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La révolte au Bahrein

jeudi 24 février 2011

Dégage le roi !!!

Bahreïn : le gouvernement conspué, le roi se rend à Ryad

Une manifestation massive a envahi mardi le centre de Manama pour exiger la chute du gouvernement, en dépit des tentatives de conciliation du régime de ce petit Etat du Golfe dont le roi se rend mercredi chez son allié saoudien.

Au soir de cette journée de mobilisation, qui s’est terminée sans incident, l’opposition a réitéré son exigence d’une monarchie constitutionnelle dans cet archipel où règne la lignée sunnite des Al-Khalifa.

A Ryad, l’agence officielle saoudienne Spa a annoncé que le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa, était attendu mercredi en Arabie saoudite, le jour même du retour dans son pays du roi saoudien, Abdallah.

C’est la première fois dans une monarchie arabe du Golfe que se déroule une manifestation de cette ampleur pour réclamer des réformes politiques. Le mouvement a été lancé à l’initiative d’internautes sur Facebook. Des milliers de Bahreinis, essentiellement issus de la majorité chiite, manifestent depuis lundi 14 février pour exiger des réformes politiques et sociales dans ce royaume dirigé par une famille sunnite, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte. Le plus important parti d’opposition (chiite) Wefaq, qui dispose de 17 des 40 sièges du Parlement, a réclamé mercredi l’adoption d’une nouvelle constitution plus démocratique.

La principale revendication des manifestants est la démission du Premier ministre, le cheikh Khalifa Ben Salman Al Khalifa, qui gouverne le pays depuis son indépendance en 1971. Oncle du roi Hamad Ibn Issa Al Khalifa, il est perçu comme le symbole de la richesse de la famille régnante. La dynastie sunnite des Al Khalifa règne sur Bahrein depuis 1783.

Les manifestants dénoncent aussi la pauvreté et le chômage. Ils s’inquiètent en outre des avantages accordés à des sunnites étrangers venant s’installer dans le royaume (citoyenneté, emplois dans les forces de sécurité, logements) qui tendent à en modifier l’équilibre démographique. Bahreïn fait figure de parent pauvre à côté des autres monarchies pétrolières de la région, ses réserves de pétrole s’étant pratiquement taries.

Le petit royaume du Golfe arabo-persique n’en est pas moins d’une importance stratégique pour les Etats-Unis, qui y ont installé le quartier général de leur Ve flotte. Celle-ci est chargée de surveiller les routes maritimes empruntées par les pétroliers, de soutenir les opérations en Afghanistan et de contrer une éventuelle menace iranienne.
Cette visite intervient alors que Bahreïn, à majorité chiite, est secoué depuis la mi-février par une révolte populaire qui a remis en cause le pouvoir de la dynastie sunnite au pouvoir depuis plus de 200 ans.

L’opposition demande l’instauration d’une monarchie constitutionnelle, et les plus déterminés des protestataires exigent même l’éviction des Al-Khalifa.

Le développement de cette crise est suivie avec inquiétude par l’Arabie voisine, dont les provinces orientales, riches en pétrole, et où vit une forte communauté chiite, sont reliées à l’archipel par un pont de 24 kilomètres.

Depuis le début des troubles, l’Arabie saoudite a apporté un soutien sans faille à son petit voisin et invité l’opposition à accepter l’offre de dialogue par le pouvoir à Manama, tout en rejetant toute ingérence étrangère à Bahreïn.

A Manama, une large avenue conduisant à la place de la Perle, épicentre de la contestation entamée le 14 février, s’est remplie de protestataires sur quelque trois kilomètres, à l’appel de l’opposition.

Une foule estimée par des journalistes de l’AFP à plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup de femmes, a marché derrière les portraits des sept victimes de la répression des manifestations la semaine dernière.

Aux chants de : "le peuple veut la chute du régime", le slogan emblématique de la révolte égyptienne, la marche a rejoint les centaines de protestataires qui campent depuis des jours sur la place de la Perle, rebaptisée place Tahrir (place de la Libération), comme celle du Caire.

La foule était encadrée par un service d’ordre de volontaires portant des gilets orange. Aucune présence des forces de sécurité n’était visible, mais un hélicoptère a survolé la marche.

"Non au dialogue ! Non au dialogue !", scandait la foule, sourde aux promesses du prince héritier Salman Ben Hamad Al-Khalifa de procéder à des "réformes réelles". Lundi, le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a cédé à l’une des revendications de l’opposition en ordonnant la libération de détenus chiites.

Les Etats-Unis, qui ont fait du petit royaume un élément important de leur dispositif militaire dans le Golfe, ont appelé les autorités à la retenue après la répression sanglante de la semaine dernière.

En visite dans la région, le plus haut gradé américain, l’amiral Mike Mullen, a estimé que les troubles à Bahreïn étaient plus dus à des raisons internes qu’à des manoeuvres de l’Iran, bête noire des Etat-Unis au Moyen-Orient.

L’opposition avait assuré être capable de mobiliser 100.000 personnes pour faire entendre ses revendications. Dans un communiqué, les sept mouvements de l’opposition, dont le puissant Wefaq chiite, ont renouvelé mardi soir leur exigence d’une "véritable monarchie constitutionnelle".

Sur la place de la Perle, les protestataires affichaient leur détermination à en finir avec la monarchie bahreïnie, de la même manière que les révoltes populaires en Tunisie et en Egypte ont pu faire chuter des régimes autoritaires.

L’armée a annoncé jeudi avoir pris le contrôle de la majeure partie de Manama, la capitale de Bahreïn, et avoir interdit les manifestations.

Des secteurs "clés" de Manama sont "sous contrôle" des militaires, selon une déclaration qui a été lue à la télévision publique quelques heures après la dispersion par la police anti-émeutes de manifestants qui occupaient une grande place de la ville pour réclamer des réformes politiques dans le royaume, allié stratégique des Etats-Unis.

Selon des responsables médicaux, quatre personnes ont été tuées au cours de la nuit.

Des véhicules de police ont encerclé la place de la Perle, théâtre de rassemblements anti-gouvernementaux depuis lundi. Des barbelés ont été installés dans les rues menant à la place où les forces de police armées de matraques et de grenades lacrymogènes ont évacué dans la nuit les manifestants qui avaient érigé un campement de fortune. Le ministère de l’Intérieur a déclaré le campement "illégal".

Des affrontements sporadiques entre les policiers et les protestataires se sont poursuivis jeudi matin, des manifestants lançant des pierres avant de battre en retraite.

Les membres du Parlement -moins les élus de l’opposition qui organisent un boycott- se sont retrouvés pour une réunion d’urgence. Jamila Salman, parlementaire pro-gouvernementale, a fondu en larmes.

Le ministre des Affaires étrangères du royaume, Khalid Al Khalifa, a affirmé que la répression était justifiée parce que les manifestants "polarisaient le pays" et le poussaient vers le "bord de l’abîme confessionnel". S’adressant à la presse après une réunion avec ses homologues du golfe arabo-persique, il a également et jugé "regrettables" les violences survenues lors de l’intervention des forces de l’ordre.

Les manifestations avaient commencé lundi pour demander à la monarchie sunnite de desserrer son étreinte sur le pouvoir et d’offrir un rôle accru à la majorité chiite, qui se plaint d’être tenue à l’écart des processus de décision. Mais les revendications se sont ensuite élargies, des manifestants réclamant des emplois, de meilleurs logements et la libération de tous les prisonniers politiques.

Messages

  • Amnesty International publie un nouveau rapport qui passe en revue les atteintes aux droits humains endémiques, notamment la torture, les détentions arbitraires et le recours excessif à la force contre les militants pacifiques et les détracteurs du gouvernement, qui se poursuivent à Bahreïn quatre ans après les soulèvements ayant secoué le royaume du Golfe en 2011.

    Intitulé Behind the Rhetoric : Human rights abuses in Bahrain continue unabated, ce document révèle que les autorités n’ont pas mis en place les réformes cruciales visant à mettre fin à la répression, alors qu’elles ont réaffirmé à leurs homologues occidentaux être réellement engagées en faveur des droits humains. Ce rapport est publié quelques jours avant le Grand Prix de Formule 1 qui réunira le monde entier à Bahreïn ce week-end.
    « Alors que le monde se tourne vers Bahreïn à l’occasion du Grand Prix de Formule 1 ce week-end, peu nombreux sont ceux qui se rendront compte que l’image d’un État réformiste et progressiste engagé en faveur des droits humains que les autorités tentent de véhiculer au niveau international masque en fait une réalité bien plus sombre, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    « Quatre ans après les soulèvements, la répression reste généralisée et les forces de sécurité sont responsables d’atteintes aux droits humains endémiques. Les autorités bahreïnites doivent démontrer que leurs promesses de réforme ne se résument pas à des mots vides de sens. »

    Au cours des dernières années, elles ont affermi leur pouvoir en réprimant durement la dissidence : les militants pacifiques et les détracteurs du gouvernement sont arrêtés et emprisonnés à travers le pays.

    Toutes les manifestations publiques sont interdites dans la capitale Manama depuis près de deux ans. Les rassemblements organisés en dehors de la capitale sont régulièrement dispersés par les forces de sécurité, à coups de tirs de grenades lacrymogènes et de plombs, causant des morts et des blessures graves.

  • On l’a souvent oubliée cette révolution... Dans le contexte révolutionnaire des printemps arabes, le Bahreïn a connu, entre février et mars 2011, une vague de contestations sociales et politiques qui sera réprimée — provisoirement — par l’intervention de l’armée et des troupes saoudiennes et émiraties appelées en renfort par le roi.

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