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Exacerbation de la lutte de classes aux USA...

vendredi 30 décembre 2016, par Robert Paris

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Panique dans les centres commerciaux américains : les tensions de classe prêtes à exploser

Les scènes de chaos et de panique qui ont touché plus de 15 centres commerciaux aux États-Unis lundi révèlent le caractère tendu et explosif de la vie sociale en Amérique à la fin de 2016.

Ce qui devait être une grande journée de shopping a fini par des évacuations de masse, des dizaines d’arrestations, de nombreuses blessures, et le verrouillage de centres commerciaux entiers.

Des policiers lourdement armés ont dispersé les jeunes dans de nombreux centres commerciaux, surtout ceux situés dans les quartiers populaires. Des vidéos montrent des consommateurs fuyant des policiers armés de fusils d’assaut qui s’interposent afin de réprimer de grands groupes de jeunes.

Rien n’indique que les rassemblements de jeunes aient été coordonnés, mais une similarité remarquable émerge de ce que l’on peut reconstituer de tous ces différents événements.

En soirée, alors que l’on atteignait le pic d’affluence dans les magasins, des centaines de jeunes ont commencé à converger pour des « combats » annoncés sur les réseaux sociaux. De petites bagarres éclatèrent entre jeunes, dont la plupart étaient des lycéens en vacances, et la foule s’agrandit.

Des rumeurs sont passées de bouche à l’oreille, et une panique s’est installée. Des passants nerveux interprétaient des bruits forts comme des coups de feu. Selon de nombreux rapports, des gens ont crié, « Fusil ! » Les blessures se sont produites quand des milliers de gens ont tenté fuir et de retrouver leurs voitures.

Dans un centre commercial d’Elizabeth, au New Jersey, un journal a rapporté « une panique chaotique, tout le monde courait à la fois » quand on a pris le bruit d’une chaise que l’on claquait contre le sol pour des tirs. Un enfant de huit ans et un jeune de 12 ans ont été blessés lors de l’évacuation, alors que la police quadrillait le centre commercial.

À Garden City, au New York, où il y a eu sept blessés, des témoins ont décrit une « ruée » quand des dizaines de personnes ont appelé la police, croyant à tort qu’un tir avait lieu. À Newport News, en Virginie, selon la presse locale, les gens « sortaient du centre commercial en hurlant ; certains craignaient la mort après avoir entendu des rumeurs que quelqu’un courait autour du centre commercial avec un pistolet ».

La police a évacué deux centres commerciaux à Memphis, au Tennessee, et a arrêté sept jeunes après de faux rapports de fusillades. À Chattanooga, dans le même état, des jets de pétards ont « lancé une vague de panique », selon CNN. À Brentwood, en Ohio, près de Cleveland, la police a verrouillé un centre commercial et arrêté un jeune « pour avoir tenté de frapper un officier qui s’occupait d’un client désordonné ». La police a utilisé le gaz au poivre pour disperser la foule.

Des policiers ont arrêté cinq jeunes âgés de 14 à 16 ans dans la ville appauvrie de Hartford, dans le Connecticut, dans un centre commercial près de Manchester, en faisant appel aux services de police voisins pour les aider à disperser des centaines de jeunes. Des événements similaires ont eu lieu à Farmington, en Connecticut ; Aurora, Illinois ; Fort Worth, au Texas ; Syracuse, New York ; Monroeville, Pennsylvanie ; Tempe, Arizona ; Indianapolis, Indiana ; et Aurora, au Colorado, où selon la police, plus de 500 jeunes ont « entouré un officier en civil » qui tentait d’arrêter un jeune.

Entretemps, la ville de Chicago souffre de la vague la plus meurtrière de violence par balle en vingt ans : 53 blessés et 11 tués la veille de Noël et le jour de Noël. DNAInfo écrit que « derrière la vague de cette année est un mélange toxique de coupes aux services sociaux, de chômage, de désespoir... »

Quelques heures avant les troubles dans les centres commerciaux, après le week-end dévastateur à Chicago, Obama a accordé une entrevue sur CNN à David Axelrod, son ex-directeur de campagne. Avec force rires et flatteries mutuelles, Obama s’est vanté de son mandat et s’est fait passer pour un défenseur de la justice sociale. « Je dirais qu’au cours des huit années où j’ai été président, cet esprit de l’Amérique a toujours existé de toutes sortes de manières », a-t-il déclaré.

Dans sa conférence de presse de fin d’année, le 16 décembre, Obama a évoqué « le chemin que nous avons fait ensemble ces huit dernières années », avant d’ajouter que « de tellement de façons, notre pays est plus fort et plus prospère que quand nous avons commencé. C’est une situation que je suis fière de laisser à mon successeur ».

Les éruptions dans des centres commerciaux démasquent cette image à l’eau de rose peinte par la presse et par Obama lui-même, alors que son Administration tire à sa fin. Le fait que ces mini-émeutes se sont produites dans quinze endroits différents, situés à des centaines de kilomètres les uns des autres, montre que quelque chose va profondément mal en Amérique.

La mêlée à Aurora, au Colorado ce lundi s’est déroulée dans le même centre commercial où James Holmes a tué 12 personnes et en a blessé 70 autres en juillet 2012. Depuis qu’Obama a pris ses fonctions, 122 personnes ont été tuées lors de fusillades dans les écoles. Obama a réagi avec des banalités creuses et en militarisant la police.

Les inquiétudes pour leur sécurité immédiate ont provoqué la fuite des consommateurs ; toutefois, ces angoisses sont enracinées dans des relations sociales dominées par la vaste inégalité économique qui domine tous les aspects de la vie américaine.

Les explosions de violence et de peur se déroulent lors de vacances ritualisées par les médias pour cacher le fait brutal que les relations humaines s’expriment par l’achat et la vente de marchandises. Si ce processus atteint un point culminant à Noël — la période décisive pour des bénéfices sur la vente au détail — la marchandisation des relations humaines, avec la tension générale et la frustration qu’elle produit, soutend toutes les relations sociales sous le capitalisme.

Une oligarchie financière domine les États-Unis, tant sur le plan économique que politique. La grande majorité des gens n’ont pas de moyen d’exprimer leurs propres intérêts sociaux. Toutes les institutions officielles, y compris les médias contrôlés par l’entreprise, les deux grandes entreprises et les syndicats, s’efforcent d’étouffer l’opposition sociale et de générer des profits plus élevés.

La moitié des élèves du secondaire — ceux de quinze ans et moins — n’ont jamais vécu un jour où les États-Unis n’étaient pas en guerre. Abandonnés par la classe politique et hostiles aux guerres, à la pauvreté, à la surveillance et à la violence policières qui ont dominé toute leur vie consciente, ceux parmi ces jeunes qui étaient assez âgés pour voter dans les primaires démocratiques ont voté pour le prétendu « socialiste », Bernie Sanders, à neuf contre un, contre Hillary Clinton.

Dans son entretien avec Axelrod, Obama n’a même pas abordé le caractère de l’Administration Trump, qui promet d’être le plus réactionnaire de l’histoire des États-Unis. D’ici trois semaines, Trump et sa cabale de milliardaires, d’évangéliques, de généraux, de fascistes et de parents proches contrôleront le pouvoir exécutif. L’Administration entrante a promis une course aux armements nucléaires, des attaques contre la Sécurité sociale, l’assurance-maladie et l’éducation publique, et la déportation de millions de travailleurs immigrés et de leurs familles.

Pendant les fêtes, la grande majorité des travailleurs ne partagent ni l’optimisme complaisant et cynique d’Obama, ni la confiance aveugle de la bourse. Ce qui s’est produit lundi dans les centres commerciaux américains donne une idée des chocs sociaux en perspective pour 2017.

L’humeur qui prédomine en Amérique est de nervosité et de frustration, liées à une combativité émergente qui n’a pas encore trouvé d’expression politique progressive. Il faut un mouvement de la classe ouvrière pour diriger la prochaine explosion sociale dans une direction révolutionnaire et socialiste.

Par Eric London - WSWS

Un renouveau de la lutte des classes

Les signes se font de plus en plus nombreux qu’un quart de siècle touche à sa fin au cours duquel la lutte des classes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays industrialisés, a été artificiellement supprimée. Ces récentes semaines ont vu une vague de grèves et de manifestations en France contre une « réforme » réactionnaire du Travail, menée en dépit de l’état d’urgence imposé par le gouvernement droitier du Parti socialiste ; une grève générale des travailleurs grecs contre les mesures d’austérité du parti pseudo de gauche Syriza ; les grèves des internes des hôpitaux en Grande-Bretagne contre les coupes sociales du gouvernement conservateur, soutenues par le Parti travailliste ; une grève des aiguilleurs du ciel en Belgique ; et les grèves de travailleurs en Inde et en Chine.

Aux États-Unis, une grève des 39.000 travailleurs contre le géant mondial des télécommunications Verizon, la plus importante depuis de nombreuses années en Amérique, en est à sa sixième semaine. C’est là une manifestation significative, bien qu’initiale encore, d’une croissance de la lutte des classes dans le centre du capitalisme mondial. Elle coïncide avec une série de grèves et de grèves-maladie des enseignants à Detroit et d’autres villes, et avec une vague de protestations sociales comme celles contre l’empoisonnement de l’eau à Flint, Michigan et contre les meurtres policiers de travailleurs et des jeunes non armés.

Toutes ces luttes ont lieu en dépit de la trahison et du sabotage des syndicats. Les syndicats de Verizon, le CWA (Travailleurs des communications d’Amérique) et l’IBEW (Fraternité internationale des ouvriers de l’électricité) ont isolé les travailleurs de Verizon et n’ont rien fait pour s’opposer aux briseurs de grève de l’entreprise et à l’attaque violente des piquets de grève par des jaunes escortés et protégés par la police.

Ils veulent désespérément mettre fin à la grève et imposer un contrat de capitulation. Signe qu’on accentue la campagne pour mettre fin à la grève, 88 députés démocrates du Congrès, alliés du CWA et de l’IBEW, ont publié le 19 mai une lettre ouverte demandant la fin de la grève.

En 2015, le syndicat UAW (United Auto Workers) a eu toutes les peines du monde à réprimer une rébellion de travailleurs automobiles contre des contrats capitulards qu’il avait signés avec les constructeurs automobiles de Détroit. Mais malgré les efforts de la bureaucratie syndicale, l’année écoulée a connu une augmentation modeste, mais significative des grèves.

Les chiffres publiés en février par le Bureau des statistiques de travail (BLS) américain quantifient le point d’inflexion de la lutte des classes en Amérique. Ils montrent une augmentation de 400 pour cent du nombre de jours perdus par de grands conflits du travail en 2015 par rapport à l’année précédente. La majeure partie de l’augmentation est due à la grève de quatre mois de 5000 travailleurs du pétrole aux États-Unis et le lock-out de 2200 métallos par Technologies Allegheny de Pittsburgh.

La grève chez Verizon va considérablement augmenter le chiffre des jours perdus pour cause d’arrêts de travail en 2016. Et 573.000 travailleurs des postes, des centaines de milliers d’employés des États et des villes, d’enseignants du secteur public et de travailleurs de la distribution sont encore en attente de nouveaux contrats.

Le niveau de l’activité de grève reste bien en deçà de ce qui était courant dans les années 1940 à 1980. En 2015, il y eut 12 arrêts de travail majeurs (de 1000 salariés ou plus) concernant 47.000 travailleurs, une hausse par rapport à l’année d’avant. En 1952, l’année record pour les arrêts de travail aux États-Unis, 2,7 millions de travailleurs avaient participé à 470 grands conflits du travail.

Dans les années 1980, l’AFL-CIO a trahi une vague de grèves acerbes contre les licenciements massifs, les coupes salariales et l’attaque des syndicats ; cela commença par son sabotage de la grève des aiguilleurs du ciel du syndicat PATCO en 1981 et son soutien tacite au licenciement et à la mise sur des listes noires de 11.000 grévistes, imposés par le gouvernement Reagan. Ce fut le début de décennies où les grèves sont restées à des niveaux historiquement bas aux États-Unis. La croissance de l’inégalité sociale et la hausse record des fortunes de l’élite financière et des sociétés furent directement liées à la quasi-disparition de toute forme de lutte de classe organisée.

L’effondrement du système financier en 2008 et l’assaut qui s’en est suivi sur les emplois, les salaires et les programmes sociaux ont étourdi et désorienté la classe ouvrière. Mais comme il devenait clair que les classes dirigeantes du monde voulaient exploiter la crise pour effacer tous les acquis sociaux et réduire la classe ouvrière à la misère, les travailleurs ont commencé à réaliser qu’il n’y avait pas d’alternative à une lutte acerbe.

La reprise de la lutte des classes trouve une expression politique dans le fait que les travailleurs se tournent contre tous les partis de la « gauche » officielle soutenus par les syndicats : le Parti travailliste en Grande-Bretagne, le Parti socialiste en France et le Parti social-démocrate en Allemagne.

Aux États-Unis, la croissance du militantisme de la classe ouvrière s’accompagne des stades initiaux d’une profonde radicalisation politique qui s’exprime d’abord dans un large soutien à Bernie Sanders dont le socialisme prétendu a magnifié l’attrait pour des millions de travailleurs et de jeunes en train de rejeter le capitalisme et à la recherche d’une alternative radicale. Sa campagne est une réponse préventive à la croissance de la lutte des classes et au danger de l’émergence d’un mouvement politique et révolutionnaire indépendant de la classe ouvrière. Son objectif est de maintenir ce mouvement piégé dans le Parti démocrate.

La campagne de Donald Trump elle aussi est une réponse préventive au développement de l’opposition de la classe ouvrière à l’ordre économique et politique existant. Son but est de donner à ce mouvement une orientation chauvine et nationaliste et de préparer les conditions pour une utilisation de plus en plus directe de la violence dans le but de réprimer les tensions sociales à l’intérieur.

Le renouveau de la lutte de classe n’en est qu’à ses débuts, mais il aura un développement explosif. Il est entraîné objectivement par une crise du système capitaliste mondial qui n’offre rien que la pauvreté, la dictature et l’horreur de la guerre nucléaire mondiale. Toutes les luttes, grèves ou protestations sociales soulèvent des questions révolutionnaires et posent la question du pouvoir politique.

La première tâche à laquelle font face les travailleurs est la nécessité de se libérer des réactionnaires bureaucraties ouvrières pro-capitalistes. Mais comme Léon Trotsky l’a expliqué dans le programme fondateur de la Quatrième Internationale, le Programme de transition, il y a des forces objectives puissantes qui facilitent cette tâche :

« L’orientation des masses est déterminée d’une part par les conditions objectives du capitalisme pourrissant, d’autre part par la politique traître des vieilles organisations ouvrières. De ces deux facteurs, le facteur décisif est, bien entendu, le premier : les lois de l’histoire sont plus puissantes que les appareils bureaucratiques. »

Il est urgent et critique de construire une direction marxiste révolutionnaire pour unir toutes les différentes luttes en une lutte de classe unique et lui donner une perspective politique révolutionnaire.

Par Barry Grey - WSWS

États-Unis : montée des luttes ouvrières à l’approche de l’élection présidentielle

Une série de grèves et d’autres luttes ouvrières ont éclaté aux États-Unis à l’approche des élections présidentielles américaines. Le large éventail de travailleurs des secteurs public et privé impliqués dans ces luttes révèle l’ampleur de l’opposition sociale aux États-Unis contre la détérioration des conditions de vie, les atteintes aux soins de santé et aux retraites ainsi que les records historiques d’inégalités sociales dans la septième année de la « relance » économique d’Obama.

Lundi, près de 5000 infirmières dans la région de Minneapolis et St-Paul au Minnesota ont massivement rejeté un ultimatum de l’opérateur hospitalier Allina Health, et ont voté pour prolonger leur grève d’un mois. Allina veut dépouiller les infirmières de leur couverture des soins de santé traditionnelle et les forcer à adopter des plans inférieurs et plus coûteux gérés par les entreprises.

Le vote « non » retentissant constituait une remise en question de l’Association des infirmiers du Minnesota et du National Nurses United (syndicat national des infirmiers), qui avaient remis au vote les mêmes demandes de l’entreprise que les infirmiers ont déjà rejeté à trois reprises. Les infirmiers prennent une position courageuse contre Allina, qui a supprimé leur assurance médicale le week-end dernier et a dépensé 40 millions de dollars pour amener 1000 briseurs de grève dans les Villes Jumelles.

Partout dans le pays, les infirmiers et autres soignants subissent le coût de la mal nommée Loi sur les soins abordables (Affordable Care Act – ACA) d’Obama, qui a non seulement transféré les coûts des soins de santé des employeurs vers les travailleurs, mais a également entraîné une hausse du nombre de patients dans les hôpitaux déjà en pénurie d’effectifs sans que le personnel augmente. Pendant ce temps, l’ACA a stimulé les profits des monopoles qui dominent l’industrie des soins de santé, qui ont engrangé 1600 milliards de recettes l’an dernier.

« Tout le monde en a marre de la façon dont les choses se passent dans ce pays », a dit une infirmière expérimentée de l’United Hospital à St. Paul. « Avec toute cette richesse, ces entreprises opèrent au niveau mondial, et elles se servent de ça pour mettre en concurrence les travailleurs de différents pays les uns contre les autres ».

D’autres sections de travailleurs sont également entrées dans des batailles importantes ces derniers jours :

Mardi, 750 travailleurs des services alimentaires ont débrayé à l’Université de Harvard à Cambridge, Massachusetts pour réclamer de meilleurs salaires et des emplois à temps plein et pour résister à la hausse des contributions aux soins de santé. Le débrayage de travailleurs des réfectoires, la première grève à cette université d’élite (Ivy League) depuis 30 ans, a gagné le soutien des étudiants des écoles de médecine, dentaire et de droit de l’université, ainsi que du Conseil des étudiants du premier cycle de licence de Harvard.

Le 30 septembre, des centaines de musiciens de l’Orchestre de Philadelphie et de l’Orchestre symphonique de Pittsburgh ont débrayé pour s’opposer aux demandes d’un gel virtuel des salaires et à des coupes dans les retraites. Les musiciens de Philadelphie dont l’orchestre est de renommée mondiale ne sont toujours pas remis des concessions qu’ils ont perdues au cours de la faillite d’avril 2011. Les musiciens sont également actuellement en grève à l’Orchestre de Fort Worth dans le Texas.

Des milliers de membres du corps professoral de 14 universités d’État devraient se rassembler dans la capitale de l’État à Harrisburg, en Pennsylvanie jeudi après avoir travaillé pendant un an et demi sans un nouveau contrat. Le syndicat des professeurs a fixé un préavis de grève jusqu’au 19 octobre pour 5000 professeurs, chercheurs et assistants d’enseignement qui s’opposent à des réductions de salaire, à la hausse des franchises de soins de santé et des contributions, et aux demandes qu’ils fonctionnent comme des « machines à enseigner » avec des augmentations de la charge de travail allant jusqu’à 20 pour cent.

Le 22 septembre, les enseignants de Cleveland ont voté par 1830 voix contre 1730 pour rejeter un accord conclu par le Syndicat des enseignants de Cleveland et les Écoles de l’agglomération de Cleveland qui comprenait une augmentation salariale insultante de deux pour cent et la poursuite des évaluations fondées sur des épreuves pour déterminer la rémunération des enseignants ou bien leur licenciement. Dans un effort désespéré pour empêcher une grève, la Fédération américaine des enseignants a organisé aujourd’hui un « walk-in » et prône une hausse d’impôts régressive pour les résidents dans l’une des plus pauvres grandes villes de l’Amérique.

Le CTU (Syndicat des enseignants de Chicago) a lancé un préavis de grève pour le 11 octobre après un vote de 95,6 pour cent pour autoriser une grève des 30 000 enseignants et personnels. Les enseignants travaillent sans une nouvelle convention collective depuis 15 mois. Ils ont déjà défait un effort par le CTU et le maire du Parti démocrate Rahm Emanuel pour augmenter les coûts de couverture médicale et imposer une baisse effective de sept pour cent des salaires pour financer les retraites.

Plus de 750 travailleurs d’une usine 3M de produits chimiques à Cottage Grove, Minnesota ont voté la grève après un mois de prolongement de leur contrat de 3 ans qui expire samedi prochain. Le conglomérat du Minnesota, qui fabrique des adhésifs industriels et pour les particuliers, des composants d’automobile et d’autres produits, veut diminuer les taux de rémunération pour les week-ends, et mettre en œuvre plus de « flexibilité » dans la réglementation et les avantages du travail.

L’accroissement de la lutte des classes aux États-Unis fait partie d’un processus international. Dans tous les pays, les sociétés transnationales et les gouvernements cherchent à faire payer la classe ouvrière pour la crise économique mondiale et les budgets militaires qui explosent à mesure que les gouvernements se préparent à la guerre.

Dix mille travailleurs canadiens de l’automobile à Fiat Chrysler Automobiles (CAF) se tiennent prêts à faire grève à partir de minuit le 10 octobre alors que l’opposition monte contre le contrat type pour l’industrie automobile qui a été signé par le syndicat des travailleurs de l’automobile Unifor avec General Motors Canada. Ce contrat enlève aux nouveaux embauchés une retraite à prestations déterminées, conserve le système haï de rémunération à deux vitesses et continue l’érosion du niveau de vie pour les travailleurs actuels et les retraités. Les patrons de l’automobile et le syndicat Unifor utilisent la menace de fermetures d’usines et de licenciements massifs comme un moyen de venir à bout de la résistance des travailleurs déterminés à récupérer les concessions passées quand les constructeurs automobiles font des profits records.

Ces derniers jours ont témoigné également de l’apparition de manifestations de masse et des affrontements d’étudiants avec la police en Afrique du Sud qui revendiquent un enseignement gratuit et une aide contre le fardeau des prêts étudiants, et des manifestations par les travailleurs en Pologne contre les lois réactionnaires interdisant les avortements.

Les médias américains ignorent délibérément les signes de conflits de classe grandissants tout en écrivant sans cesse sur la fracture infranchissable supposée entre « l’Amérique noire » et « l’Amérique blanche ». Mais la résistance montante des travailleurs de toutes ethnies, de genres et nationalités, révèle que la division fondamentale dans la société est le conflit irrépressible entre les deux principales classes sociales – la classe ouvrière et les capitalistes.

Comme la rébellion des travailleurs américains de l’automobile en 2015 et les grèves sauvages des enseignants de Detroit, ces luttes rentrent de plus en plus en conflit direct avec les syndicats officiels, qui fonctionnent comme des outils du patronat et sont alliés à Clinton, Obama et au Parti démocrate.

Comme l’a fait remarquer le World Socialist Web Site, le soutien populaire pour Bernie Sanders – qui s’était auto-proclamé socialiste – dans les primaires du Parti démocrate était une expression grandissante du sentiment anticapitaliste. Sanders n’est pas socialiste, et sa « révolution politique » bidon s’est transformée en une campagne pour Clinton, une belliciste et une porte-parole de la « classe des milliardaires ». Tandis qu’il faisait la promotion de Clinton mardi à Minneapolis, Sanders n’a pas dit un seul mot au sujet de la lutte des infirmières dans le Minnesota.

Malgré les forts efforts de Sanders, la radicalisation politique des travailleurs et des jeunes aux États-Unis ne sera pas confinée dans le système bipartite capitaliste. Les aspirations des travailleurs pour obtenir les droits sociaux les plus élémentaires, pour des emplois sûrs et bien rémunérés, les retraites, les soins médicaux, l’éducation et un avenir pour la prochaine génération qui soit exempt de la pauvreté et de la guerre, poussent des masses de travailleurs dans une lutte contre l’élite patronale et financière qui contrôle l’ensemble du système économique et politique.

Par Jerry White - WSWS

Messages

  • Il nous faut nous en convaincre : les ouvriers américains sont la face cachée de la classe ouvrière internationale. Pour déchiffrer la trajectoire de ce sphinx de classe que l’histoire contemporaine met sur notre chemin, le préalable est d’accomplir complètement un tour du monde ouvrier. La face éclairée de nos bailleurs de révolution ne représente pas tout ce qu’il y a à voir. Si la nuit américaine nous semble obscure, c’est parce que nous regardons le jour les yeux fermés.

  • Un rapport de renseignement du FBI qui a fait l’objet d’une fuite révèle que le gouvernement américain utilise des informateurs et les médias sociaux pour espionner des groupes de protestation américains de gauche opposés aux milices fascistes aux frontières et à l’attaque de l’administration Trump contre les immigrants.

    Le document, intitulé « Des extrémistes anarchistes risquent fort de cibler de plus en plus d’organismes du gouvernement américain en Arizona et d’accroître le risque de conflit armé », produit par le bureau de Phoenix du FBI, a été publié le 4 septembre par Yahoo News.

    Le rapport révèle des activités anticonstitutionnelles dans la droite ligne des crimes du FBI sous l’ancien directeur J. Edgar Hoover. Il s’agit d’un grave signal d’alarme : l’appareil de renseignement militaire est en train de créer clandestinement le cadre juridique et physique pour la criminalisation de la liberté d’expression et la répression de l’activité politique de gauche. Alors que le fasciste à la Maison-Blanche établit des camps de concentration pour les immigrés et les opposants politiques, un groupe bipartite de politiciens et d’agents du renseignement s’efforce d’écraser la dissidence.

    Le rapport explique que le FBI cible les « extrémistes anarchistes » (appelés « AE ») parce qu’ils « considèrent les politiques et procédures américaines d’immigration pour traiter les immigrants sans papiers - y compris les arrestations, les expulsion et les barrières frontalières - comme des violations des droits de l’homme et les installations et personnels gouvernementaux qui les soutiennent comme des symboles de la tyrannie américaine. »

  • Le FBI justifie le qualificatif d’« extrémistes » en se basant sur le fait qu’ils « surveillent diverses activités des patrouilles frontalières américaines, des milices de droite et d’autres groupes favorisant le mur frontalier, principalement pour dénoncer les violations des droits de l’homme et communiquer les menaces aux groupes humanitaires opérant dans cette région. »

    L’utilisation de la terminologie est juridiquement significative : les groupes qui s’opposent aux fascistes sont des « extrémistes » tandis que les fascistes sont simplement répertoriés comme des « groupes de droite ». Le FBI sert effectivement de protecteur aux milices fascistes.

    Le rapport explique que le FBI a recueilli des informations à partir de « rapports humains et de logiciel libre avec un accès et une fiabilité variables, la majorité ayant un accès direct ». Traduit en langage clair, le FBI fouille les sites Web et les pages personnelles des médias sociaux pour en tirer des informations « open source » tout en travaillant avec des informateurs « humains » ou des agents infiltrés qui ont « un accès direct » aux groupes et individus ciblés.

    Le rapport révèle la nomenclature antidémocratique et les catégories juridiques employées par les services de renseignement dans leurs enquêtes sur l’opposition de gauche.

    Le FBI a passé en revue les « sites Web extrémistes », y compris un « site Web AE » qui préconise des « actions perturbatrices » contre le Services des douanes et la protection des frontières (CBP) et le Service de l’immigration et des enquêtes douanières (ICE). Le FBI a fait référence à un autre « site extrémiste » au motif qu’il prône « une trajectoire de rébellion ». Un individu a été ciblé pour la surveillance des médias sociaux parce qu’il était « un antifasciste autoproclamé » qui avait « exprimé son soutien » aux « AE ».

    Le FBI admet que « la majorité des AE ne poursuivent pas leurs objectifs avec des armes à feu » et que « des groupes AE ont interdit les armes à feu ou le port d’armes chargées ». En d’autres termes, les groupes sont ciblés bien qu’ils aient explicitement renoncé aux comportements violents.

    Le rapport du FBI est une partie petite mais dangereuse d’un effort plus large visant à criminaliser l’opposition sociale de gauche sous les auspices de la lutte contre le « terrorisme intérieur ».

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