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Révolte des travailleurs européens contre les plans d’austérité
jeudi 25 novembre 2010
Espagne, Irlande, Portugal, France, Angleterre, etc : les travailleurs dénoncent les plans visant à leur faire payer les frais de la crise}
Tout le monde parle des "succès" des journées de grève générale organisées en Grèce, en France, en Espagne et maintenant au Portugal ou en Irlande. Mais ces succès sont des échecs car ils ne servent qu’à protester pas à s’attaquer à la classe dirigeante, ce que les direction syndicales veulent absolument éviter. Pourtant, pour faire reculer les gouvernants, il faudrait frapper dur le Capital
Alors que la zone euro subit des crises budgétaires en cascade, l’Irlande a dévoilé hier un plan d’austérité draconien. Dans le même temps, le Portugal était paralysé par une grève générale et en France, François Fillon promettait « la rigueur budgétaire ».
Deux ans déjà ! Deux ans que la plus grave crise de l’après-guerre infecte l’Europe (et les États-Unis) du virus de la banqueroute, de la croissance molle et du chômage. La sortie de crise, quelle sortie de crise ? Ceux qui, après le choc de 2008, ont accrédité l’idée qu’on pourrait grosso modo remettre la poussière sous le tapis et ranimer les flonflons, ceux-là ont menti. Après la récession, voici l’austérité. L’Irlande, la Grèce, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne sont les premiers à passer à la caisse.
L’Europe touchée au coeur
Le coeur de l’Europe, à la notable exception de l’Allemagne, est sapé par l’hyper-endettement des États qui ont sauvé le système bancaire - et le capitalisme - en avalant le poison de la finance. À Athènes, Georges Papandréou n’en finit pas de se débattre avec des finances désastreuses et des sacrifices sans pareil. À Dublin, la potion du gouvernement Cowen fait tourner à l’aigre la mayonnaise du miracle irlandais. À Londres, David Cameron se prend pour Churchill, en promettant du sang et des larmes, et pour Thatcher en supprimant 800.000 fonctionnaires. À Lisbonne, le plan antichute du gouvernement déclenche la plus grande grève générale depuis les années 80. À Paris, pas question d’austérité, pas encore, mais le même François Fillon qui évoquait, dès 2007, « un pays en faillite », se plaît à vanter sa rigueur devant le Parlement. À Madrid, Zapatero jure que son rude tour de vis met l’Espagne à l’abri de l’insolvabilité. Qui peut en jurer ?
Menace sur la zone euro
L’austérité tue la reprise. Mais sans rigueur, le risque de faillite d’un État hante les marchés. Pris entre deux feux, les pompiers de Bruxelles et du FMI ne parviennent pas à circonscrire les foyers d’incertitude. Les craintes de contagion restant vivaces, une lourde menace pèse sur la zone euro, donc l’Europe. Hier, Angela Merkel l’a reconnu pour la première fois, jugeant la situation « extrêmement sérieuse ». Deux ans après Lehman Brothers, les règles du jeu financier ont à peine bougé, le G 20 constate publiquement ses désaccords, la finance a globalement retrouvé la prospérité, et ce sont les citoyens qui trinquent. Baisse de salaires, réduction des prestations, contraction des effectifs, recul de l’intervention publique : la vérité économique s’impose cruellement aux slogans politiques du type « il faut moraliser le capitalisme ». Hier encore, Angela Merkel parlait de faire payer les incendiaires plutôt que les lampistes. Qu’elle dise où, quand et comment. En attendant, l’Europe se tourmente. La rancoeur sociale enfle.
L’Europe se prépare à une vague de grèves et de conflits sociaux. En effet, les salariés tentent de résister aux gouvernements et aux sociétés privées qui s’efforcent d’imposer des politiques d’austérité, de réduire les salaires et de sauver certains pays d’une faillite presque totale. De gigantesques manifestations ont eu lieu un peu partout hier soir en Espagne. Aujourd’hui, une grève générale menace de paralyser la Grèce, d’autres arrêts de travail touchent les aéroports et les raffineries en France, alors que la Lufthansa a évité de justesse une action du même type. Et sans doute ne sont-ce là que les prémisses d’une agitation sociale comme on en n’avait plus connu depuis la ferveur révolutionnaire de 1968. Par ailleurs, l’économie industrielle européenne n’a pas encore échappé à la récession. Le chômage ne cesse de croître et les appels à l’austérité se multiplient, d’où l’exaspération montante des salariés européens.
Cette semaine, le géant italien de l’automobile Fiat a brutalement interrompu la production dans toutes ses usines italiennes, contraignant au chômage technique une main d’œuvre forte de 30 000 personnes, et on annonce d’autres fermetures comparables le mois prochain. Dans le même temps, certains indices prouvent que l’inlassable sinistrose médiatique au sujet de la crise grecque commence à saper la confiance. Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, s’est dit inquiet de “l’enlisement” de la reprise européenne, développement dont les conséquences ne peuvent qu’être rudes pour l’économie britannique. La récession "à double creux" tant redoutée serait apparemment inévitable.
L’argent des pays riches ne sera peut-être pas suffisant
C’est la Grèce qui va connaître aujourd’hui les perturbations les plus aiguës. Le pays a déjà vécu des grèves sauvages et des manifestations musclées contre le Premier ministre Georges Papandréou, qui cherche à juguler le déficit béant. Hier, des manifestants soutenus par le parti communiste ont tenté de bloquer la bourse d’Athènes. Aujourd’hui, des grévistes, leur colère attisée par des réductions draconiennes dans les prestations sociales, vont neutraliser les réseaux de transports aériens, ferroviaires et maritimes. L’action va également toucher les établissements scolaires, les ministères et les tribunaux, les banques, les hôpitaux et les entreprises d’Etat n’étant pas épargnés. Détail tragicomique, même les inspecteurs des impôts ont décidé de manifester contre les tentatives de leur gouvernement pour mettre de l’ordre dans ses finances.
C’est maintenant au tour de l’Espagne et du gouvernement Zapatero d’être confrontés à une résistance déterminée. Madrid, classée elle aussi dans ce que l’on appelle les “PIIGS”, groupe de pays catastrophiquement endettés qui englobe le Portugal, l’Italie, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne, se bat pour remettre ses finances publiques sur les rails. Pour de nombreux observateurs, une crise économique espagnole est plus à craindre que des difficultés en Grèce, tout simplement parce que l’économie espagnole est cinq fois plus importante que celle de la Grèce, et que même les ressources des membres les plus riches de la zone euro, et de l’Allemagne en particulier, risquent de ne pas suffire à la sauver.
GRECE
Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Athènes ce lundi soir pour dénoncer les mesures d’austérité décidées par le gouvernement.
Le rassemblement était initié par le Parti communiste grec et par plusieurs groupes d’extrème-gauche.
Des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre.
Cette manifestation coïncide avec la visite en Grèce d’une délégation du Fond monétaire international, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne. Les syndicats et les mouvements de gauche craignent que cette délégation internationale n’impose de nouvelles mesures drastiques.
Il y a quelques mois, la population a déjà dû faire face à des coupes dans les salaires et dans les pensions de retraite.
PORTUGAL
Avions annulés, ports paralysés, métros fermés : la grève générale contre l’austérité était massivement suivie hier matin au Portugal, affectant fortement l’ensemble des services publics mais aussi les grandes entreprises. Les enseignants, cheminots, artistes et médecins ont eux aussi suivi le pas. Le secteur des transports est particulièrement touché : aucun avion n’était prévu mercredi au départ ou à l’arrivée des aéroports portugais, plus des trois quarts des trains ont été annulés, tout comme 60 % des autobus. « C’est la plus grande grève (qui ait jamais eu lieu), plus importante que celle de 1988 », année de la dernière grève générale unitaire du pays, a déclaré Joao Proença, secrétaire général de la centrale UGT. La grève, convoquée par les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT, unies pour la première fois depuis 1988, paralysait également le secteur de l’éducation, avec de nombreuses écoles fermées, et de la santé, la plupart des hôpitaux assurant seulement un service minimum d’urgence. Plus de 3 millions de manifestants sont descendues dans les rues, hier, au Portugal, pour protester contre le projet de budget 2011 du Chef du gouvernement socialiste José Socrates. Après la Grèce, l’Espagne passons par la France de ces derniers jours, c’est donc au Portugal où l’on dénonce « la politique d’appauvrissement, récession et chômage », mobilisation initiée par les syndicats unis pour la première fois depuis 1988 qui a paralysé tout le pays par une grève générale réussie.
IRLANDE
Plus de 15.000 manifestants ont défilé samedi à Dublin pour dénoncer les mesures d’austérité drastiques décidées par le gouvernement irlandais pour réduire le déficit du pays et obtenir l’aide de l’UE et du FMI.
Parallèlement, le ministre irlandais des Communications Eamon Ryan a confirmé que son pays pourrait parvenir dimanche à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne sur un plan d’aide de 85 milliards d’euros.
En revanche, il a rejeté les informations selon lesquelles le prêt pourrait être assorti de taux d’intérêt de 6,7%, bien plus élevés que ceux de l’aide accordée à la Grèce en mai dernier. D’après lui, les deux parties qui négocient depuis une semaine souhaitent parvenir à un accord avant l’ouverture des marchés lundi.
A Dublin, l’affluence des manifestants a semblé moins importante qu’anticipée par les syndicats, qui attendaient plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le cortège, emmené par des joueurs de cornemuses, a longé le fleuve Liffey pour gagner O’Connell Street dans le centre de Dublin. Sur les banderoles, on pouvait lire "ce n’est pas notre faute si nous devons faire défaut" ou "no country for young men" (pas un pays pour les jeunes"), une allusion aux pressions sur l’emploi, et au film de Joel et Ethan Coen ("No Country for Old Men").
Il s’agissait de la première grande manifestation depuis que Dublin a entamé des négociations pour obtenir l’aide du Fonds monétaire international et de l’Union européenne.
Les syndicats avaient appelé à manifester contre le plan sur quatre ans annoncé mercredi par le Premier ministre Brian Cowen, qui prévoit une baisse des dépenses, des hausses d’impôts et la suppression de milliers de postes dans la fonction publique.
Ce sont l’angoisse et l’humiliation de tout un peuple qui s’expriment face à la nouvelle cure d’austérité.
Gel des embauches, réduction des salaires et des allocations. Les Irlandais font face à une nouvelle cure d’austérité. Des mesures qui déclenchent l’ire de la population qui ne veut plus se sacrifier. Pourtant mercredi, le Premier ministre Brian Cowen présentera un troisième plan de rigueur qui s’étalera sur quatre ans. Un plan déjà très contesté par une population irlandaise qui a déjà fait des efforts importants.
"Les mêmes abrutis"
"Le FMI est là et on ne peut rien contre ça. Par contre ceux qui négocient pour nous [auprès du Fonds monétaire international, ndlr], sont les mêmes abrutis qui ont mis notre pays dans cette situation", lance Hélène, une habitante de Dublin qui ne décolère pas.
100.000 personnes sont attendues dans les rues de Dublin samedi pour protester contre les mesures d’austérité. Mais les syndicats craignent que la mobilisation ne dégénère. "Les manifestations sont généralement assez calmes, mais j’ai peur que ça change", confie un syndicaliste, à Europe 1, "vous n’imaginez pas à quel point les gens sont en colère car on n’a pas demandé de comptes aux responsables de la crise. En plus, ils gagnent des sommes considérables, alors les gens sont très très en colère", souligne-t-il.
Humiliation et amertume
Outre la colère, il y a aussi un terrible sentiment d’humiliation chez les Irlandais dont le gouvernement a dû appeler "au secours" pour sauver le pays de la faillite. "La seule raison pour laquelle le FMI a débarqué, ce n’est pas pour sauver l’Irlande", analyse John, un habitant de Dublin, qui attend avec impatience les élections anticipées. Si le FMI est intervenu, "c’est juste pour être sûr que les petits messieurs assis là-haut toucheront bien tout ce qui leur est dû quand ils partiront à la retraite. Moi je dis, dégageons-les !".
Brian Cowen, sous la pression de l’opinion et de l’opposition, a fini par annoncer la tenue d’élections législatives anticipées dès le début de l’année 2011. Mais la presse irlandaise n’a pas attendu la tenue du scrutin pour tirer un trait sur le Premier ministre. Dans un éditorial intitulé "Tombé dans l’oreille d’un sourd", l’ Irish Examiner regrette que le chef du gouvernement n’ait pas annoncé lundi soir sa démission immédiate. Et qu’il ait préféré attendre l’adoption du budget d’austérité, d’ici à janvier, pour convoquer des élections anticipées.
Pour une démission immédiate
"Les rats quittent le navire", écrit l’Irish Daily Mail, en référence à l’implosion de la coalition au pouvoir : M. Cowen a été acculé à l’annonce d’élections anticipées après un appel dans ce sens des Verts, membres clefs de la coalition. Deux députés indépendants cruciaux pour la majorité parlementaire du gouvernement ont de plus annoncé le retrait de leur soutien. "Mais il y a également un grand soulagement : il y aura des élections, la population va enfin avoir son mot à dire", ajoute le quotidien, en référence à l’impopularité record de Brian Cowen.
L’ Irish Times souligne de plus qu’une "révolte ouverte" gronde dorénavant au sein du Fianna Fail, le parti de Brian Cowen. Mais le Parlement "doit adopter le budget, en dépit de la pagaille politique", estime le journal. Enfin, l’ Irish Independent juge également qu’il "faut adopter le budget". "Toute autre considération est insignifiante", tranche-t-il, même s’il aurait préféré que Brian Cowen démissionne immédiatement.
IRLANDE
La colère d’Irlande : manifestation de 120000 à 150000 personnes
mardi 3 mars 2009.
« Huge protest over Irish economy ». C’est par ce titre que la BBC a caractérisé la journée du 21 février à Dublin. Pour sa part, la presse française n’a que très peu fait écho de cette manifestation d’une ampleur pourtant rare en Irlande. C’est, en effet, la plus importante que le pays ait connu depuis 30 ans. Entre 120 000 et 150 0000 personnes sont ainsi descendues dans les rues à l’appel du principal syndicat irlandais, l’Irish Congress of Trade Unions (ICTU), pour protester contre la crise globale du capitalisme et ses conséquences économiques et sociales très lourdes dans le pays. Alors que le gouvernement de Brian Cowen, déjà discrédité par le vote populaire contre le traité de Lisbonne en 2008, vient d’annoncer que l’économie nationale pourrait se contracter de 10 % entre 2008 et 2010, les manifestants ont contesté les mesures d’austérité que ce dernier prétend prendre pour sauver une économie - produit du néolibéralisme effréné des années 1990 - en profonde récession.
Brian Cowen souhaite notamment organiser un nouveau prélèvement (pour un montant de 1,4 milliards d’euros en 2009) sur les salaires des fonctionnaires pour financer le système de retraites. Celui-ci représenterait une ponction de 1 500 à 2 800 euros par an sur leurs feuilles de paie.
Cette mesure introduit en réalité un vaste plan de coupes budgétaires dont l’ensemble de la population pâtira qui pourrait s’élever à 15 milliards d’euros. Le gouvernement irlandais expérimente les politiques que pourraient préconiser demain le G 20 et les institutions européennes pour l’ensemble de nos pays. Celles-ci reposent sur une idée aussi simple qu’injuste : pour régler la crise, il faut socialiser les pertes et privatiser les profits. En d’autres termes, il s’agit de faire payer aux populations, et en particulier aux salariés - du privé et du public -, les effets de la crise du capitalisme.
Le peuple irlandais a souvent montré, et encore récemment lors du référendum sur le traité de Lisbonne en 2008, sa capacité de résistance face à l’imposition de politiques injustes.
Messages
1. Révolte des travailleurs européens contre les plans d’austérité, 1er février 2015, 08:01
Podemos, allié de Syriza, mobilise au moins 100.000 personnes à Madrid...
Formé il y a un an à peine en Espagne, Podemos a rempli la place de la Puerta del Sol de Madrid, ce samedi, avec au moins 100.000 partisans. Une manifestation inédite pour cette jeune formation qui, à court-moyen terme, espère "renverser une classe dirigeante politique" jugée corrompue.
Podemos, qui signifie comme Syriza "Nous pouvons", dénonce la haute finance, l’austérité et l’establishment accusé de corruption, la "caste", qui aurait laissé le peuple dans une situation "d’humiliation et d’appauvrissement".
En Espagne, "les privilégiés ont rompu le pacte de coexistence", a lancé Iñigo Errejon, 31 ans, le numéro deux de Podemos.