Accueil > 08- Livre Huit : ACTUALITE DE LA LUTTE DES CLASSES > De quoi et de qui les classes dirigeantes ont peur en Algérie pour que (...)

De quoi et de qui les classes dirigeantes ont peur en Algérie pour que Bouteflika soit chargé de promettre monts et merveilles aux masses populaires ?

samedi 5 février 2011, par Robert Paris

Bouteflika, assez de blabla ! DEHORS !!!

La manifestation prévue le 12 février a déjà des effets : le pouvoir tremble et essaie de désamorcer la mobilisation en cédant par avance sur un certain nombre de points de détail.

Oui, des points de détail puisqu’il ne propose pas d’en finir avec la dictature des généraux, avec le détournement de l’agent du pétrole et du gaz, avec l’alliance avec les impérialismes français et américain, avec la corruption de la bande au pouvoir qui vole toutes les richesses en liaison avec le capitalisme mondial auquel appartient le système algérien, et on en passe....

Mais ces prétendues réformes en disent long sur les peurs du régime et des profiteurs du système...

Grèves multiples (éducation, santé, banque publique, dockers du port d’Alger après les ouvriers de Arcelor Mittal Annaba ou la zone industrielle de Rouiba, les travailleurs communaux et les cheminots ou les travailleurs du tramway de Constantine, etc... ), toute la classe ouvrière pourrait se mettre en mouvement donnant une toute autre tournure à la révolte de la jeunesse et des quartiers de misère...

Dernière grève à Rouiba

Dernière grève des travailleurs communaux

Dernière grève au complexe d’ArcelorMittal d’El Hadjar

Même si la rue semble calme, depuis les émeutes du début janvier, l’Algérie bouillonne également. Une série de grèves doit débuter ce mardi dans tout le pays. Des mouvements du personnel paramédical et de l’éducation qui réclament des augmentations de salaires sont annoncés alors que l’opposition vient d’appeler à une marche le 12 février, à Alger, pour demander « le départ du système ».

Pour des revendications liées aux conditions sociales, essentiellement le travail, des citoyens ont, un peu partout à travers le pays, manifesté leur colère par des sit-in et des grèves, les marches étant interdites. D’Alger à Illizi en passant par Sétif, Tébessa et Annaba, le malaise est le même, les attentes aussi.

C’est le cas des techniciens des services météorologiques qui devaient entamer un mouvement de grève illimitée à partir de ce lundi, au risque de paralyser ports et aéroports dont le trafic dépend principalement des données climatiques. Ce mouvement a pour objectif de revendiquer, entre autres, une augmentation des salaires des travailleurs, qui ne dépassent pas actuellement les 18 000 DA (182€00), disent-ils. Par ailleurs, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar est de nouveau à l’arrêt après une décision des employés du site de cesser le travail à partir de 15h, hier, dimanche. Selon Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l’entreprise, ce mouvement n’obéit à aucun mot d’ordre.

« Il est spontané et bien que nous, syndicalistes, n’ayons rien à voir avec ce mouvement, nous l’approuvons et le soutenons, car il reflète le souci des travailleurs de sauvegarder leur outil de travail », a-t-il déclaré. Les salariés dénoncent le manque d’effectifs, le manque d’investissements destinés à la réhabilitation des équipements de production, dont la cokerie, et l’insuffisance en matières premières. Les travailleurs ne se sont pas limités à l’arrêt des installations, ils ont également assiégé les locaux de la direction générale.

Toujours pour leur insertion dans le monde du travail, 100 jeunes ont observé un sit-in devant le siège de l’agence de l’emploi à Tébessa, pour dénoncer la crise du chômage et exiger des responsables de privilégier la main-d’œuvre locale, notamment dans le recrutement au profit des entreprises économiques comme Sonatrach. A Sétif, une centaine de chômeurs a bloqué la RN28 à Aïn-Oulman, au sud de la wilaya, appelant les responsables à trouver des solutions à leur situation en pensant à créer des postes d’emploi.

La même revendication était brandie par les jeunes de certaines communes de la région d’Illizi, qui se sont massés devant le siège de la Sonatrach et ont barré la route avec des pierres et des pneus incendiés. Les protestataires dénoncent la lenteur enregistrée dans l’application des promesses des autorités locales et des responsables de la société pétrolière afin de leur trouver des postes de travail. A Djelfa, les citoyens ont fermé la RN 1qui traverse le centre-ville en guise de protestation contre la dégradation de la prestation de services au niveau de la poste centrale.

Ce qui a accentué encore davantage la colère de ces citoyens, c’est le manque de liquidités sur tout le territoire de la région.


« Tout doit changer pour que tout reste pareil », écrivait déjà au siècle dernier l’Italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans son roman Le Guépard.

Alors qu’une vague de révolte secoue le monde arabe, atteignant même le Soudan, se développant au Yémen dans la foulée du soulèvement qui a balayé le régime de la Tunisie voisine et de celui en Égypte qui menace Hosni Moubarak, le pouvoir algérien semble en avoir fait sa maxime.

Après les mesures de prévention prises par le roi Abdallah en Jordanie et le président Ali Abdallah Saleh au Yémen, le chef de l’État algérien, Abdelaziz Bouteflika, a, à son tour, cherché à désamorcer la gronde populaire en annonçant plusieurs initiatives.

Cacique du régime mis en place à l’indépendance du pays il y près de 50 ans, le président algérien, qui, à 73 ans, en est à son troisième quinquennat, a notamment annoncé jeudi la levée « dans un proche avenir » de l’état d’urgence en vigueur depuis l’insurrection islamiste de 1992.

Mais les autorités ont ensuite précisé que cette mesure ne s’appliquait pas - « pour des raisons d’ordre public bien connues » - à la capitale, où des partis d’opposition, syndicats et associations comme la Ligue algérienne des droits l’homme ont lancé un appel à manifester le 12 février en faveur de la démocratisation du pays.

Levée de l’état d’urgence et lutte contre la corruption, construction de logements, ou encore stabilisation des prix : les promesses faites aux Algériens par leur président sont grandes. Jeudi, Abdelaziz Bouteflika a lâché du leste, soucieux de ne pas laisser les mouvements sociaux de Tunisie et d’Egypte s’installer en Algérie.

Il est malheureux que l’hypocrisie n’étouffe pas son auteur... Prés d’un mois après les violentes émeutes de janvier 2011 qui ont fait 5 morts en Algérie, le président algérien rompt discrètement le silence sur ces événements. Jeudi 03 février, Bouteflika s’est incliné, lors du Conseil des ministres, à la mémoire de ceux qui ont tués lors de ces manifestants et considère qu’aucune revendication ne se saurait justifier morts d’hommes et destruction de biens publics. Cela ne l’a pas empêché d’être l’ordonnateur de ces tueries...

Dans un communiqué envoyé aux médias officiels, le président algérien a répondu à une série de revendications réclamées par le peuple depuis le début de l’année. Il s’est notamment engagé à une levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans dans le pays pour lutter contre les violences islamistes.

Autre revendication entendue par le président : le droit à la parole à la télévision et à la radio, qui sont publiques en Algérie alors qu’une bonne partie de la presse écrite est privée et libre. "La télévision et la radio doivent donc assurer la couverture des activités de l’ensemble des partis et organisations nationales agréés et leur ouvrir équitablement leurs canaux", a demandé Abdelaziz Bouteflika.

Le chef de l’Etat a aussi promis d’"élargir notamment aux légumes secs, le champ d’application du dispositif de stabilisation des prix des produits de base". Une mesure destinée à contenir la colère du peuple algérien, touché par la pauvreté. Le chômage y est en effet estimé entre 20 et 30% de la population active. Abdelaziz Bouteflika avait déjà annoncé la lutte contre la spirale inflationniste des prix du sucre et de l’huile, après les émeutes de janvier.

Le partenariat annoncé entre l’enseignement supérieur et 9 organismes publics vise à réduire le chômage des jeunes diplômés en Algérie selon le gouvernement.
En s’exprimant sur cette initiative, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Rachid Harraoubia a mis en avant l’importance de ce partenariat. « Il faut mettre en œuvre des mécanismes dans le cadre de l’emploi afin de résorber le chômage des jeunes diplômés en Algérie, conformément aux orientations du président Bouteflika lors du dernier Conseil des ministres », a-t-il souligné. Ah les belles promesses ... ! Mensongères !

Autre champ d’action : le logement. Le président algérien a promis l’accélération de la construction de logements et donné l’ordre aux banques, dont 90% sont publiques, de faciliter les prêts immobiliers.

Le président algérien a commenté pour la première fois les émeutes du 4 au 9 janvier qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés. Il a estimé "ces dépassements regrettables" et s’est incliné à la mémoire des victimes, au début d’un Conseil des ministres qui a revêtu un caractère exceptionnel par l’importance des mesures annoncées.

Concernant l’emploi pas grand-chose si ce n’est la prolongation de la durée de validité des dispositifs pré-insertion professionnelle des jeunes (ANEM), qui est d’une année actuellement et son élargissement à d’autres secteurs d’activités, y compris l’agriculture. Peu-on vraiment parler de création d’emplois quand c’est l’Etat qui paye la note ? Le président a ordonné également d’accélérer la mise en exploitation des locaux réalisés pour les jeunes chômeurs.

Sinon, on retrouve les éternelles recommandations, comme « L’amélioration des soutiens publics aux jeunes candidats aux dispositifs de microcrédits », « L’encouragement à la création de PME en facilitant l’accès aux crédits bancaires… ».

Concernant le logement, Bouteflika a ordonné l’accélération de l’affectation des logements sociaux-locatifs déjà réceptionnés, et de faciliter l’accès aux crédits immobiliers...

Les produits alimentaires ont également été abordés lors de ce conseil des ministres. Il est question d’élargir le champ d’action du dispositif de stabilisation des prix des légumes secs, comme c’est le cas pour le blé, le lait, l’huile et le sucre.

Pour mettre fin au commerce informel, dont vivent des milliers de familles, il a été suggéré d’alléger les formalités destinées au « transfert du petit commerce informel de la voie publique vers des sites aménagés ».

Tout cela donne la mesure de la crainte des classes dirigeantes...

Quoi qu’il en soit, l’Algérie est le dernier en date des régimes arabes à annoncer des réformes visant à se préserver de la contagion tunisienne, à maintenir un système dominé par l’armée et à désamorcer un révolte en faveur de la démocratie.

Le monde arabe connaît enfin sa chute du mur. Il en faudra d’autres pour qu’il arrache tous ses droits mais, pour reprendre une expression en vogue, c’est d’ores et déjà le mur de la peur qui vient de s’effondrer. Certes, on dira que rien n’est joué, que la révolution tunisienne est fragile, que l’Egypte peut basculer dans le chaos : qu’importe ! Voici venu le temps tant attendu de la liberté. Comment croire que l’Algérie peut rester imperméable à cette gigantesque espérance ? Qui peut penser que le départ de Ben Ali, demain celui de Moubarak, n’aura pas de conséquences sur l’avenir de notre pays ? Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que le monde arabe entre dans une nouvelle phase, celle de la fin de la période post-coloniale. Un tournant où les régimes ne pourront plus tenir leurs populations d’une main de fer. Il n’y a pas de hasard. Ce qui vient de se passer en Tunisie et ce qui se passe actuellement en Egypte sont liés tout comme ce qui se passe au Yémen ou ce qui se passera ailleurs, de Rabat à Mascate. Posons donc une question fondamentale. Que veut-on pour l’Algérie ? Veut-on 500.000 morts et plusieurs dizaines de milliards de dollars de destruction ? Veut-on, qu’après une période de latence, la violence reprenne ses droits et avec elle l’anarchie, le désespoir de la population et une nouvelle vague d’exils qui achèvera de vider le pays de ses compétences ? On pourra être surpris par le caractère apocalyptique des interrogations qui précèdent mais qui peut réfuter que l’Algérie s’est toujours engagée dans le plus mauvais des chemins à chaque moment délicat de son histoire ?

Quelques jours après les émeutes d’octobre 1988, et alors que se multipliaient les rafles et les actes de torture contre la jeunesse actes immondes dont les auteurs n’ont jamais été punis un haut responsable de l’époque avait tenu ces propos en ma présence : « la prochaine fois, ce sera cent mille morts ». Abasourdi, je lui avais demandé pourquoi il faisait preuve d’un tel pessimisme. « Le régime ne comprend pas qu’il lui faut changer en profondeur » avait-il répondu. C’est un fait, le système n’a pas changé après Octobre et il est inutile de revenir sur ce qui a suivi. Le bilan des années 1990 est terrible, la population algérienne est fatiguée mais, encore une fois, rien n’a changé si ce n’est le fait que les caisses du pays sont pleines. Un magot qui, pourtant, ne sert ni à réduire le chômage ni à diversifier l’économie ni même à rendre les Algériens heureux. Tant que l’on ne décidera pas de s’attaquer à l’ordre social qui est cause de la misère il en sera ainsi.

On ne peut pas s’en arrêter à des promesses de démocratisation comme en 1988...

Les lendemains d’octobre 1988 nous attendent si nous ne dépassons pas les limites d’octobre, si les travailleurs ne prennent pas la tête de la lutte par leurs comités de quartiers et d’entreprises... s’ils ne s’unissent pas aux soldats au travers des comités de soldats, s’ils n’en finissent pas avec l’unité de l’armée...

Citons un site internet des militaires français intitulé armées.com !!!

"La dynamique révolutionnaire arabe frappe dans tous les pays assujettis aux vieilles autocraties. L’Algérie de Bouteflika ne fera pas exception, l’Histoire est en marche. La peur change de camp, c’est désormais les chefs d’états au long cours de ces autocraties qui tremblent et Bouteflika, apeuré, sort le canon à promesses.

L’attente aurait encore pu durer et l’on sait que cette façon de prendre les devants par des annonces d’ordre économique et social sont le fruit d’une réflexion binaire : garder le pouvoir, absolu et absolument.

La première des mesures est la levée de l’état d’urgence, en place depuis près de 20 ans pour lutter contre l’islamisme, version officielle à ne pas contester, les suivantes sont assez cocasses quand on connaît la manière de fonctionner de cet état : lutte contre la corruption (tiens, il y aurait de la corruption en Algérie, que le chef de l’état algérien le reconnaisse, c’est nouveau !) et mieux : on va construire des logements ! (comment seront-ils financés ? Par les banques dixit le président. Et les crédits seront accessibles aux chômeurs ? Les Algériens les plus pauvres apprécieront, eux qui ont besoin de logements…). Finis aussi les prix qui s’envolent, Bouteflika s’y engage. Et, pois chiche sur le couscous, la TV et la radio pourront copiner avec la liberté de la presse.

Pourquoi diantre avoir tant attendu ? La peur. Peur que l’Algérie ne se révolte ou se « révolutionne » comme les Tunisiens hier, les Égyptiens aujourd’hui, les Jordaniens, les Yéménites, les Syriens, les Libyens demain. C’est la peur au ventre que Bouteflika, mal en point dit-on, voire moribond, annonce des mesures conservatoires … pour conserver le pouvoir. Cela suffira-t-il à calmer les ardeurs révolutionnaires algériennes ? On verra, le résultat égyptien sera crucial pour les révolutions des autres peuples arabes. Toutes ces mesures seront-elles efficaces pour stabiliser le prix des matières vivrières, dans ce pays où la farine, l’huile, le lait et les légumes secs ne sont plus à la portée des familles algériennes les plus humbles ?

Bouteflika est un régime avant d’être un président, les Algériens ont bien tenté de le mettre à bas, des émeutes sanglantes ont été réprimées par ses policiers, 5 morts et près de 1000 blessés les 4-5-6-7-8 et 9 janvier dernier. Bouteflika exprime ses regrets, le peuple algérien a eu bien du courage ces jours là, mais le président a refusé de les entendre. Les exemples tunisien et égyptien lui font peur, il compatit avec ces « peuples amis » les assurant de la bonne fraternité algérienne. Pitoyable."

Portfolio

Messages

  • Le Figaro écrit :

    "Cette concession tactique, qui contraste avec l’arrogance habituelle des dirigeants algériens, révèle l’ampleur de la panique qui agite le sérail. Abdelaziz Bouteflika, fraîchement « élu » en avril 1999, avait juré de mettre l’armée dans les casernes. Comme alternative, il rêvait d’un État policier sur le modèle du voisin tunisien, qui, en assurant la stabilité, avait obtenu le satisfecit des dirigeants occidentaux.

    Pour cette normalisation autoritaire, les effectifs policiers ont doublé et leurs salaires ont augmenté de 50 % en décembre dernier. Même l’assassinat, en février 2010, d’Ali Tounsi, le directeur de la Sûreté nationale, serait le résultat des luttes féroces pour le contrôle de la police. Depuis la chute de Ben Ali, c’est le cauchemar. Nombre de responsables auraient mis, dit-on, leurs familles en sécurité dans les monarchies du Golfe, désormais plus sûres que les capitales occidentales."

  • "Aux tournants décisifs, quand un vieux régime devient intolérable pour les masses, celles-ci brisent les palissades qui les séparent de l’arène politique, renversent leurs représentants traditionnels, et, en intervenant ainsi, créent une position de départ pour un nouveau régime. "

    Léon Trotsky

    "Révolution : pour la plupart des gens ce mot dont nous autres, Socialistes, sommes obligés de faire si fréquemment usage, a un écho terrifiant. L’on a beau expliquer qu’il n’est pas nécessairement synonyme de changement lié à l’insurrection ou à toute autre forme de violence, et qu’il ne signifie jamais un changement purement mécanique qu’imposerait à une opinion publique hostile un groupe d’individus ayant réussi d’une manière ou d’une autre à s’emparer du pouvoir exécutif à un moment donné ; l’on a beau expliquer qu’on donne au mot révolution son sens étymologique pour désigner une transformation des fondations de la société, les gens prennent peur d’un aussi vaste bouleversement et vous supplient de bien vouloir parler de réforme, et non point de révolution. Mais pour nous autres Socialistes, le mot révolution ne recouvre absolument pas ce qu’entendent ces bonnes âmes qui parlent de réforme. Et je ne puis m’empêcher de penser que nous aurions tort de parler de réforme, quelle que soit la nature des projets que nous pourrions cacher sous son enveloppe anodine. Aussi nous en tiendrons-nous à notre propre terme, qui signifie une modification des fondations de la société. Certains risquent de s’en alarmer : les voilà en tout cas avertis qu’il y a matière à craindre. Faire comme si le danger n’existait pas ne le diminue en rien. D’autres, par contre, en seront encouragés ; pour eux au moins le sens du mot révolution sera une source non point de peur, mais d’espérance."

    Comment nous vivons. Comment nous pouvons vivre.
    William Morris

    30 novembre 1884

  • Les décisions du Conseil des ministres de jeudi n’y changent rien : la marche nationale pacifique à Alger à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) est maintenue.

    Les annonces du Conseil des ministres ont raté leur objectif inavoué, à savoir entamer la détermination de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui a décidé d’organiser une marche à Alger. Jeudi, après la réunion du Conseil des ministres, les membres de la coordination, sans tenir de conclave formel, se sont consultés, et chacun a réitéré sa détermination de marcher le 12 février.

    La coordination milite pour le changement et non seulement pour une levée de l’état d’urgence qui, au demeurant, reste hypothétique. Le rappel du maintien de la décision pourrait être formalisé aujourd’hui, à l’occasion de la réunion du comité d’organisation de la marche, mis sur pied, rappelons-le, vendredi dernier lors de la seconde réunion de la coordination.

    Le comité, réuni le lendemain, soit samedi, a, tout en arrêtant six mots d’ordre pour la marche, réitéré son appel au peuple algérien, aux partis, syndicats et associations de la société civile à rejoindre la marche. La coordination se réunira, elle, le 9 février prochain, pour mettre au point les derniers détails relatifs à la marche. Il est attendu que d’autres partis, syndicats et associations se joignent à l’initiative.

    Rappelons que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Daho Ould-Kablia avait, dans un entretien au quotidien Liberté, réaffirmé que les marches restaient interdites à Alger. Mercredi, en marge de la session de clôture du Parlement, le vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni, a déclaré, pour sa part, que la marche du 12 février serait interdite.

  • Les autorités multiplient les mesures ces dernières semaines pour prévenir tout débordement. Signe de l’inquiétude du régime : le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a annoncé, jeudi, la levée prochaine de l’état d’urgence. Sans doute pour couper l’herbe sous le pied à la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui appelle une marche le 12 février à Alger pour réclamer « la fin du système » et dont l’une des principales revendications est, justement, la levée de la cette mesure d’exception, en vigueur depuis février 1992. La marche a été cependant interdite par les autorités, comme d’ailleurs toute manifestation de rue dans la capitale, en dépit de la levée de l’état d’urgence. Deuxième concession : M. Bouteflika a affirmé, dans la foulée, que la télévision et la radio doivent « assurer la couverture médiatique de l’ensemble des partis et organisations nationales agréés en leur ouvrant équitablement leurs canaux », rapporte l’agence officielle APS. A la suite de violentes émeutes contre la vie chère, qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés, le gouvernement a annoncé une série de mesures portant sur la subvention des produits alimentaires de base importés. Faisant écho à l’affaire qui avait déclenché la révolution tunisienne en décembre dernier, au moins huit personnes se sont immolées par le feu en Algérie depuis la mi-janvier. Trois personnes sont décédées à la suite de leurs blessures.

  • Le peuple algérien veut un changement de régime et non un changement dans le régime.

    Mais un changement du régime social et politique signifie un changement de système.

    Il ne s’agit pas seulement du système des clans mais du système capitaliste !!!

  • Ils étaient venus de partout. De Aïn Témouchent, Béjaïa, Médéa, Ouargla, Bouira, Skikda, Aïn Defla, Khemis Miliana… Plus d’une centaine de jeunes (et vieux) chômeurs se sont rassemblés, hier, devant le ministère du Travail. Un travail décent, un salaire digne, une protection sociale, tel est le credo du tout nouveau Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC).

    Le siège du ministère du Travail, naguère considéré comme une citadelle imprenable pour les millions de chômeurs dont l’existence n’apparaît pas dans les statistiques officielles, l’a été davantage hier lors du rassemblement auquel a appelé le CNDDC. Le dispositif policier mis en place était des plus impressionnants pour contenir les irréductibles membres du Collectif des chômeurs suicidaires des wilayas du Sud, élargi depuis vendredi dernier en comité national sous l’égide du syndicat autonome Snapap. Les quartiers et ruelles adjacentes à la rue Mohamed Belouizdad (ex-rue de Lyon), où se trouve le siège du ministère du Travail, étaient bouclés dès la matinée par les forces antiémeute.

    Le rassemblement s’est quand même tenu, soutenu par les jeunes d’Algérie pacifique, du Club des démocrates algériens, du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement, des groupes sociaux qui essaiment la Toile DZ. Un seul député, Tahar Besbès du RCD en l’occurrence, a fait le déplacement pour soutenir le mouvement des chômeurs.
    Yacine Zaïd, de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, licencié en 2007 par une filiale de la multinationale britannique Compass, était l’un des premiers à « foncer » dans le « mur » de policiers déployés autour du ministère.
    Il s’en sort avec quelques coups de trique et des lunettes cassées. « Ils (les dirigeants) se disent ouverts au dialogue et quand on est venus leur exposer pacifiquement nos doléances, on nous sort la matraque », dit-il. Plusieurs manifestants ont été molestés. Certains ont même été embarqués, puis relâchés quelques heures après.

    Des slogans pleuvent, décapants, sentant le gaz moutarde : « El krassa machi daymine, khafou rab el alamin (le pouvoir n’est pas éternel, craignez Dieu ! », « Messassin dima (suceurs de sang) », « Rendez-nous le sang des martyrs ! » , « Djazaïr hora dimocratia (Algérie libre et démocratique) », « Barakat ! barakat min serkat el milliarate (Cessez ! Cessez de détourner l’argent public !) ».
    Dans son intervention, Tahar Belabès, l’ancien porte-voix du collectif des chômeurs suicidaires de Ouargla et actuel coordinateur du CNDDC, a pointé du doigt la « maffia » des bureaux de main-d’œuvre (agences de l’emploi), dénoncé « le système des quotas » dans l’octroi de postes d’emploi qui profitent (d’abord) aux « connaissances », aux « rejetons de la nomenklatura », l’exploitation des travailleurs par les sociétés de catering, de sécurité et de gardiennage, les « négriers de l’emploi » qui « s’en mettent plein les poches et exploitent les travailleurs précaires ».
    Il a lancé un appel à la « mobilisation générale » pour mettre un terme aux « pratiques maffieuses » qui parasitent le marché de l’emploi.

    « Il y a lieu de s’interroger pourquoi le Sud connaît le plus grand nombre de tentatives de suicide de chômeurs alors que ses ressources souterraines profitent à toute l’Algérie », ajoute celui dont deux de ses frères, chômeurs impénitents, se sont déjà donnés la mort.
    Le porte-parole du CNDDC, Samir Larabi, ancien journaliste à la Radio nationale, licencié après un mouvement de grève en mars 2010, a mis l’accent sur l’inefficience de tous les dispositifs d’emploi de jeunes (Ansej-CNAC). « Nous ne voulons pas devenir des patrons, nous voulons juste du travail. Un travail digne, un salaire décent. Nous voulons une vraie politique de l’emploi, qu’on mette fin au CCD, qu’on nationalise les entreprises stratégiques ; qu’on remette sur pied les entreprises communales. Nous voulons une allocation chômage à hauteur de 50% du SNMG pour tous les chômeurs. »
    Reçus en délégation par des directeurs centraux du ministère, les membres du CNDDC n’ont même pas eu droit à des promesses. « Vos doléances sont entendues et seront répercutées en haut lieu, nous a-t-on dit.

  • L’opposition a décidé samedi de maintenir sa marche prévue le 12 février à Alger, malgré les mesures de libéralisation annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika, un mois après des émeutes contre la vie chère qui avaient fait cinq morts en Algérie.

    La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), regroupant opposition et société civile et née dans la foulée des émeutes, avait appelé à cette manifestation pour demander notamment la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis février 1992.

    Le maintien de cette marche intervient dans un contexte tendu en Afrique du Nord, avec la chute du régime Ben Ali le 14 janvier en Tunisie et d’importantes manifestations pour le départ du chef de l’Etat égyptien Hosni Moubarak.

    Le président algérien avait promis jeudi une "levée de l’état d’urgence dans un très proche avenir", tout en annonçant l’ouverture des médias publics et diverses mesures réclamées par l’opposition et la société civile.

    Mais pour la Coordination, ces annonces présidentielles sont insuffisantes.

    "La marche a été maintenue. Elle aura lieu comme prévu le samedi 12 février à 11H00 (10H00 GMT)", a déclaré à l’AFP Tahar Besbès, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition) à l’issue d’une réunion de la Coordination.

    M. Bouteflika avait rappelé jeudi qu’Alger était interdite aux manifestations mais que des marches pouvaient être organisées ailleurs. Pour les autorités, l’interdiction des marches à Alger est justifiée par "des raisons d’ordre public".

    Les manifestations de rue sont interdites dans la capitale depuis le 14 juin 2001 quand une marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l’émeute faisant huit morts et des centaines de blessés.

    Outre le RCD, la CNCD regroupe la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et des représentants de la société civile.

    "Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de refus pour organiser notre marche de la part de la wilaya (préfecture) d’Alger, qui nous a demandé, mercredi dernier, de reformuler la demande", a déclaré le président de la LADDH Mustapha Bouchachi.

    S’appuyant sur les exemples de Tunisie et d’Egypte, la coordination a adopté le slogan "système dégage", mettant l’accent sur les revendications économiques et sociales, dont le chômage des jeunes et la crise du logement, fréquemment à l’origine d’émeutes.

  • Marches, rassemblements, grèves, immolations. C’est devenu presque le quotidien des citoyens, ce qui ne fait qu’aggraver l’exacerbation du front social en ébullition. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’une route ne soit coupée ou qu’une APC ne soit fermée. Les faits ne sont pas nouveaux. Mais leur accumulation en un laps de temps court alimente les craintes d’un pourrissement qui ne voit pas sa fin.

    Rassemblements, marches, routes bloquées et grèves, Le front social grogneLes citoyens redécouvrent le besoin de crier haut et fort leurs doléances multiples. Eau, routes, logements, salaires, éducation sont parmi les sujets de revendications qui reviennent. Mais la quête démocratique n’est jamais loin, Partis, syndicats et associations montent au créneau. Ils veulent tous un changement.

    Le rendez-vous du 12 février prochain a focalisé toutes les attentions. C’est devenu le creuset de plusieurs revendications même si certains ont vite annoncé leur indifférence vis-à-vis de l’événement. Sans pour autant renoncer à toute forme de protestation. De toute façon, les citoyens n’attendent pas le signal d’une quelconque organisation pour battre le pavé. Même pas l’interdiction signifiée par la wilaya d’Alger concernant l’organisation des marches à Alger.

    Cette ville n’est pas la seule à être victime de fièvre sociale. Hier, des centaines de chômeurs de la commune de Sidi Amar, dans la wilaya de Annaba, ont repris possession de la voie publique en début d’après-midi pour demander de l’emploi.

    Oran, Tizi Ouzou, Béjaïa, mais aussi Skikda et Boumerdès sont concernées par les mouvements de mécontentement. Lundi dernier, ce sont des affrontements qui ont eu lieu à Skikda.

    Les routes étaient coupées à Béjaïa et Tizi Ouzou. La grève d’hier initiée par les paramédicaux est un autre signe de la désespérance qui règne dans le pays. Et pourtant, depuis quelques jours, le Conseil des ministres a promis plusieurs mesures d’apaisement. Apparemment, elles n’ont pas eu l’effet escompté qui est celui de calmer le front social. Aux yeux des Algériens, les promesses ne remplissent jamais des ventres creux comme elles ne sont pas capables d’étancher la soif d’une ouverture des médias lourds. D’ailleurs, le gouvernement s’est muré derrière un langage bureaucratique, officiel, insipide, sans aucune emprise sur le vaste auditoire constitué de millions d’Algériens.

    Seules quelques sorties médiatiques timides viennent tenter d’expliquer le message du gouvernement. Mustapha Benbada, ministre du Commerce, est mis en avant vu la conjoncture. Mais point de campagne de communication pour prêcher la bonne garde auprès des citoyens.

    Cette réserve est là pour confirmer le fossé grandissant qui sépare les gouvernants des gouvernés. Mais reste-t-il encore un P/APC, un chef de daïra, un wali ou un ministre qui encore, prend langue avec le peuple ? Interdictions et bastonnades sont les moyens de communication préférés.

    D’ailleurs, même le gouvernement égrène ses réalisations, par exemple, en matière de logements, mais les récepteurs restent sourds à ce discours. En fait, les citoyens qui sortent dans la rue veulent plus, voire autre chose.

    Des organisations, de diverse nature, y ont vu une opportunité pour réclamer, qui une nouvelle Constitution, qui des élections anticipées. Fait nouveau, même les gouvernants n’hésitent plus à faire leur autocritique et aux partenaires d’un même gouvernement de se tirer dans les pattes.

    C’est le président de l’APN qui sort de sa réserve pour réclamer plus de réalisations. Abdelaziz Ziari, le patron FLN de l’APN, croit que le gouvernement peut faire plus et mieux. Ils sont nombreux à être de son avis.
    Les voix fusent de partout pour demander plus d’ouverture.

    Et pas seulement des réformes qui ont jeté une armée de chômeurs dans la rue, sans oublier la flambée des prix que cela a provoqué. Plusieurs biens et services ne sont plus accessibles aux citoyens.

  • Quelques centaines de chômeurs venus d’autres wilayas se sont même retrouvé à Alger devant le ministère. L’un d’eux, un père de famille, a failli s’immoler si ce n’était l’intervention de la police pendant qu’il s’arrosait d’essence.
    En fait il faut savoir que si le pouvoir est disposé à mettre fin à l’état d’urgence, c’est parce le texte le régissant ne contient que des mesures administratives notamment. Les lois liberticides sont ailleurs dans d’autres textes de lois (presse, Internet, écoutes téléphoniques…). C e n’est donc ni plus ni moins qu’une arnaque de plus, puisque le pouvoir peut continuer à réprimer en se basant sur ces lois, même après la levée de l’état d’urgence.

    Concernant les médias lourds, télévision et radio reprennent leur rôle d’outil de propagande pour le pouvoir et le président. Une offensive médiatique est lancée pour faire échec à la marche. On ne voit plus que des chantiers de logements en construction, avec des chiffres à l’appui, et des promesses de réception et d’attribution dans les meilleurs délais. Il ne se passe pas un jour où on n’annonce de créations d’emploi (Subitement). On y voit aussi des images d’étals de produits de consommation, avec annonce de baisses des prix. Le patronat salut les décisions « courageuses » du président. Même réaction de l’UGTA le syndicat du pouvoir. Benbouzid s’adresse enfin aux lycéens qui battent le pavés depuis des semaines. Une liste de leçons à réviser a été divulguée à l’intention des candidats au baccalauréat. Pendant qu’on y est monsieur le ministre, pas la peine qu’ils passent l’examen, c’est cadeau ! Voilà comment on règle les problèmes en Algérie, on achète la paix sociale. D’ailleurs une bagatelle de 13 milliards de dollars a été dégagée pour calmer le front social. Qui dit mieux ?

  • Le gouvernement tient absolument à conduire les affaires de l’Etat sans accroc pour les trois prochaines années.

    Que vous soyez un travailleur pauvre, un demandeur de logement ou un chef de famille nombreuse, le budget de l’Etat est là pour atténuer vos souffrances. Les revenus tirés de l’exportation des hydrocarbures permettent au gouvernement de Ouyahia de dégager 1200 milliards de dinars en tant que transferts sociaux. C’est ce qu’a affirmé hier Kamel Aïssani, directeur des transferts sociaux et de la protection sociale au ministère des Finances, au cours d’une rencontre à Alger avec le patronat pour expliquer les mesures prises au titre de la loi de finances 2011. Ces transferts sont l’équivalent de plus de 10 milliards de dollars. Ces décisions sont prises pour calmer le front social. Et elles ne sont pas les seules. L’initiative du ministère du Commerce de plafonner les prix du sucre et de l’huile jusqu’à août prochain entrent dans le même cadre. Un autre représentant du ministère des Finances est intervenu affirmant qu’il est possible que ces solutions pour réduire les prix soient étendues à une autre période au-delà du Ramadhan prochain. Le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouïa, a souligné que même la réduction des taxes douanières pour l’importation du sucre visent à apaiser le front social. Même si cette manière de recourir systématiquement à l’importation n’est pas toujours du goût des opérateurs économiques. Le même responsable trouve qu’il n’y aura pas de problème pour financer le soutien des prix des légumes secs décidé par le Conseil des ministres. Plusieurs autres cadres du même ministère sont intervenus pour défendre l’action sociale du gouvernement.

    Oui, ils ont peur de la classe ouvrière !!!

  • La situation sociale dans la wilaya de Béjaïa est au bord de l’explosion. Plusieurs actions de protestation ont été observées hier et tout au long de la semaine passée. D’abord, les paramédicaux, qui, après avoir observé une grève la semaine passée au niveau de l’EPH de Amizour, sont revenus à la charge hier avec une marche pour demander l’application de leur statut particulier et dénoncer « les mensonges de la tutelle ». Une marche a été conduite depuis la direction de la santé jusqu’au siège de la wilaya où les revendications des paramédicaux ont été réitérées, notamment leur classement à la 11. Les paramédicaux se disent déterminés à maintenir la pression en dépit des menaces de révocation brandies par la tutelle. Ils étaient plus de 150 travailleurs à avoir pris part à cette marche pacifique.

    La RN 26 est fermée à Allaghane pour la deuxième journée et El Kseur pour la quatrième journée par les travailleurs de la Vallée de l’EPBTP. Ces derniers ont barricadé la chaussée pour défendre leurs postes d’emploi. Si les travailleurs de l’unité de transformation de lait de la Vallée sont en voie de perdre leurs postes d’emploi à cause de la compression d’effectif qui sera opérée dans les prochains jours suite à la réduction draconienne des quotas de lait attribués à l’unité, ceux de l’EPBTP d’El-Kseur exigent le paiement de 19 mois de salaires et la réhabilitation, voire la relance, des activités de l’entreprise. Pour cela, ils passent à la vitesse supérieure et promettent de bloquer la chaussée jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Idem pour les travailleurs de l’unité de lait « La Vallée », qui ont pris contact avec nous hier pour dire que « notre action va se poursuivre advienne que pourra ». « Nous ne lèverons pas le blocus tant que nos revendication ne sont pas prises en charge », nous déclare Sofiane, un des employés de cette usine qui emploie 70 travailleurs en emploi direct et a généré plus de 200 emplois indirects depuis plus de dix ans maintenant. A Adekar, le siège de la daïra a été fermé par une grande foule de villageois. L’appel au dialogue du chef de daïra n’a eu aucun effet sur les protestataires qui ne veulent parler qu’au wali. « Ce dernier devrait ouvrir un pont, comme le précédent », déclarent-ils sur radio Soummam. Ils demandent, entre autres, l’approvisionnement de leurs foyers à partir du réservoir principal et la construction rapide du siège de l’AOC et de la bibliothèque communale. Une revendication maintes fois soulevée puisqu’ils affirment qu’« il y a un manque d’eau ». Il y a lieu de noter aussi la grève des transporteurs interurbains d’Oued Ghir et El Kseur qui protestent contre l’état de la route. L’Ugcaa est intervenue pour essayer de calmer les esprits et solliciter les autorités à réparer la route complètement délabrée depuis des mois, comme nous l’avons constaté de visu. A noter que les travailleurs du secteur de la jeunesse et des sports, en stage à Souk El Tenine, ont repris les cours après avoir dialogué avec un représentant du ministre dépêché sur les lieux. Ce dernier a été avisé de leurs revendications, entre autres le classement des éducateurs spécialisés et TS en sports à la 11 sans formation, ou le classement à la 12 avec formation et sans mémoire et travail de recherche car la plupart l’on déjà fait au cours de leur formation, nous dira un cadre qui a pris contact avec nous. Les grévistes comptent revenir à la charge si la tutelle ne se décide pas à agir pour satisfaire leurs revendications, affirme-t-on. Ils ont également demandé le versement immédiat de leurs salaires et prime de rendement du mois de janvier et février et autres rappels dans les plus brefs délais, au risque de voir le secteur s’engager dans une protestation qui fera tomber des têtes.

  • Les travailleurs en grève

    Les travailleurs algériens de l’entreprise sud-coréenne Daewoo, chargée de la réalisation du complexe GNL 3 à Bethioua, dont les travaux ont été lancés par le président de la République le 24 février 2009, ont observé hier un arrêt de travail pour protester contre les nombreux problèmes socioprofessionnels qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs fonctions.

    Plusieurs travailleurs contactés ont indiqué que les nombreux appels au dialogue lancés en direction de leur employeur sont restés sans écho. « Nous n’avons même pas de réfectoire pour nos repas. Nous travaillons dur et pour manger, nous sommes contraints de descendre jusqu’au village de Bethioua pour acheter de la nourriture ou ramener des sandwiches avec nous de la maison.

    Nous avons également réclamé la permanisation de ceux qui travaillent depuis le lancement du chantier. Nous avons aussi exigé des équipements de sécurité pour éviter d’éventuels accidents », affirment-ils.

    Un délégué de l’union territoriale de l’UGTA s’est déplacé dans la matinée pour débattre avec les travailleurs de leurs conditions de travail et les inciter à la reprise de l’activité. A l’heure où nous mettons sous presse, les employés de Daewoo poursuivent leur mouvement.

    Le complexe GNL 3, dont la livraison est prévue en 2012, produira 4,7 tonnes de gaz naturel liquéfié. Il produira également des dérivés de gaz, à l’instar de l’éthane, du propane et du méthanol. Le chantier de réalisation, lancé par le président de la République, en même temps que le projet d’ammoniac et d’urée dans la zone industrielle de Bethioua, emploie actuellement près de 2000 travailleurs.

  • Grèves et manifestations étudiantes

    Les récentes modifications apportées au décret présidentiel n°10-315 du 13 décembre 2010 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires n’ont pas été du goût des étudiants des écoles nationales supérieures qui ont vite fait d’afficher leur mécontentement. Un large mécontentement qui s’explique par le fait que les modifications apportées au texte classe les diplômés de ces prestigieux établissements supérieurs dans la catégorie 13 de la grille indiciaire. Celle-ci, stipule le décret, compte les fonctionnaires ayant un baccalauréat et cinq années de formation supérieure ou une licence, et une postgraduation spécialisée. Alors que les détenteurs de master, magistère ou un diplôme de l’École nationale d’administration (nouveau régime) dans la catégorie 14 de la grille indiciaire. Les étudiants contestent ce classement.

  • En Algérie, des mobilisations dans les secteurs de la santé, de l’éducation et la banque sont en cours alors qu’une marche à l’’initiative de la Coordination pour le changement démocratique est en préparation pour le 12 février.

  • La Coordination nationale des corps communs et des ouvriers professionnels, affiliée au Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE), refuse de baisser les bras.

    Après le sit-in de dimanche dernier devant le siège du ministère de l’Education nationale qui n’a abouti à rien, elle envisage d’autres actions dans les jours à venir. Dans une déclaration rendue publique hier, la Coordination a dénoncé énergiquement l’attitude du ministère de l’Education qui refuse de tendre l’oreille aux revendications de cette catégorie de travailleurs.

    « Le sit-in du 6 février n’est qu’un début de notre mouvement de protestation qui se poursuivra jusqu’à la pleine satisfaction de nos revendications légitimes », souligne-t-on dans le communiqué. La Coordination met en avant « la situation catastrophique des corps communs qui perçoivent des salaires dérisoires, insuffisants pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires ». Ainsi, la révision du système salarial figure en tête des revendications de la Coordination, qui exige également la généralisation de la prime de permanence et de nuisance et l’octroi de la prime de rendement. Elle veut ramener la prime de rendement à 40% du salaire de base avec effet rétroactif à partir de janvier 2008.

    « Le salaire que touche un travailleur des corps communs représente moins de 20% de celui d’un cadre supérieur au ministère de l’Education », souligne-t-on. Déplorant les conditions de travail et la marginalisation de cette catégorie des travailleurs de l’éducation, la Coordination exige la réduction du volume horaire et le droit à la formation et à la promotion. Pour ce faire, elle appelle l’ensemble des travailleurs relevant de cette catégorie de se mobiliser lors des prochaines journées de protestation, dont la date reste à déterminer. Le pari s’annonce, certes, difficile mais pas impossible…

  • Alger a les yeux vissés sur le cours du pétrole, qui a entamé une descente vertigineuse sur un toboggan glissant depuis près de six mois. Pour la première fois, les autorités sont obligées de puiser dans les bas de laine, fonds de régulation des recettes. Avec cette question lancinante : comment continuer à acheter la paix sociale si les prix continuent de chuter ?

    Quelle est la relation entre l’oignon et le pétrole ? A priori aucun, a priori seulement… Les titres de la presse algérienne ne sont pas pour rassurer leurs citoyens. Entre Importation d’oignon d’Espagne et Chute vertigineuse du pétrole, la rue comprend vite que quelque chose ne va pas. Comment continuer à tout importer ou presque si les recettes pétrolières sont divisées presque par deux ? La question est aussi politique qu’économique. La chute des cours du pétrole, qui ont perdu près de 50% depuis juin 2014, alimente l’inquiétude sur la capacité du gouvernement à tenir ses engagements financiers dans un pays qui tire plus de 95% de ses recettes extérieures du pétrole et dont le budget dépend pour 60% de la fiscalité de l’or noir. Le prix du baril est tombé à environ 60 dollars, contre 115 en juin.

    La question est jugée tellement grave qu’une réunion de crise au sommet a été très médiatisée. Le président Abdelaziz Bouteflika a réuni le 23 décembre un conseil des ministres restreint consacré au marché du pétrole alors que le projet de budget de l’Etat, adopté à l’Assemblée populaire nationale, n’a toujours pas été promulgué. Le 16 décembre, devant les députés, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, faisait part de ses inquiétudes : « Les réserves de change actuelles permettent à l’Algérie de faire face aux chocs sur la balance des paiements extérieurs à court terme, mais cette capacité à résister aux chocs se dissipera vite si les cours du pétrole restaient à des niveaux bas pendant longtemps. »

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.