Editorial - Ce n’est pas Sarkozy qui nous a battus : c’est l’Intersyndicale !
Quelle différence y a-t-il entre un appel intersyndical à sept journées d’action séparées et une classe ouvrière s’attaquant à la classe dirigeante par sept jours de grève générale d’affilée ? Quelle différence y a-t-il entre des grèves localisées qui ne sont unies que lors de "journées" et un mouvement qui s’étend, gagne de nouveaux secteurs par l’action des travailleurs eux-mêmes ? Quelle différence y a-t-il entre des syndicats qui admettent "la nécessité d’une réforme" et contestent seulement le manque de négociation et des organisations qui préparent le combat contre le capital ? Quelle différence y a-t-il entre une cheminée et une tuyère d’avion ? La première ne fait que lâcher la vapeur de la combustion et la deuxième la propulse. Les syndicats n’ont organisé que des lâchers de vapeur de la colère sociale. Ceux-ci ne risquaient pas de propulser bien loin la lutte sociale ! Ils ne risquaient pas de répandre la peur chez nos ennemis de la grande bourgeoisie.
La force des travailleurs ne consiste pas en des promenades sur les boulevards, même répétées... Car, à chaque fois, on rentre chez soi et on laisse retomber la lutte. On laisse isolés ceux qui continuent la grève. On laisse isolés la lutte des travailleurs des entreprises qui ferment ou licencient. On laisse isolée la lutte des ports. On laisse isolée la lutte de l’hôpital Tenon que les syndicats ne veulent pas élargir à l’ensemble de la Santé. On laisse isolée la lutte des terminaux pétroliers. On clame la solidarité des travailleurs autour d’eux mais on les abandonne à eux-mêmes, sous prétexte de décision démocratiques des assemblées générales.
La force des travailleurs n’est pas seulement de bloquer, ici ou là, un dépôt pétrolier ou même une usine. La force des travailleurs, c’est de se réunir sur leurs lieux de travail, par delà les professions, les sites, les entreprises, les catégories et de décider ensemble...
Mais, dans ce mouvement, ce ne sont pas les assemblées générales qui ont pris les décisions : c’est l’Intersyndicale. C’est elle qui a choisi des journées sans grève. C’est elle qui, dès le début, a choisi de ne pas appeler à la grève générale sous prétexte de ne pas rompre le front uni des centrales. En réalité, parce que ces directions syndicales ne sont pas une direction de combat des travailleurs !
Bien entendu, la plupart des militants syndicalistes ont pesté contre les limites que leurs centrales mettaient au mouvement. Mais il ne suffit pas de maugréer. Il faut que la classe ouvrière décide elle même. Il faut que les militants syndicalistes qui le souhaitent cessent de défendre "leur" centrale car elle ne les défend pas.
Aujourd’hui, après avoir crié victoire après chaque "mobilisation", elles sont satisfaites que le MEDEF et la CFDT unis une fois de plus, leur proposent de négocier : méchant Sarkozy mais gentil patronat ! La montagne a accouché d’une souris !!! Pas question bien entendu de remettre en question la nouvelle loi. Non, elles vont accepter de jouer à nouveau au jeu de la négociation, de la conciliation, de l’accord patronat/syndicats/gouvernement. Car c’est ainsi qu’elles entendent leur rôle.
Mais la crise du système est là et il n’y a rien à négocier. Les classes dirigeantes n’ont pas le choix. Tout le poids des sacrifices doit retomber sur les travailleurs. Les centrales syndicales peuvent tout au plus accompagner le mouvement (en marche arrière) en remerciant au passage d’y être associés...
Car ce n’est pas fini. L’attaque sur les retraites ouvre la voix à d’autres : sur les emplois publics, sur les contrats de travail, sur les salaires, sur le chômage... Et nous, travailleurs, n’avons pas d’autre choix : mener la lutte des classes ou nous y faire battre. Négocier, c’est céder et c’est accepter les sacrifices.
L’attaque ne fait que commencer. Nous avons perdu une bataille, nous n’avons pas perdu la guerre. C’est la guerre de classe que la bourgeoisie nous déclare et nous avons encore tous les moyens de la mener. Et pas de faire semblant comme le font "nos" dirigeants.
Ce combat biaisé, saucissonné, étalé, dilué devrait nous avoir appris une chose : il faut nous organiser.
Il faut non seulement des assemblées générales souveraines mais qui prennent réellement les décisions. ce n’est pas à l’Intersyndicale de décider si on vote ou non à bulletins secrets, par exemple ! C’est à nous de définir les objectifs du mouvement et pas aux directions des centrales. Il faut que les décisions locales soient relayées centralement. les centrales ne l’ont jamais fait et ne le feront jamais. Elles ne représentent pas la dynamique de la lutte. Il faut que les assemblées locales choisissent des délégués et se centralisent pour que la lutte prenne véritablement un caractère de classe. C’est à ce prix que les classes dirigeantes verront vraiment ce qu’est notre force et que nous la mesurerons y compris nous-mêmes.
La bourgeoisie est organisée. Elle dispose, en plus d’un Etat à sa solde, de quantités de formes de décision et de réunions où elle discute de ses intérêts. En période de crise, une classe ouvrière qui ne s’organise pas est une classe qui sera écrasée. A nous de choisir !
Personne ne doit décider à notre place !
Il est encore temps de monter une coordination qui, elle, ne trahira pas, puisque c’est la base qui aura le pouvoir.
Pour cela, que chaque entreprise publique ou privée en grève élise des délégués. Que les délégués des diverses entreprises en grève d’une même ville se réunissent chaque jour.
Dans ces réunions, les délégués exprimeront ce que leur AG aura décidé. ETC.
Chaque coordination de ville élira des délégués pour la coordination nationale. La coordination nationale lancera un appel à la grève générale illimitée.
Ainsi, les grands chefs syndicaux, on n’aura plus besoin d’eux, et ils n’auront plus l’occasion de trahir.
Autre avantage d’une coordination : les non-syndiqués, c’est-à-dire les plus nombreux, seront eux-aussi représentés, et se sentiront donc eux aussi tout à fait concernés. Tandis qu’ avec une intersyndicale ne représentant que la petite minorité de syndiqués, les non-syndiqués se sentent bien moins concernés.
« ... Nous ici on attend, on est la force d’appoint et ça fait 20 ans, 30 ans qu’on fait la troupe. On forme des cortèges, on défile dans les rues, les mains vides, la bouche pleine de slogans (...) On nous fait gueuler un grand coup, ça décontracte les mecs, tout le monde rentre chez soi, respire, puis tu vois, c’est comme une marmite (...) En haut, à l’état-major [de la CGT], ils continuent à mastiquer les mêmes mots ou les mêmes slogans, nos traitements, nos pensions, nos retraites ».
Déclaration d’un ouvrier en mai 68 reproduite dans l’ouvrage de Xavier Vigna
Chérèque a assuré être "dans un mouvement durable" de contestation de la réforme, qui est "en train de gagner le soutien populaire", et prévoit "autour de 2 millions de manifestants pour obtenir de nouvelles ouvertures" du gouvernement. Interrogé la veille sur Europe 1, l’autre bonze de la CGT Bernard Thibault a lui affirmé que "dans certaines entreprises", la question d’une grève reconductible "va se poser dès les prochains jours", alors que certains syndicats ont évoqué publiquement cette forme d’action chez Total, Arkéma ou à la SNCF. Il a dit s’attendre à "beaucoup de monde" jeudi, mais pas trop. L’intersyndicale doit se réunir vendredi pour décider des suites à donner au mouvement (on en tremble à Neuilly-Passy). Plus près du porte-monnaie des grévistes, la CFDT a ressorti cette vieillerie de manif gratos le week-end, de même que l’Unsa. La FSU, surtout présente chez les fonctionnaires, a pronostiqué sans frais "la poursuite de la grève", Solidaires (syndicats SUD et autres) appelle de ses voeux des grèves reconductibles couplées à des manifestations de masse le week-end ; la reconduction n’aura pas lieu et les masses piquent niquent le weekend. FO privilégie sans honte de son côté une nouvelle grande journée de grève nationale, après avoir déclaré deux jours avant que cette série de JA depuis le début de l’année ne ressemblait à rien.
Ce sont des questions réelles que se posent des travailleurs en chair et en os syndiqués pour beaucoup d’ailleurs.
Car les salariés qui ont une culture syndicale, syndiqués ou pas, et qui sont simplement témoins depuis quelques années des faits syndicaux, s’interrogent (en ayant une forte idée quand même) en octobre 2010, de comment les syndicats peuvent se contenter d’organiser des promenades sans autres perspectives, et surtout sans celle du "blocage complet de tout et par tous".
Et qu’on ne trouve pas l’excuse que ce n’est pas simple de mobiliser, car encore une fois nous ne sommes pas des moutons qui suivont.
Pour avancer c’est comme au volant d’une voiture : celui qui n’a pas de carte il peut rouler longtemps sans jamais trouver la direction.
Et encore pire quand le chauffeur est un escroc qui nous emmène faire le tour du périphérique en nous disant que la route pour la butte Montmartre est inaccessible et en plus que nous devons payer la facture des KM pour rien.
La fois d’après on apprend à conduire et avec les amis on va ou on veut.
La grève c’est comme la vie de tous les jours, c’est compliqué mais passionnant car personne ne vit à notre place et donc il faut discuter décider et s’organiser nous même ; ça ne marche pas à tous les coups mais en même temps comme dit le proverbe "c’est en forgeant qu’on devient forgeron" !
Alors pas de regrets avec ces manifs organisées par des escros, et vive les futures assemblées et grèves qui seront celles prises en main par ceux que les syndicats prennent pour leur "troupe", ceux qui marchent en général dans les bois ou les parcs en famille et qui plus rarement le font dans la rue, ceux qui quand ils font grève, ont bien conscience de ce qu’ils risquent au quotidien dans les entreprises qui licencient, et ferment leur porte aux plus jeunes.
Ceux pour qui la manif ou le blocage ne sont pas un métier, un passe temps, ou un jeu avec le pouvoir, mais quelque chose de profond et de suffisamment important pour risquer à 1 an de la retraite de se prendre un mauvais coup dans un cortège qui serait attaqué par les bouledogues casqués.
Un jeune peut être un peu fou fou, mais certainement pas une travailleuse à 60ans qui rêve de s’occuper de ses petits enfants.
Et à elle nous devons lui dire que "La crise" annonce une période de troubles qui ne se résoudront pas avec des organisations qui ne font la démonstration que de la faiblesse de la classe ouvrière au yeux des autres exploités.
vive la lutte des travailleurs,euses de tous pays et par eux même.
Les centrales syndicales et partis de gauche (même extrême) tiennent tous le même discours, selon lequel tout est bien organisé dans le mouvement des retraites et que l’échec provient seulement de la dureté et de la surdité de Sarkozy et selon lequel, pour gagner, il suffit de continuer la même stratégie, avec encore plus de journées d’action, encore plus de manifestations et de manifestants, qu’il suffit d’être plus nombreux, qu’il suffit de tenir, de bloquer plus et plus longtemps : les transports, les terminaux pétroliers ou les aéroports ou les routes. Eh bien c’est faux ! Les lycéens et les étudiants, même très déterminés, ne se substitueront pas à l’action de la classe ouvrière. Le blocage de l’essence, celui des routes, celui des transports ne peut pas remplacer l’action d’ensemble de la classe ouvrière. Et cette dernière a été limitée à des journées de manifestations, y compris sans grève.
Et d’abord la détermination des centrales est factice. Elles ont joué un double jeu. D’un côté elles ont fait mine de suivre les salariés. De l’autre, elles ont livré un message qui disait exactement l’inverse, disant à nos adversaires qu’elles ne comptaient nullement les contraindre à reculer. Les centrales ont prétendu que, dans ce mouvement des retraites, elles suivaient démocratiquement les décisions des grévistes, mais cela est faux. C’est l’intersyndicale qui a tout décidé bureaucratiquement en ce qui concerne les rythmes et les moyens d’action. Elles ont programmé des journées sans grève qui diffusaient un message inverse de celui qu’il aurait fallu. Elles disaient aux travailleurs du privé : vous pouvez agir à l’économie sans faire grève. Notre action va vous permettre d’agir à votre place et vous pourrez vous y associer sans entrer en lutte. C’est le message inverse qu’il fallait livrer.
Elles ont multiplié les journées d’action alors qu’elles savaient parfaitement que nulle part ces journées n’ont suffi, depuis la crise, à faire plier les gouvernants. Elles ont combattu l’idée de la grève reconductible mais de manière astucieuse en faisant comme si c’étaient les assemblées de grévistes qui ne l’avaient pas adopté. Elles ne l’avaient pas vraiment proposé. Et la grève reconductible qu’il s’agissait de développer n’était pas celle d’un seul secteur ou d’une seule région, contrairement à ce qu’elles ont mis en place. En s’opposant à la grève votée à mains levées, les centrales ont combattu l’influence combative des assemblées. En proposant aux travailleurs du secteur privé de ne pas faire grève – les fameuses manifestations du samedi -, elles ont donné des garanties aux patrons que leurs intérêts ne seraient pas directement visés. Ce n’est pas le seul discours par lequel elles démobilisaient par derrière les travailleurs qu’elles affirmaient suivre dans leur colère. Par exemple, Le Reste, dirigeant de la CGT des cheminots, se répandait sur les ondes pour dire qu’il comprenait les cheminots fatigués par la grève et ses pertes financières et qu’il fallait recourir à la grève de 59 minutes qui ne coûte que une heure sur la paie. Ils n’ont cessé de dire que la grève générale n’était pas presse-bouton mais ils n’ont jamais dit clairement aux salariés que sans action générale, la classe ouvrière n’avait aucune chance de gagner.
On a entendu les leaders syndicaux expliquer que les travailleurs devaient ménager leurs forces et seulement tenir pour des journées d’action et que cela devait suffire pour contraindre Sarkozy à négocier. Mais que veut dire cette demande de négocier ? Pour des centrales qui prétendent en même temps que les soixante ans ne sont pas négociables et un gouvernement qui affirme que 62 ans ne sont pas négociables ? Eh bien, cet appel à négocier, propre à toutes les centrales de l’intersyndicale, est un message clair pour les classes dirigeantes : elles ne veulent nullement mener la lutte à une attaque contre les patrons, nos vrais adversaires.
Faire peur aux classes dirigeantes, c’est commencer à organiser de manière autonome la classe ouvrière. C’est constituer partout des comités, des collectifs, des coordinations, des interprofessionnelles, des assemblées qui unissent tous les secteurs des salariés, c’est débattre dans ces réunions de tout, ces problèmes de toute la société et pas seulement des retraites, de notre avenir qui est gravement compromis par la faillite du système capitaliste. Rien ne ferait plus peur aux patrons que de voir dans leur entreprise que les directions syndicales dites "responsables" ne soient plus les seules à lui faire face, que les salariés prennent les décisions eux-mêmes, élisent leurs délégués dans le feu de la lutte.
L’hôpital Tenon se bat seul. Malgré les efforts des agents de Tenon vers les personnels d’autres hôpitaux comme Saint-Antoine, pas de réel appel des syndicats hospitaliers afin d’élargir le mouvement. Les terminaux pétroliers se battent seuls. Les cheminots ont fait la grève reconductible seuls.
Aucune proposition venue des dirigeants syndicaux ne visait à appeler l’ensemble des travailleurs à les rejoindre. Est-ce que les éboueurs pouvaient gagner seuls sur les retraites ? Est-ce que les jeunes peuvent lutter seuls à notre place ? Est-ce qu’il suffit de bloquer l’essence pour faire reculer la bourgeoisie ? Est-ce que des promenades du dimanche, est-ce que des journées d’action suffisent à faire peur aux classes dirigeantes ?
NON, NON, ET NON !!!
Cette stratégie de l’Intersyndicale consistant à fatiguer les marcheurs et les grévistes en diluant, en éparpillant, en émiettant, en saucissonnant les actions est plus coûteuse en efforts vains et épuisants qu’une vraie lutte d’ensemble des travailleurs. Elle ne développe pas notre force ni notre conscience de nos vrais moyens. Nous ne manquons ni de colère ni de soutiens. Nous manquons de l’envie de nous diriger nous-mêmes. C’est cela qui doit changer, si nous voulons inverser le rapport de forces, que ce soit pour les retraites, pour la défense des emplois, des salaires et des services publics…
Leur « unité syndicale » n’est pas le front des travailleurs en lutte
Dans le mouvement des retraites, l’unité syndicale a servi d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement. Bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité syndicale. Loin d’être une force, cette « unité » a été déterminante pour battre les travailleurs tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...
La lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Certains syndicats de l’Intersyndicale sont carrément pour des retraites privées par capitalisation, pour l’augmentation de la durée des années de travail, pour l’augmentation du nombre de trimestres cotisés et on en passe... Ces directions qui n’étaient d’accord sur rien concernant les retraites (revendications, enjeux, objectifs) n’ont montré qu’une unité de façade puisque la plupart des syndicats locaux CGC ou CFTC et parfois CFDT n’appelaient ni à la grève, ni à la manifestation dans de nombreux secteurs.
L’Intersyndicale n’a cessé de lancer des messages démobilisateurs : il ne fallait pas que le mouvement soit trop coûteux pour les salariés, il suffisait de manifester les samedis sans faire grève plutôt que de se mettre mal avec son patron, que de risquer son emploi, les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans appel à l’ensemble de la classe ouvrière...
Ainsi, on retardait, on temporisait, on décommandait l’action… Mais il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation. « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, le 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais, le 5 octobre, le même déclarait à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ». Et le 7 octobre sur RTL : "Cela (la grève générale) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces." Le prétexte était de laisser les travailleurs et les syndicats décider localement. Mais, dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter.
Et les centrales ont tout fait pour ne pas unir la lutte avec celle des entreprises qui licencient, des ports, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...L’unité de l’intersyndicale s’est faite contre les risques de la radicalisation comme l’explique la CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. » La CGC déclarait : "Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général." Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", mais pas à engager la lutte contre le patronat et le gouvernement. Les centrales risquaient d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité que les classes dirigeantes savaient que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables ». Responsables, oui vis-à-vis de la bourgeoisie, pas des travailleurs !
L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs soient organisés au sein de comités de lutte et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société. La véritable unité des travailleurs nécessite une lutte de classe sans compromission ni négociation avec la grande bourgeoisie et une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation.