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L’opinion publique, ça se fabrique…

mardi 5 mars 2013, par Robert Paris

Editorial

L’opinion publique, ça se fabrique…

Guerre du Mali, démission du pape, crise grecque, « avantages » des fonctionnaires, l’actualité est pleine d’ « informations » - déformations qui permettent de façonner l’opinion à la manière dont le veulent les classes dirigeantes, mais sans en avoir l’air…

Il est tellement sympathique ce chef de la religion romaine, maintenant qu’il a l’humilité, le courage, la bienséance, la générosité, et on passe, de quitter le pouvoir de son plein gré. Voilà le discours que l’on nous a servi sur un individu qui n’est rien d’autre que le chef d’un Etat aux mains d’une banque mafieuse et d’un appareil ecclésiastique qui organise mondialement la pédophilie et la couvre du voile de la religion. Au même moment où on présente l’Islam comme le mal absolu, donner au pape l’image de la sainteté, il fallait le faire. Mais l’opinion publique qui aime les belles histoires n’aurait pas voulu qu’on lui dise que le pape est tombé du fait de la faillite de la banque vaticane, relevée seulement en engloutissant et en blanchissant massivement l’argent de la mafia italienne. C’est pourtant cela qui a amené, en même temps que la campagne contre le pape, la démission de son banquier et le blocage par l’ensemble des banques de la banque vaticane, blocage qui n’a été levé qu’avec la démission du pape. Quant aux scandales pédophiles qui concernent pourtant des centaines de milliers d’enfants dans le monde, ils ont été commis par les plus hauts prélats et ces derniers n’ont même pas à quitter leur poste pour se blanchir. Une petite phrase de contrition suffit… Il fallait le faire de rendre populaire l’ancien jeune nazi, complice des pédophiles, des banquiers véreux et des bandits mafieux !

Elle a des bons sentiments l’opinion publique et elle aime qu’on sauve un peuple par pure générosité ! C’est pour cela qu’elle l’a trouvé tellement sympathique cette guerre du Mali, nous a-t-on dit - en « oubliant » qu’on n’a pas demandé à ce peuple du Mali ni à ce peuple de France de s’exprimer avant d’intervenir - que nos média présentent comme une guerre de solidarité avec un peuple malien martyrisé par d’affreux terroristes islamistes, une guerre sans aucun but intéressé. Cela remonte l’estime de soi des Français de voir qu’on peut faire une guerre tous seuls, sans les autres puissances en étant acclamés par un peuple dont on bombarde le pays, dont on rempli de blessés les hôpitaux, où on tue des centaines ou des milliers de civils sans que les média aient accès aux images sur la réalité de cette guerre qui a paraît-il fait seulement … trois morts, en ce qui concerne les soldats français. Ceux qu’on sauve, on n’en connaît pas le nombre des victimes ! Leurs maisons ont été détruites dans les bombardements et ils peuplent les hôpitaux. On a retrouvé des corps dans les puits et ils n’avaient pas seulement été victimes des bandes terroristes mais aussi des armées malienne, tchadienne et française. Difficile quand on bombarde de distinguer un terroriste et un habitant vaquant calmement à ses occupations… Difficile d’empêcher les armées en guerre de commettre impunément des exactions. L’opinion populaire ne s’en offusquera donc pas ! Ceux dont on montre la joie sont ceux du sud qui ne savent encore rien de ce qui s’est passé au nord et croient qu’on les a libérés du cauchemar des bandes armées. Et ils ignorent aussi que c’est notamment la France et les USA qui avaient armé ces bandes en Libye ou au Sahel…

L’opinion populaire, elle peut aussi être montée contre l’opinion populaire des peuples des autres pays, comme c’est le cas actuellement entre l’Europe et la Grèce. En France, on a présenté le peuple travailleur de Grèce comme des profiteurs qui seraient la cause de la crise européenne, un mensonge grossier mais qui a pris dans une partie de ce qu’on appelle « l’opinion » : dans le style « ils ne travaillent pas, ils ne paient pas leurs impôts, ils ont profité de l’Europe, c’est normal qu’ils finissent par le payer. » Bien sûr, mensonge sur mensonge : ce n’est pas le peuple grec qui a profité mais les classes dirigeantes et d’ailleurs celles de toute l’Europe sur le dos de la Grèce… Cela ne fait rien : le poison est inoculé et il va circuler…

Le poison, les classes dirigeantes s’y entendent même à le semer au sein même des couches populaires et des travailleurs, opposant par exemple avec et sans papiers, travailleurs et chômeurs, jeunes et vieux, hommes et femmes et aussi travailleurs du public et du privé. C’est ainsi qu’on a entendu l’ « opinion » prétendre, derrière la presse, que les fonctionnaires étaient favorisés par ce gouvernement puisqu’on leur supprimait le jour de carence ! Favorisés eux qui voient les services publics de plus en plus dégradés, les postes systématiquement non remplacés, la charge de travail s’accroître follement, les moyens sans cesse réduits ? Favorisés eux dont les salaires réels face au coût de la vie sont rabotés ? Favorisés alors que l’Etat refuse d’embaucher en fonctionnaires et que les jeunes que nous appelons fonctionnaires ne sont plus que des salariés privés, précaires de surcroît !

En même temps, l’opinion publique a bon dos. Les Etats n’attendent pas qu’elle s’exprime pour agir et sont parfaitement capables d’agir à contrario de celle-ci. Ils licencient massivement, suppriment les retraites et les pensions des chômeurs, bloquent des comptes en banques et font payer les peuples comme ils mènent des guerres : sans se demander ce qu’en pense le public. Ils ne sont pas au service du public mais d’intérêts privés d’un tout petit nombre, les grands détenteurs de capitaux…

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