Voici un exemple de ce que l’on trouve dans la presse sur les luttes des travailleurs et qui, bien entendu, leur est tout à fait défavorable :
juin 12, 2009
Port autonome d’Abidjan : Grèves et violences paralysent les activités
Il est 10h, ce mercredi 9 juin 2009. Tous les véhicules qui descendent du pont Félix Houphouët-Boigny dévient à gauche. Ils ne peuvent pas emprunter la voie menant au siège du Port autonome d’Abidjan. La raison, un impressionnant cordon de Crs bloque le passage, devant une barrière dressée à l’occasion, au niveau du nouveau moulin en construction. Les piétons sont filtrés. Cette atmosphère achève d’instruire immédiatement le visiteur sur la situation délétère qui prévaut actuellement au port. ça ne va pas !
Voilà plus de dix jours que le Collectif national des dockers et dockers transit pour la défense de leurs droits (Cndd) mène une grève. Le plus grave, c’est que ce mouvement de grève se caractérise par des actes de violence menés par les grévistes. Le directeur général du Syndicat des entrepreneurs de manutention et de transit des ports de Côte d’Ivoire (Sempa), utilisateurs des dockers, dénombre une quarantaine de blessés parmi les dockers qui ont osé reprendre le travail. Voilà donc qui justifie les mesures de sécurité exceptionnelles prises par l’autorité portuaire.
Conséquences prévisibles de ce mouvement de grève, les activités de manutention sont sérieusement mises à mal. Les espaces portuaires sont engorgés. Des armateurs et consignataires menacent d’annuler les escales de leurs navires au Port autonome d’Abidjan… Il y a donc menace sur l’économie tout entière. C’est en tout cas ce que redoute l’autorité portuaire. Elle craint, entre autres, une asphyxie des entreprises nationales du fait de leur non approvisionnement, des risques de pénuries de denrées de première nécessité tant pour les populations nationales que celles de l’hinterland, et une baisse de recettes pour l’Etat.
Que ce soit du côté de la direction générale du Port autonome d’Abidjan ou de la structure patronale, employeuse des dockers, tout le monde note que c’est depuis la création du Cndd, le 14 juin 2007 que la quiétude n’est plus de remise dans le milieu de la main-d’œuvre dockers. Avec en prime… trois grèves déjà initiées par le mouvement en deux ans.
A l’origine des débrayages, une kyrielle de revendications. A savoir, la revalorisation des salaires et des catégories professionnelles, la révision de la convention de travail liant le Sempa aux dockers, la suspension de l’auto-assurance maladie, la fixation de la date de la tenue des élections des délégués du personnel, le respect des libertés syndicales, la fourniture en équipements de protection aux agents et la réintégration avec mesures d’accompagnement des syndicalistes licenciés pour faits de grève. Les violences de la première grève avaient amené le Bureau de la main-d’œuvre dockers du Sempa (Sempa-Bmod) à licencier 12 agents. Les différentes discussions arbitrées successivement par le ministre de l’Emploi et de la Fonction publique, le ministre des Transports et celui de l’Intérieur ont abouti, le 10 mai dernier, à la signature d’un protocole d’accord entre le Sempa et le Cndd. Grand moment ce jour-là quand les deux parties ont pris l’engagement devant le ministre Désiré Tagro d’enfourcher définitivement le cheval de la paix.
Ce protocole d’accord, comme l’explique le Sempa, a permis la réintégration des dockers licenciés, l’organisation des élections des délégués du personnel, la revalorisation de la prime de transport de 25 mille francs à 27500 francs à Abidjan, l’instauration de primes de rendement, etc.
Alors que l’employeur s’attendait à ce que les dockers recommencent à honorer les cadences normales de travail qui sont de 1500 à 2000 tonnes par jour, ils atteignaient difficilement les 500 tonnes. Et plus grave, contre toute attente, note la direction générale du port, les dockers ont arrêté le travail, le 2 juin. Cela, « sans préavis », ajoute le Sempa.
Selon cette structure, le Cndd n’a jusque-là pas reconnu la paternité de cette grève. Toujours est-il que pour sortir de l’étau, le Sempa a proposé dans le cadre des rencontres permanentes qu’un nouveau recrutement soit fait. C’est ce qui a été fait le 4 juin avec l’inscription de 3000 jeunes pour assurer un service minimum en attendant que des solutions durables soient trouvées. Auparavant, l’on avait pris soin d’inviter les grévistes à la reprise du travail ; en vain.
Qu’à cela ne tienne, le Sempa dit rester ouvert au dialogue. Il invite les dockers désireux de reprendre le travail, à se rendre dans le hall d’embauche. Toutes les mesures sécuritaires ont été prises pour leur permettre de travailler en toute quiétude.
HOPITAUX
septembre 2009
Le collectif des syndicats des sages-femmes et infirmiers de Côte d’Ivoire a annoncé une grève de cinq jours, effective depuis hier avec un service minimum. Au Chu de Cocody, des infirmiers et sages femmes observent la grève sous un arbre, dans la cour. A l’intérieur, le hall de la caisse des entrées est bondé de monde, comme les jours ordinaires. Le père de Jean Paul T. a subi une intervention chirurgicale. Malgré le mécontentement des infirmiers, il a reçu ses soins sur son lit d’hospitalisation au huitième étage.
Après dix jours de grève les infirmiers et sages femmes de Côte d’Ivoire ne comprennent toujours pas le mutisme des autorités. C’est pourquoi, ils ont au cours d’une assemblée générale extraordinaire tenue ce jeudi 24 septembre, au CHU de Yopougon, décidé de durcir le ton.
C’est avec beaucoup de fermeté que les agents de santé ont reconduit leur mot d’ordre de grève qui prolonge ainsi leur mouvement de cinq jours, et ce, du 24 septembre au 29 septembre prochain.
Ils ont décidé de la suppression, dans toutes les formations sanitaires et centres de santé de Côte d’Ivoire, du service minimum qu’ils assuraient jusqu’ici. Seuls les quatre CHU (Bouaké, Cocody, Treichville et Yopougon) pourront encore en bénéficier.
Ainsi, les blocs opératoires, la réanimation, le bloc néonatologie et les salles d’accouchement des CHU sont concernés par le service minimum.
il faut ajouter à la liste l’Institut de cardiologie d’Abidjan, l’unité de prélèvement du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), l’unité d’hémodialyse du SAMU et le bloc opératoire de l’IRF d’Adzopé.
« La grève est suivie à 100%, ici à Abidjan comme à l’intérieur du pays », a indiqué Boko Kouaho, secrétaire général du syndicat national des infirmiers de Côte d’Ivoire (SYNICI).
Cependant tôt le matin, des poches de résistances s’étaient manifester dans certains centres de santé dont principalement la PMI de Yopougon. Alerté, les représentants des quatre syndicats engagés dans la grève s’y sont dépêchés. Sur place, ils ont constaté qu’il s’agissait d’un déficit de communication entre les agents de santé et leurs différents syndicats. Lles choses sont rentrées dans l’ordre après quelques explications. Au cours desquelles, les responsables syndicaux ont demandé à leurs collègues de ne pas rester à la maison. Mais de se rendre dans leurs différents services pour faire le piquet de grève. « C’est sur le terrain que tout se passe. Chers amis, je vous exhorte donc à venir pendant toute la période de la grève pour démonter notre engagement », a martelé Boko Kouaho devant ses collègues de la PMI de Yopougon.