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Ils ne sont pas en guerre contre la crise. Ils ne sont pas en guerre contre les dettes. Ils ne sont pas en guerre contre les dictatures ! Ils sont en guerre contre nous, travailleurs !!!

dimanche 24 juin 2012, par Robert Paris

EDITORIAL DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS

Guerre aux licencieurs !

Comment défendre nos emplois se demandent bien des travailleurs au moment où s’allonge la liste des plans dits "sociaux" qui sont des plans de suppressions d’emplois. Certains se disent : le gouvernement va défendre nos emplois, les centrales syndicales vont défendre nos emplois, une loi va défendre nos emplois, les élections vont servir à choisir un camp qui va défendre nos emplois, l’Europe va défendre nos emplois, la France va défendre nos emplois, etc, etc… Et nous, là-dedans, nous travailleurs, en tant que force sociale capable de faire face aux classes dirigeantes, sommes-nous juste les seuls qui ne saurions pas les défendre et qui n’aurions que nos yeux pour pleurer et nos mains pour supplier ? Sommes-nous seulement forts de nos bulletins de vote ? Devenons-nous nous accrocher à la confiance dans notre entreprise, dans notre patron, dans notre pays, dans le système économique, comme à une bouée de sauvetage alors que ce sont seulement des Titanic ? Sommes-nous complètement désarmés si des patrons des trusts, des banques, de la finance ou du gouvernement nous disent qu’ils n’ont plus besoin de nous ? Devons-nous fatalement nous taire ou nous aligner sur la politique des centrales syndicales, tout attendre du nouveau gouvernement ou désespérer de l’avenir ?

Certains ont des espoirs fondés sur le nouveau pouvoir "socialiste". Ils se trompent : il y a toujours le même pouvoir capitaliste, toujours la même crise et les mêmes prétendues solutions. La meilleure preuve, c’est emplois dans l’enseignement qu’Hollande avait prétendu défendre contre Sarkozy. Voyez les primaire ! Hollande prétend qu’il vient d’y créer mille emplois. Eh bien, la réalité est tout autre : il a entériné les 14.000 suppressions d’emplois que Sarkozy y planifiait et en a finalement supprimé seulement 13.000. C’est ce qu’il appelle mille créations de postes ! Voilà la méthode d’emballage rose de la même politique au service des capitalistes. Par contre, le même Hollande trouve assez d’argent pour prévoir des centaines de milliards d’aides aux capitalistes, financiers et banquiers de France et d’Europe !

Ils prétendent résoudre la crise en faisant de nouveaux emprunts et en prétendant que cela n’augmentera pas le mur de dettes qui ne cesse de s’élever et ils n’empruntent que pour donner aux ceux-là même qui ont spéculé, qui ont causé la crise, qui nuisent à l’économie, aux monnaies, au crédit des Etats et qui en profitent ! Voilà toutes les prétendues solutions d’un Hollande : relancer l’économie capitaliste par de nouveaux types d’emprunts, de nouvelles dettes d’Etat sans que les capitalistes ne mettent leurs capitaux privés dans l’économie !

L’Etat, qui n’a pas d’argent pour des emplois d’infirmières, d’aides-soignantes, de postiers, de cheminots et d’enseignants, en a suffisamment pour des guerres en Libye, en Côte d’ivoire ou en Afghanistan, assez pour aider toutes les banques du monde, toutes les bourses, tous les financiers et trusts !

Ceux qui prétendent qu’il faut compter sur les gouvernants, sur les patrons, sur les centrales syndicales, sur quiconque sauf sur nous-mêmes, pour défendre nos emplois mentent ou se trompent. Bien entendu, ils appuient leur pessimisme sur le fait que tous les Conti, tous les New Fabris, ont été battus en luttant séparément pour leurs emplois. Ils ont tout au plus obtenu quelques indemnités comme les sidérurgistes de Lorraine. Mais la taille des indemnités, c’est ce qui fait toute la différence !

Certains répondent que c’est normal : si un patron n’a pas de boulot pour nous, il ne va pas travailler à perte et, d’une manière ou d’une autre, il va se séparer de nous. Il faudrait juste négocier habilement les conditions de départ. Et donc accepter d’être jetés à la rue comme on accepte que d’autres restent au chômage pendant que nous avons un CDI. Mais justement, du moment que c’est l’ensemble des salariés qui sont menacés de perdre leur emploi et non une minorité, la situation change et la manière de réagir aussi. Il n’y a plus d’un côté les salariés et de l’autre les chômeurs, puis d’un côté les CDI et de l’autre les CDD. Nous sommes tous sur des sièges éjectables et, dès lors, nous ne devons plus seulement « défendre l’entreprise », le contrat d’entreprise, nous devons nous défendre en tant que classe.

Cela signifie cesser de considérer à part l’emploi et le chômage puisque nous sommes tous des chômeurs en sursis. Nous ne devons plus accepter la logique de l’entreprise : des profits et de surcharges de travail quand ça va bien et des licenciements quand ça va mal…

Aujourd’hui, ce n’est plus telle ou telle entreprise, tel ou tel secteur, tel ou tel pays qui prend l’eau : c’est toute la société, c’est toute l’économie mondiale. Quand le capital lui-même refuse d’exploiter la force de travail, il ne sert à rien de se voiler la face. Le système capitaliste n’ira pas plus loin, il a atteint son bout de course et toutes les mesures invraisemblables des gouvernements pour le soutenir ne feront qu’aggraver la situation.

Les centaines de milliards qu’ils vont encore lâcher pour soutenir le capitalisme pour la nième fois depuis 2008, c’est autant qui est pris à tous les peuples de la planète pour vivre autrement.

Car, si les classes dirigeantes tiennent à faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à leur monde en faillite, elles savent que cela n’est pas vrai. Les salariés d’une entreprise pensent dépendre d’un patron. Mais les travailleurs du monde ne dépendent pas du capital ! Sans eux, le capital est mort et sans le capital, les travailleurs peuvent parfaitement organiser harmonieusement une société différente.

Et, avant même d’aller jusque là, les travailleurs peuvent renverser le rapport de forces en passant de menacés à menaçants. Si les banques licencient massivement, menacent nos épargnes, si les trusts menacent nos emplois et nos salaires, si les gouvernements ont des centaines de milliards pour les soutenir mais plus rien pour nos services publics, alors c’est guerre sociale et les armes changent. Les rapports de force peuvent alors changer à condition que nous ne nous contentions pas de supplier à la suite des centrales syndicales, que nous ne nous contentions pas de les envoyer négocier ou nous-mêmes de nous promener dans les rues en criant plus ou moins.

Les entreprises, c’est notre travail. L’argent des banques, c’est nos comptes. Nos avons de nombreux moyens de menacer les classes dirigeantes qui, elles, ne se gênent pas pour nous menacer et les Etats qui les soutiennent. Guerre aux licencieurs, guerre aux affameurs du peuple travailleur, devrait être le cri des opprimés dans la période qui vient.

Loin des promenades syndicales, des journées d’action sans lendemain, des luttes isolées, entreprise par entreprise, secteur par secteur, unissons public et privé, travailleurs et chômeurs, CDI et précaires, menons la lutte des classes. Et frappons : œil pour œil, dent pour dent. Et même, pour une dent toute la gueule. Pour un site fermé, toute l’entreprise bloquée. Pour une banque qui menace nos épargnes, tous nos comptes retirés.

On a voulu nous faire croire que c’est le terrorisme qui nous déclare la guerre, que c’est l’Afghanistan qui nous attaque, que c’est la Libye qui nous menace, que c’est la Côte d’Ivoire qui est dangereuse pour nous et demain on prétendra que c’est la Chine, la Russie, l’Iran ou l’Inde ! Mais la réalité, c’est que ceux qui menacent directement nos vies sont "nos" patrons, "nos" banquiers, "nos" Etats !

Ils ne sont pas en guerre contre la crise. Ils ne sont pas en guerre contre les dettes. Ils ne sont pas en guerre contre les dictatures ! Ils sont en guerre contre nous, travailleurs !!!

Ils bloquent nos comptes en banque, suppriment nos emplois, nous coupent l’électricité et le gaz, nous refusent nos emprunts, détruisent l’avenir de nos enfants, de nos familles. Ils détruisent nos retraites, notre sécurité sociale, notre système de santé, nos transports, notre système d’éducation et on devrait rester sans rien faire, tout juste à se plaindre ? On devrait compter sur nos vrais ennemis pour nous défendre et seulement marcher de temps en temps pour les en supplier !

Déclarons la guerre à ceux qui nous déclarent la guerre !

Les banques nous menacent ? Retirons notre argent des banques et menaçons de les couler !

Les trusts nous menacent ? Cessons de défendre l’entreprise ! Bloquons les toutes et menaçons leurs rentrées d’argent ! Occupons les entreprises et contestons sa propriété privée au patron !

L’Etat est au service des trusts et des banquiers au lieu d’aider les familles de travailleurs menacées dans leurs emplois, leurs logements, leur santé ? L’Etat menace l’hôpital public, les transports publics, l’enseignement public, l’ensemble des services publics ? Eh bien cessons de payer nos impôts en entretenant nos ennemis par notre argent !

Et pour cela, cessons de faire confiance aux politiciens et aux centrales syndicales liées ua système. Organisons-nous dans des conseils de salariés sur la base des entreprises et des quartiers.

Cessons de croire à tous ceux qui nous proposent de négocier, de réformer, de moraliser, de réguler, d’encadrer, de mener des pourparlers entre syndicats, Etat et classes dirigeantes. Nous ne sommes faibles que de notre refus de nous attaquer au système. Dès lors que nous admettons que le système tout entier est devenu notre ennemi mortel, nous redevenons une force considérable : le prolétariat révolutionnaire.

Notre pire ennemi sera toujours notre propre pessimisme sur nos forces, sur notre capacité à nous organiser sous-mêmes en conseils de salariés, en comités d’usine et de quartier, à nous unir par delà les professions, les secteurs et les sites, sur nos perspectives de classe à bâtir une autre société au service des travailleurs et plus au service des financiers, boursicoteurs, banquiers et patrons des trusts...

Il n’y a qu’un pas à faire pour prendre conscience de la situation et de notre rôle et ce pas est vital car notre avenir et celui de nos enfants en dépendent.

Le capitalisme est mort en tant que système dynamique, ce qui n’empêche pas qu’il nous entrainerait bien dans sa tombe, si on se laissait faire...

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