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Le gouvernement a-t-il réformé et rendue plus humaine la prostitution ?

vendredi 6 décembre 2013, par Robert Paris

Le gouvernement a-t-il réformé et rendue plus humaine la prostitution ?

Le projet de réforme des lois concernant la prostitution a été adopté malgré les contestations sur sa droite comme sur sa gauche, de la part des proxénètes mais aussi de la part des prostituées et des associations qui les soutiennent, ainsi que d’associations des droits de l’homme ou des droits des femmes.

Le fait de cesser de considérer les prostituées comme des coupables pourrait sembler un réel progrès comme de cesser de leur prélever des amendes constituant un impôt exorbitant enrichissant l’Etat sur le dos des prostituées et de la prostitution peut sembler un réel progrès. Le fait de pénaliser les clients pour les rendre conscients qu’ils utilisent l’esclavage du corps des femmes pourrait sembler juste à ceux qui ne veulent pas qu’on considère la prostitution comme une activité économique comme une autre mais comme une activité mafieuse et criminelle d’oppression des femmes par des proxénètes et des réseaux de bandits imposant par la violence cette activité à leurs victimes.

Malgré ces apparences, nous allons montrer qu’on ne réforme rien du tout, qu’on précarise même encore plus les femmes victimes de ces rackets et qu’on ne s’attaque absolument pas aux vrais profiteurs de la prostitution et cela pour une simple et bonne raison : ces profits sont considérables et irriguent l’économie capitaliste et aucun gouvernement bourgeois n’est capable de s’attaquer aux intérêts de la bourgeoisie, fut-elle mafieuse, fut-elle proxénète, fut-elle profiteuse de la drogue et de la prostitution.

Rappelons d’abord que dans l’économie capitaliste, ces activités, illégales dans certains pays et légales dans d’autres, n’ont rien de marginal. L’ensemble drogue plus prostitution et banditisme (difficile à séparer en activités diverses tant les organisateurs sont les mêmes) représente 1,2 fois l’argent issu de l’activité pétrolière et gazière. La prostitution rapporte autant que la drogue, ce qui donne une idée des sommes colossales en question. C’est dire aussi que les grands profiteurs de ces activités ne se gèlent pas en faisant les cent pas tout en surveillant leur « protégée » le long des rues du Bois de Boulogne !

L’activité de prostitution n’est plus essentiellement une activité de « racolage de rue » (qui reste réservée aux plus pauvres et aux plus nouvelles des étrangères déportées pour vendre leur corps). C’est par l’internet que l’activité la plus lucrative passe, en particulier la prostitution de luxe dont une partie a pignon sur rue avec les escort girl notamment. Dans certains pays comme l’Allemagne, la prostitution se déroule dans des sex center qui raflent des sommes colossales en profitant notamment de la main d’œuvre des femmes misérables des pays de l’Est. Les films pornographiques sont également une partie émergée de l’iceberg qui draine des sommes considérables.

La prostitution de luxe n’a jamais été pourchassée par l’Etat bourgeois, même lorsque la prostitution était condamnée par la loi précédente. La nouvelle loi ne la condamne pas davantage. La toute petite velléité de condamner la prostitution par internet a fait long feu et le texte final l’a annulée sur recommandation d’un conseil officiel sur les activités d’internet. Il ne faudrait pas nuire aux profits capitalistes issus du net dont la prostitution n’est pas une part négligeable. Il ne faudra pas faire du mal à la sacro sainte « liberté d’entreprendre ». La pédophilie a été la seule à être un petit peu combattue (sauf dans les lieux d’église) en ce qui concerne l’internet. Or le net pullule de prostitution quasiment ouverte et disant son nom. Le racolage sur le net n’est nullement combattu.

On peut se féliciter des intentions affichées par la nouvelle loi et selon lesquelles les prostituées seront aidées à sortir des griffes des réseaux de proxénétisme. Mais il y a loin des intentions aux actes et même aux capacités d’agir. Est-ce que l’Etat français va poursuivre les maitres chanteurs qui arnaquent des femmes jusque dans les pays d’où part cette activité ? Certainement pas ! Les réseaux ont généralement des moyens de rétorsion contre les familles des prostituées, leurs enfants, leurs parents…

Par contre, en rendant illégale la prostitution du côté des clients, on oblige les prostituées elles-mêmes à se cacher si elles veulent avoir des clients, à aller dans les lieux les plus reculés, sur les routes des bois et forêts par exemple, et, du coup, à être victimes de violences supplémentaires de la part des « clients » et à être davantage sous la coupe des réseaux de proxénètes car moins accessibles aux associations de défense, moins accessibles aux médecins, moins accessibles même aux représentants de l’Etat qui prétendent maintenant sauver les prostituées mais ne parviendront plus à les trouver. En effet, les prostituées qui seront repérables par les services de l’Etat seront celles dont se détourneront les clients, soucieux de ne pas se faire eux-mêmes repérer par ces mêmes services !

Voilà comment, une fois de plus, une prétendue réforme positive socialement, mais se refusant à s’attaquer aux intérêts des exploiteurs capitalistes, se retourne contre les exploités et les opprimés. Les bons sentiments, les bonnes intentions affichées par le gouvernement de gauche, en s’inclinant respectueusement devant le profit capitaliste, ne peuvent que se transformer en leur contraire et aggraver en fait les conditions de l’exploitation, dans le domaine de la prostitution comme dans tous les autres domaines de la vie sociale.

Aucune activité du monde capitaliste ne peut être réformée. Aucune sorte d’exploitation capitaliste n’est autre chose que de l’esclavage, même on parvient à convaincre les victimes d’être fières de leur travail, de le défendre, de le justifier, d’y être attachés, de tenir à leur gagne-pain, voire de ne pas imaginer d’autre moyen de subsistance et d’autre société que celle de la propriété bourgeoise des moyens de production. Le corps des êtres humains est toujours mis à contribution et il ne l’est pas seulement dans le cas de la prostitution. Les ouvriers paient aussi de leur corps. Les infirmières aussi. Tous les salariés sont victimes d’accidents du travail qui ne sont nullement « accidentels » mais font partie intégrante de l’activité. La mortalité supérieure des salariés ayant une activité dure comme le Bâtiment en témoigne. Les maladies psychologiques sont également des sous-produits de l’esclavage capitaliste.

C’est le capitalisme tout entier qui est une forme de prostitution déguisée et qu’il faut abolir et non réformer !

Le simple fait que les réformateurs prétendent rendre plus humaine la prostitution devrait les discréditer définitivement. Comme si on pouvait rendre humain le fait d’être contraint à mimer l’acte d’amour rien que pour faire du fric ! Comme si on pouvait rendre humain le fait que des gens cherchent à satisfaire des besoins humains par des actes sordides !

L’humanité, telle qu’elle est conçue par la social-démocratie gérant les intérêts capitalistes, fait frémir !!!

On ne pourra parler de société vraiment humaine que lorsqu’on aura balayé la société humaine de l’exploitation de l’homme par l’homme, ce qui inclut bien entendu l’exploitation de la femme par l’homme. Et cette dernière ne sera jamais abolie tant qu’on n’aura pas supprimé la première…

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