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Où vont les Etats-Unis ?

mardi 9 décembre 2014

L’appauvrissement des travailleurs industriels aux États-Unis

Des rapports récents témoignent du renversement historique survenu dans les salaires et les conditions de vie des travailleurs industriels aux États-Unis, un phénomène qui s’est accéléré à la suite du krach économique mondial de 2008. Ces rapports mettent en lumière la réalité derrière la « reprise économique » d’Obama et les profits accumulés par les sociétés et les institutions financières américaines.

L’offensive impitoyable de la classe dirigeante contre la classe ouvrière qui dure depuis des décennies trouve l’une de ses expressions les plus fortes dans l’appauvrissement du Michigan, centre historique de la fabrication automobile américaine et l’un des États les plus prospères du pays pendant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Selon le US Bureau of Economic Analysis (Bureau américain d’analyse économique), l’État du Michigan se classe maintenant dans le dernier tiers des États américains en ce qui a trait au revenu par habitant.

Après près de 40 années de fermetures d’usines, de licenciements massifs et de réductions des salaires, le revenu par habitant au Michigan est maintenant au 38e rang des 50 États et Washington, DC. Ces chiffres sont encore plus choquants lorsque l’on exclut les transferts gouvernementaux des programmes de sécurité sociale, de Medicare, des coupons alimentaires, d’aide sociale et de prestations pour anciens combattants, faisant reculer le Michigan au 42e rang aux États-Unis.

Seule une poignée d’autres États plus arriérés économiquement tels l’Arkansas, l’Alabama, le Mississippi et la Virginie occidentale, sont pires. C’est une ironie de l’histoire que ce soit en grande partie ces États que des centaines de milliers de mineurs du charbon et de métayers pauvres ont fuis pour trouver une vie meilleure dans les usines d’automobiles et les aciéries du Michigan lors des six premières décennies du siècle dernier.

Le coût humain de cette situation a été révélé dans un rapport publié plus tôt cette année par Centraide, révélant que 40 % des ménages au Michigan – au nombre de 1,54 million dans l’État – n’ont pas assez d’argent pour satisfaire leurs besoins de base. Dans 73 % des villes du Michigan recherchées, 30 % des ménages ne pouvaient payer pour leur loyer, la garde de leurs enfants, leur nourriture, leurs besoins de transports ou des soins de santé, même s’ils travaillaient.

La situation dans le Michigan s’inscrit dans une tendance nationale. La semaine dernière, le National Employment Law Project publiait un rapport intitulé Manufacturing Low Pay : Declining Wages in the Jobs that Built America’s Middle Class (La fabrication des bas salaires : la baisse des salaires dans les emplois qui ont façonné la classe moyenne aux États-Unis).

Parmi les révélations de ce rapport :

* Sur les 6,2 millions de travailleurs de la production aux États-Unis, plus de 600.000 gagnent un salaire horaire de 9,60 $ ou moins, et plus de 1,5 million de 11,91 $ ou moins. De plus en plus, les travailleurs sont employés par des agences de travail temporaire et de dotation, qui paient des salaires encore plus bas.

* Depuis 2003, les salaires réels pour les travailleurs de la fabrication ont diminué de 4 % – soit un dollar l’heure – se traduisant par une perte de revenu annuelle de 2000$ pour un travailleur industriel travaillant 40 heures par semaine à raison de 52 semaines par année.

* Dans le secteur des pièces automobiles – qui représente désormais les 3/4 de tous les emplois dans l’industrie de l’auto – l’effondrement des salaires est encore plus stupéfiant. Entre 2003 et 2013, les salaires réels dans l’industrie pour les équipes de monteurs ont chuté de 1,47 $ l’heure (9,2 %), tandis que les salaires dans la production des pièces automobiles ont chuté de 2,77 $ l’heure (15 %).

De plus en plus, des sociétés comme General Motors, Ford, Caterpillar, Boeing, Airbus et le fabricant chinois d’ordinateurs Lenovo ramènent aux États-Unis la production faite au Mexique, en Chine et dans d’autres pays à bas salaires. L’écart salarial entre les travailleurs chinois et américains devrait être réduit à 7 $ l’heure d’ici 2015, alors qu’il était de 17 $ l’heure en 2006.

La chute des salaires des travailleurs industriels est allée de pair avec le démantèlement d’une grande partie de la base industrielle du pays et la dépendance croissante de l’économie américaine sur la spéculation et le parasitisme financier. Les États-Unis ont perdu la moitié de leurs emplois dans la fabrication entre 2000 et 2009, et seulement 500.000 des 6 millions d’emplois manufacturiers perdus sont revenus.

L’attaque sur les salaires industriels s’est accélérée avec l’administration Obama lors de la faillite forcée de General Motors et de Chrysler en 2009, où les salaires des travailleurs nouvellement embauchés ont été réduits de 50 %. Le résultat a été des bénéfices record pour les constructeurs automobiles.

Pendant la majeure partie de la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, le Michigan se classait parmi les 10 premiers États en ce qui avait trait au revenu par habitant, Detroit affichant même en 1960 le revenu par habitant le plus élevé de n’importe quelle ville aux États-Unis. Ce n’était pas là l’accomplissement d’employeurs ayant l’esprit libéral ou de politiciens comme Franklin Roosevelt, mais bien des luttes de masse explosives des années 1930 qui ont vu la création des syndicats industriels. Ces batailles de classe étaient dirigées par des militants de gauche et des travailleurs inspirés par le socialisme et la Révolution russe de 1917.

Craignant le danger que les États-Unis aient leur « propre révolution de 1917 », la classe dirigeante américaine, ayant le luxe de posséder une puissante industrie et d’immenses richesses, a accordé des concessions à la classe ouvrière. Au cours des décennies qui ont suivi, les travailleurs industriels du Michigan et d’autres États se sont battus pour obtenir des salaires et des soins de santé payés par l’employeur, des pensions et des congés, permettant à beaucoup de s’acheter une maison, d’envoyer leurs enfants à l’université et de vivre plus sainement et longuement.

La classe dirigeante américaine n’a jamais digéré le mode de vie de la supposée « classe moyenne » acquis par les travailleurs. Et pourtant, elle n’a pas pu renverser ses réalisations sans la collaboration des syndicats.

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Syndicat des travailleurs unis de l’automobile (TUA) et d’autres syndicats ont renoncé à toute défense de la classe ouvrière et, au nom de la défense de la « compétitivité » et des bénéfices des sociétés américaines sur la scène mondiale, ils ont collaboré à la destruction de millions d’emplois industriels et à l’appauvrissement des communautés ouvrières de Detroit, de Flint et d’ailleurs.

Lors de la restructuration de l’industrie de l’automobile en 2009, les TUA ont accepté des milliards de dollars en actions de GM et de Chrysler à titre de paiement pour leur collaboration dans la réduction des salaires, la fin du paiement des heures supplémentaires après huit heures de travail et l’embauche de milliers de travailleurs temporaires. Le syndicat des TUA s’est transformé il y a des décennies en une entité commerciale, valant maintenant plus d’un milliard de dollars et administrée par une équipe de cadres grassement payés dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux des travailleurs qu’ils prétendent faussement représenter.

Les conditions de vie expérimentées au quotidien par des millions de travailleurs au Michigan et dans le reste des États-Unis sont la preuve de l’échec complet d’un mouvement ouvrier basé sur la défense du capitalisme, du nationalisme économique et de la subordination de la classe ouvrière au Parti démocrate.

Les gains auparavant acquis par les travailleurs l’ont été par des luttes de masse. L’opposition de la classe ouvrière n’a pas disparu dans les années 1980 ou par la suite. Elle a été sabotée et désorganisée par les TUA et les autres syndicats qui ont chassé de leurs rangs les militants de gauche dans les années 1940 et 1950 et se sont consolidés sur la base de l’anticommunisme et la défense des intérêts mondiaux de l’impérialisme américain.

Ce phénomène n’est pas uniquement américain. Face à la mondialisation de la production capitaliste, tous les syndicats basés à l’échelle nationale sont devenus dans tous les pays des organisations anti-ouvrières qui ont supprimé la lutte de classe et aidé à faire baisser les salaires.

La voie de l’avant est le développement de nouvelles organisations démocratiques de lutte, indépendantes des syndicats, dans le cadre d’un puissant mouvement politique de la classe ouvrière, présent tant aux États-Unis qu’à l’échelle internationale, et basé sur un programme révolutionnaire pour remplacer le système capitaliste par le socialisme.

L’appauvrissement des travailleurs industriels aux États-Unis

Des rapports récents témoignent du renversement historique survenu dans les salaires et les conditions de vie des travailleurs industriels aux États-Unis, un phénomène qui s’est accéléré à la suite du krach économique mondial de 2008. Ces rapports mettent en lumière la réalité derrière la « reprise économique » d’Obama et les profits accumulés par les sociétés et les institutions financières américaines.

L’offensive impitoyable de la classe dirigeante contre la classe ouvrière qui dure depuis des décennies trouve l’une de ses expressions les plus fortes dans l’appauvrissement du Michigan, centre historique de la fabrication automobile américaine et l’un des États les plus prospères du pays pendant les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Selon le US Bureau of Economic Analysis (Bureau américain d’analyse économique), l’État du Michigan se classe maintenant dans le dernier tiers des États américains en ce qui a trait au revenu par habitant.

Après près de 40 années de fermetures d’usines, de licenciements massifs et de réductions des salaires, le revenu par habitant au Michigan est maintenant au 38e rang des 50 États et Washington, DC. Ces chiffres sont encore plus choquants lorsque l’on exclut les transferts gouvernementaux des programmes de sécurité sociale, de Medicare, des coupons alimentaires, d’aide sociale et de prestations pour anciens combattants, faisant reculer le Michigan au 42e rang aux États-Unis.

Seule une poignée d’autres États plus arriérés économiquement tels l’Arkansas, l’Alabama, le Mississippi et la Virginie occidentale, sont pires. C’est une ironie de l’histoire que ce soit en grande partie ces États que des centaines de milliers de mineurs du charbon et de métayers pauvres ont fuis pour trouver une vie meilleure dans les usines d’automobiles et les aciéries du Michigan lors des six premières décennies du siècle dernier.

Le coût humain de cette situation a été révélé dans un rapport publié plus tôt cette année par Centraide, révélant que 40 % des ménages au Michigan – au nombre de 1,54 million dans l’État – n’ont pas assez d’argent pour satisfaire leurs besoins de base. Dans 73 % des villes du Michigan recherchées, 30 % des ménages ne pouvaient payer pour leur loyer, la garde de leurs enfants, leur nourriture, leurs besoins de transports ou des soins de santé, même s’ils travaillaient.

La situation dans le Michigan s’inscrit dans une tendance nationale. La semaine dernière, le National Employment Law Project publiait un rapport intitulé Manufacturing Low Pay : Declining Wages in the Jobs that Built America’s Middle Class (La fabrication des bas salaires : la baisse des salaires dans les emplois qui ont façonné la classe moyenne aux États-Unis).

Parmi les révélations de ce rapport :

* Sur les 6,2 millions de travailleurs de la production aux États-Unis, plus de 600.000 gagnent un salaire horaire de 9,60 $ ou moins, et plus de 1,5 million de 11,91 $ ou moins. De plus en plus, les travailleurs sont employés par des agences de travail temporaire et de dotation, qui paient des salaires encore plus bas.

* Depuis 2003, les salaires réels pour les travailleurs de la fabrication ont diminué de 4 % – soit un dollar l’heure – se traduisant par une perte de revenu annuelle de 2000$ pour un travailleur industriel travaillant 40 heures par semaine à raison de 52 semaines par année.

* Dans le secteur des pièces automobiles – qui représente désormais les 3/4 de tous les emplois dans l’industrie de l’auto – l’effondrement des salaires est encore plus stupéfiant. Entre 2003 et 2013, les salaires réels dans l’industrie pour les équipes de monteurs ont chuté de 1,47 $ l’heure (9,2 %), tandis que les salaires dans la production des pièces automobiles ont chuté de 2,77 $ l’heure (15 %).

De plus en plus, des sociétés comme General Motors, Ford, Caterpillar, Boeing, Airbus et le fabricant chinois d’ordinateurs Lenovo ramènent aux États-Unis la production faite au Mexique, en Chine et dans d’autres pays à bas salaires. L’écart salarial entre les travailleurs chinois et américains devrait être réduit à 7 $ l’heure d’ici 2015, alors qu’il était de 17 $ l’heure en 2006.

La chute des salaires des travailleurs industriels est allée de pair avec le démantèlement d’une grande partie de la base industrielle du pays et la dépendance croissante de l’économie américaine sur la spéculation et le parasitisme financier. Les États-Unis ont perdu la moitié de leurs emplois dans la fabrication entre 2000 et 2009, et seulement 500.000 des 6 millions d’emplois manufacturiers perdus sont revenus.

L’attaque sur les salaires industriels s’est accélérée avec l’administration Obama lors de la faillite forcée de General Motors et de Chrysler en 2009, où les salaires des travailleurs nouvellement embauchés ont été réduits de 50 %. Le résultat a été des bénéfices record pour les constructeurs automobiles.

Pendant la majeure partie de la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, le Michigan se classait parmi les 10 premiers États en ce qui avait trait au revenu par habitant, Detroit affichant même en 1960 le revenu par habitant le plus élevé de n’importe quelle ville aux États-Unis. Ce n’était pas là l’accomplissement d’employeurs ayant l’esprit libéral ou de politiciens comme Franklin Roosevelt, mais bien des luttes de masse explosives des années 1930 qui ont vu la création des syndicats industriels. Ces batailles de classe étaient dirigées par des militants de gauche et des travailleurs inspirés par le socialisme et la Révolution russe de 1917.

Craignant le danger que les États-Unis aient leur « propre révolution de 1917 », la classe dirigeante américaine, ayant le luxe de posséder une puissante industrie et d’immenses richesses, a accordé des concessions à la classe ouvrière. Au cours des décennies qui ont suivi, les travailleurs industriels du Michigan et d’autres États se sont battus pour obtenir des salaires et des soins de santé payés par l’employeur, des pensions et des congés, permettant à beaucoup de s’acheter une maison, d’envoyer leurs enfants à l’université et de vivre plus sainement et longuement.

La classe dirigeante américaine n’a jamais digéré le mode de vie de la supposée « classe moyenne » acquis par les travailleurs. Et pourtant, elle n’a pas pu renverser ses réalisations sans la collaboration des syndicats.

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Syndicat des travailleurs unis de l’automobile (TUA) et d’autres syndicats ont renoncé à toute défense de la classe ouvrière et, au nom de la défense de la « compétitivité » et des bénéfices des sociétés américaines sur la scène mondiale, ils ont collaboré à la destruction de millions d’emplois industriels et à l’appauvrissement des communautés ouvrières de Detroit, de Flint et d’ailleurs.

Lors de la restructuration de l’industrie de l’automobile en 2009, les TUA ont accepté des milliards de dollars en actions de GM et de Chrysler à titre de paiement pour leur collaboration dans la réduction des salaires, la fin du paiement des heures supplémentaires après huit heures de travail et l’embauche de milliers de travailleurs temporaires. Le syndicat des TUA s’est transformé il y a des décennies en une entité commerciale, valant maintenant plus d’un milliard de dollars et administrée par une équipe de cadres grassement payés dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux des travailleurs qu’ils prétendent faussement représenter.

Les conditions de vie expérimentées au quotidien par des millions de travailleurs au Michigan et dans le reste des États-Unis sont la preuve de l’échec complet d’un mouvement ouvrier basé sur la défense du capitalisme, du nationalisme économique et de la subordination de la classe ouvrière au Parti démocrate.

Les gains auparavant acquis par les travailleurs l’ont été par des luttes de masse. L’opposition de la classe ouvrière n’a pas disparu dans les années 1980 ou par la suite. Elle a été sabotée et désorganisée par les TUA et les autres syndicats qui ont chassé de leurs rangs les militants de gauche dans les années 1940 et 1950 et se sont consolidés sur la base de l’anticommunisme et la défense des intérêts mondiaux de l’impérialisme américain.

Ce phénomène n’est pas uniquement américain. Face à la mondialisation de la production capitaliste, tous les syndicats basés à l’échelle nationale sont devenus dans tous les pays des organisations anti-ouvrières qui ont supprimé la lutte de classe et aidé à faire baisser les salaires.

La voie de l’avant est le développement de nouvelles organisations démocratiques de lutte, indépendantes des syndicats, dans le cadre d’un puissant mouvement politique de la classe ouvrière, présent tant aux États-Unis qu’à l’échelle internationale, et basé sur un programme révolutionnaire pour remplacer le système capitaliste par le socialisme.

Par Jerry White

La richesse des 400 Américains les plus riches bondit à 2290 milliards de dollars

Les 400 personnes les plus riches aux États-Unis ont vu leur valeur nette combinée croître de 13 % pour atteindre 2290 milliards de dollars cette année, en pleine flambée record des marchés boursiers et des bénéfices d’entreprises. Ces chiffres proviennent de la liste compilée chaque année depuis 1982 par le magazine économique américain Forbes des 400 Américains les plus riches.

Comme Forbes l’a rapporté la semaine dernière, la valeur nette de ces 400 personnes est « environ la même que le produit intérieur brut du Brésil, un pays de 200 millions d’habitants ». La valeur nette moyenne des noms sur la liste Forbes 400 est maintenant de 5,7 milliards de dollars, soit un bond de 700 millions de dollars par rapport à l’an dernier.

Ces nouveaux chiffres sur la richesse aux États-Unis ont été généralement passés sous silence dans les médias. Tant le New York Times que le Wall Street Journal n’ont publié d’articles à ce sujet. La question n’a fait l’objet d’aucune campagne politique, même un mois avant les élections de mi-mandat. Aucun parti de la grande entreprise n’a intérêt à attirer l’attention sur le niveau extraordinaire des inégalités sociales aux États-Unis, pays où l’on clame sans fin qu’il n’y a pas d’argent pour satisfaire les services sociaux de base.

La semaine dernière marquait le sixième anniversaire de la signature de l’Emergency Economic Stabilization Act de 2008 qui a créé le programme de sauvetage des banques de 700 milliards de dollars, le Troubled Asset Relief Program, mieux connu sous le nom de programme de sauvetage de banques. Depuis lors, la richesse des sections les plus riches de la société a grimpé en flèche alors que le revenu annuel du ménage typique a diminué de 5 %.

Depuis 2009, la valeur nette combinée des noms sur la liste Forbes 400, qui était alors de 1270 milliards de dollars, a presque doublé. La croissance explosive des inégalités sociales est le produit direct et intentionnel des politiques menées par les administrations Bush et Obama à la suite de la crise financière de 2008 : l’inondation du système financier avec de l’argent bon marché, couplée à une attaque coordonnée sur les salaires et les programmes sociaux.

L’enrichissement des Américains super-riches est illustré par les noms sur la liste Forbes 400.

* Bill Gates, co-fondateur de Microsoft et l’homme le plus riche des États-Unis pour 21 années d’affilée, a vu sa richesse augmenter de 9 milliards de dollars en un an, atteignant maintenant 81 milliards de dollars. La richesse de Bill Gates a augmenté au rythme stupéfiant de 31 milliards de dollars ces cinq dernières années. Pour mettre ce chiffre en perspective, la richesse de Gates a augmenté depuis 2009 de près de 30 fois le budget annuel de la ville de Detroit, actuellement en faillite.

* La richesse de l’investisseur Warren Buffett, le deuxième nom sur la liste, a atteint 68,2 milliards de dollars, en hausse de plus de 10 milliards de dollars en un an. La richesse de Buffett a augmenté de près de 30 milliards de dollars depuis 2009.

* Larry Ellison, le PDG d’Oracle et troisième nom sur la liste, a vu sa fortune presque doubler depuis 2009, chiffrée alors à 27 milliards de dollars, pour atteindre 48,7 milliards de dollars cette année.

* Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, actuellement onzième sur la liste avec une valeur nette de 34,1 milliards de dollars, a vu sa richesse augmenter de dix-sept fois depuis 2009, avec 15 milliards de dollars de plus cette année seulement.

En 2009, certains des noms sur la liste Forbes 400 n’étaient pas milliardaires. Maintenant, le seuil d’entrée pour figurer sur la liste est de 1,55 milliard de dollars. Sous ce seuil, donc n’apparaissant pas sur la liste, on dénombre actuellement 113 milliardaires aux États-Unis.

La liste Forbes 400 de cette année est dominée par le secteur financier. Alors que le secteur de la finance et de l’immobilier représentait 4,4 % des noms sur la première liste Forbes 400 dressée en 1982, ce secteur représente maintenant 21 % des noms sur la liste, selon le Washington Post. Les personnes qui ont fait fortune dans les fonds spéculatifs représentent 7,8 % des noms sur la liste, alors que 6,3 % des noms proviennent des fonds de capital-investissement et 5,3 % sont actifs dans la gestion de l’argent.

Malgré la présentation officielle du capitalisme comme une entreprise à haut risque au pari élevé, il s’est avéré remarquablement difficile pour les fortunes des super-riches d’aller n’importe où sauf plus haut. Seuls trente-six noms sur la liste Forbes 400 de cette année, soit moins d’une personne sur dix, ont vu leur richesse diminuer au cours de la dernière année, alors que trois noms sur quatre ont vu leur richesse augmenter.

Parmi les milliardaires dont la valeur nette a effectivement diminué figure Micky Arison, l’ancien PDG de la flotte de bateaux de croisière Carnival Corporation. L’histoire récente de la société est, selon le magazine Forbes, « un véritable cauchemar en matière de relations publiques, notamment avec l’accident mortel du Costa Concordia au large des côtes de l’Italie en janvier 2012 dans lequel 32 personnes ont péri, suivi par l’incendie à bord du Carnival Triumph en février 2013, qui a laissé ses passagers en détresse en mer avec un accès limité aux toilettes pendant cinq jours ».

Dans le sillage de cette série de catastrophes, Arison a subi une baisse de 2 % de sa richesse au cours de la dernière année, le laissant à 6,5 milliards de dollars.

Peu de temps après la sortie de la liste Forbes 400, l’Organisation de coopération et de développement économiques a publié un rapport concluant que les inégalités sociales mondiales ont éclipsé celles qui ont précédé la Grande Dépression des années 1920, atteignant les plus hauts niveaux d’inégalités qui soient depuis les années 1870 et 1820.

Le rapport souligne que « l’inégalité des revenus a suivi une trajectoire en forme de U dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et d’immigration d’origine européenne. Elle a diminué entre la fin du XIXe siècle jusqu’en 1970 environ, pour connaitre ensuite une augmentation. En Europe de l’Est, le communisme a entraîné de fortes baisses dans l’inégalité des revenus, suivies par une forte augmentation après sa désintégration dans les années 1980. Dans d’autres parties du monde (en Chine notamment), les inégalités de revenus sont depuis récemment en hausse. »

L’enquête ne couvre pas cependant l’énorme croissance des inégalités sociales survenue au cours des quatorze dernières années. Une fois ces modifications prises en compte, il est possible que le niveau actuel des inégalités sociales dans le monde puisse être le plus élevé dans l’histoire du monde moderne.

Par Andre Damon

Obama présente un « grand marchandage » pour réduire les impôts des sociétés

S’adressant mardi depuis le centre de distribution d’Amazon de Chattanooga, dans le Tennessee, le président Barack Obama a présenté un plan visant à réduire les impôts des sociétés et à donner des milliards de dollars en subventions aux entreprises au nom de la sécurisation d’« une meilleure aubaine pour la classe moyenne ».

Dans la deuxième d’une série d’apparitions ostensiblement axées sur l’emploi et la « classe moyenne », Obama a proposé de réduire le taux d’imposition des sociétés en le faisant passer de 35 à 28 %, et à 25 % pour les fabricants. Cette annonce a été couplée à des appels pour que le gouvernement fournisse « en partenariat avec le secteur privé » les infrastructures, les services sociaux et l’éducation – des mots codés pour privatisation et compressions budgétaires.

Le président couvre son plan de réduction des impôts des sociétés derrière un écran de fumée de démagogie. Affirmant qu’« une chose que [la récession] a permise, aura été de mettre à nu l’érosion à long terme que ce qui s’est passé en ce qui a trait à la sécurité de la classe moyenne », Obama a répété sa promesse creuse de fournir aux gens ordinaires « la chance de réussir dans l’économie du XXIe siècle ».

« Renverser cette tendance » de l’approfondissement des inégalités « doit être la priorité de Washington », a déclaré Obama. « C’est certainement la mienne en tout cas. »

En réalité, les politiques énoncées par Obama auront l’effet inverse. Entièrement en accord avec les premiers quatre ans et demi de sa présidence, le programme économique d’Obama vise à canaliser une part encore plus grande des richesses de la société vers l’oligarchie financière qui domine la vie politique et économique aux États-Unis.

Ce qu’Obama cherche à faire passer comme un programme d’emploi comprend d’une part des dépenses fédérales mineures en matière de développement des infrastructures – liées à des allégements fiscaux et à des subventions pour les entreprises – et d’autre part des allégements fiscaux pour les entreprises qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars en argent sonnant. Tout son plan est profondément réactionnaire et adapté aux intérêts des banques et des sociétés.

La posture d’Obama comme défenseur de la « classe moyenne » est contredite par le rejet explicite de toute aide à Détroit par son administration, un refus réitéré la semaine dernière par le secrétaire au Trésor Jacob Lew. Cette décision représente un soutien de facto à l’éviscération des prestations de retraite des 20.000 travailleurs municipaux de Détroit et à la liquidation des actifs de la ville.

Obama prétend certes soutenir les « bons emplois payant des salaires décents », mais sa politique vise en fait à sabrer les salaires des travailleurs. Dans les restructurations de Chrysler et de General Motors en 2009, il a fait de la réduction des salaires de 50 % des nouveaux employés une condition pour fournir des fonds de sauvetage aux constructeurs automobiles.

L’expansion de la production à bas salaire chez GM et Chrysler a eu des répercussions dans toute l’industrie manufacturière américaine et a entraîné une baisse des salaires dans l’ensemble de l’industrie automobile. Un exemple en est l’usine d’assemblage de Volkswagen à Chattanooga, située dans le même lot que le centre de distribution d’Amazon qu’Obama a visité. À l’usine VW, les nouveaux travailleurs sur la ligne d’assemblage sont payés 12 $ l’heure, ce qui est parmi les salaires les plus bas pour les travaux d’assemblage automobile de partout dans le pays.

Telle est la réalité derrière les vantardises d’Obama qui prétend dans son discours que « nous avons sauvé l’industrie automobile grâce à la coopération de GM et des TUA pour ramener des emplois aux États-Unis ».

La vision de l’administration n’est pas, comme le prétend Obama, « un bon travail avec un bon salaire ». Bien au contraire, le plan est de faire reculer de plusieurs décennies les conditions de vie de la classe ouvrière. Rien ne souligne cela autant que la décision d’Obama de prononcer son discours à l’un des centres de distribution d’Amazon, une société notoire pour ses salaires de misère et des conditions de travail abusives.

« Amazon est un excellent exemple de ce qui est possible », a déclaré Obama dans l’établissement connu pour ses conditions de misère. Les travailleurs mal payés de l’entreprise, dont un pourcentage important sont engagés à contrat par l’entremise d’agences de travail temporaire, sont obligés de supporter une chaleur et un froid extrêmes, se font systématiquement intimés de ne pas parler entre eux, et sont quotidiennement menacés de licenciement.

Dans son édition du 18 septembre 2011, le Allentown Morning Call de Pennsylvanie signalait que les travailleurs d’un entrepôt d’Amazon local étaient forcés de travailler de longues heures sans climatiseur ou de pauses pour leur permettre d’aller boire de l’eau, par des températures supérieures à 38 Celcius. Il était mentionné dans l’article qu’ils étaient menacés de licenciement s’ils se plaignaient. Amazon avait refusé d’ouvrir les portes des quais de chargement pour ventiler l’entrepôt, invoquant la nécessité d’empêcher les travailleurs de voler. L’entreprise a préféré retenir un parc d’ambulances dans son stationnement pour transporter à l’hôpital les travailleurs souffrant de malaises ou incommodés par la chaleur.

Le Financial Times rapportait en février que les travailleurs « peuvent marcher entre 11 et 24 kilomètres » par jour, et qu’ils « doivent traverser une série de scanneurs semblables à ceux utilisés dans les aéroports pour vérifier qu’ils ne volent rien » à la fin de leur quart de travail et de leur pause du midi de 30 minutes. L’article note qu’« un très grand nombre de travailleurs sont fréquemment licenciés avec peu d’avertissement ou d’explication ». En outre, ils reçoivent des bottes de travail de mauvaise qualité et mal ajustées, se faisant dire d’appliquer de la vaseline sur leurs pieds si les ampoules deviennent insupportables.

Selon l’édition du Seattle Times du 3 avril 2012, les travailleurs d’Amazon sont menacés ou même congédiés s’ils signalent des accidents de travail à l’Occupational Safety and Health Administration. De plus, un recours collectif est en cours contre la société pour les nombreuses erreurs dans les chèques lésant ses travailleurs.

Obama cherche à donner des milliards de dollars aux entreprises en procédant à des réductions fiscales et en octroyant des cadeaux au détriment des dépenses sociales. En s’engageant à « réduire notre déficit avec un scalpel pour se débarrasser des programmes dont nous n’avons pas besoin », Obama s’est vanté de sabrer les dépenses du gouvernement plus rapidement que toutes les autres administrations élues depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. « Notre déficit n’a jamais baissé à un rythme aussi rapide depuis 60 ans », a-t-il dit.

Il a également appelé à une privatisation accrue des ressources publiques, affirmant que le gouvernement « devrait s’associer au secteur privé pour améliorer ce dont les entreprises ont le plus besoin » – une liste comprenant le contrôle de la circulation aérienne, les services publics et les écoles publiques. Obama affirme que donner aux entreprises un meilleur contrôle sur les écoles publiques permettrait la prolifération d’« écoles modernes capables de préparer nos enfants pour demain ».

Obama a fait référence à un plan qui permettrait aux entreprises de tirer profit des travailleurs des régions pauvres du pays comme à Chattanooga. « Nous allons offrir de nouveaux incitatifs fiscaux aux fabricants qui ramènent des emplois aux États-Unis, de même que de nouveaux crédits d’impôt pour que les collectivités les plus durement touchées par les fermetures d’usines puissent attirer de nouveaux investissements », a-t-il dit.

En langage clair, le président propose de donner aux sociétés l’argent du public pour transférer les opérations industrielles dans des zones de chômage élevé où les travailleurs peuvent être contraints d’accepter des salaires de misère.

Par Eric London

La police paramilitaire d’Obama : la « guerre contre le terrorisme » en sol américain

Le résultat le plus révélateur de la série de rencontres avec des responsables politiques, la police, et des leaders de « droits civiques » organisées par l’administration Obama lundi fut le rejet par le président de toute mesure pour mettre un frein à la militarisation des forces policières locales.

Les rencontres ont été organisées pour feindre de la sympathie par rapport à la colère populaire qui a été provoquée par le refus de porter des accusations contre le policier de Ferguson au Missouri qui a abattu l’adolescent sans arme Michael Brown au mois d’août dernier. Mais cette rhétorique était à l’opposé des mesures qui sont prises en réalité.

La Maison-Blanche a procédé à un examen des programmes pour le transfert d’équipement militaire à la police qui conclut : « Dans l’ensemble, ces programmes ont été utiles et ont offert aux forces de l’ordre d’État et locales de l’assistance pour poursuivre leurs missions importantes pour aider à maintenir la sécurité du peuple américain. » L’examen, ordonné à la suite de la répression policière contre les manifestants pacifiques de Ferguson au mois d’août, a été publié lundi.

Obama a souligné qu’il n’y aurait pas de réduction dans le financement pour le programme 1033 du département de la Défense, dont le mot d’ordre est « de combattant de guerre à combattant du crime », ou tout autre programme fédéral qui a facilité l’armement des autorités policières locales avec plus de 4,3 milliards de dollars en fusils d’assaut, véhicules blindés et même des appareils d’aviation militaires.

D’année en année, la distinction entre la police et le militaire devient de plus en plus floue, alors que la police est équipée de matériel qui, dans beaucoup de cas, provient directement du champ de bataille. L’usage d’équipes « de choc » (SWAT) a augmenté de façon exponentielle dans les dernières décennies, la police – en armure protectrice et armée de fusils d’assaut – exécutant entre autres les mandats de perquisition. Les rafles SWAT, accompagnées de violence arbitraire et de destruction de propriété, sont devenues des pratiques opérationnelles normales.

À Ferguson, les équipes de police SWAT ont travaillé aux côtés de la garde nationale pour faire des arrestations de masse, créant ainsi un précédent pour des opérations communes du militaire et de la police pour réprimer toute opposition politique au pays.

De sa manière typiquement orwellienne, Obama a cherché à présenter l’augmentation de mesures d’État policier comme des initiatives pour les « droits civiques ». Des niveaux grotesques de mensonge et d’hypocrisie sont d’usage avec ce président.

« Trop de personnes, en particulier les jeunes de couleur, trouvent qu’elles sont traitées injustement », a déclaré Obama à la suite de ses rencontres lundi. Ainsi, le problème ne serait pas que la violence et l’abus policiers, souvent mortels, sont des occurrences quotidiennes dans les villes et les municipalités à travers les États-Unis, mais que ses victimes n’acceptent pas ce traitement.

La solution ? Obama a conclu ses remarques en déclarant qu’il introduirait de nouvelles initiatives qui « vont augmenter de façon significative le financement et la formation de la police locale ».

Sa proposition de mettre en place un « groupe de travail sur la police du 21e siècle » provient de la même stratégie que la Maison-Blanche a utilisée en réponse au scandale d’espionnage de la NSA en 2013. Le gouvernement avait alors utilisé un comité d’examen chargé d’augmenter la « transparence » et de rétablir la « confiance du public » afin de normaliser et d’étendre l’espionnage gouvernemental anticonstitutionnel.

Des universitaires libéraux renommés et des publications prodémocrates telles que le magazine the Nation avaient été recrutés pour présenter la fraude de la « réforme » de la NSA comme étant sincère et pour cacher la réalité de la normalisation de plus en plus profonde et étendue de méthodes d’État policier.

Des tactiques identiques sont employées en réponse au meurtre de Michael Brown par la police et l’exonération de son meurtrier. Obama dit qu’il faut rétablir la « confiance du public » en la police en augmentant la « transparence » pendant même que l’administration travaille main dans la main avec les autorités d’État et locales pour imposer un quasi-état de siège à Ferguson.

L’administration utilise la politique raciale et identitaire pour éviter les questions démocratiques et politiques fondamentales. Elle a fait d’Al Sharpton, l’animateur de télévision multimillionnaire et fraudeur d’impôt, son porte-parole de facto à St-Louis et recruté une panoplie de « leaders des droits civiques » afin de confiner l’opposition à la violence policière dans l’orbite du Parti démocrate.

L’assaut sur les droits fondamentaux et le recours de plus en plus fréquent à la répression étatique représentent la réponse de l’aristocratie financière américaine à l’augmentation des tensions sociales. Six ans après le krach financier de 2008, le chômage de masse continue pendant que les salaires stagnent. Cependant, la fortune des super-riches a doublé depuis 2009.

La classe dirigeante et les deux partis politiques de la grande entreprise n’ont rien à offrir pour alléger la détresse sociale de larges couches de la population. Aucune section de l’establishment politique ne fait appel à restreindre la criminalité corporatiste ou à une distribution plus démocratique de la richesse. Au lieu de cela, les deux partis font pression pour des attaques de plus en plus profondes contre les programmes d’aide sociale. Ceci est accompagné par l’intensification de guerres extrêmement impopulaires en Irak et en Afghanistan, et des préparatifs pour d’autres guerres encore plus sanglantes dans l’avenir immédiat.

La militarisation de la police n’a rien avoir avec la « sécurité du peuple américain » comme le prétend la Maison-Blanche. Il s’agit de renforcer l’appareil de répression pour le diriger contre toute opposition sociale et politique à l’intérieur des États-Unis.

C’est la « guerre contre le terrorisme » en sol américain. Les méthodes anti-insurrectionnelles développées pour les guerres et les occupations de l’Irak et de l’Afghanistan sont de plus en plus employées contre la population américaine.

La démocratie est incompatible avec les niveaux d’inégalité sociale existants, qui sont à leur tour ancrés dans le système capitaliste. Les droits démocratiques ne peuvent qu’être défendus sur la base d’un mouvement de masse de la classe ouvrière armé d’un programme socialiste pour satisfaire les besoins sociaux, et non pas pour augmenter les profits et fortunes des riches et super-riches.

Par Andre Damon

Les entretiens entre Obama et Xi soulignent la menace de guerre américaine en Asie

Hier à Pékin, le président américain Barack Obama s’est vanté que les accords qu’il avait signés avec son homologue chinois, Xi Jinping, dans les domaines militaire, commercial, et écologique avaient amené leur « coopération bilatérale, régionale et mondiale à un nouveau niveau. ». En fait, les deux jours de discussions entre Obama et Xi ont souligné les tensions géostratégiques et les risques de guerre engendrés par le « pivot vers l’Asie » de Washington.

Depuis son entrée en fonction, Obama a dirigé un effort pour maintenir la domination impérialiste américaine de la région Asie-Pacifique en encerclant la Chine avec des alliés diplomatiques et militaires des Etats-Unis. Le « pivot », officiellement annoncé en novembre 2011, a aussi vu Washington attiser les contentieux territoriaux entre la Chine et ses voisins, y compris le Japon au sujet des îles Senkaku/Diaoyu et plusieurs Etats d’Asie du Sud-Est au sujet de la Mer de Chine méridionale.

Pendant les 18 mois depuis l’accueil de Xi Jinping en Caroline du Sud par Obama pour leur première rencontre, une série d’incidents ont menacé de déclencher un conflit régional susceptible de dégénérer en une guerre ouverte entre les Etats-Unis et la Chine.

L’impérialisme américain se prépare activement à mener une guerre contre la grande puissance asiatique, en recentrant 60 pour cent de ses ressources aériennes et navales dans la région et en développant sa stratégie « Air-Sea Battle », qui prévoit un bombardement aérien dévastateur ainsi qu’un blocus naval de la Chine.

Cependant, le gouvernement Obama veut pouvoir choisir le moment qu’il lancera la guerre, et aussi le prétexte qu’il citera. C’est pourquoi Washington a exhorté le premier ministre japonais Shinzo Abe, qui a rencontré Xi pour la première fois lundi, d’apaiser les tensions avec Pékin au sujet des petites îles Senkaku/Diaoyu, revendiquées par les deux pays.

Ces calculs sont à la base des nouveaux protocoles entre les armées américaine et chinoise entérinés cette semaine. Ben Rhodes, un conseiller à la sécurité nationale américain, a dit aux journalistes avant le sommet : « Il est extrêmement important que nous évitions une escalade intempestive et une situation où des circonstances accidentelles déboucheraient à nouveau sur quelque chose susceptible de provoquer un conflit. »

Ces remarques constituent une condamnation accablante des provocations irresponsables de la part du gouvernement Obama en Asie de l’Est au cours de ces deux dernières années, qui menacent de déclencher une guerre ouverte entre deux puissances nucléaires.

Le Wall Street Journal a écrit que Pékin s’était « longtemps opposé à un accord sur les conflits militaires avec les Etats-Unis, au motif que ceci impliquait une relation antagoniste comme celle entre les Etats-Unis et l’ancienne Union soviétique. » Le Journal a toutefois précisé que ceci avait « changé depuis l’année dernière, car les deux camps ont reconnu ne pas pouvoir concilier leurs interprétations de la loi internationale sur les questions maritimes, et qu’ils ne pouvaient pas non plus permettre que des affrontements militaires imprévus fassent dérailler leurs relations générales. »

Le nouveau « mécanisme pour développer la confiance » ne résout aucun des problèmes qui sous-tendent les confrontations sino-américaines. L’une des mesures comporte une notification mutuelle d’« activités militaires majeures » ; une autre couvre les « règles de comportement pour la sécurité en cas de rencontres maritimes ou aériennes. » Un communiqué de la Maison Blanche a ajouté que les deux parties s’engageaient à développer davantage de « mécanismes pour développer la confiance, » Washington donnant la priorité à la transmission d’informations relatives aux lancements de missile balistique.

Les accords impliquent une concession significative de la part de Pékin à l’appel incessant de Washington pour « plus de transparence » sur les affaires militaires chinoises. Par cette demande qui gonfle la propagande américaine contre la « menace chinoise, » le Pentagone veut particulièrement obtenir plus de connaissances des capacités de son ennemi potentiel.

A Pékin, Rhodes a réitéré l’insistance de longue date du gouvernement Obama que Pékin se soumette totalement au cadre géostratégique de la domination américaine de l’Asie développé après la Seconde Guerre mondiale, ou du moins ce qui en reste. « Nous serons très clairs lors d’incidents où nous estimerons que les actions de la Chine dépassent les limites de ce que nous pensons être les normes internationales indispensables pour régir les relations entre des nations et la façon avec laquelle nous réglons les conflits, » a-t-il dit.

Lorsd’une conférence de presse avec Xi, Obama a tenté de minimiser les tensions sino-américaines en déclarant qu’ « alors même que nous sommes en concurrence et en désaccord dans certains domaines, je crois que nous pouvons continuer de faire progresser la sécurité et la prospérité de nos peuples et des populations de par le monde. »

Obama a proposé de nouveaux accords sur diverses questions. Un accord commercial supprimera des tarifs évalués à 1 millier de milliards de dollars de ventes annuelles de semi-conducteurs et autres produits technologiques. Selon le Washington Post, l’accord « profiterait aux entreprises américaines en quête d’un accès plus grand vers la Chine ainsi qu’aux usines en Chine destinées à produire pour le marché américain. » Un autre accord élabore de nouveaux visas touristiques et d’affaires pour les ressortissants américains en Chine.

Les nouvelles promesses de réductions d’émission de gaz à effet de serre furent tout particulièrement promues par la Maison Blanche et les médias américains. Obama a annoncé un « accord historique » qui engagerait les Etats-Unis à diminuer leurs émissions de 26 à 28 pour cent pour 2025. La Chine a promis de se donner « jusqu’autour de 2030 » pour atteindre le pic de ses émissions nets et de tirer éventuellement 20 pour cent de l’énergie du pays de source sans émission de CO2.

L’idée que ces nouveaux objectifs atténueront la crise climatique est un mensonge. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, United Nation’s Intergovernmental Panel on Climate Change) avait précédemment conclu que les émissions des économies avancées devaient d’ici 2020 être inférieures de 25 à 40 pour cent par rapport à leurs niveaux de 1999 et de 80 à 95 pour cent d’ici 2050. Ces chiffres ont de plus été contestés par de nombreux scientifiques spécialistes du climat comme étant une sous-estimation de ce qui serait nécessaire pour empêcher des niveaux dangereux et éventuellement irréversibles du réchauffement mondial.

Pékin a égalé la modicité de la promesse tout à fait insuffisante d’Obama de réduire les émissions de 26 à 28 pour cent d’ici 2025 par rapport à leur niveau de 2005. Plusieurs rapports ont montré que les émissions de gaz carbonique de la Chine devaient déjà atteindre leur pic autour de 2030 et l’engagement de Xi ne prévoyait que peu ou pas du tout d’action supplémentaire pour réduire la pollution résultant des émissions de gaz à effet de serre.

Après une série de fiascos lors de sommets internationaux pour élaborer un traité sur le climat prenant suite au protocole de Kyoto, dont le sommet de Copenhague de 2009, une autre série de pourparlers doit se dérouler à Paris l’année prochaine. Loin d’ouvrir la voie lors de ce sommet à un accord efficace, l’accord sur les émissions de gaz carbonique entre Obama et Xi souligne l’impossibilité de résoudre la crise du changement climatique au sein du cadre du système capitaliste d’Etat-nation.

Par Patrick Kelly

WSWS

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  • A Sebring, dans l’Ohio, les écoles ont été fermées et les habitants sont invités à ne plus consommer l’eau de leur robinet.

    Une affaire de contamination au plomb secouait lundi une deuxième ville du Midwest américain, région déjà à cran depuis les révélations sur la pollution des eaux potables de Flint qui ont ulcéré jusqu’au président Barack Obama.

    De récents tests ont fait état d’un taux anormalement élevé de plomb dans "plusieurs" résidences (sur 28 testées) et une école de Sebring, une municipalité de 4.400 habitants, a indiqué l’Agence de protection de l’environnement de l’Ohio. Les établissements scolaires ont été fermés tandis que les habitants sont priés de ne pas consommer l’eau du robinet.

    Ce scandale rappelle celui qui secoue actuellement la ville de Flint, dans le Michigan, et relève d’une fable sur l’austérité. En avril 2014, dans une volonté d’assainir ses finances, cette ville avait cessé de recevoir son eau de Detroit, pour la puiser dans la rivière locale, à la qualité pourtant réputée douteuse. Très vite les habitants se sont plaints du liquide sortant de leurs robinets. Puis, pour filtrer une bactérie dangereuse, les autorités ont augmenté le niveau de certains produits chimiques causant notamment des problèmes cutanés ou de chutes de cheveux.

  • Les contremanifestant ont interdit un meeting de Donald Trump à l’université de Chicago, bastion démocrate : des centaines de personnes protestaient contre sa venue. Parmi eux, des soutiens du démocrate Bernie Sanders et des militants anti-raciste "Black Live Matters".

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