Non à la « réforme » des retraites !
Il est plus qu’évident aujourd’hui que le gouvernement entreprend la casse des retraites et que nous ne ferons pas l’économie d’une véritable lutte pour les défendre. L’argent de nos retraites l’intéresse pour remplir le trou qu’il a lui-même creusé en distribuant par milliers les milliards afin d’aider les capitalistes dans la crise. Et les retraites ne sont qu’une petite partie des coupes sombres que le gouvernement entend faire dans les budgets sociaux : aide aux plus démunis, santé, hôpital public, enseignement, recherche, transports et on en passe… La « réforme » des retraites n’est rien d’autre qu’une manière de faire payer la crise aux travailleurs et aux milieux populaires pour ne pas la faire payer aux responsables de cette crise : les capitalistes.
Le gouvernement se défend de telles intentions en prétendant qu’il agit au contraire pour défendre la pérennité des retraites par répartition attaquées par la modification démographique : trop de retraités pour trop peu d’actifs. Il oublie de dire que, dans le même temps, le rapport entre le nombre d’actifs et le capital accumulé a considérablement augmenté, permettant largement de couvrir la dépense. Il omet également le fait que sa politique favorise systématiquement les suppressions d’emplois. Il fait silence sur les trous financiers que lui-même pratique dans les caisses de retraite, notamment celles des fonctionnaires en se servant de l’argent de nos impôts pour aider des capitalistes comme Renault et PSA qui le remercient en supprimant massivement des emplois…
Le message selon lequel « il y a besoin d’une réforme », on l’a également entendu pour l’hôpital public, l’enseignement, la recherche et c’est la gauche au pouvoir qui a fait passer cette pilule amère. Il s’agissait déjà de nous faire croire qu’il fallait « sauver » les retraites, l’école ou la recherche, la poste ou encore la sécu. On nous présentait ainsi des sacrifices comme le passage obligé pour garantir l’avenir et, un ou deux ans plus tard, on nous ressortait à nouveau que la sécu, les retraites, l’hôpital devaient à nouveau être sauvés grâce à des sacrifices consentis par nous. On connaît la chanson : c’est un vrai refrain de la gauche comme de la droite !
Tirer sur les retraites et sur tous les budgets sociaux, ce n’est pas seulement la politique de la droite sarkozyste, mais celle du grand capital dans tous les pays du monde. Pourtant, on pourrait croire que la gauche, aujourd’hui, se démarque avec cette politique. Cela voudrait dire qu’elle a changé de nature, par rapport à l’époque où elle gouvernait pour « réhabiliter l’entrepreneur » (ce joli nom des patrons), aider la Bourse de Paris et les spéculateurs choisissant la France… On se souvient que le rapport Charpin sur les retraites qui prétendait justifier des sacrifices pour les travailleurs au nom d’une prétendue catastrophe démographique date du gouvernement Jospin...
Maintenant, le PS vote pour « le maintien de la retraite à 60 ans ». On ne pourrait que s’en satisfaire si on ne savait pas qu’il y a mille manières de casser la retraite à 60 ans. Il n’est pas nécessaire de supprimer cette date limite de la loi. Il suffit de laisser les pensions de retraite baisser face au coût de la vie. Il suffit de laisser filer le nombre de trimestres de cotisation. C’est une manière sournoise d’augmenter l’âge réel de départ en retraite et, comme par hasard, le PS ne prend par d’engagements sur ce terrain. Comment pourrait-il donc en prendre sans s’attaquer directement aux intérêts du grand capital ? Car défendre les retraites, comme défendre la santé, l’école, la recherche les salaires ou l’emploi, c’est, en période de crise du système, s’en prendre aux intérêts vitaux du grand capital que le PS n’a jamais combattu depuis la première guerre mondiale !
Faire travailler davantage les actifs alors que le nombre de chômeurs augmente sans cesse est inadmissible pour tous les travailleurs mais c’est indispensable du point de vue des capitalistes. Il n’existe pas de point de vue commun, de concertation possible au nom d’un prétendu intérêt général sur de telles questions. La « vraie réforme », le « vrai débat » sont des tromperies qu’agitent la gauche et les centrales syndicales. Quand il s’agit des intérêts cruciaux des capitalistes dans la crise, il n’y a rien à débattre, rien à réformer, ni les retraites pour nous, ni les profits pour les capitalistes. Tous ceux qui parlent d’en débattre, de trouver un terrain d’entente, ne défendent pas les intérêts du monde du travail et des milieux populaires.
Le combat pour les retraites ne doit pas être isolé des autres combats : pour l’emploi, pour les salaires, pour les services publics, pour le logement, pour les sans-papiers. La classe ouvrière lutte pour son avenir et elle ne doit pas se laisser lier les mains par les prétendus réformistes qui ne veulent pas toucher aux intérêts du capital…
L’attaque sur les retraites n’est que le début d’une remise en cause de tous les acquis sociaux : emplois, salaires, santé, logement et services publics pour nous faire payer la crise. C’est l’intérêt du grand capital qui est en jeu et ils ne lâcheront pas sans y être contraints. Inutile de s’imaginer que l’on va pouvoir, en se sacrifiant un peu, obtenir une côte mal taillée qui sauvera nos retraites, nos emplois, pour payer la crise à minima en négociant, après s’être gentiment mobilisés dans la rue.
Il n’y a rien là-dedans à négocier ni à discuter. Il n’y a pas d’arrangement à trouver : c’est notre intérêt contre celui des grands capitalistes et c’est notre force contre la leur.