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Grèce : répression et dérive de l’Etat bourgeois

lundi 11 novembre 2013

Un récit de Grèce :

Les forces anti-émeutes ont attaqué hier, 9 novembre 2013, les salariés d’Ert et des Athéniens qui protestaient pacifiquement contre l’intervention musclée et complètement illégale de la police dans les bâtiments de la radiotélévision publique ERT-autogérée et en fonctionnement, malgré sa fermeture anti-constitutionnelle décrétée par le gouvernement grec le 11 juin dernier, fermeture que ses salariés ont refusé d’admettre en occupant les lieux et en continuant de travailler- sans salaires - de façon exemplaire pendant 5 mois.

Les policiers sont allés jusqu’à agresser physiquement des élus nationaux, dont la députée de Syriza, avocate et juriste, Zoé Konstantopoulou, qui s’est fait violenter devant les caméras et se voit interdite d’accès aux lieux...

La police antiémeute grecque a lancé, jeudi 7 novembre au petit matin, une opération pour faire évacuer le siège de la radio-télévision publique ERT, dans une banlieue résidentielle du nord d’Athènes. Il était occupé depuis sa fermeture, le 11 juin.

A 4 h 20 jeudi matin, pas moins de huit unités de MAT (CRS grecs) ont entrepris l’évacuation du bâtiment sur ordre du procureur général. Une vingtaine de journalistes et techniciens assuraient alors la production des programmes nocturnes. Le président du syndicat du personnel d’ERT et trois autres collègues, présents à l’arrivée des MAT, ont été transféré à la sécurité grecque pour interrogatoire.

Maintenus à distance par un impressionnant cordon de sécurité policier, plusieurs dizaines de manifestants ont rapidement afflué, malgré la pluie, dès l’annonce de la nouvelle a constaté la correspondante du Monde sur place. Cantonnés à l’extérieur du bâtiment, ils exigent de pouvoir assister à l’état des lieux des équipements techniques effectué en ce moment même par le procureur de la République et qui devrait durer encore plusieurs heures.

"L’image de policiers en grand appareil forçant l’entrée de ce qui a durant des décennies été le symbole de l’audiovisuel public restera à jamais imprimé dans ma mémoire", confiait jeudi matin, ému, Nikos Michalitsis, l’ancien et très respecté directeur technique d’ERT, arrivé sur les lieux quinze minutes après le début de l’évacuation.
Plusieurs milliers de militants du parti d’opposition Gauche radicale (Syriza) se sont rassemblés dimanche soir devant le Parlement à Athènes pour dénoncer la poursuite des politiques de rigueur alors que les députés débattaient d’une motion de censure contre le gouvernement.

Selon la police, les manifestants étaient plus de 2.000. Mais selon journalistes et organisateurs sur place ils étaient environ 5.000.

Le ministre de l’Ordre public Nikos Dendias a indiqué ce dimanche craindre "un nouveau coup" extrémiste après l’assassinat de deux membres du parti néonazi Aube dorée, qui avait suivi celui d’un antifasciste.

"J’ai peur d’un nouveau coup (...) et d’un coup de contre-vengeance, ce qui était ma grande crainte après l’assassinat de Pavlos Fyssas", le musicien antifasciste tué à la mi-septembre par un membre d’Aube dorée, a souligné le ministre à l’hebdomadaire dominical To Vima.

Ces derniers temps, les preuves, comme quoi le « simulacre de démocratie » utilisé en permanence par l’Etat devient flou et indistinct, se font de plus en plus nombreuses. Le choix de réprimer massivement, tous ceux qui ont choisi l’affrontement direct mais aussi ceux qui exigent l’évident, montre qu’il n’est plus possible de parler comme on le faisait il y a cinq, dix ans et plus. La crise économique qui perdure et qui pousse de plus en plus de gens dans la misère et la pauvreté en exacerbant le cannibalisme social, la violence au sein des classes tout comme la montée du fascisme montrent le malaise social dont quiconque ne peut dire avec certitude quels en seront les aboutissements et les conditions. Face à une éventuelle explosion sociale GLOBALE, l’État durcit la répression, l’intimidation et la terreur, tout en blindant son arsenal juridique afin de garder de plus en plus ‘d’otages juridiques’. Les symptômes sont connus et se répètent. Interdiction de manifester ou de se rassembler, répression des grèves, violences brutales contre les manifestants et les grévistes, publications de photos et de renseignements personnels, évacuations des squats et des sites sociaux, descentes de police dans les écoles et les universités, saisies, arrestations, etc. Les exemples sont aussi nombreux que pernicieux.

Parallèlement, les gangs fascistes sont promus pour ‘assainir’ les arrières, là où l’État officiel ne parvient pas. Les pogroms contre les immigrants, les anarchistes ou les gens de gauche, les incendies volontaires de maisons, de magasins ou de haltes, les coups de couteau et les tabassages s’accompagnent d’une présentation de l’extrême-droite comme « anti-systémique » et comme une nouvelle proposition alternative. Il est important de souligner que le fascisme n’a jamais offert d’éléments nouveaux aux sociétés humaines. Il ne fut que la béquille de l’Etat et, en période de crise (économique, politique ou systémique), il se chargea de soutenir les choix de l’autorité et lui offrit un répit temporel afin de se ressaisir et de surpasser les quelconques turbulences qui le secouaient.

La marche motorisée antifasciste organisée le 30/9/2012, qui débutait de la place Exarchia et aurait dû passer dans les quartiers où ont été perpétrés ces derniers temps des actes racistes-fascistes de plus en plus violents envers les immigrés, a subi l’attaque féroce des Forces de Répression Motorisées, qui après avoir tabassé les manifestants, a procédé à l’arrestation de 15 d’entre eux/elles,les a torturé(e)s et les a détenu(e)s temporairement sur base d’accusations graves. Remémorer nos arrestations et notre séjour à la Direction Générale de la Police d’Attique (GADA) pendant 5 jours n’est pas l’objet de notre message. De plus, nous ne voulons pas accroître la logique de victimisation.

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris : l’Etat utilise tous les moyens possibles pour nous attaquer. Il nous déclare la guerre et la guerre aura des pertes et des épreuves. Ce qui est particulièrement important, c’est le climat de guerre civile entretenu par les institutions structurelles et par les Forces de Sécurité ainsi que les gangs de flics, en uniforme ou non.

Messages

  • En tant que médecins de l’hôpital général Tzaneio, nous exprimons notre vive préoccupation alors que, hier soir 18/09/13, après les protestations contre le meurtre du jeune Fyssas Pavlos par un membre de l’Aube Dorée, 31 manifestants ont été admis au département chirurgical, tous présentaient des coups sur la tête. Les blessés ont signalé avoir reçu des coups avec des matraques, des casques, des boucliers donnés par des membres de Delta et Dias. Des rapports indiquent que des pierres furent jetées, en visant les têtes des manifestants, depuis l’endroit où se trouvait la police par des membres de l’Aube Dorée. Un des blessés, après avoir été opéré, est hospitalisé à l’hôpital ophtalmologique après une rupture du globe occulaire provoquée par une bombe assourdissante. Il a déclaré avoir été directement visé sur la tête et court le danger de perdre la vision de l’oeil. Nous demandons vivement l’arrêt immédiat de l’intensification de la politique étatique et de la répression paramilitaire afin d’éviter d’autres victimes.

    H.G. Tzanio comité de cinq membres de l’Union des Médecins Hospitaliers d’Athènes et du Pirée

  • La montée du fascisme constitue une extension et une radicalisation de l’État. La formation effective d’un régime fasciste se produit quand de larges éléments de la machine étatique et de l’appareil gouvernemental se sont d’ores et déjà ralliés au fascisme comme instrument de dernier recours alors que les méthodes « habituelles » de répression policière et de politiques parlementaires de droite ont échoué.

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