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Quand est-ce qu’on prend les bastilles ... du capital ?

jeudi 28 octobre 2010, par Robert Paris

Les classes dirigeantes ne s’y trompent pas. Le duel à épées mouchetées orchestré par l’Intersyndicale n’a pas épuisé la question. La colère est toujours là. Elle n’a pas eu vraiment l’occasion de montrer sa force. Elle est loin d’être sur sa fin. Elle ne se limite pas à la question des retraites. Elle pose toutes les questions sociales à la fois : salaires, emplois, profits, chômage, santé, services publics...

Les classes dirigeantes sont payées pour savoir que c’est leur offensive qui provoque et provoquera de plus en plus de chômage, de misère, de dégradation de toutes les conditions de vie et de travail. Elles savent que ce projet gouvernemental ne fait que montrer le bout du nez des exigences patronales. Elles veulent des centaines de milliers de licenciements de fonctionnaires comme en Angleterre, la casse des contrats de travail comme en Espagne, de la misère de masse comme en Grèce.

Elles savent aussi que cette politique n’aura pas d’autre limite que l’explosion de colère sociale.

Elles savent tout aussi bien que les centrales syndicales ne souhaitent absolument pas une telle explosion, qu’elles feront tout pour la retarder, et, si elle vient, pour la détourner. Elles savent surtout que l’Intersyndicale n’est nullement dangereuse pour elles, bien au contraire. A aucun moment, cette dernière n’a cherché à centrer ses déclarations contre la grande bourgeoisie. Elle n’a cessé de présenter l’affaire comme un bras de fer avec un seul homme, Sarkozy. Et ce n’est pas un hasard. Même quand elles parlent des profits qui permettraient d’éviter de faire payer aux salariés la casse des retraites, elles ne posent pas vraiment le problème.

Car le vrai problème est que la défense des profits nécessite de casser non seulement les retraites mais aussi les salaires, les emplois privés et publics, les services publics, les contrats de travail et on en passe...

Les centrales syndicales ont sans cesse voulu cacher les enjeux liés à la crise du capitalisme, allant jusqu’à faire croire que ce n’était pas la question. Car, pour elles, s’il y a crise, il serait normal de payer les sacrifices "également". Pas du tout ! La crise ne permet pas ce genre de calculs coutumiers des réformistes. Elle la pose autrement : ou tout ou rien. Ou les capitalistes trinquent ou ce sont les salariés et toute la population travailleuse qui trinque. On se le répétera jamais assez : nous sommes dans une phase cruciale dans laquelle l’avenir est en bascule et notre conscience de cette situation aura un impact déterminant.

S’il y a un point positif dans tout ce qui vient de se dérouler en France, avec les journées inefficaces d’action, c’est si des travailleurs, des militants, des jeunes prennent conscience de la nécessité de s’organiser eux-mêmes, de prendre contact par delà les limites des organisations réformistes, politiques et syndicales, pour préparer leur propre avenir : hors du système capitaliste.

Quel écueil menace la révolution de demain ? L’écueil où s’est brisée celle d’hier, la déplorable popularité de bourgeois déguisés en tribuns. (...) Oh ! ce sont là de grands coupables, et entre tous, les plus coupables ceux en qui le peuple, trompé par des phrases de tribun, voyait son épée et son bouclier, ceux qu’il proclamait avec enthousiasme arbitres de son avenir.

Malheur à nous si, au jour du prochain triomphe populaire, l’indulgence oublieuse des masses laissait remonter au pouvoir un de ces hommes qui ont forfait à leur mandat ! une seconde fois c’en serait fait de la révolution ! (...) Discours, sermons, programmes ne seraient encore que piperies et mensonges ; les mêmes jongleurs ne reviendraient que pour exécuter le même tour avec la même gibecière ; ils formeraient le premier anneau d’une chaîne nouvelle de réactions plus furieuses. Sur eux, anathème et vengeance, s’ils osaient reparaître ! Honte et pitié sur la foule imbécile qui retomberait dans leurs filets ! (...)

Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin, de la mitraille, de la misère toujours !

QUE LE PEUPLE CHOISISSE.

Auguste Blanqui dans sa prison de Belle-Île-en-Mer, 10 février 1851.

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