mardi 26 août 2014, par
Alassane Ouattara n’est pas moins au service des hommes d’affaires et des banquiers que ses prédécesseurs
La Côte d’Ivoire, ce sont des classes sociales... comme partout dans le monde !
Il y a des quartiers des exploiteurs et des quartiers des exploités !
La guerre est finie en Côte d’Ivoire mais rien n’est réglé. Tout est revenu comme avant pour les riches et rien ne sera jamais comme avant pour les pauvres. Tout va beaucoup plus mal sur tous les plans… Des graves violations des droits humains, des centres de détention et de torture secrets, des exactions de groupes paramilitaires armés par l’Etat, des crimes de guerre impunis. Tous ces hauts faits à l’actif des hommes de main du président ivoirien Ouattara rappellent qu’il n’a rien à envier en matière de violence d’Etat à son prédécesseur et soi-disant adversaire Gbagbo. Voilà comment le président Alassane Ouattara, intronisé au bout des baïonnettes des impérialismes occidentaux, « sauve » la Côte d’Ivoire…
Il n’y a pas que par l’insécurité due aux forces de l’ordre que Ouattara ne se distingue pas de ses prédécesseurs mais aussi par la mise en coupe réglée des richesses du pays… À l’occasion de son séjour en Côte d’Ivoire, la présidente et principale actionnaire du groupe de négoce de matières premières Louis Dreyfus a signé le 31 janvier dernier un accord stratégique avec le ministre ivoirien de l’agriculture pour la mise à disposition de plusieurs milliers d’hectares de terres cultivables dans le nord du pays pour la production du riz. On ne peut cependant s’empêcher de s’interroger sur la légitimité d’un tel contrat tant les zones d’ombres sont nombreuses. De prime abord on pourrait penser que ce projet est une bonne nouvelle ; d’autant plus que ce projet est prévu pour être réalisé dans les régions du Poro, de la Bagoué et du Tchologo qui comptent parmi les plus pauvres de la Côte d’Ivoire. Il permettra aux dires du Ministre de l’agriculture « de consolider les acquis des petits planteurs ». Pourtant, on peut se demander de quels acquis il s’agit quand on sait que tous ces paysans n’ont aucune sécurisation juridique de leurs droits de propriété. Il est, de ce point de vue, curieux de constater que cet accord soit justement passé entre l’État de Côte d’Ivoire et le Groupe Louis-Dreyfus. A aucun niveau les paysans, qui sont sensés être les principaux bénéficiaires de ce projet, n’ont été associés à la négociation et la signature de cet accord. La déclaration de Margarita Louis-Dreyfus selon laquelle ces terres appartiennent et resteront la propriété des paysans dénote que soit elle méconnait la situation foncière en Côte d’Ivoire soit que cet accord cadre n’est rien d’autre qu’un accaparement des terres du Nord ivoirien. En effet et contrairement à ce qu’elle affirme, les terres des régions du Poro, de la Bagoué et du Tchologo n’appartiennent pas légalement aux paysans mais bien à l’État qui les en a tout bonnement spoliés dès après les indépendances en déclarant que la terre lui appartenait, se substituant ainsi aux colons. Ces paysans qui exploitent pourtant ces terres depuis plusieurs générations n’ont aucun titre de propriété sur ces terres.
L’État qui distribue donc des droits d’exploitation à de grandes sociétés étrangères en laissant les véritables propriétaires subir. Personne ne sait au final ce que contient véritablement cet accord cadre à part la promesse d’un investissement de 30 milliards de F CFA. Mais dans un pays désillusionné des promesses de pluies de milliards de simples slogans ne suffisent plus. Il faut plus de transparence. Quels sont les termes de cette transaction ? Que gagnent les paysans ? Que deviennent leurs droits coutumiers sur ces terres ? Dans un pays comme la Côte d’Ivoire où il n’y a pas de marché du foncier rural, parce qu’il n’y a pas de propriété et donc pas d’évaluation « subjective » de la valeur de la terre par des propriétaires comment établir le prix d’un hectare de terre ? Ce sont autant de questions qui restent en suspens et suscitent des inquiétudes. Les contreparties en termes d’investissements, de création d’emplois, de développement d’infrastructures et de formations des paysans ne suffisent certainement pas à assurer aux paysans de tirer le meilleur profit de ce projet. Les transactions foncières présentent toujours quasiment autant d’opportunités (investissements, emplois, développement économique, etc.) que de risques (les populations locales peuvent perdre l’accès à leur terre de laquelle dépend leur propre sécurité alimentaire). S’il en était besoin, le dernier rapport de l’INS sur le chômage et la pauvreté en CI, vient confirmer une convergence implacable : Ouattara et son équipe sont manifestement incapables de relancer ce pays. Ce dernier rapport qui parle des résultats sociaux de la politique incertaine de Ouattara, vient s’ajouter a tous ceux qui l’ont précédés et qui dénoncent, soit la faiblesse de l’état, soit la faiblesse de la justice, soit la faiblesse des choix économiques, soit la répression fasciste et les violations récurrentes et congénitales des droits de l’homme, soit le faible degré de culture démocratique du camp ou clan Ouattara, ou encore, sans prétention d’exhaustivité, tant les faiblesses sont nombreuses, la propension exagérée à faire du bruits pour rien ou sur rien. La curiosité, des lors, c’est de savoir ce que sera le fameux chiffre de la croissance économique sur 2012, quand on sait que le régime et tous ses soutiens projetaient ostensiblement 8% et des poussières. Une année, trois premiers ministres et trois gouvernements, un nombre effarants d’annonces en tous genres, de séminaires ronflants et aguichants, mais désespérants de vacuité.
Toutes ces publicités chèrement payées et tous ces événements qui ont espéré remettre la CI dans les radars, tous ces chiffres ronflants, ont semblent-ils oublie un fait et certainement le principal de tous, de tous les objectifs et de toutes les raisons : l’homme, dans toute sa dimension, du primaire au plus sophistiquée, qui énonce des attentes et à la place ou au nom duquel on a tant de prétentions de vouloir dire, parler, formuler, mais a qui, en réalité et en définitive, on enfonce tout et son contraire. Et qui, avec patience stoïque et peines contenues, s’arrange pour subtilement passer les messages qui le représentent mieux que tout ce qui est dit pour lui ! Et qui s’installe dans une passivité si expressive, car trop fatigue de tant de violences, de tant de menaces, de tant de brimades et victimes de tant d’ego et de médiocrité. Force est de reconnaître au nouvel homme fort du régime d’Abidjan, sa propension à faire miroiter aux yeux de ses interlocuteurs, l’image d’une Côte d’Ivoire au summum de sa croissance économique. En somme, une Côte d’Ivoire où couleraient « le lait et le miel ».
La Côte d’Ivoire a connu de multiples révoltes sociales, contre Houphouët Boigny, contre Bédié, contre Gueye, contre Gbagbo, mais à chaque fois, les classes dirigeantes les ont détournées en les transformant en guerre entre clans de la bourgeoisie ivoirienne et, si elles ont été très coûteuses en vies humaines et en destructions, elles n’ont jamais été porteuses d’un meilleur avenir pour le peuple travailleur.
La prochaine révolution sociale devra renverser toutes les forces bourgeoises et pas remplacer l’une par une autre. Ainsi, les travailleurs ne se seront pas mobilisés pour rien...
La révolte du peuple travailleur de Côte d’Ivoire ne s’est pas éteinte malgré les fausses guerres civiles des classes dirigeantes !!!
Pour peu qu’il tire des leçons des défaites passées et surtout celle de ne plus confier son sort à aucun chef des classes dirigeantes mais à lui-même, l’avenir ne sera pas aussi rose qu’il y paraît aux exploiteurs !!!
Le travail des enfants est une réalité en Côte d’Ivoire et on en parle généralement dans l’univers de la cacao-culture. Pourtant il existe d’autres domaines d’activité où l’exploitation des enfants semble normale. C’est le cas dans le secteur des porte-faix ou les enfants doivent transporter des charges que les adultes eux-mêmes peinent à soulever ! Dès l’enfance, c’est la surexploitation au lieu de l’école ! A Abidjan, des familles entières s’entassent dans des baraques pourries qui prennent l’eau de partout ! Ces familles mettent en péril leurs vies et certaines malgré les appels du Gouvernement préfèrent camper sur des sites classés à risque. Les toitures rouillées s’étendent à perte de vue, à quelques endroits des constructions en dur, ici une habitation faite de matériaux de récupération…Voici le visage que nous offre Washington nouveau quartier situé entre les communes de Cocody et d’Adjamé. Ici, comme dans la majorité des bidonvilles, les familles luttent pour survivre dans un univers insalubre. Manque d’eau potable, d’électricité, de sanitaire digne du nom et de canaux d’évacuation des eaux usées sont les premiers problèmes que l’on y rencontre. En Côte d’Ivoire, le taux de chômage de la population active s’élève à 15,7 % selon les statistiques. 4.500.000 voici officiellement le nombre de chômeurs que compte la Côte d’Ivoire et sur ce chiffre assez inquiétant il faut compter plus de 3 millions 800 milles jeunes. Le chômage touche un nombre important de personne notamment les jeunes et la situation ne s’est pas améliorée avec la crise post-électorale que le pays vient de traverser. Les autorités sont conscientes qu’un nombre trop important de désœuvrés constitue une bombe sociale mais cela ne signifie pas que le chômage diminue pour autant. Pendant que le peuple travailleur est voué au chômage, à la misère et au dénuement, les classes bourgeoises sont plus riches que jamais … Abondamment projetés par la télévision nationale, ces signes extérieurs d’aisance caractérisant les leaders ivoiriens sont une insulte pour le peuple. C’est donc avec dégoût que celui-ci y assiste, incapable qu’il est de manger, de se loger, de travailler depuis des années, lorsque les enfants ont du mal à aller à l’école. Au lieu de se pavaner sur les routes dégradées d’Eburnie avec leurs interminables cortèges et donner constamment d’eux, cette anachronique image de gens rassasiés, les leaders ivoiriens risqueraient de finir par payer leur ostensible indifférence à la souffrance du peuple ivoirien. La classe bourgeoise ivoirienne est tellement égoïste, que c’est désormais en cliché que son peuple l’observe, impuissant et presqu’agonisant. Elle n’est compétente que dans la création des rebondissements à répétitions des maux qui font perdurer la crise parce que cela lui donne l’occasion de s’approprier à chaque fois les deniers publics, alors que cet argent devrait servir à financer le bien-être des populations, dont une frange importante est réduite à néant depuis des années. « Ils disent parler et agir au nom du peuple. Alors que ce peuple est davantage malheureux chaque jour, ils donnent, eux, l’impression de vivre un bonheur sans fin » déclarait un témoin cité dans la presse, se fâchant à propos des politiciens ivoiriens et des classes dirigeantes, tous bords confondus.
Comme dans une comédie bien huilée qui se déroule annuellement, les dirigeants de ce pays, c’est-à-dire, patronat et gouvernement, épaulés par les hauts dirigeants syndicalistes, se préparent à fêter à leur façon le 1er mai.
A cette occasion, le patronat lance commandes de tee-shirts et autre casquettes, le plus souvent d’ailleurs de bien médiocre qualité, pour habiller ceux qui acceptent de participer à leur comédie et de marcher aux pas cadencés devant un parterre de hauts dignitaires !
Dans cette grande comédie, les dirigeants gouvernementaux et syndicalistes, ont leur partition à jouer. Ainsi, deux semaines avant la date du 1er mai, le Premier ministre a reçu les dirigeants des centrales syndicales Ugtci, Dignité, Humanisme, Fesaci et autre Unartci, pour coordonner leurs discours, comme pour une répétition d’une pièce de théâtre ! Le secrétaire général de l’Ugtci, Joseph Ebagnerin, patron lui-même par ailleurs, a déclaré à cette occasion au nom des travailleurs : « nous pouvons dire que 50% de nos revendications ont été réglées. L’autre moitié concerne les minimas sectoriels. Nous continuons de travailler ». Bien sûr, lui et ses semblables n’ont pas le souci des fins du mois difficiles ! Et ce n’est certainement pas de ces lèche-bottes que les travailleurs peuvent attendre des améliorations nécessaires de leurs conditions de vie et de travail !
A entendre le Premier ministre Kablan Duncan, le gouvernement a déjà beaucoup fait pour les travailleurs. Il a déclaré qu’en deux ans, 2012 et 2013, le gouvernement a consacré la somme de 2.417 milliards de francs « à la lutte contre la pauvreté » ! Une somme équivalant à la construction de 19 ponts et échangeurs comme celui que Bouygues est en train de construire en ce moment, 20 ans après le début du projet ! Les Duncan et compères veulent amuser la galerie avec ce genre de déclaration mais ils ne trompent pas les travailleurs qui ont des yeux pour voir et qui savent que leurs conditions de vie entre ces deux dates n’ont pas changé. Elles se sont au contraire dégradées.
Les politiciens qui sont à la tête du gouvernement ne font que de la figuration pour faire croire qu’ils servent à quelque chose. Ils ne sont que des marionnettes au service de la classe des grands capitalistes qui sont les vrais maîtres. C’est la puissance de l’argent qui leur donne ce pouvoir.
C’est le propriétaire de l’entreprise qui décide de sa fermeture en jetant à la rue des familles entières ; c’est lui qui décide du maintien d’un travailleur au statut de journalier pour l’exploiter selon son bon vouloir ; il peut tout aussi bien renvoyer un travailleur dont la tête ne lui plaît pas sans en référer à qui que ce soit.
En Côte d’Ivoire, nombre de ministres et autres hauts dignitaires de l’Etat sont en même temps des patrons eux-mêmes. Certains possèdent des grandes plantations agricoles. C’est par exemple le cas du 1er ministre qui possède une plantation de 2500 hectares de cocoteraies. C’est aussi le cas de Billon, ministre du commerce, qui emploie près de 30.000 travailleurs. Il est le premier employeur de Côte d’Ivoire après l’État. C’est donc tout à fait naturellement que les hauts dirigeants de ce pays défendent les intérêts généraux du patronat, c’est-à-dire les leurs. Voilà pourquoi les lois sont toujours à l’avantage de la classe exploiteuse. Quand il arrive quelque fois qu’une loi gène un riche, ce n’est pas un gros problème pour lui, puisqu’avec son argent il peut acheter qui il veut : ministre, député, juge et avocat. Son argent fait force de loi !
Dans ces conditions, les dirigeants à la tête du pays peuvent changer suivant des rapports de forces entre leurs partis politiques et leur clans, mais la situation des travailleurs et des pauvres reste toujours la même. Voilà pourquoi, le changement pour la classe des travailleurs ne peut venir que des luttes collectives qu’ils auront à mener. Ils ne peuvent compter que sur leur propre volonté et leur propre force pour défendre leurs intérêts, leurs droits et leur dignité en tant que travailleurs, dans les usines, dans les chantiers mais aussi dans les quartiers.
Les « gangs à la machette », communément appelés « microbes » ou « virus », continuent leurs opérations dans les quartiers populaires. Récemment, deux jeunes ferrailleurs à Abobo, en rentrant chez eux le soir aux environs de 23 heures, se sont fait agresser et taillader à la machette.
C’est d’abord à Abobo que ces gangs à la machette ont commencé leurs premières opérations. Ensuite, le phénomène s’est étendu à d’autres quartiers comme Adjamé et Attécoubé. C’est l’œuvre de jeunes dont l’âge varie entre 12 et 20 ans. Pour attaquer, ils se mettent en groupe de 15 à 20, sèment la panique et profitent de la débandade pour agresser et dépouiller tous ceux qu’ils trouvent sur leur passage. A la moindre résistance, ils n’hésitent pas à faire usage de leurs machettes. Lors de leurs attaques, ils laissent derrière eux des blessés et, malheureusement, aussi quelques fois des morts.
Dans ce contexte d’insécurité généralisée, les populations vivent continuellement avec la peur au ventre car les attaques de ces voyous sont imprévisibles. Les travailleurs qui dans leur grande majorité habitent les quartiers populaires, sont permanemment confrontés aux risques de se faire agresser par ces bandes de malfaiteurs. En fonction des horaires de l’usine ou des chantiers, mais aussi en raison de l’éloignement du lieu de travail, ils sont obligés de sortir de chez eux souvent à 4h du matin ou de rentrer très tard après 22 heures.
Les autorités avaient pourtant crié haut et fort qu’ils mettraient fin à ce fléau et avaient même mandaté des forces de l’ordre tel que le CCDO ou encore la Brigade de sécurité. Mais toutes ces forces restent visiblement inefficaces face à ce problème.
Dans certains quartiers, les populations ne se font plus d’illusions sur ces discours concernant la sécurité. A Abobo-té, par exemple, les populations se sont organisées elles-mêmes et étaient parées aux attaques des bandes à la machette. Lorsque, récemment ces voyous se sont pointés dans le quartier, ils ont rencontré une résistance inattendue des populations. L’un d’entre eux a été tué. Et depuis, ils ne sont plus revenus dans le quartier.
l n’y a que la mobilisation des habitants eux-mêmes qui peut venir à bout de ces bandits.
Une « enquête démographique et de santé » réalisée en 2012 en Côte d’Ivoire indique une mortalité de plus d’un enfant sur dix. Selon cette même enquête, « le paludisme, la diarrhée et la pneumonie sont parmi les maladies les plus meurtrières chez les enfants. 63.000 enfants meurent de paludisme et 70.000 de diarrhée ou d’infections respiratoires aigües ».
Si ces maladies somme toute bénignes deviennent mortelles c’est surtout à cause de la misère dans laquelle vit la grande majorité de la population de ce pays. Rien qu’à Abidjan, plus d’un million et demi de personnes vivent dans les taudis, souvent sans eau courante, sans latrines, sans moyens pour se nourrir convenablement et sans accès aux soins modernes, comme tout être humain devrait en avoir droit. Comment s’étonner alors que la moindre maladie tue ?
Selon ces chiffres officiels qui minorent probablement la réalité, près de huit enfants sur dix n’ont pas accès aux centres de soins à cause de leurs éloignements. Par contre, cette enquête ne dit pas combien d’autres en plus n’y ont pas non plus accès à cause de la pauvreté de leurs parents !
Ce gouvernement, comme celui qui l’avait précédé fait des beaux discours sur l’accès à la santé pour tous. Mais la réalité est là pour montrer qu’entre les discours et la mise en place il y a un gouffre ! La première mesure urgente à prendre est la lutte contre la pauvreté et la précarité. Autrement dit, entre autres choses, mettre fin au travail journalier par l’embauche. Augmenter significativement les salaires en fonction de la cherté du coût de la vie ; lancer un programme de construction massive de logements pour loger en priorité les populations qui vivent dans les quartiers précaires, etc.
Dans tous les cas, les chiffres susmentionnés sont en eux-mêmes révoltants et sonnent comme une condamnation de ce régime qui prive la grande majorité de la population du minimum vital, dont l’accès aux soins.
La presse, qu’elle soit gouvernementale ou de l’opposition, fait rarement cas de la situation catastrophique qui frappe durement les travailleurs. Cette situation ne fait pourtant que s’aggraver malgré les discours triomphalistes des dirigeants au pouvoir sur leur « taux de croissance », voire la prochaine entrée de la Côte d’Ivoire dans le cercle des pays dits « émergents ». Cette presse ne relate pas non plus les luttes des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions d’existence.
A Abidjan, les enseignants sont en lutte pour le paiement des salaires. L’un des héritiers du fondateur du groupe ESAM, Koko Francisco est même "séquestré" dans son bureau depuis ce matin au Plateau par le personnel enseignants exigeant le paiement de trois ans d’arriérés de salaires. Les montants des salaires impayés sont énormes. Le personnel enseignants affirme que Koko reste leur devoir plus de 247 millions de FCFA au titre des arriérés de 2011 à 2013. Pour l’année scolaire 2013-2014, ce sont au total 170 millions de FCFA soit des arriérés cumulés d’un montant de 410 millions de FCFA pour environ 400 enseignants.
Tout dernièrement, ce sont des dockers qui se sont mis en grève. Pour avoir bloqué une voie d’accès au port, ils ont été réprimés à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Gouvernement et patronat ont tout fait pour que cette grève soit rapidement étouffée et ne gagne l’ensemble du port ou ne s’étale surtout à la zone industrielle de Vridi qui jouxte le port d’Abidjan.
Au-delà des dockers, le mécontentement existe au niveau de l’ensemble des travailleurs, même s’il ne s’exprime pas toujours ouvertement. Ce n’est pas par hasard si le moindre appel à s’organiser rencontre une oreille favorable des travailleurs, comme ce fut le cas il y a de cela une dizaine de jours à la zone industrielle de Yopougon. Ici, un groupe de travailleurs avait tenté de se rassembler sur la voie publique pour discuter de leurs problèmes. La police est aussitôt intervenue pour leur demander de se disperser sous prétexte qu’ils n’avaient aucune autorisation administrative pour se réunir.
Pour le moment les patrons se sentent forts. Ils font presque tout ce qu’ils veulent, d’autant plus qu’un nombre énorme de chômeurs ne demandent qu’à travailler à n’importe quelles conditions parce qu’il y va de leur survie. Même ceux qui ont la chance d’avoir un travail, c’est la plupart du temps dans la précarité totale.
Dans de nombreuses entreprises, les travailleurs n’arrivent même pas à percevoir la totalité de leur salaire déjà bien maigre. Les employeurs mettent les travailleurs en chômage sans indemnisation, sous n’importe quel prétexte : manque de matière première, surstock, etc. Des ouvriers se retrouvent ainsi sans ouvrage durant plusieurs jours dans le mois et vivent avec un salaire amputé. Même dans les grosses entreprises comme Filtisac et Sotaci, de nombreux travailleurs sont payés à la tâche. Non seulement le salaire de l’ouvrier est dérisoire, mais il y laisse aussi sa santé.
C’est la situation actuelle de la classe ouvrière. Tôt au tard la colère explosera et il faut que ceux qui nous gouvernent et les grands capitalistes dont ils sont les serviteurs, sachent que ce n’est certainement pas une répression policière qui empêchera les travailleurs de s’organiser pour défendre leur droit à la vie et à la dignité !
Le 05 septembre 2014, conformément au communiqué n° 267 MFPRA/CAB-2 du 10 juillet 2014, le Ministre de la Fonction Publique et de la Reforme Administrative, Monsieur Cissé Ibrahima Bacongo va procéder à la radiation d’environ 3000 fonctionnaires dont les matricules sous en dessous du n° 384915Q. Le prétexte : ils sont accusés d’être entrés de façon irrégulière à la Fonction Publique. C’est inadmissible : des hauts fonctionnaires gouvernementaux grassement payés qui font perdre leur gagne-pain à 3000 salariés !!!
Ils sont nombreux ceux qui se demandent pourquoi les routes de Yopougon sont délaissées. Certains y voient une programmation de travaux qui n’a pas encore démarré. d’autres en revanche n’y croient plus et pensent que c’est plutôt une sanction voilée contre le bastion indécrottable du front populaire ivoirien (fpi). « C’est une affaire de Lmp. C’est parce que Yopougon est Lmp de Gbagbo et continue de soutenir ce dernier les yeux fermés que le pouvoir d’Alassane Ouattara a abandonné cette commune » ne peut s’empêcher de soutenir un taximan. Pour plusieurs transporteurs comme celui-ci, il est inutile de réhabiliter des routes pour des populations qui ne respirent que pour le plus célèbre prisonnier politique de la haye, laurent Gbagbo. dans les taxis, les gbakas, les bus de la sotra, on en parle de plus en plus, discrètement ou à visage découvert. Plus les jours passent, la passivité du régime accrédite cette thèse. Le régime en place ne fait rien pour rassurer les populations de Yopougon.
Toutes les catégories de salariés sont contraintes à la grève pour faire aboutir leurs revendications : des fonctionnaires aux ouvriers…
Les agents d’un syndicat du ministère ivoirien de la Construction (SYLAC), qui exigent pour chacun des primes trimestrielles et indiciaires allant de 450.000 à 1,8 millions FCFA, ont entamé lundi une “grève illimitée“. Les syndicalistes réclament l’application des textes, et disent vouloir « poursuivre la lutte jusqu’à l’obtention de l’arrêté ministériel portant répartition des primes et de la cessation du mépris à leur endroit ». “C’est une grève citoyenne. Tous les agents sont restés chez eux à la maison. Il n’y aura pas de manifestations“, a déclaré Gervais Zohi, secrétaire général du Syndicat libre des agents de la Construction (SYLAC). Comme si c’était une stratégie de lutte !
L’un des héritiers du fondateur du groupe ESAM, Koko Francisco est "séquestré" dans son bureau depuis ce matin au Plateau par le personnel enseignants exigeant le paiement de trois ans d’arriérés de salaires a constaté koaci.com sur place.
Selon les informations recueillies auprès de quelques enseignants du groupe ESAM Rechercher ESAM Plateau 1ou sont logés les bureaux de Koko, cette situation est née du dédain que leur employeur envers son personnel.
"Notre employeur nous a rassuré que nos arriérés de salaires seront payés fin juin début juillet. Nous attendons rien n’est fait à ce jour. Nous avons initié ce piquet de grève aujourd’hui afin que nos salaires soient payés, " ont expliqué nos interlocuteurs.
Avant d’initier ce mouvement, à en croire ces derniers, ils auraient mené des démarches auprès des directeurs des études des trois établissements du groupe ESAM, malheureusement elles sont restées infructueuses.
Le personnel enseignant étant déterminé à faire plier l’héritier Koko, ce qui ne semble pas du tout possible ce jour, il a pris toutes ces dispositions, malgré la présence des forces de l’ordre sur le site.
"Nous avons bloqué l’accès au bureau de Koko. Personne ne rentre ni ne sort. Nous sommes déterminés à rester mobiliser jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause, " ont-ils précisé.
Les montants des salaires impayés sont énormes. Le personnel enseignant affirme que Koko reste leur devoir plus de 247 millions de FCFA au titre des arriérés de 2011 à 2013. Pour l’année scolaire 2013-2014, ce sont au total 170 millions de FCFA soit des arriérés cumulés d’un montant de 410 millions de FCFA pour environ 400 enseignants.
La plus grande compagnie ivoirienne de transport terrestre, est paralysée depuis, lundi, par une grève illimitée des agents qui dénoncent leurs conditions de travail. Des conducteurs et convoyeurs de l’Union des transporteurs de Bouaké (UTB) ont bloqué depuis Bouaké (379 km au nord d’Abidjan) le fonctionnement de leur entreprise.
« Nous avons de gros soucis à UTB. Les gens font croire que nous sommes bien traités or c’est archi faux », a déclaré APA M. Yao, conducteur à UTB et porte-parole des grévistes, soulignant que « près de 17 cars qui ont chargé à la gare de Bouaké n’ont pas bougé ».
« A UTB, un chauffeur professionnel a un salaire mensuel de 71 028 FCFA. On nous dit qu’on gagne l’argent sur la route alors qu’il y a une caisse d’entrée qui a été instaurée », a-t-il a renseigné en déplorant que « le convoyeur a une ration de 1000 FCFA par voyage ce qui représente son salaire ».
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase selon M. Yao, « est le renvoi sans préavis, du conducteur Tidiane Doumbia par le Directeur général de la compagnie, Robin Djéla ».
« M. Doumbia qui a 20 ans de présence à UTB ne peut pas être renvoyé de cette façon sous prétexte que le DG a trouvé dans son car la somme 1000 FCFA qui est synonyme selon lui de vol », a-t-il poursuivi en dénonçant plusieurs mois d’arriérés de salaire.
Des négociations sont annoncées dès mardi avec la hiérarchie de la compagnie en vue de la levée de mouvement d’humeur qui aurait déjà contaminé les autres gares UTB du pays.
Le mouvement de grève intervient, trois jours après la distinction de l’entreprise UTB, lauréate de la meilleure société de transport routier, lors de la journée nationale de l’Excellence célébrée le vendredi 1er août au palais de la présidence ivoirienne en présence du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara qui a récompensé les 55 lauréats nationaux à hauteur de 550 millions FCFA.
La Coordination nationale des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Cnvdt-CI) a manifesté le mardi 19 août au siège du Rassemblement des Républicains (RDR), pour apporter son soutien à Koné Cheick Oumar, qui récemment, aurait été déchargé de ses responsabilités au sein du parti orange, suite à des accusations de malversation portées contre lui par une autre association de victimes.
En choisissant le siège du RDR pour manifester, la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Cnvdt-ci) voulait dénoncer l’imposture de Koffi Charles qui accuse, à tort, Koné Cheick Oumar d’avoir détourné plus de 5 milliards de Fcfa. Toute chose qui aurait amené le Secrétaire Général Amadou Soumahoro a écarté Koné Cheick Oumar de l’organisation du tournoi doté du trophée Ado organisé par Légré Phillipe.
« Nous, les vraies victimes des déchets toxiques, dénonçons l’attitude complaisante d’Amadou Soumahoro, pour avoir reçu Koffi Charles, le démon », s’est offusqué Ben Fofana, porte-parole de la Cnvdt-CI. « Charles n’a jamais été une victime des déchets toxiques. Il sort de nulle part et vient accuser Adama Bictogo et Koné Cheick qui ont plutôt permis à des victimes de percevoir une partie de l’indemnisation qui leur est due », a-t-il ajouté.
Les manifestants ont été reçus par une délégation du RDR conduite par le député Bamba Maférima, chargée des affaires sociales au sein du parti. « Toutes les victimes des déchets toxiques seront indemnisées. Nous vous rassurons », a-t-elle dit. Indiquant que le parti ne saurait être influencé par qui que ce soit.
Pour rappel, le mercredi 13 juin, une foule conduite par Koffi Charles avait fait une grève de la faim devant le siège du RDR pour dénoncer le détournement par Koné Cheick Oumar d’une partie de l’argent destiné à indemniser les nombreuses victimes des déchets toxiques.
Après 4 mois de tractations, ponctuées de petites luttes entre la direction et les travailleurs, ces derniers viennent d’obtenir 280 millions déboursés non pas par Bouygues mais par le gouvernement. Quant à la direction de Bouygues Construction, elle avait dit niet aux travailleurs sous prétexte qu’elle ne leur devait plus rien.
En effet, pour la construction de ce pont, Bouygues Construction, à travers sa structure SACPRM (Société Anonyme pour la Construction du Pont Riviera Marcory) a fait signer des contrats à durée déterminée de 3 mois renouvelable. Donc, les travailleurs percevaient leur salaire chaque fin de mois et, une fois renvoyés, la direction leur versait leur prime de congé et de gratification. C’est seulement ceux qui ont fait 1 an et plus qui peuvent prétendre à une indemnité de licenciement, qui d’ailleurs est très faible. Du coup les travailleurs conscients de cette précarité, ont engagé des luttes pour exiger une prime de fin chantier sous forme de mesure d’accompagnement. Après plusieurs tentatives de négociations suivies de répression policière, les travailleurs sont restés mobilisés et campent sur leur position. C’est alors que le gouvernement dépêche son ministre de l’Intérieur pour essayer de désamorcer le mouvement. Il demande aux travailleurs de lui faire une proposition chiffrée. Les travailleurs proposent un montant de 1 milliards 200 millions pour les quelques 800 travailleurs de SACPRM.
C’est donc normal qu’à l’annonce des 280 millions, les travailleurs trouvent que la moisson n’est pas bonne car ils s’attendaient à 6 fois plus. Mais que peuvent-ils faire encore aujourd’hui ? Les gros œuvres sont presque terminés. Pour obtenir plus, il aurait fallu que les travailleurs engagent une grève d’une autre ampleur, en entraînant les autres travailleurs, à commencer par leurs collègues du BTP des sociétés sous-traitantes du 3ème pont. Or, à aucun moment, les travailleurs de SACPRM n’ont eu cette politique d’élargissement de la grève. Leur lutte est restée isolée et le rapport de forces qu’ils ont créé n’a pas suffi à arracher plus que ce qu’ils ont obtenu.
C’est une expérience dont il faudra tirer les leçons pour les luttes futures.
Comme dans une comédie bien huilée qui se déroule annuellement, les dirigeants de ce pays, c’est-à-dire, patronat et gouvernement, épaulés par les hauts dirigeants syndicalistes, se préparent à fêter à leur façon le 1er mai.
A cette occasion, le patronat lance commandes de tee-shirts et autre casquettes, le plus souvent d’ailleurs de bien médiocre qualité, pour habiller ceux qui acceptent de participer à leur comédie et de marcher aux pas cadencés devant un parterre de hauts dignitaires !
Dans cette grande comédie, les dirigeants gouvernementaux et syndicalistes, ont leur partition à jouer. Ainsi, deux semaines avant la date du 1er mai, le Premier ministre a reçu les dirigeants des centrales syndicales Ugtci, Dignité, Humanisme, Fesaci et autre Unartci, pour coordonner leurs discours, comme pour une répétition d’une pièce de théâtre ! Le secrétaire général de l’Ugtci, Joseph Ebagnerin, patron lui-même par ailleurs, a déclaré à cette occasion au nom des travailleurs : « nous pouvons dire que 50% de nos revendications ont été réglées. L’autre moitié concerne les minimas sectoriels. Nous continuons de travailler ». Bien sûr, lui et ses semblables n’ont pas le souci des fins du mois difficiles ! Et ce n’est certainement pas de ces lèche-bottes que les travailleurs peuvent attendre des améliorations nécessaires de leurs conditions de vie et de travail !
A entendre le Premier ministre Kablan Duncan, le gouvernement a déjà beaucoup fait pour les travailleurs. Il a déclaré qu’en deux ans, 2012 et 2013, le gouvernement a consacré la somme de 2.417 milliards de francs « à la lutte contre la pauvreté » ! Une somme équivalant à la construction de 19 ponts et échangeurs comme celui que Bouygues est en train de construire en ce moment, 20 ans après le début du projet ! Les Duncan et compères veulent amuser la galerie avec ce genre de déclaration mais ils ne trompent pas les travailleurs qui ont des yeux pour voir et qui savent que leurs conditions de vie entre ces deux dates n’ont pas changé. Elles se sont au contraire dégradées.
Les politiciens qui sont à la tête du gouvernement ne font que de la figuration pour faire croire qu’ils servent à quelque chose. Ils ne sont que des marionnettes au service de la classe des grands capitalistes qui sont les vrais maîtres. C’est la puissance de l’argent qui leur donne ce pouvoir.
C’est le propriétaire de l’entreprise qui décide de sa fermeture en jetant à la rue des familles entières ; c’est lui qui décide du maintien d’un travailleur au statut de journalier pour l’exploiter selon son bon vouloir ; il peut tout aussi bien renvoyer un travailleur dont la tête ne lui plaît pas sans en référer à qui que ce soit.
En Côte d’Ivoire, nombre de ministres et autres hauts dignitaires de l’Etat sont en même temps des patrons eux-mêmes. Certains possèdent des grandes plantations agricoles. C’est par exemple le cas du 1er ministre qui possède une plantation de 2500 hectares de cocoteraies. C’est aussi le cas de Billon, ministre du commerce, qui emploie près de 30.000 travailleurs. Il est le premier employeur de Côte d’Ivoire après l’État. C’est donc tout à fait naturellement que les hauts dirigeants de ce pays défendent les intérêts généraux du patronat, c’est-à-dire les leurs. Voilà pourquoi les lois sont toujours à l’avantage de la classe exploiteuse. Quand il arrive quelque fois qu’une loi gène un riche, ce n’est pas un gros problème pour lui, puisqu’avec son argent il peut acheter qui il veut : ministre, député, juge et avocat. Son argent fait force de loi !
Dans ces conditions, les dirigeants à la tête du pays peuvent changer suivant des rapports de forces entre leurs partis politiques et leur clans, mais la situation des travailleurs et des pauvres reste toujours la même. Voilà pourquoi, le changement pour la classe des travailleurs ne peut venir que des luttes collectives qu’ils auront à mener. Ils ne peuvent compter que sur leur propre volonté et leur propre force pour défendre leurs intérêts, leurs droits et leur dignité en tant que travailleurs, dans les usines, dans les chantiers mais aussi dans les quartiers.
Gesco, quartier situé dans la commune de Yopougon, est composé de sous-quartiers comme Pays-bas, Petit Paris, Ayakro, Mondon, quartier Gouro et est habité principalement par des populations à faibles revenus. On y trouve des maisons en dur et surtout en bois.
Avant la saison des pluies, les taxis même pris en course, hésitaient à rentrer dans le quartier à cause des voies impraticables. Avec la saison des pluies, plus aucun d’eux ne s’y aventure. Il n’existe pas de caniveaux pour une quelconque évacuation des eaux. Et quand il pleut, personne ne peut sortir car les eaux de ruissèlement peuvent vous emporter ou cacher de gros trous très dangereux.
En cas de maladie, la situation devient vraiment intenable. Les malades qui ne peuvent pas se déplacer seuls sont portés à même le dos jusqu’à la voie ou au terminus pour prendre un véhicule de transport en commun.
De plus, dans ce quartier, il existe des problèmes récurrents d’approvisionnement en eau potable. Il faut faire le rang, souvent de 20 h à l’aube, pour espérer en avoir. C’est pourquoi la saison des pluies est en même temps un malheur et un bonheur. Bonheur, car il est facile de récupérer de l’eau de pluie pour les besoins quotidiens. Il ne reste plus qu’à chercher l’eau pour boire ; malheur, à cause des inondations. .
Le pouvoir public dit qu’il n’a pas d’argent dans les caisses lorsqu’il s’agit de satisfaire les besoins urgents de la population. Cela n’a portant pas empêché le chef de l’État de promettre de doubler la prime des footballeurs engagés au Mondial en cas de victoire. Maintenant qu’il y a défaite, cet argent serait bienvenu pour gratter les voies du quartier et créer des points d’eau pour les populations de ces quartiers. Mais il ne faut pas y compter, les problèmes des populations pauvres n’est pas ce qui le préoccupe réellement.
La saison des pluies a déjà fait officiellement 26 morts depuis le 5 juin, parmi les pauvres. En quelques jours, on compte 16 victimes rien que dans les bidonvilles d’Attécoubé, « santé 3 » et « Boribana ». Un enfant a aussi laissé sa vie ces derniers jours à Abobo. Comme dédommagement aux familles des victimes, le gouvernement a alloué une somme de 1 million de francs à chacune des familles. Ainsi, pour les riches, la vie d’un pauvre se réduit au prix d’une moto !
Ce drame n’est pas une fatalité. Et ceux qui en portent la responsabilité, ce ne sont pas les pauvres de ces bidonvilles qui sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent pour se "loger" (parfois au risque de leur vie) mais les autorités de ce pays qui ne font rien pour que tout le monde puisse avoir un logement décent.
Dans une société où existerait une justice pour les pauvres, les hautes autorités responsables de la gestion de la commune, de la construction et de l’assainissement devraient immédiatement répondre de leurs crimes !
Mais les employeurs portent aussi une grande part de responsabilité de ces drames car si des travailleurs sont contraints de loger leurs familles dans ces bidonvilles dangereux, c’est parce que les bas salaires qu’ils touchent ne leur permettent pas de se loger dans de bonnes conditions.
Pour les riches et pour le gouvernement qui est à leur service, la vie des travailleurs et des populations pauvres ne compte pas beaucoup. De plus, ils ont le culot d’accuser les victimes de vivre dans des bidonvilles !
Ainsi, le maire de la commune d’Attécoubé a profité du dernier drame pour procéder à la destruction de plusieurs centaines d’habitations, jetant ainsi des centaines de personnes à la rue. Ses compères, maires du district d’Abidjan sont ensuite venus parader dans ces zones évacuées comme s’il s’agissait de la visite d’un cirque. Pour faire bonne figure, ils ont distribué un peu de riz et du sucre. Mais ces populations pauvres des bidonvilles ne réclament pas la charité !
Comme cette destruction des habitations d’Attécoubé n’a pas trouvé une résistance adéquate des habitants, le gouvernement en a profité pour annoncer au sortir du dernier « conseil des ministres » le « lancement d’une vaste opération de démolition de tous les sites des quartiers précaires à risque ». Si les bidonvilles sont détruits comme l’a annoncé le gouvernement, alors des milliers de sans logis, en grande majorité des travailleurs, se retrouveront à la rue. Mais pour le pouvoir public comme pour l’ensemble des classes riches, la vie des classes pauvres ne pèse pas lourd jusqu’au jour où ceux-ci réagissent collectivement et leur fassent peur.
La seule chose qui fera reculer le gouvernement dans son projet de destruction des quartiers pauvres (sans donner une solution de rechange adéquate aux habitants), c’est le crainte que la colère ne gagne les rues. Il faut se rappeler que les gens du Fpi avaient reculé devant la menace de l’éclatement d’une grande colère lorsqu’ils étaient au pouvoir.
Ce qui est certain, c’est que les travailleurs et l’ensemble des couches pauvres ne peuvent défendre leurs intérêts (en matière de logements comme en matière de salaires) qu’en s’organisant collectivement. Ils ne doivent compter ni sur la charité des classes aisées ni sur les promesses fumeuses des politiciens et des autorités publiques.
Des manifestations contre la vie chère ont eu lieu le 23 juin dernier dans plusieurs quartiers d’Abidjan. Elles ont été organisées par le CICI (Collectif des Indignés de Côte d’Ivoire). A Yopougon Sable, au début, c’était quelques dizaines de femmes qui barraient la route en brandissant des pancartes sur lesquelles il était écrit « Tout coûte cher sur le marché » ou « On a faim, on peut plus rien acheter », etc. Mais quelques minutes plus tard, la manifestation prit une autre allure, d’autres femmes de passage se joignaient au groupe pour aussi exprimer leur colère contre la vie chère. A Gesco, des femmes ont bloqué l’autoroute pendant plusieurs heures pour exprimer leur ras-le-bol contre la flambée des prix des denrées alimentaires. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les manifestantes. A Siporex, un autre quartier de Yopougon, un groupe de femmes a, là aussi, manifesté sur la voie principale. Là, encore, la police est intervenue pour mettre fin à la manifestation. D’autres rassemblements ont eu lieu à Abobo et à Adjamé.
Ces manifestations, même si elles sont restées limitées, sont révélatrices du ras-le-bol des classes populaires face à la flambée du coût de la vie. Si les autorités politiques ont réagi rapidement en envoyant les forces de l’ordre pour disperser les manifestants, c’est par qu’elles savent que dans la situation actuelle, ce genre de mécontentement peut se généraliser et qu’une étincelle peut provoquer un incendie.
Le DG de la SICOGI (Société Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière) qui est une société d’État a eu à répondre à un certain nombre de préoccupations des consommateurs. C’est la société qu’il dirige qui pilote le projet dit des « logements sociaux ».
Mais quels travailleurs, par exemple, du bâtiment peuvent se permettre de s’offrir une des maisons qu’ils font sortir de terre par leur travail ? Quel ouvrier a les moyens de payer 500 000F comme acompte pour un coût total de 5 millions à payer sur 48 mois ?
Le DG de cette structure a tenu à rappeler que la Côte d’Ivoire est un pays avec un « système libéral » et le gouvernement ne saurait selon lui influer sur les prix. Ce qui n’empêche pas le parti au pouvoir de faire tout un tapage sur la construction des « logements sociaux » inaccessibles aux bourses des plus pauvres. Alors que, justement, ce sont eux qui ont besoin de se loger. Ils sont condamnés à vivre dans les bidonvilles, où l’accès à l’eau potable est problématique. Dans leurs quartiers précaires il n’existe pas de voiries, de caniveaux, d’évacuation d’eau, de toilettes. C’est le lot quotidien de la grande majorité des habitants d’Abidjan.
Il faut rappeler que c’est la SICOGI qui a construit dans les années 70 tous les quartiers SICOGI qu’on retrouve dans des communes comme Bingerville, Yopougon, Marcory, une partie des 220 logements à Adjamé, etc.
Ces constructions répondaient à un besoin réel de manque de logements. Il faut rappeler que la ville d’Abidjan était à l’origine constituée de plusieurs petits villages ébriés. Sa position géographique a fait que l’ex puissance coloniale voulait en faire un centre économique et industriel régional. Alors pour attirer les capitalistes, il fallait construire les routes, les hôpitaux et tout ce qui est nécessaire pour permettre aux entreprises de s’installer. Dans cette même ligne, les constructions des années 70 répondaient aux besoins des riches et arrangeaient aussi en passant les populations qui ont eu ainsi un toit pour habiter.
Aujourd’hui, la promotion des logements dits sociaux répond à un manque énorme d’habitations. Abidjan compte aujourd’hui 6 millions d’habitants. Plus de la moitié vivent dans des bidonvilles.
Mais quoi qu’en disent les tenants du pouvoir, ces logements sont construits non pas pour ceux qui en ont le plus besoin mais pour ceux qui ont les moyens de les payer. D’ailleurs, la construction de ces logements a été confiée à des promoteurs privés dont le seul but est de faire des profits.
Actuellement, il est bien sûr possible de construire des logements à la portée des plus petites bourses. Il faut pour cela mettre en place une politique réelle de construction pour loger les plus démunis. Pour cela, il faudrait obliger les employeurs à financer à leurs frais des logements sociaux pour loger leurs travailleurs. Il faudrait aussi une augmentation générale substantielle des salaires des travailleurs pour leur permettre de se loger décemment.
Mais ce n’est pas d’un gouvernement au service des riches que les travailleurs peuvent attendre de tels actes. Cela ne peut être possible que si les travailleurs l’imposent de force par leurs luttes collectives.
Un travailleur de Uniwood, une scierie dans la zone industrielle de Yopougon, a eu un claquement de dos alors qu’il manipulait le bois qu’il était en train de scier. Il s’agit d’un accident de travail. Dans ce cas, les frais de soin doivent être entièrement pris en charge par l’employeur et la CNPS qui est la structure qui gère les accidents de travail.
Mais au lieu de ça, ce travailleur a seulement reçu les premiers soins qui se résument à quelques comprimés de paracétamol. La direction refuse de déclarer cet accident et sa prise en charge par la CNPS.
Cet employeur verse-t-il à la CNPS les cotisations qu’il ponctionne sur la paie des travailleurs ? On peut en doute.
La plupart des travailleurs de la zone industrielle de Yopougon confrontés à un accident, vivent la même situation que ce travailleur d’Uniwood.
Ce qui n’empêche pas les dirigeants politiques de faire des discours creux sur le développement économique et leur prétendue ambition de faire de la Côte d’Ivoire « un pays émergent ».
Le chantier de la Sicogi à Abobo PK18 est une promotion immobilière dont la réalisation est confiée à l’entreprise chinoise dénommée Covec-ci. Depuis deux ans, les ouvriers mènent régulièrement des luttes pour l’amélioration de leurs conditions de travail. La dernière des luttes date du mois de février dernier et se poursuit encore.
Voici l’histoire racontée par un travailleur :
« C’est en début du mois de février que nous avons marqué un arrêt de travail de 4 jours. Cet arrêt a obligé la direction à respecter le barème du bâtiment en ce qui concerne les manœuvres. Aujourd’hui, le salaire d’un manœuvre est passé de 3000F à 4180F par jour. La direction a pris aussi la décision de déclarer à la caisse de retraite (CNPS) les travailleurs qui ne l’étaient pas encore. Quant aux ouvriers, ils ont eu de petites augmentations sur leur catégorie ou sur le prix de la tâche pour les tâcherons. En ce qui concerne l’augmentation à proprement parler des ouvriers, la direction a dit qu’elle attend le changement de catégorie qui sera proposé par l’État.
Et donc, depuis cette date, les ouvriers sont dans l’attente de ce changement. Mais plus le temps passe, plus les travaux aussi avancent. Et il n’y a pas longtemps, la direction a annoncé la réduction du personnel qui doit passer de 800 à 400. La nouvelle de la suppression de 400 postes a évidemment apporté un vent de mécontentement. Les travailleurs se sentant tous menacés ont commencé à murmurer. Finalement, craignant une réaction violente de la part des travailleurs, la direction s’est rétractée pour dire que ce ne sera pas un renvoi collectif, ni par vague, mais plutôt par rapport à ceux qui feront des fautes lourdes ou qui joueront à la paresse. Mais pour les travailleurs, quel que soit le mode de renvoi, le résultat sera toujours le même. La direction veut arriver à ses fins qui est de se débarrasser des travailleurs qu’elle trouve un peu combatifs ou encombrants.
Aujourd’hui Elle craint que nous reprenions la lutte pour une augmentation de salaire. Il y a de cela un an, pendant les premières grèves, elle avait déclaré que si elle augmentait les salaires de plus de 500 F l’entreprise allait couler. Un an après, les travailleurs l’ont obligée à accorder une augmentation de plus de 1000 F pour les manœuvres, sans qu’elle ne coule. Donc elle est consciente que les ouvriers se serviront de cet exemple pour exiger un peu plus, quelles que soient les décisions de l’État. D’ailleurs depuis un certain temps le ton monte du côté des machinistes qui sont payés comme des manœuvres.
Ce renvoi vite programmé par les patrons alors qu’il y a encore du travail, n’est qu’une mesure préventive pour nous affaiblir. Mais nous avons compris leur jeu , c’est pour quoi nous voulons vite attaquer pour tuer l’œuf dans la poule ».
Zénith est une usine de fabrication des produits en plastique comme les sandalettes, les sachets et gobelets. Elle est située dans la zone industrielle de Yopougon. Le lundi 07 avril, toute l’usine était arrêtée suite à une grève spontanée des travailleurs.
Voici le récit d’un des travailleurs :
« C’est depuis plusieurs années que nous travaillons dans cette usine, dans des conditions très difficiles. Quand nous travaillons dans la journée, c’est 10 à 12 heures de travail avec seulement 30 minutes de pause. Ceux de la nuit font 12 heures sans interruption. Nous n’avons aucune protection alors que nous travaillons avec des produits chimiques hautement toxiques. Les heures supplémentaires imposées ne sont jamais payées. Le salaire d’un travailleur n’atteint même pas l’ancien Smig qui était de 36.000 F par mois. Nous sommes payés à 2500 F par jour, toutes indemnités comprises. Quant aux journaliers que les patrons recrutent chaque jour ou chaque début de semaine, ils ne sont pas considérés comme des travailleurs. A ceux-là, ils versent des salaires dérisoires de 1500 F par jour. A côté de nous qui travaillons directement avec Zénith, il y a des travailleurs de la sous-traitance qui sont payés 45.000 F par mois.
Depuis l’annonce du changement de Smig, la grogne se faisait entendre parmi nous. Mais toutes tentatives de négociation avec la direction ont toujours échoué. Elle a fait comme si de rien n’était. Nous avons continué à travailler 12 heures par jour avec ce salaire de misère. Mais ce lundi 07 avril, comme un volcan qui ne peut plus contenir ses laves, nous avons tout arrêté et occupé l’usine. La direction, au lieu de nous recevoir, a commencé par faire de la diversion en essayant de nous diviser. Comme ce jeu n’a pas marché, le lendemain mardi 08, elle a fait appel aux forces de l’ordre. Mais nous avons gardé les usines fermées, l’entrée interdite à tous. Les travailleurs de la sous-traitance étaient aussi dans la danse. Donc personne ne pouvait faire fonctionner quoique ce soit. La direction pensant qu’elle pouvait nous avoir à l’usure, a attendu jusqu’à jeudi et s’est rendue compte que nous étions déterminés à aller plus loin.
Et c’est ce jeudi 10 avril que les négociations ont commencé. A l’ordre du jour il y avait deux points essentiels, à savoir : 8 heures de travail et l’application du nouveau Smig, 60.000 F plus l’indemnité de transport qui est de 25.000 F etc. La direction acculée, a accepté les deux points. Quant aux travailleurs de la sous-traitance, ils ont obtenu une augmentation de 5.000 F sur le salaire. Ils passent ainsi de 45.000 à 50.000 F.
Les travaux ont repris le vendredi 11 avril dans une ambiance fraternelle parce que nous avons appris qu’ensemble nous avons pu faire déplacer ce qui était comme une montagne. C’est ce sentiment de satisfaction qui anime tout le monde aujourd’hui et l’idée aussi de continuer à nous organiser pour pouvoir demander encore plus ».
Car il reste encore des problèmes comme l’unification des salaires, la déclaration à la CNPS ou un contrat d’embauche, les conditions de sécurité et d’hygiène, les cadences infernales et leur faire avaler leur mépris à notre égard. Affaire à suivre.
La direction de la CNPS (la caisse de retraite des travailleurs du privé) a annoncé la réévaluation des pensions de retraite à hauteur de 8% à compter de la fin Avril avec un rappel de 4 mois. C’est une mesure qui n’aura presque pas d’effet sur le pouvoir d’achat des retraités.
D’abord pour toucher la retraite, il faut être déclaré à la CNPS, et avoir cotisé au moins pendant 15 ans. Selon la CNPS elle-même, c’est seulement 10% des travailleurs qui remplissent les critères. L’écrasante majorité des travailleurs ne pourront pas percevoir les pensions retraite, après avoir été exploités pendant toute leur vie.
Les patrons ne ratent aucune occasion pour gruger les travailleurs. Parfois, Ils prélèvent les cotisations sur les salaires sans pour autant les reverser à la CNPS. Sans parler de tous les travailleurs, journaliers ou contractuels qui sont de fait exclus du système de sécurité sociale.
Pour un retraité qui touche 30.000 F de pension par mois, l’augmentation de 8% élève cette pension à 32.400F. Avec la hausse actuelle du coût de la vie, cette soi-disant augmentation est une moquerie.
Aller à la retraite, pour un travailleur, lorsque retraite il y a, c’est une condamnation à la misère. Et, comme la base de calcul des pensions de retraite est indexée sur le salaire, les retraités se retrouvent avec une pension dérisoire. Certains retraités vont jusqu’à se faire réembaucher comme journalier pour arriver à joindre les deux bouts.
Les intérêts des travailleurs ne sont pas pris en compte dans la société capitaliste. Ils n’obtiennent que ce qu’ils sont capables d’imposer par leur lutte.
CICO est une entreprise de travaux du BTP, c’est elle qui a en charge la construction du siège et de la résidence du groupe de téléphonie mobile GREENN à Cocody. Le lundi 14 avril dernier, les travailleurs de ce chantier ont remporté une petite mais précieuse victoire sur la direction. Ils ont obtenu le paiement des trois primes qu’ils réclamaient.
Voici le récit d’un des travailleurs :
C’est depuis le mois de février que nous avons commencé à nous organiser pour réclamer des meilleures conditions de travail et une augmentation de salaire. La direction informée, engagea le bras de fer en mettant à la porte 7 travailleurs considérés comme des meneurs. Pour soutenir nos collègues, le chantier fut arrêté le lundi 25 février. Mais la direction réussit à nous diviser et bon nombre de travailleurs reprirent le travail le même jour. C’est seulement 21 personnes qui sont restées fidèles au mouvement. Malgré cette reprise forcée, le mécontentement grandissait, et le ralentissement des travaux allant avec, la direction finit par céder et revint sur sa décision en réintégrant les 28 ouvriers. Elle paya même les 5 jours qu’ils avaient passés à la maison. Ce fut déjà une première victoire.
Une fois les collègues réintégrés, nous avons aussitôt commencé à exiger que la direction donne suite aux autres points des revendications. Mais plutôt que de nous répondre, elle a voulu se jouer de nous, en proposant des contrats dits de « régularisation ». En effet, elle voulait nous faire signer des contrats à durée déterminée à terme imprécis, pour que, une fois signés, elle se débarrasse de nous. Et pour atteindre son but rapidement, elle a obligé les manœuvres à signer les contrats de force. Informés, nous avons interpelé la direction. C’est ainsi qu’une première rencontre entre elle et nos représentants a eu lieu le vendredi 04 avril. A cette rencontre elle accepta de retirer ce contrat ; de payer les indemnités de rupture de contrat avant de faire signer les contrats à ceux qui le veulent. Une autre rencontre a été prévue pour le vendredi 11, mais finalement c’est le samedi 12 qu’elle a eu lieu. Mais contre toute attente, la direction a proposé de ne payer que la prime de gratification. A l’annonce de cette nouvelle sur le chantier, le même jour à la descente, la colère a monté d’un cran à tel point que beaucoup ont accusé les représentants, de corrompus, d’achetés. On a décidé de tout arrêter le mercredi matin si la direction ne revenait pas sur sa décision dans les deux jours qui suivaient. Le lundi matin, avant de reprendre le travail, les travailleurs revenaient à la charge en exigeant une rencontre avec la direction, le même jour et, cette fois-ci, sur le chantier. Ce jour-là les patrons ont cédé.
En ce moment, les dirigeants politiques au pouvoir n’ont pas d’autres formules à la bouche que celle de « horizon 2020 ». Ils veulent faire patienter les classes pauvres jusqu’à cette date en leur faisant croire que cela ira mieux pour tout le monde après. C’est comme une carotte qu’ils tendent comme pour leur dire : « acceptez donc de serrer encore un peu plus vos ceintures, nous œuvrons pour votre bonheur ».
La même rengaine est répétée dans les médias en différentes versions plus ou moins minables selon leurs auteurs. Ainsi, Amadou Soumahoro, le secrétaire général du Rdr, lors d’une tournée des chantiers qu’il a effectuée avec la direction et les élus de son parti cette semaine « félicite le président de la république pour son engagement de faire de notre État un pays émergent à l’horizon 2020 » ! Dans sa tournée des chantiers, évidemment, il n’a pas vu les conditions de travail difficiles, sous un soleil de plomb, les travailleurs s’échiner durant 12 heures par jour payés avec des salaires de misères.
En version qui se veut plus économiste, leur champion, c’est le ministre du commerce et des Pme, Jean Louis Billon, qui parle carrément de « programme Phœnix pour l’horizon 2020 ». Ce fameux programme se résumerait comme suit :
D’abord, par « l’augmentation de l’assiette fiscale ». Cela signifie, taxer un peu plus les plus pauvres : à savoir les petits mécaniciens, menuisiers et autres petites vendeuses, qui constituent pour eux « le secteur informel ». C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement « déguerpit » les étals sur le bord des trottoirs, en comptant formaliser ensuite leurs éventuelles réinstallations, pour pouvoir mieux les pressurer.
Ensuite, l’argent ainsi dégagé, de l’ordre de 200 milliards d’ici 2020, selon Jean Louis Billon, permettrait de mieux aider les entreprises qui sont installées à Yopougon, Vridi, dans le bâtiment, etc, afin qu’elles soient plus « compétitives ».
C’est au nom de cette « compétitivité » que le patronat et le gouvernement maintiennent les travailleurs dans les usines et sur les chantiers en tant que journaliers sans perspective d’être embauchés en fixe. D’ailleurs, de plus en plus de travailleurs sont maintenant carrément payés à la tâche, exploités à mort ! C’est cela la « compétitivité » capitaliste !
C’est au nom de cette même compétitivité, pour ceux des travailleurs qui s’en souviennent, qu’en son époque le gouvernement d’Affi N’Guessan et les dirigeants syndicaux à la solde du régime, appelaient les travailleurs à la « trêve sociale ». Cela a permis à un riche comme Jean Louis Billon qui est aussi à la tête de grosses Pme de ce pays, de pressurer un peu plus les travailleurs !
La seule chose qui compte pour ces gens au gouvernement, c’est de permettre aux plus riches de s’enrichir toujours plus, en aggravant l’exploitation des travailleurs et en appauvrissant les populations pauvres des villes et des campagnes. Tout le reste n’est que verbiage !
Après la destruction du quartier « Washington », c’est le quartier qui longe le chenal d’Anoumabo, sur plus d’un kilomètre, qui a été rasé cette semaine. D’autres quartiers sont aussi menacés de destruction, notamment ceux qui longent le mur de l’aéroport à Port-Bouët jusqu’au lycée municipal de Gonzagueville. Plus de 6.000 personnes habitaient dans ce qui restait du quartier « Washington ». Elles se sont retrouvées sans toit, du jour au lendemain, jetées à la rue comme des malpropres.
Les habitants d’Anoumabo ont vécu le même sort. Le gouvernement n’a même pas daigné recenser les milliers d’habitants qui ont été victimes de la destruction de leurs logis. Un haut dirigeant du gouvernement a même osé dire, que ce quartier a été détruit « pour préserver la vie des populations pauvres qui cohabitaient avec les ordures et porcheries » ! « Le 3ème pont, dit-il, ne peut pas être à proximité d’un paysage hideux » ! Eh oui, les riches ne veulent pas voir la misère que leur propre société engendre !
Or, cette misère touche de plus en plus de monde et vient s’étaler jusqu’à proximité des fenêtres de leurs villas et de leurs usines. Rien que dans l’agglomération d’Abidjan, les autorités publiques auraient recensé 137 bidonvilles où habitent, « avec les ordures et porcheries », un million et demi de personnes, soit un abidjanais sur quatre !
Comment donc s’en étonner, quand on sait que le revenu des travailleurs et des populations pauvres est tellement bas comparativement au coût de la vie, qu’il ne leur permet même pas de se nourrir un tant soit peu convenablement ! Quand ils trouvent un travail, la majorité des travailleurs sont de plus en plus réduits à un travail journalier mal payé, corvéable à merci et sans lendemain.
Cette réalité ne date pas d’aujourd’hui. En effet, la législation avait légalisé la journalisation du travail dès 1994. Mais dans les faits cette pratique existait déjà depuis plusieurs années avant sa légalisation. Au fil des ans, particulièrement dans le secteur des ouvriers et des employés, lorsque quelqu’un partait à la retraite, il était remplacé par un journalier ; et puis c’est devenu une pratique générale.
La classe capitaliste est guidée par le profit et l’accumulation des richesses. Or, le profit, les capitalistes le tirent de l’exploitation des travailleurs. Pour augmenter leurs profits, ils cherchent toujours à aggraver les conditions d’existence des travailleurs.
Ce n’est pas d’un gouvernement, quel qu’il soit, que les travailleurs peuvent attendre une action en leur faveur. Bien au contraire ! La réalité le montre. Il y a une complicité entre la classe exploiteuse et le pouvoir. Les dirigeants qui se succèdent au pouvoir diffèrent peut-être par leur langage, mais ce qu’ils ont en commun, c’est d’être avant tout au service des capitalistes, au service des riches !
Alors, si les travailleurs et les populations pauvres ne s’organisent pas pour défendre eux-mêmes leurs intérêts, il n’y aura aucune amélioration de leurs conditions d’existence. Ils ne peuvent compter ni sur les dirigeants syndicaux, ni sur les politiciens qui se disent d’opposition car tous ces gens-là ne pensent qu’à leur carrière et à leur bien-être personnel.
Dans les villes comme dans les campagnes la misère s’aggrave. La prolifération des bidonvilles dans la capitale est une des conséquences visibles de l’appauvrissement de la population laborieuse.
A l’inverse, les riches ont amassé tellement d’argent qu’ils veulent mettre la main sur les espaces libérés par la chasse aux pauvres des bidonvilles. C’est ainsi qu’ils lorgnent, par exemple, sur un terrain de 3.700 hectares à Port-Bouët, le long des murs de l’aéroport, en longeant la mer jusqu’à Gonzagueville. Cet endroit est occupé jusqu’ici par plus de 20.000 pauvres. Certains sont installés-là depuis 30 ans. Ils risquent d’être délogés manu militari par les autorités publiques pour satisfaire l’appétit des promoteurs immobiliers qui veulent s’accaparer de cet espace pour construire, à en croire la presse, « des hôtels de standing, des centres commerciaux, d’appartements de luxes et des infrastructures modernes ». Ce projet serait déjà passé en conseil des ministres.
Ces capitalistes et leurs mandants au pouvoir ont peut-être vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Mais ceux qui habitent cet endroit n’ont pas encore dit leur dernier mot. Et il n’est pas dit qu’ils se laisseront déloger sans réagir.
Jean KacouDiagou, le président du patronat ivoirien, a déclaré récemment que « quand l’entreprise gagne c’est la société qui gagne, c’est l’économie qui gagne, c’est le pays qui gagne ». C’est la grande "philosophie" de tout capitaliste qui se respecte : ce qui compte le plus, c’est la quantité de profits qu’il amasse.
Et le travailleur dans tout cela ? Eh bien, il doit se contenter de 60.000 Fr par mois ! Que ce salaire ne lui permette pas de se nourrir correctement, de payer son loyer, de scolariser et soigner ses enfants, en un mot de vivre dans des conditions décentes, là n’est vraiment pas le problème de ce monsieur et des exploiteurs de son espèce. Ils peuvent exploiter et mépriser en toute impunité les travailleurs et leurs familles tant qu’ils ne rencontrent pas une vraie réaction de la classe ouvrière. Mais lorsque celle-ci commencera à s’organiser et à réclamer son dû avec énergie, la peur changera de camp.
Le 26 mars, une nouvelle alliance politique a vu le jour. Le FPI et 11 autres partis politiques se sont regroupés au sein d’une plate-forme dénommée « Alliance des Forces Démocratiques de Côte d’Ivoire » (AFDCI). En face d’elle, le RHDP est la principale force ; elle regroupe des partis qui se partagent le pouvoir actuellement. Ici aussi, les choses semblent bouger. C’est que l’échéance présidentielle de 2015 pointe à l’horizon et les loups affamés sont aussi nombreux de part et d’autre.
Au sein de l’AFDCI, à part le FPI qui représente une réelle force, tous les autres ne sont que des figurants en mal de poste et de position. Leur prétendu parti ne représente dans la plupart des cas que leur propre personne ou leur petit clan pressé de passer à la soupe. Cette nouvelle alliance est une réplique presque identique du LMP que Gbagbo avait regroupée autour de lui en vue de l’élection présidentielle de 2010.
Il n’est pas impossible que le verbiage qui se veut agressif d’Affi N’Guessan cache en fait l’envie de se présenter à l’élection présidentielle pour jouer le rôle de marionnette face à Ouattara. Grâce à Affi N’Guessan, Ouattara pourra alors obtenir une estampille de « président démocratiquement élu » qui lui fait défaut, lui qui a été installé au pouvoir militairement par les puissances impérialistes. Si cela se passe ainsi, Affi N’Guessan pourrait alors le monnayer postes et positions à la mangeoire.
Comme en 2010, les remous ne sont pas impossibles au sein des différents camps en compétition. Ainsi, par exemple, au sein du RHDP, si le clan Bédié a déjà trouvé grassement son compte, il semble vouloir surenchérir en monnayant son soutien en 2015 à Ouattara pour obtenir, entre autre, un poste de « vice-président ». Mais au sein même du Pdci, il y a aussi de nombreux autres loups affamés. Eux aussi voudraient avoir des postes à la mangeoire. C’est le cas, par exemple de Konan Banny et de Kouakou Konan Bertin (KKB). On peut donc s’attendre à quelques remue ménages, d’ici 2015.
Il en va de même dans le camp Ouattara. Les Soro Guillaume et autre Hamed Bakayoko sont bien obligés de freiner leurs ambitions et attendre l’échéance suivante de 2020. Mais tous ces loups à grands crocs n’attendront peut-être pas cette échéance pour se lancer dans une bagarre ouverte et se positionner.
En fait, rien de fondamental ne différencie tous ces gens qui luttent pour le pouvoir. Tous, ils ne demandent qu’à servir les intérêts de la classe possédante, à commencer par ceux des puissances impérialistes, auxquelles les Affi N’Guessan ont déjà montré leur servilité durant les 10 ans qu’ils ont passés au pouvoir, à plus forte raison ceux qui sont à leur place aujourd’hui.