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On est tous... des dupes des classes dirigeantes ?!!!

vendredi 30 janvier 2015, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

On est tous... des dupes des classes dirigeantes ?!!!

L’unanimisme est de mode dans la période de crise de la société capitaliste que nous vivons. Il permet de donner aux masses l’impression d’être une force et de marquer l’histoire, et même de déterminer son cours alors qu’en réalité, ce sont les masses petites bourgeoises, sans perspectives, qui lancent ces mots d’ordre, initiés en réalité par la grande bourgeoisie et à son service et qu’on appelle les travailleurs et les milieux populaires à adopter les yeux fermés.

Des unanimismes aussi pipeau les uns que les autres se sont succédé sans que les masses que l’on tire à hue et à dia s’en lassent et sans qu’elles manifestent une quelconque compréhension des tromperies en jeu. Les bons sentiments des masses sont innombrables. On aurait du mal à les citer tous :

 on est tous pour Obama !

 on est tous pour Nelson Mandela !

 on est tous pour le développement durable !

 on est tous contre le réchauffement climatique !

 on est tous contre le racisme !

 on est tous pour le tri sélectif !

 on est tous contre le terrorisme !

 on est tous contre le chômage !

 on est tous pour la laïcité !

 on est tous pour Haïti, frappé par le séisme !

 on est tous pour acheter et produire national !

 on est tous Charlie ! (eh oui ! c’est aussi du pipeau !)

 on est tous pour la manifestation et tous dans la rue, tous avec Hollande-Valls-Sarkozy-Le Pen et Nétanyahou…

 on est tous des policiers et tous des soldats des guerres en Irak ou en Afghanistan ! on est tous prêts à mourir pour Kobané ! Sans même aller jusqu’à ceux qui disent : « on est tous contre Mahomet ! »

 on est tous avec les bleus ! on est tous black, blanc, beur !

 on est tous pour l’unité nationale face aux attentats !

 on est tous contre le sida ! (mais on ne fait rien contre Ebola !)

 on est tous contre la « théorie du complot » mais tous pour dénoncer le « complot islamiste » !

 on est tous en guerre ! (comme en 1914…)

 on est tous pour défendre les intérêts économiques du pays !

 on est tous pour la liberté de la presse !

 on est tous contre la théorie du complot (sauf celle du complot islamiste !!!)

 on est tous pour la démocratie !

 on est tous pour la République !

 on est tous pour l’unité nationale !

 on est tous pour la civilisation occidentale !

 on est tous pour combattre par tous les moyens le terrorisme et cela sur toute la planète ! Y compris quand ces guerres n’ont nullement un véritable but de lutter contre le terrorisme !!!

 on est tous pour la démocratie qui … impose de penser tous pareil, de participer tous aux mêmes manifestations, d’être tous pour les mêmes dessins ?

 on est tous pour réprimer et interdire quiconque refuse de dire « on est tous pour… » ou « on est tous contre… » !!!

 on est tous pour … et on est tous contre ceux… qui ne sont pas pour ! Ceux-là, inutile de dire ce qu’il faut leur faire ! Tout est juste ! Tout est autorisé contre celui qui n’est pas « on est tous » !!! On n’a pas le choix : soit on est avec les « on est tous », soit on est un complotiste, un terroriste, un extrémiste, un fasciste, un ennemi en tout cas… A peine a-t-on dit qu’on est « une seule communauté nationale », y compris nos ennemis de classe, y compris l’extrême droite fasciste, qu’on s’empresse d’en exclure une bonne partie de la population, des milieux populaires et des travailleurs !!!

 et derrière tous ces « on est tous… », il faut voir que se profile le « on est tous derrière le gouvernement bourgeois » et on est tous derrière les classes dirigeantes nationales… En effet, dans le « tous », on trouve l’Etat, ses forces de répression, et les capitalistes qu’il défend…

Est-il vrai que nous soyons tous pour les dirigeants politiques de la planète qui ont déversé 5 000 bombes sur l’Irak en cinq jours depuis la décision de l’OTAN d’y intervenir contre EI et qui ont « sauvé » une ville de Kobané rayée de la carte en réalité par les bombardements ?

Est-il vrai que nous sommes tous d’accord sur les massacres que les dirigeants occidentaux ont fait subir aux peuples afghan, irakien, yéménite ou pakistanais, sous prétexte de « lutte contre le terrorisme » ?

Est-il vrai que nous soyons tous pour la manière dont l’Etat d’Israël entend le combat contre le terrorisme en massacrant la population civile de Gaza ? Est-il vrai que nous soyons tous pour considérer que les fascistes qui gouvernent ce pays sont les véritables défenseurs des Juifs dans le monde ?

 on est tous contre les terroristes ! Puis cela devient : on est tous contre l’intégrisme, puis on est tous contre l’islamisme, enfin on est tous contre l’Islam, pour ne pas dire on est tous contre les Musulmans !

 on est tous contre l’antisémitisme ! on est tous pour rappeler sans cesse les camps de la mort et l’extermination des Juifs ! et on est tous pour le droit des Juifs à leur sécurité ! Slogan qui devient vite : on est tous pour le droit de l’Etat d’Israël à sa défense ! puis on est tous pour son droit à tuer les Palestiniens ! on est tous avec le leader d’extrême droite Nétanyahou !

On pourrait penser que seuls les gogos allaient marcher dans ce genre de chantage du style « tous pour » ou « tous contre », dans cette bipolarisation simpliste, mensongère, cachant les vrais buts des classes dirigeantes et à quel point elles sont loin d’être « pour nous », bipolarisation fabriquée et manipulée par les classes dirigeantes en vue de cacher la polarisation sociale de plus en plus crainte entre exploiteurs et exploités (qui n’est d’ailleurs pas exactement une bipolarisation, vue l’existence des classes moyennes). Mais il n’en est rien. Nombre de militants ouvriers, politiques, associatifs et syndicaux tombent dans le panneau et se croient obligés d’y souscrire, même quand ils ne sont pas entièrement dupes. C’est la pression de masse, appuyée par tous les média, par tous les hommes politiques, par toutes les informations, par toutes les déclarations…

Même l’extrême gauche tombe souvent dans ces panneaux, par erreur politique ou par opportunisme vis-à-vis des travailleurs, de l’opinion, ou des milieux syndicaux.

Le fait que cette extrême gauche ait théorisé qu’elle devait avoir des succès électoraux ou syndicaux l’a amené à suivre les courants dominants parmi les travailleurs et dans les milieux populaires.

En fait, les révolutionnaires doivent-ils « tenir compte » de l’opinion ouvrière pour développer leurs idées, doivent-ils être attentifs à ne pas trop se couper des masses ou, au contraire, doivent-ils, et tout particulièrement dans les périodes critiques, faire attention de ne pas trop subir la pression des larges masses, manipulées par les classes dirigeantes ?

Nous pensons plutôt que plus la crise du capitalisme va s’aggraver et plus les classes dirigeantes vont faire pression sur ces masses, plus elles vont leur faire gober des « tous pour » et des « tous contre » trompeurs et criminels. Et nous pensons que la seule manière de garder la boussole de classe, la seule manière de rester des communistes révolutionnaires conscients des vraies perspectives d’avenir est de ne pas se soucier d’être suivis ou pas. D’être seulement soucieux de rechercher la vérité, d’analyser les événements de manière communiste et marxiste et pas de chercher à capter un courant favorable et de le suivre comme le font tous les opportunistes, fussent-ils de bonne foi.

Non seulement nous ne sommes nullement pour l’union nationale mais nous ne pensons nullement que les classes dirigeantes soient réellement contre le terrorisme. Nous ne pensons nullement qu’elles nous défendent. Nous ne pensons nullement que les forces de répression servent à défendre notre sécurité. Nous ne pensons nullement qu’elles l’aient fait dans la prévention des attentats. Nous pensons qu’elles se servent du terrorisme pour nous prendre en otage, pour nous écraser dans un étau, entre deux forces terroristes, pour nous contraindre à prendre parti d’un des terrorismes, celui des grandes puissances occidentales.

On ne peut pas être tous pour ceci ou cela parce que la société est divisée en classes qui n’ont nullement les mêmes intérêts même face à des attentats, même face à des criminels, même face à un effondrement général du système qui domine le monde, et surtout pas face à cela…

Plus que jamais la société est divisée en classes et les travailleurs ne comprendront rien aux enjeux s’ils cherchent le moyen d’être tous du même bord avec les classes dirigeantes et derrière les slogans bidon de la petite bourgeoisie et des média, fussent-ils bêtement de bonne foi !

L’unanimisme, social, politique, sociétal, est toujours une tromperie et on ne doit jamais y céder, même avec les meilleures intentions du monde !

Non, nous ne sommes pas tous du même bord dans la guerre que mènent les gouvernants et les classes dirigeantes. Ils ne la mènent pas pour nous défendre. Ils la mènent pour défendre leur monde d’exploiteurs contre notre monde d’exploités. Et, même si les masses se retrouvent trompées comme en 1914, il faudra que des voix, même peu nombreuses, ne cessent pas de clamer qu’il y a deux perspectives : celle de la classe capitaliste et celle du prolétariat et que cette opposition ne doit pas être cachée par les prétendues bipolarisations de pacotille que l’on essaie de nous imposer !

Nous ne sommes pas tous du même bord face au chômage, à la misère, aux licenciements, face au manque de santé, d’éducation, de revenus, de droits, de tout ! Nous sommes des travailleurs et nous avons des intérêts diamétralement opposés aux classes capitalistes, même face à une attaque, face à une catastrophe, face à une guerre et face à la crise historique qui rend le capitalisme plus mortel et aussi plus meurtrier que jamais !

Messages

  • "La bourgeoisie, dont la conscience de classe est très supérieure, par sa plénitude et son intransigeance, à celle du prolétariat, a un intérêt vital à imposer "sa" morale aux classes exploitées."

    Léon Trotski - 1879-1940 - Leur morale et la nôtre

  • Face à la crise accélérée de la tromperie capitaliste, l’explosion terroriste est une diversion nécessaire au risque d’explosion sociale…

    Le terrorisme est toujours l’instrument de manipulation du spectacle étatique de la marchandise universelle…

    « Les bombes-fusées qui tombaient chaque jour sur Londres étaient probablement lancées par le gouvernement de l’Océania lui-même, « juste pour maintenir les gens dans la peur » écrit George Orwell, dans "1984"...

  • Les amis de Monsieur Valls (missus dominici du monothéisme de l’argent !) qui admirent tant Monsieur Clemenceau se souviendront alors que c’est le « premier flic de France » que l’on appelait aussi le « briseur de grèves » qui de façon opiniâtre et zélée en tant que bon ami de Louis Andrieux, brave franc-maçon du Capital, Vénérable de la loge « Le Parfait Silence », sut toujours tout faire pour que dans le brouillard, l’obscurcissement et la confusion, les brigades des tromperies ministérielles parviennent à casser les luttes maximalistes des humains n’acceptant point de se résigner à ne devoir devenir que des particules démocratiques du système cannibale de la réification citoyenne.

    La grève des carriers et sabliers de Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges qui se termina par la journée sanglante du 30 juillet 1908 où furent fusillés à bout portant des ouvriers indisciplinables renvoie assurément à cette cafardeuse place Beauvau de toutes les sordides manigances, feintes et intrigues où pour décapiter le mouvement offensif des luttes de classes contre la commercialisation de la vie, l’on sut à la fois générer la grandes escroquerie préalable des attentats anarchistes télécommandés et dé-radicaliser la grève sauvage ouvrière pour la torpiller et l’asphyxier dans le gâtisme syndicaliste et l’hébétement parlementaire. Ainsi, à la fois par le confusionnisme terroriste et le conditionnement évolutionniste, le charlatanisme oxymorique du syndicalisme soi-disant révolutionnaire permit là le façonnage final d’une étape de transition perfide pour transmuter sans retour les contestataires incomplets en réformistes consommés de la Belle Époque du progrès des affaires qui se parachèverait dans l’union sacrée orgiaque de la boucherie de 1914.

    Nous allons prochainement rencontrer une situation sociale qui va renouer de manière encore plus énergique et étendue avec ce qui fut la fin de 1968. Des prolétaires enragés, sans chefs à qui devoir obéir et qui agiront désormais spontanément et de manière sauvage, en dehors de toutes les fables de la légalité démocratique et contre toutes les roueries de cette légalité se mettront en dynamique incontrôlable pour retrouver le vrai sens des joies de la communauté de l’Être. Leur parole de colère critique contre toutes les pourritures de la société de l’Avoir, refusera la logique chosifiante du travail et tous les représentants syndicaux et politiques qui, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, entendent perpétuer la liberté de la servitude se verront balayés. Sur qui l’État pourra t-il alors compter pour imposer la défense de l’ordre marchand de la démocratie de la soumission, du moment que les forces de gardiennage de la paix sociale et les syndicats se révèleront comme de plus en plus débordés et impuissants et que former un gouvernement d’union nationale ou de salut public apparaîtra rapidement comme une hypothèse insipide ? L’État, face à la tendance aux émeutes qui ne cessera de se fortifier, ne pourra plus compter sur rien d’autre que sur ses services secrets de sécurité et sur l’effet que pourront susciter dans l’opinion publique ses moyens d’information et de propagande, une fois que celle-ci aura été suffisamment secouée par des événements de nature traumatique qui découleront justement de bombes propices otano-islamiques qui exploseront - au bon moment - afin de court-circuiter les franges ouvrières extrémistes.

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