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Nigeria : la responsabilité des classes dirigeantes dans les massacres

jeudi 11 mars 2010

Des massacres inter-ethniques et inter-religieux de grande ampleur (environ mille morts) ont frappé une région du Nigéria. Ils sont le résultat d’une politique des classes dirigeantes et de l’Etat et non celui d’un mouvement spontané. L’objectif, une fois de plus face à une crise sociale et politique, est de détourner la colère sociale et de diffuser la peur dans les classes populaires en présentant l’Etat comme le garant de la sécurité des habitants alors qu’il n’a pas levé le petit doigt pour les protéger....

Les haines ont été cultivées par les classes dirigeantes et chefs locaux, au vu et au su de l’Etat et des classes dirigeantes nationales qui ne voient pas d’un mauvais œil que la situation sociale explosive soit détournée par un bain de sang entre pauvres.

La dérive fasciste est le propre des politiques bourgeoises quand la situation sociale et politique peut déraper...

Il n’est pas question d’une simple passivité des forces armées de l’Etat. Au démarrage des événements, des témoins rapportent qu’ils ont vu les forces armées assassiner des centaines de personnes.

Les mensonges sont multiples dans ce genre de politique. On accuse les populations. on prétend que c’est l’arriération des gens, le traditionalisme, l’ethnisme, le radicalisme religieux. mais c’est faux. Le fascisme est cultivé par des gens qui n’ont rien de populaire, qui ne sont pas affolés, qui se moquent de religion et d’ethnie, par des classes dirigeantes qui veulent seulement préserver leur pouvoir des troubles sociaux.

Il n’y avait rien de traditionnel dans de tels affrontements. la ville de Joos n’a jamais connu de tels heurts entre religions ou entre ethnies.

C’est la crise sociale et économique qui pousse les classes dirigeantes à organiser ce type de choses et elles ne sont pas propres à l’Afrique.

Elles n’ont rien de spécifique à un pays, une région, une religion.

Elles sont symptomatiques de ce que les classes dirigeantes peuvent faire si elles se sentent menacées.

Le génocide des Juifs, ce n’était pas en Afrique, la Saint Barthélemy non plus...

En la matière, les classes dirigeantes de Nigeria n’en sont pas à leur coup d’essai. De 1967 à 1970, le Nigeria fut le théâtre d’une des guerres civiles les plus meurtrières qu’ait connues l’Afrique, la guerre du Biafra, qui fit deux millions de morts et laissa dans la société nigériane des plaies qui, trente ans après, sont encore loin d’avoir cicatrisé.

A l’époque, on présenta cette guerre comme un simple conflit inter-ethnique entre les Haoussas musulmans du nord et les Ibos chrétiens du sud-est, dans lequel ces derniers cherchaient à se constituer leur propre Etat en décrétant la sécession du Biafra. Et sans doute s’est-il trouvé un certain nombre de politiciens et de militaires assez ambitieux et criminels pour chercher à attiser les rivalités ethniques dans le seul but de se tailler leur propre Etat au Biafra.

Le Nigeria est aujourd’hui, et de loin, le pays le plus peuplé d’Afrique avec une population évaluée à plus de 100 millions d’habitants sur un territoire qui couvre un peu moins du double de surface que la France. Situé sur le Golfe de Guinée, sur la côte ouest de l’Afrique, il a échappé, contrairement à la plupart de ses voisins, au morcellement résultant des rivalités entre empires coloniaux, et cela essentiellement parce que pendant plus d’un siècle il fut le territoire privé d’une puissante compagnie britannique, la Royal Niger Company, plus connue aujourd’hui sous le nom d’Unilever. Les classes dirigeantes ont cependant morcelé ce pays en petits morceaux confiés chacun à des chefs ethniques et religieux et des féodaux bourgeois divers. L’arriération actuelle de la bourgeoisie mondiale est tout entière dans cette construction étatique et sociale du Nigéria. La bourgeoisie actuelle n’a plus rien de progressiste. Elle ne vit que de multiplication des oppressions et des oppresseurs....

Mais, au-delà de ces particularités locales, essentiellement il faut que la situation du Nigéria nous éclaire : plus les classes dirigeantes vont être aux abois, dans n’importe quel coin du monde, plus elles vont lancer leurs chiens enragés, affoler les populations et les jeter les unes contre les autres pour éradiquer les risques de révolution sociale par des guerres civiles fratricides qui n’auront rien de spontané.

La classe ouvrière est une très grande force au Nigéria et c’est bien ce que craint le régime au moment où, du fait de la crise mondiale, l’Etat et les classes dirigeantes sont appauvries et affaiblies. Les travailleurs ont maintes fois montré leur force dans ce pays, par exemple lors des deux mois de grève générale de 1994 contre la dictature d’Abiola.

Ce sont les travailleurs qui peuvent offrir une autre perspective que les bains de sang que préparent les classes dirigeantes !

Les classes dirigeantes vivent sur une tonne d’or (notamment grâce et l’exploitation du pétrole) et c’est le deuxième pays le plus riche de l’Afrique et, en même temps, l’un des plus pauvres. Seul son produit intérieur brut (PIB) par habitant le situe dans la moyenne africaine, mais il reste largement en dessous du niveau d’avant l’indépendance. Environ deux tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue (1 $ par jour), contre 43 % en 1985.

Mais cette pauvreté signifie aussi pour les classes dirigeantes un risque social énorme car les travailleurs peuvent être les premiers d’Afrique à lancer la lutte révolutionnaire pour le pouvoir. C’est cela qui pousse ces classes dirigeantes à créer un dérivatif violent ethnique et religieux.

Il n’y a qu’une alternative : socialisme ou barbarie et la situation nécessite qu’une issue soit trouvée de manière urgente ! Quand on est face à un chacal qui a faim (et les classes dirigeantes nigérianes sont toujours prêtes à en croquer), c’est ou lui ou vous... Assez écouté les faiseurs d’arrangements, de "solutions" négociées. les travailleurs doivent absolument se défaire de cette classe dirigeante. C’est une question de vie ou de mort. Et ils ne pourront que déclencher la révolution socialiste à l’échelle du continent tout entier. Ce sera certainement dur mais c’est la seule perspective viable...

La classe ouvrière du Nigeria est une force d’avenir

Messages

  • Voilà ce qu’écrit la presse après de nouveaux massacres sans intervention des forces de l’ordre.

    L’Etat du Plateau déplore trois massacres en moins de trois mois, chaque fois plus violents et en des lieux différents. Le phénomène soulève de nombreuses questions. Le couvre-feu en vigueur de 18 heures à 6 heures du matin n’empêche pas la circulation des personnes. Et encore moins celle des armes. « On a tous perdu confiance dans nos forces de sécurité », s’indigne Musah Paul Gindiri. Leader d’une association chrétienne basée à Jos, il accuse les militaires de n’avoir rien pour empêcher la tuerie à Riyom. Gindir s’est rendu hier matin sur les lieux : « Des témoins ont vu au moins 50 attaquants, certains portant des uniformes et des armes automatiques.Comment imaginer que de simples éleveurs soient armés de fusils ? Tous ces massacres sont délibérés. Comme si certaines personnes voulaient semer la terreur dans l’Etat du Plateau. Pour quelle raison ? On ne sait pas. »

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