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Alors que le pouvoir annonçait que le mouvement ne prenait pas en Algérie, une vague de grèves parcourt le pays...

mardi 22 février 2011, par Robert Paris

" L’effet domino est une invention des médias y compris les médias algériens qui sont très libres. Je ne crois pas que cela s’applique à l’Algérie. L’Algérie n’est pas l’Egypte ou la Tunisie ", a déclaré le ministre algérien alors qu’il se trouvait vendredi en Espagne.

L’Algérie, selon lui, reste calme et sans mobilisations...

Mais elle est confrontée à des grèves en série

Elles touchent des secteurs habituellement peu contestataires comme la Justice, avec un mouvement des greffiers qui entre ce mardi dans son sixième jour.

Le front social est en ébullition. Plus de trente immolations. Et pas un jour sans explosion de colère. Dimanche, à Annaba (Est algérien), des affrontements ont opposé des milliers de jeunes chômeurs à la police. À l’origine, une offre de quelques centaines d’emplois proposée par les autorités locales. Pas assez dans une ville frappée par un fort taux de chômage. Le complexe sidérurgique, qui employait 17 000 salariés, racheté dans les années 2000 par le géant
indien ArcelorMittal, n’en emploie plus que 6 000. Le plan d’ajustement structurel imposé par le FMI en 1994 est passé par là... De prospère, Annaba est devenue pauvre et ne fait pas exception. Kherrata, Akbou (Kabylie), Meghaier (Sud-Est algérien), Ouargla, Souk-Ahras près de la frontière tunisienne, Telagh (Ouest algérien), Ain Defla à l’ouest d’Alger ont également été le théâtre de manifestations de chômeurs. Quand ce ne sont pas des logements qui sont squattés comme cela s’est passé ce week-end dans la banlieue est d’Alger.

La vague de protestation touche aussi les employés para-médicaux, les agents municipaux, ainsi que l’élite universitaire, avec une grève des étudiants des grandes écoles d’ingénieurs qui demandent depuis des semaines l’abrogation d’un décret officiel qu’ils jugent dévalorisant pour leur diplôme.

Lundi, la police a dispersé de manière musclée un rassemblement des protestataires devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Alger, faisant au moins un blessé.

En colère, des étudiants tiennent à poursuivre leur mouvement de grève. Ils semblent déterminés à passer des nuits devant le ministère de l’Enseignement supérieur jusqu’à abrogation du décret contesté.

Ils étaient nombreux les étudiants venus manifester leur colère. La voie noire de monde menant au ministère de l’Enseignement supérieur à Ben- Aknoun était fermée à la circulation.

A l’entrée de la rue menant au ministère, des étudiants détournaient les véhicules vers un autre sens pour que leur manifestation ne soit pas gênée. Un peu plus haut, à 150 mètres de l’enceinte du ministère, les manifestants étaient là depuis la matinée demandant l’abrogation du décret (n° 10-315 du 13 décembre 2010) tant décrié par les étudiants du système classique. Aux environs de midi, c’est l’arrivée des forces de l’ordre qui ont voulu disperser les manifestants. L’intervention des forces de l’ordre a fait quelques blessés. L’intervention des agents de l’ordre n’a pas duré longtemps. Une vingtaine de minutes. Les forces de l’ordre cèdent le passage aux manifestants qui sont descendus encore plus bas pour s’installer en sit-in devant la porte centrale du ministère du département de Rachid Harraoubia. « Voilà, nous sommes soi-disant l’élite du pays et voilà comment on nous traite », affirmait une étudiante en colère. Un membre de la délégation des étudiants enchaîne : « Il y a des doctorants, des chercheurs… qui ont reçu ce matin des coups de matraque. » « Voilà ce que signifiait pour eux la future élite du pays », ajoutait un membre de la délégation des étudiants grévistes.

Nombreux d’entre eux affirment ne pas comprendre le pourquoi de cette intervention pour le moins musclée. « Avions-nous l’air de casseurs, en plus dans un endroit aussi isolé ? », s’interrogeait une manifestante en colère qui trouve qu’un tel traitement des étudiants est « indigne ». Les grévistes affirment ne pas renoncer jusqu’à satisfaction de leur revendication : l’annulation du décret contesté. « Des promesses et encore des promesses », a commenté un délégué des étudiants concernant la dernière réunion avec des représentants du ministère. « On nous donne une promesse qui n’est autre qu’une recommandation faite par le ministère et qui sera étudiée par les autorités concernées. Des mots qui ne signifient absolument rien pour nous. » Les étudiants ne comptent pas cesser leur pression. Ils affirment, en outre, n’appartenir à aucune organisation estudiantine. Ils représentent diverses universités du pays. Ils déplorent le « mépris » du ministère depuis le début de leur grève. « Le ministère de l’Enseignement supérieur tente toujours de faire passer la pilule en conviant des organisations estudiantines ne représentant qu’elles- mêmes. Elles représentent tout au plus 1% des étudiants ou peut-être moins », affirme un délégué venu de l’université de Jijel.

A Annaba, la métropole industrielle de l’est algérien, sept chômeurs se sont auto-mutilés sur le toit de la préfecture lors d’un rassemblement de jeunes pour demander du travail.

Les salariés de la Tuberie sans soudure (TSS), relevant de l’entreprise ArcelorMittal d’El-Hadjar (Annaba), ont déclenché, hier, une “grève générale illimitée”. Outre l’application de l’accord de “l’échelon de mérite” et la clarification de la situation de leur unité de production en manque d’un plan de charge depuis presqu’une année, les grévistes réclament des garanties quant à la préservation de leurs emplois.
Les grévistes menacent de bloquer l’accès à l’entreprise et d’organiser une marche pour faire valoir leurs revendications, a déclaré un de leurs délégués.

Grèves, sit-in, rassemblements
Le front social s’agite
Plusieurs secteurs enregistrent ces jours-ci des mouvements de protestation pour divers motifs, lesquels tendent tous vers une seule finalité : l’amélioration des conditions de vie socioéconomiques.
Si les manières de réclamer leurs droits et d’exprimer leur ras-le-bol sont différentes, les revendications des protestataires sont, elles, presque identiques : emploi, logement, augmentation salariale, amélioration des conditions de vie.
Dans la wilaya de Boumerdès, les chômeurs des localités de Naciria et de Bordj Ménaïel, ont poursuivi hier, pour la deuxième journée consécutive, leur manifestation pour protester contre le chômage. Les manifestants, qui ont bloqué de nouveau la RN12 reliant Tizi Ouzou à Alger à l’aide de pneus brûlés et de blocs de pierres, réclament que soient tenues les promesses qui leur ont été faites par les responsables de la daïra quant à leur recrutement dans le cadre du dispositif CFI. Dans la wilaya de Béjaïa, une centaine de travailleurs de l’Entreprise des travaux d’électricité (Etde), n’ayant pas perçu de salaire depuis quinze mois, ont observé hier un sit-in devant le siège de la wilaya.
Ces travailleurs exigent la reprise de leur entreprise par l’Etat et le paiement de leurs arriérés de salaires et de leurs indemnités conformément, selon eux, au décret exécutif du gouvernement. A l’ouest du pays, 150 gardes communaux de la wilaya de Saïda ont observé, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya. Ce mouvement de protestation intervient suite aux mesures prises par le ministère de l’Intérieur relatives au redéploiement de ce corps. Les protestataires ont annoncé leur refus de rejoindre la vie civile en devenant de simples agents de sécurité dans des administrations publiques. Pour protester contre le décret présidentiel datant du 17 décembre, lequel stipule que le diplôme de mastère (bac +5) est désormais équivalent au diplôme de magistère (bac +7), les étudiants de plusieurs grandes écoles universitaires ont décidé d’entamer une grève illimitée. Ils se sont rassemblés hier devant le ministère de l’Enseignement supérieur, en dépit de l’interdiction des marches et rassemblements sur la voie publique à Alger. Ils ont insisté sur le fait que leurs revendications n’ont rien de politique. En outre, et après deux jours de grève consécutifs observés à travers 40 wilayas du pays, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) s’est dit « prêt à dialoguer » avec le ministère de la Santé, a indiqué, hier, son secrétaire général, Ghachi Lounès. Ce dernier a exprimé la disposition du SAP à dialoguer de nouveau avec le ministère de la Santé autour des revendications qui ont motivé la grève illimitée des paramédicaux, entamée mardi. Il a déclaré, toutefois, que le SAP ne veut pas d’un dialogue de sourds et maintient ses revendications, à savoir un engagement écrit du ministère concernant l’intégration dans le tableau A catégorie 11, l’intégration de la formation paramédicale dans le système LMD (licence-mastère-doctorat) et la réintégration de 6 collègues suspendus.

Sur le déroulement de la grève, il a soutenu qu’elle est observée dans 40 wilayas et que le taux de suivi global est estimé à 90%. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a estimé, par ailleurs, que la grève a été faiblement suivie hier avec un taux de 11,57%.

Le porte-parole du SAP, Lounes Ghachi, expliquait : « Les directeurs d’hôpitaux ont été instruits d’empêcher la grève, en procédant à des menaces et des intimidations, mais sans parvenir à entamer la détermination des paramédicaux. »

Hier, des intérimaires en fin de contrat à l’usine chimique publique ENAD à Sour-El-Ghozlane manifestaient devant les locaux de la direction pour récupérer leurs emplois. Les licenciements avaient commencé en mars dernier. D’après des entretiens accordés à Liberté, les travailleurs menacent de se suicider si leurs demandes ne sont pas acceptées.

Le directeur de l’usine a déclaré à Liberté qu’il refusait de réembaucher les travailleurs : « Moi je n’ai jamais promis leur réintégration. »

Les jeunes au chômage bloquent également les routes nationales qui relient bon nombre de villes algériennes. Les jeunes de Naciria et Boumerdès ont bloqué la RN 12 hier demandant des emplois et le paiement d’une indemnité de chômage mensuelle de 12 000 Dinars algériens, soit environs 120 euros.

Les jours précédents, il y a eu des reportages faisant état de violentes échauffourées entre la police et les jeunes chômeurs sur la RN 12 près de Naciria, sur la RN3 entre Skikda et Constantine, et avec 200 jeunes sur la route d’Alger à Tizi-Ouzou.

Les travailleurs de l’usine à lait "la vallée" à Tazmalt ont également fermé la route Bejaïa-Algers, demandant la réintégration de 40 travailleurs renvoyés en raison de la chute de la demande pour le lait en poudre.

Des centaines d’étudiants de Boumerdès, de Blida, d’Oran et d’autres wilayas ont rejoint le sit-in des écoles nationales, organisé devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cette protestation a pris une dimension nationale.

De nombreuses universités ont été paralysées. La grève des étudiants des facultés de l’université M’hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB) s’est poursuivie, hier, pour la 5e journée consécutive. Et une centaine d’étudiants de Boumerdès a décidé de rester devant le ministère jusqu’à la satisfaction de leurs revendications, dont l’annulation du décret n°10-315. De leur côté, les étudiants de M’sila de l’université Mohamed-Boudiaf ont menacé de descendre dans la rue. A Tizi Ouzou, ceux des facultés de génie électrique et informatique, génie de la construction sciences agronomiques et biologiques, ainsi que le département d’architecture de l’université Mouloud-Mammeri maintiennent le mouvement de grève pour l’abrogation du décret présidentiel n°10-315 de 2010. Les étudiants de l’université Abderrahmane-Mira de Béjaïa ont fermé dimanche trois facultés de Targa Ouzemmour.
S’agissant du secteur de la santé, les paramédicaux poursuivent leur grève illimitée entamée depuis le 8 février. Hormis la revendication liée au statut particulier, les infirmiers se plaignent des conditions de travail jugées catastrophiques et dénoncent l’indifférence et le mépris affichés à leur encontre par les pouvoirs publics et le ministre Ould Abbès.
La Protection civile n’est pas en reste de ce mouvement de protestation puisque, dans un communiqué du bureau national du syndicat des agents de la Protection civile affiliés à l’Ugta, il est mentionné : « Suite au refus constant de la direction générale de la Protection civile du principe du dialogue dans le cadre de la prise en charge professionnelle et sociale des travailleurs, soumis par l’APN, il a été décidé de recourir, à partir du 27 février, à un mouvement de protestation dans l’ensemble des structures jusqu’à l’aboutissement des revendications ». Il en est de même pour le secteur de l’éducation nationale où les intendants envisagent de réinvestir le terrain de la protestation.
Ils ont décidé d’observer un sit-in le 28 février devant le ministère de l’Education nationale pour exiger la satisfaction de leurs revendications exprimées depuis plus de 3 ans. Enfin, concernant la justice, plusieurs cours et tribunaux dans plusieurs wilayas, dont Biskra, Guelma, Bordj Bou-Arréridj, Tébessa, Batna, Boumerdès, Alger et Blida sont paralysés par les greffiers qui ont entamé, hier, une grève illimitée.

Il y a de multiples grèves un peu partout.

Un exemple : l’entreprise de transports publics de Tiaret...

Les travailleurs refusent de reconnaître la section syndicale, demandent son gel et évoquent des problèmes avec le directeur.

Une centaine de travailleurs sur un effectif de 175 de l’ETT (entreprise de transport publique de Tiaret), créée sur initiative de la Présidence de la République depuis le 1er avril 2008, sont entrés en grève pour protester contre ce qu’ils qualifient de « pourrissement dans les relations de travail d’une part avec le directeur et d’autre part du refus de la section syndicale UGTA ». Une plateforme de revendications comportant une dizaine de points a été élaborée et remise à qui de droit dont copie a été adressée à El Watan. Selon nos interlocuteurs, « les travailleurs refusent de reconnaître la section syndicale, demandent son gel et évoquent des problèmes avec le directeur ».

À l’endroit de ce responsable, les protestataires arguent de « décisions contraires au règlement intérieur de l’entreprise, des menaces à l’endroit des travailleurs, des retenues de journées de travail pour des motifs liés à des accidents de la circulation alors qu’il y a souscription d’assurance et d’autres griefs » pour lesquels ils exigent une commission d’enquête.

Pour sa part, M. Rezag Hebib, directeur de l’entreprise, contacté, réfute les allégations de ses contradicteurs et fait savoir que « le travail n’a pas cessé puisque seuls quelques chauffeurs ont fait grève pour exiger le renouvellement du syndicat ». Le directeur fait savoir qu’« un rapport circonstancié a été adressé à la tutelle » et ajoute que son « entreprise est classée parmi les meilleures à l’échelle nationale ». Le secrétaire général de l’union de wilaya, UGTA joint par téléphone, affirme que « l’ex- secrétaire général de la section syndicale avait démissionné de son poste et n’avait pas le droit de le représenter ».

M.Mohamed Abdelhadi ajoute que « ce syndicaliste est venu nous remettre une pétition pour se réapproprier la section syndicale. Démarche que le patron du vieux syndicat dit ne pas admettre » bien que, conclut-il, désapprouve les dernières décisions du directeur. Ce dernier les a traduits devant la commission de discipline et voulait les licencier. Hier, les bus suisses de l’ETT n’étaient pas en grand nombre mais le service minimum était largement assuré.
Les greffiers de justice entrés en grève mercredi dernier n’ont pas l’intention de reprendre leur travail. Ils exigent que toutes leurs revendications soient satisfaites. « Nous ne céderons pas aux pressions du ministère de la Justice », ont-ils clamé hier dans un sit-in organisé à la cour d’Alger. Les grévistes estiment qu’ils sont lésés dans leurs droits et vivent dans des conditions socioprofessionnelles indécentes. Aussi réclament-ils une revalorisation de leurs salaires qui devraient atteindre au moins 80% de ceux perçus par les magistrats dans la mesure où « nous sommes des auxiliaires de justice ». Ils revendiquent également des prêts pour l’achat de véhicules dès lors qu’ils ne disposent pas de transport et trouvent des difficultés à regagner leur domicile. Notamment lorsque les audiences en criminelle se terminent tard dans la nuit. Ils veulent également que la tutelle mette à leur disposition des logements
de fonction, à l’instar des autres fonctionnaires du secteur ; le cas échéant, l’équivalent en argent pour pouvoir acquérir des
appartements. Plus que cela, ces auxiliaires de justice rejettent le statut particulier qu’ils considèrent, à juste titre, beaucoup plus comme un véritable code pénal qu’un texte qui organise leur profession. En ce sens qu’il ne comprend que des devoirs et obligations, en plus de dispositions disciplinaires dans le cas de fautes professionnelles classées jusqu’au 4e degré. Pour le moment, le ministère ne semble pas accorder trop d’importance à ce mouvement de protestation qui a pour conséquence la paralysie des tribunaux et cours. Plus grave, il a été décidé de substituer les huissiers de justice aux greffiers. Une substitution qui a fait sortir les avocats de la défense de leurs gonds, estimant que c’est là une pratique illégale et totalement contraire à la procédure. En effet, l’exercice de la profession d’huissier de justice est différent de celle du greffier de justice. Le premier est chargé de notifier aux parties en conflit le jugement rendu par les tribunaux. Il veille aussi à ce que ces décisions de justice soient réellement appliquées et exécutées. Quant au greffier, c’est un véritable procédurier, il a pour mission d’assister les présidents et les juges. Il est garant de la procédure. En raison de la nature de sa fonction, le greffier est présent à toutes les étapes de la procédure, il est également chargé de garantir l’authenticité des jugements. Cet auxiliaire de justice a la lourde charge de transcrire l’intégralité du déroulement d’un procès, de dresser les procès-verbaux et de rédiger les décisions du tribunal. Plus important, il est chargé de la conservation des archives et de toutes les pièces. Il constitue les dossiers, procède à l’enregistrement, informe les parties en conflit de la date de l’audience et réceptionne les interjections d’appel ou les pourvois en cassation. En fait, c’est la véritable cheville ouvrière. Nous sommes donc loin des missions dévolues à l’huissier de justice qui ne démérite pas. Mais « à chacun son métier et… » Dès lors, il a droit à plus de considération de la part de sa tutelle. Laquelle n’a aucun intérêt à laisser pourrir la situation par son entêtement au détriment des justiciables, dont certains se trouvent en détention et voient leur audience reportée en raison de la grève illimitée.

Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) veut faire pression sur le ministère de la Santé en assurant le service minimum dans les principaux établissements hospitaliers. Le personnel de l’éducation nationale fait de même en appelant à un rassemblement devant le ministère. Ils réclament notamment une augmentation de salaire et une hausse de la prime de rendement.

Les chômeurs prévoient pour leur part le 6 février un mouvement de protestation devant le siège du ministère du Travail à Alger où ils comptent déposer une plate-forme de revendications.

Ces mouvements de grogne interviennent à un moment crucial pour le pays où la révolution en Tunisie comme en Egypte est scrutée par le pouvoir qui craint sérieusement une contagion. La toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie, qui regroupe des mouvements d’opposition et organisations de la société civile, a appelé à une grande marche dans la capitale le 12 février.

Manifestations interdites

Cette coordination, née le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début janvier qui ont fait cinq morts et plus de 1000 blessés, revendique la levée de l’état d’urgence, instauré il y a 19 ans, mais surtout « le départ du système ».

La Coordination, dont fait partie le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition) s’attend à ce que l’autorisation des autorités pour cette marche soit refusée. Le ministre algérien de l’Intérieur Dahou Ould Kablia avait rappelé dimanche dernier qu’aucune marche ne sera autorisée par les autorités à Alger, dans un entretien au quotidien francophone Liberté. Le ministre a expliqué que l’interdiction des marches étaient justifiée par des raisons de sécurité.
Le 22 janvier dernier, une manifestation du parti d’opposition RCD, a été sévèrement réprimée par les autorités. Les heurts entre protestataires et forces de l’ordre ont fait une cinquantaine de blessés dont sept policiers.

Le front social est en ébullition en Algérie. Le secteur paramédical a entamé hier une grève de deux jours pour revendiquer des augmentations de salaire. « La grève a été suivie à plus de 90% », se félicite le président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Lounès Ghachi.

Si les autorités ne répondent pas favorablement à ses revendications, le syndicat prévoit de passer à une grève générale illimitée à partir du 8 février. L’Algérie compte 90 000 employés dans le secteur paramédical dont les salaires varient entre 265 et 385 francs suisses. Le salaire minimum est de 200 francs suisses.

En dehors des urgences, aucune intervention chirurgicale ni examen médical ne sont assurés depuis plus de dix jours dans les CHU de la capitale.

Plusieurs services dans les établissements de santé publique au niveau de la capitale sont gelés par le mouvement de grève illimitée entamé par les paramédicaux depuis le 8 février.
Une virée dans les deux principaux hôpitaux d’Alger, CHU Mustapha Pacha et CHU de Bab El Oued, nous a permis de constater une paralysie générale des activités chirurgicales. Les blocs opératoires, les services de réanimation, les laboratoires d’analyses et les salles de soins sont désertées par le personnel paramédical. Ce qui perturbe l’activité médicale et suscite une vive tension au sein de ces services. Les malades sont livrés à eux-mêmes. Outre le report des interventions chirurgicales non urgentes, les malades hospitalisés nécessiteux sont délaissés.

Aucun prélèvement sanguin ni autres examen médical ne sont effectués. La liste des malades renvoyés et reprogrammés s’allonge de jour en jour, surtout qu’il y a une semaine, de nombreux patients n’ont pu être opérés par manque de produits anesthésiants dans les hôpitaux. Un problème qui persiste encore malgré les assurances du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. Le service minimum est, certes, assuré, comme le souligne un infirmier, membre du Syndicat national des paramédicaux (SAP) qui a appelé à la grève illimitée. Le SAP entend durcir le ton, tant les revendications ne sont pas satisfaites. Et les malades souffrent de cette situation qui se complique. « Au Centre anticancéreux Pierre et Marie Curie, toutes les séances de chimiothérapie sont annulés, les interventions chirurgicales le sont également. Le report des opérations chirurgicales a provoqué un chamboulement dans l’agenda des rendez-vous et une augmentation du nombre de malades, ce qui influera sur les activités du service pour les prochains mois », s’indigne un praticien qui interpelle les pouvoirs publics pour la satisfaction des revendications des paramédicaux. « On ne peut rien faire sans eux, dira-t-il avant de s’interroger : qui « pousse au pourrissement ? ».

Comment peut-on faire la sourdre oreille face à des revendications légitimes dans un secteur aussi sensible que celui de la santé. Au service de chirurgie, à l’hôpital de Bab el Oued, où un rassemblement de tous les représentants du syndicat des autres établissements a eu lieu hier matin, le programme des interventions chirurgicales n’a pas pu être réalisé. « Toutes les interventions sont annulées aujourd’hui (hier, ndlr). Je tourne dans le service à ne rien faire alors que des malades dont certains souffrent de graves maladies attendent d’être soulagés. On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions.
Les grévistes ont le droit de revendiquer des choses pour l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, par contre le ministère de la Santé n’a pas le droit de faire de fausses promesses et envenimer la situation car il y va de la vie des malades », souligne un chirurgien tout en exprimant sa solidarité avec le SAP et souhaite le renforcement de tous les services par des paramédicaux qualifiés.

Les salariés de la santé ne sont pas les seuls à gronder. A Bejaia, en Kabylie (est d’Alger), les enseignants de l’éducation nationale ont entamé hier une grève de deux jours, à l’appel de syndicats autonomes, pour protester contre la gestion opaque des œuvres sociales et réclamer le paiement des salaires des contractuels.

Toujours en Kabylie, à Tizi Ouzou, une marche pour le changement initiée par la Coordination des étudiants de l’université a réuni entre 5000 (selon la police) et 15 000 personnes (selon les organisateurs). Et à Annaba (extrême est), près de 300 employés d’une société de sous-traitance observent un débrayage depuis plusieurs jours pour réclamer leur intégration à Fertial, une entreprise algéro-espagnole de production d’engrais.

Ces grèves et marches interviennent dans un contexte social marqué par la montée en puissance des revendications sala­riales et la multiplication des tentatives de chômeurs de s’immoler par le feu. D’autres protestations sont annoncées pour les prochains jours.

La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) vient d’être renforcée par l’adhésion du Syndicat national des travailleurs de la formation professionnelle (SNTFP) à sa démarche. Dans un communiqué rendu public hier, le SNTFP a annoncé son intégration à la CNCD pour « participer au changement de manière pacifique ». Le syndicat a justifié sa décision de se joindre au mouvement réclamant le changement en Algérie par le fait que « l’exclusion et la marginalisation sont devenues des pratiques quotidiennes » et « que les pouvoirs publics ne respectent plus les libertés syndicales ».

Le Syndicat des travailleurs de la formation professionnelle a estimé également qu’il ne peut rester à l’écart des aspirations nationales pour les libertés syndicales en Algérie. Ainsi, le SNTFP, que préside Djilali Oukil, a considéré que la CNCD « traduit dans une large mesure » ses aspirations. Il est à souligner que cette dernière regroupe en son sein, en plus des partis et autres organisations, des syndicats tels que le Satef, le Snapap et le CLA.

La coordination nationale pour le changement et la démocratie constituée de syndicats auto­nomes, de partis politiques et de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a décidé de défier le pouvoir en maintenant sa marche interdite pour le 12 février à Alger.

Pour calmer le front social et éviter la contagion de la révolution tunisienne et du soulèvement populaire en Egypte, le gouvernement algérien a décidé d’utiliser la manne pétrolière (200 milliards de dollars dans les caisses de l’Etat). Il subventionne ainsi les prix du sucre et de l’huile, dont les hausses ont provoqué des émeutes meurtrières début janvier. Il a également ordonné aux entreprises publiques de recruter massivement des jeunes, a suspendu le retrait du permis de conduire aux chauffards et interdit aux stations- service la vente de l’essence dans les bidons afin de lutter contre les tentatives d’immolation par le feu.

Le gouvernement algérien dépense annuellement près de 26,5 milliards de francs suisses pour acheter la paix sociale. Les dépenses sociales ne profitent pas toutefois à tous les nécessiteux. Gérés dans l’opacité, ils permettent d’alimenter des réseaux de corruption qui se sont multipliés depuis 2000.

La nouvelle flambée des prix n’a été que la goutte de trop. Il ne se passe pas une semaine en Algérie sans que, ici ou là, on assiste à un rassemblement devant une sous-préfecture ou une mairie, un blocage de carrefour ou de route nationale pour des raisons aussi multiples qu’une coupure de courant, le manque d’eau ou les critères totalement occultes, voire la corruption claire et nette, dans la distribution des logements sociaux.

L’un des Algériens qui a tenté ces derniers jours de s’immoler, à l’exemple du jeune chômeur, le 12 janvier à Bordj Menaiel (70 km à l’est d’Alger), était un employé territorial, père de six enfants, désespéré de se voir refuser une nouvelle fois un logement. Heureusement il n’y a pas que le désespoir. Mardi 28 décembre, une semaine avant les émeutes généralisées qui ont marqué l’actualité, des centaines de jeunes bloquaient une grande route et affrontaient les forces de l’ordre à Baraki, une des banlieues pauvres d’Alger, pour réclamer les logements décents qu’on leur promet depuis des années. Une émeute « ordinaire » en quelque sorte. Elle avait été précédée la veille par des protestations semblables dans d’autres quartiers pauvres, à Laquiba, et à Rouiba dans la zone des « chalets », ces baraquements provisoires installés pour reloger les victimes du séisme de 2003 qui sont encore là sept ans après, totalement délabrés. À la mi-décembre un rassemblement d’habitants de la ville de Yellel (dans l’ouest du pays) devant le siège de la « daïra » (équivalent de nos sous-préfectures) réclamait l’affichage public des attributions de logements. Fin novembre, dans la petite ville de Tagzout (près de Bouira à 120 km au sud-est d’Alger), les enseignants des collèges, les instituteurs et les conducteurs de bus se mettaient en grève pour soutenir deux pères de famille en grève de la faim pour avoir été exclus de la liste des relogements. Pour citer quelques exemples récents.

Et partout le problème essentiel, le chômage : officiellement de 10 %, il touche en réalité 60 % de la population active de moins de 30 ans. Sans parler des femmes qui sont pratiquement absentes des statistiques, puisque seul un million d’entre elles, sur une population de 35 millions, sont comptabilisées dans la « population active ».
Manne pétrolière et creusement des inégalités

Les années 1991-2000 de la guerre entre armée et groupes islamistes, par la pression qu’elle exerçait sur l’ensemble le la population, la terreur qu’elle faisait régner, sans oublier les militants syndicaux assassinés (dont bien malin celui qui pouvait dire si c’était par des islamistes ou par l’armée), ont facilité bien des attaques contre les travailleurs, notamment le démantèlement d’une bonne partie des entreprises d’État, confiées ensuite au privé avec des fournées de licenciements à la clé.

Quant aux recettes engrangées par l’État algérien grâce au cours élevé du pétrole au cours des années 2000, elles n’ont rien apporté à la population pauvre. Elles ont bénéficié à une petite minorité d’affairistes de la haute société algérienne et surtout aux banques occidentales auxquelles l’État algérien à reversé quelque 40 milliards de dollars (sans parler des intérêts versés annuellement) pour réduire sa dette et « gagner la confiance » d’investisseurs qu’il cherchait à attirer dans le pays. La politique de grands travaux de ces dernières années ou la construction de quelques grands hôtels pour hommes d’affaires, ce n’était pas pour les plus démunis. Pas plus que le programme de construction de logements confié à des entreprises chinoises amenant leurs ouvriers encore moins payés qu’un ouvrier algérien. Il ne s’agissait pour l’essentiel pas de logements sociaux, mais de logements mis en location-vente, avec des aides de l’État, pour cibler la petite bourgeoisie du pays. Cette petite bourgeoisie qui a pu aussi bénéficier en partie des multiples aides à la création d’entreprises accordées par le gouvernement. Soit dit en passant, bien des cadres islamistes, qui se sont recyclés sous les auspices de la réconciliation nationale décidée par Bouteflika, ont profité de cette manne pour se faire une place au soleil.

Quoi d’étonnant que lors des journées d’émeutes de ce début janvier, les jeunes ne s’en soient pas seulement pris à ce qui à leurs yeux représente l’État, sous-préfectures, gendarmeries, bâtiments publics ou cabines téléphoniques, mais aussi aux vitrines rutilantes d’une agence Renault ou d’un marchand de téléviseurs Samsung à écrans plats.
La contestation ouvrière

Il y a un an, presque jour pour jour, le 12 janvier 2010, le secrétaire général de l’UGTA déclarait déjà que les travailleurs « doivent intégrer la sagesse et la civilité dans leur action ». Il s’agissait de prêcher la reprise du travail aux deux plus gros centres industriels du pays. Les 7 000 ouvriers du complexe sidérurgique d’El Hadjar, près d’Anaba, ancienne entreprise publique devenue en 2001 propriété du groupe Arcelor-Mital, était en grève contre la menace de fermeture d’un des ateliers, la cockerie, et le licenciement de 350 salariés. Sourds aux appels à la sagesse, ils ont eu gain de cause. Simultanément, l’usine automobile de Rouiba (dans la banlieue d’Alger), une entreprise toujours publique de 5 000 travailleurs, qui produit bus et camions, était en grève contre l’accord salarial « tripartite » que venaient de passer patronat, gouvernent et UGTA, portant le salaire minimum de 12 000 dinars à sa valeur actuelle de 15 000 dinars. Cette augmentation paraissait dérisoire aux ouvriers au regard de la hausse du coût de la vie. Que dire aujourd’hui après les hausses vertigineuses de prix de l’année ! Les ouvriers de la SNVI avaient entraîné avec eux quelque 5 000 autres travailleurs des entreprises voisines de la zone industrielle de Rouiba.

Toute l’année 2010 a été ponctuée en Algérie de grèves dans de nombreux secteurs, enseignants, forestiers, ouvriers d’une cimenterie Lafarge, cheminots…, animées par des militants locaux de l’UGTA passant outre les appels au calme ou propositions de médiation de la direction nationale, ou dans le milieu enseignant par des militants des syndicats autonomes plus indépendants du gouvernement. Jusqu’au déclenchement en ce début janvier, au moment même des émeutes, d’une grève de plusieurs centaines de dockers d’Alger contre des suppressions de postes, cette fois en butte aussi à l’accord passé entre la direction et des responsables syndicaux locaux.

Elle est bien là la force qui pourrait donner des perspectives à la jeunesse en révolte : unifier toutes les luttes éparses sur les logements, les conditions de vie, le mépris des autorités et la corruption. Si des travailleurs prenaient le chemin de la révolte et rendaient leurs luttes aussi rapidement contagieuses que l’ont été les émeutes de la jeunesse. Car octobre 1988 est encore dans les mémoires, rappelant comment un mouvement, celui qui a fini par avoir la peau du régime de Chadli, peut être escamoté par quelques politiciens démocrates, avant de tourner au cauchemar lorsque des démagogues réactionnaires et religieux apparaissent finalement comme les seuls opposants radicaux, faute de militants proposant une politique de classe aux opprimés.

Un vent de révolte souffle sur l’ensemble du pays. Malgré une rente pétrolière de plusieurs milliards de dollars, l’Algérie ne décolle pas économiquement. Le chômage touchait, selon le site Internet du ministère du Travail, 11,8 % de la population active en 2007. Des chiffres qui se situeraient aujourd’hui entre 20 et 25 %, d’après Moncef Cheikh Rouhou, professeur de finance internationale à l’École des hautes études commerciales (HEC), à Paris.

Le secteur informel ne cesse de croître. La corruption fait des ravages. Elle touche tous les secteurs de l’État et de la société. Les projets ne sont pas menés à terme.

Les militaires continuent de diriger le pays d’une main de fer. Des émeutes éclatent régulièrement dans plusieurs localités du pays. Celles qui se sont déroulées début janvier à Bousmail, une ville côtière située à 50 kilomètres d’Alger, ont fait un mort et plusieurs blessés. Dans la commune de Naciria, dans le Nord, les manifestants ont attaqué, le 12 février, le commissariat de la ville à l’aide de cocktails Molotov et coupé durant plusieurs heures l’autoroute qui mène vers Alger.

Selon les chiffres fournis par la gendarmerie algérienne en mars 2010, le nombre des suicides est passé de 143 en 2008 à 203 en 2009. L’immolation tend à devenir, quant à elle, un nouveau moyen pour exprimer la misère sociale.

Quelles sont les forces qui luttent pour le changement ?

Outre les émeutes spontanées que provoquent les jeunes dans plusieurs villes du pays, l’opposition politique, jusque-là divisée, cherche à s’unir pour imposer une alternative au régime en place. En janvier, les partis de l’opposition se sont regroupé au sein d’une structure appelée Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC).

Dans cette coalition figurent des formations d’horizons politiques divers : le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Saadi, le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) de Moulay Chentouf, le Comité citoyen pour la défense de la république (CCDR), dirigé par l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur Abdelhak Brerhi, ainsi que le Mouvement pour la démocratie sociale (MDS) de Hocine Ali.

D’autres partis d’opposition qui bénéficient d’un bon ancrage dans la société, comme le Front des forces socialistes dirigé par le leader historique Hocine Ait Ahmed, refusent, pour le moment, de rejoindre le mouvement.

Des associations comme la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH), le Syndicat national du personnel de l’administration publique (SNAPAP) ou la Coordination des lycées d’Alger (CLA) font également partie de la CNDC. Le réseau Wassila, qui regroupe plusieurs associations féminines, le Collectif des jeunes chômeurs du Sud, le Mouvement citoyen de Kabylie, l’Association des disparus et le collectif Liberté de presse font également partie de la coalition.

Que réclame la coalition anti-gouvernementale ?

Comme son nom l’indique, elle exige la démocratie et le changement. En d’autres termes, le départ du régime actuel incarné par le président Abdelaziz Bouteflika et les généraux. Le mouvement s’inspire des récents événements qui se sont déroulés en Tunisie et en Égypte.

La nouvelle stratégie du CNCD est de maintenir une pression permanente sur le régime, en organisant, chaque samedi, une marche pacifique dans Alger, la capitale. La CNDC a appelé à organiser des rassemblements similaires le même jour dans les principales villes du pays.

Parallèlement, la CNCD étudie la possibilité d’appeler à une grève générale sur tout le territoire national mais la date n’a pas encore été arrêtée.

Quelle concession Bouteflika est-il prêt à faire ?

Quelque peu ébranlé par les émeutes successives qui ont agité le pays, le régime commence à lâcher du lest. Le président Bouteflika, en poste depuis 1999, a promis de lever l’état d’urgence en vigueur depuis 19 ans, mais sans donner de date précise. Le chef de l’État a également promis de remanier le gouvernement et d’ouvrir le champ médiatique public, notamment la télévision et les radios, à l’opposition.

De son coté, le ministère de l’Intérieur a assuré qu’il ne s’opposera plus à la création de nouveaux partis politiques et de nouveaux journaux.

Sur le plan social, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a demandé aux préfets, aux maires et aux responsables de la police de répondre favorablement aux demandes des citoyens, en leur octroyant des logements sociaux et en leur versant des aides financières. Le nouveau chef de la police, Abdelghani Hamel, a donné comme instructions aux policiers de se montrer compréhensifs avec les jeunes et de ne pas les provoquer.

A titre d’exemple, les policiers n’empêchent plus les vendeurs à la sauvette d’écouler leurs marchandises sur les trottoirs d’Alger, et ne confisquent plus les permis de conduire, même en cas d’infractions graves au code de la route.

Or, pour les responsables de la CNCD et les simples citoyens, tout cela n’est pas suffisant. Le peuple demande un changement radical et une rupture historique avec les pratiques du passé. Selon Saïd Saadi, le leader du RCD, le régime essaye de gagner du temps, mais au regard des changements qui ont lieu dans le monde arabe, le système algérien vit ses derniers moments.

Quel est le rôle de l’armée ?

Officiellement, l’armée ne se mêle pas des affaires politiques du pays, mais dans la réalité, c’est elle qui contrôle tout. Elle est la colonne vertébrale du régime. Rien ne se fait sans elle. Les généraux sont accusés par la population de spolier les richesses du pays et de concentrer tous les pouvoirs.

Lors des rassemblements de 1988, à Alger, et dans les principales villes du pays, comme Oran, Blida ou Constantine, l’armée avait tiré sur les manifestants qui demandaient la fin du parti unique et l’ouverture du champ politique et médiatique. Bilan : environ 200 morts. Aujourd’hui, la question qui taraude les observateurs de la scène algérienne concerne l’attitude de la "grande muette". Va-t-elle se mettre du côté du peuple, comme ce fut le cas en Égypte et en Tunisie, ou continuer à soutenir le régime ?

Il faut unir les soldats, la jeunesse, les femmes et les travailleurs.

Une telle union est invincible face au pouvoir !!!

Les travailleurs en lutte ont un seul moyen de faire reculer le pouvoir : aller vers l’extension des grèves à tous les travailleurs, de tous les secteurs, de toutes les corporations, de toutes les régions...

Vive la grève générale !!!

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