de Renault, il a été incapable d’imposer à ce trust automobile, qui a largement profité des fonds publics pour se maintenir en 2008, à ce trust qui annonce des profits record, de cesser de supprimer massivement des emplois ? Pourquoi Macron président agirait-il différemment de Macron ministre, puisqu’il ne compte jamais imposer aux « entrepreneurs » d’embaucher et même de ne pas supprimer des emplois, y compris pour des trusts qui annoncent des profits fabuleux !!!
Du coup, il n’y a aucune raison qu’il bénéficie d’un quelconque « bénéfice du doute » de la part des travailleurs et des milieux populaires, d’une trêve sociale au départ, d’autant qu’il annonce par avance que ses attaques seront toutes lancées en pleines grandes vacances, sans réel débat parlementaire, sans réelle consultation syndicale. Les organisations réformistes ont beau continuer à affirmer qu’elles continuent sur la même lancée réformiste, quelle place y a-t-il pour prétendre défendre des « bonnes réformes » quand toutes les réformes prétendues menées servent à casser, à détruire, à supprimer des emplois, à faire tomber dans la misère, à cautionner des suppressions d’emplois, à servir les intérêts privés à l’aide des fonds publics ?
Il faut remarquer non seulement le soutien public de la CFDT au candidat puis au président Macron alors qu’on vient de voir que son programme est tout ce qu’il y a de plus clair et en particulier clairement anti-ouvrier, anti-social, anti-services publics, hostile au code du travail, anti-retraites, etc… Et il faut aussi remarquer les éloges de FO à la nouvelle ministre du Travail ainsi que la réserve des autres syndicats qui sont loin d’être aussi offensifs, de leur côté, que l’est déjà le président, du sien c’est-à-dire de celui des banques et des trusts ! Quand certains syndicalistes ont proposé de manifester dès l’élection de Macron, les centrales syndicales sont restées très calmes, tout au plus menant, pour la CGT, une grève catégorielle des transporteurs de matières dangereuses et l’arrêtant sans avoir rien obtenu.
Toutes les centrales syndicales se sont dites prêtes à négocier avec Macron et affirment qu’en débattant avec lui, elles défendront les intérêts des salariés et du public. Mais où a-t-on vu qu’accepter de négocier sur des plans d’attaque préétablis, déjà entièrement prévus et programmés, pourrait servir à défendre les intérêts des travailleurs ? Les syndicats avaient négocié précédemment toutes les fois où nos revendications ont été jetées brutalement à la poubelle, sur les retraites, sur la privatisation de la SNCF, sur l’hôpital public, sur RadioFrance, sur tout… A chaque fois, les fameuses négociations n’ont servi qu’à faire croire que la démocratie, que le consensus, que le dialogue social étaient respectés alors qu’en fait rien du tout ne l’était.
Certes, les mêmes syndicats qui discutaient bien gentiment avec nos ennemis, y compris quand les travailleurs avaient clairement exprimé leur refus de toute négociation – comme les RadioFrance ou les agents de l’Hôpital public -, avaient également participé à des manifestations et des journées d’action pour désapprouver les politiques des gouvernants et des patrons. Mais est-ce que cette stratégie de la défaite va se reproduire face à Macron ? Est-ce que l’on ne va pas enfin tirer la leçon non seulement des défaites syndicales mais aussi des anciennes victoires ouvrières, des grèves générales insurrectionnelles, celle de 1936, de 1953, de 1968, de 1995, ou plus récemment celle des travailleurs et du peuple de Guyane ? C’est à nous, travailleurs, de donner cette réponse !