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Que se passe-t-il en Arabie soudite ?

14 novembre 2017, 14:42

Les récentes arrestations en masse en Arabie Saoudite combinées au rapt du Premier ministre libanais, à l’escalade de la guerre contre le Yémen et à l’affirmation de Riyad que l’Iran et le Liban lui auraient « déclaré la guerre » font état d’une crise régionale grave qui menace de se transformer en un conflit plus large.

Après plus d’un quart de siècle de guerres d’agression américaines ininterrompues, d’occupations et d’opérations de changement de régime qui ont coûté la vie à plus d’un million de personnes et chassé des millions d’autres de leurs foyers, le Moyen-Orient est une poudrière.

Des sociétés entières ont été décimées par ces interventions, en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen. Cette immense effusion de sang a pour principale motivation les tentatives de l’impérialisme américain de compenser le déclin relatif de sa domination sur l’ordre mondial capitaliste par la force militaire, notamment par l’affirmation de son hégémonie sur le Moyen-Orient riche en pétrole.

Cependant, malgré l’immense puissance destructrice des moyens employés, ils n’ont pas réussi à atteindre les objectifs de Washington. Après avoir dépensé environ 2000 milliards de dollars en ressources et sacrifié la vie de plus de 4400 soldats américains en Irak et rapatrié des dizaines de milliers de blessés graves, les États-Unis n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs de domination incontestée dans la région. En Irak, en Syrie et ailleurs dans la région, les États-Unis font face à l’Iran, rival régional important, et à la Russie et la Chine qui défient aussi le capitalisme américain pour le contrôle des marchés et des ressources énergétiques.

La réaction des États-Unis a été d’attiser des conflits de plus en plus graves qui menacent d’entraîner toute la région dans la guerre, avec également le potentiel d’y impliquer les grandes puissances nucléaires mondiales.

Le gouvernement Trump a délibérément cherché à provoquer un conflit direct avec l’Iran, refusant de valider son respect de l’accord nucléaire de 2015 négocié avec le gouvernement Obama et les autres grandes puissances. Les déclarations absurdes selon lesquelles l’Iran ne respecte pas « l’esprit » de l’accord, c’est-à-dire en s’inclinant devant les exigences américaines de désarmement et de subordination complète aux intérêts américains au Moyen-Orient, ont provoqué une escalade des tensions avec Téhéran et préparent le terrain pour un conflit militaire direct.

Avec son voyage à Riyad en mai dernier, Trump a jeté les bases d’une alliance sectaire sunnite contre l’Iran, basée sur les cheikhs réactionnaires du Golfe Persique dirigés par l’Arabie Saoudite. Cette politique américaine a essentiellement donné carte blanche au régime saoudien pour mener la répression au pays même et intensifier la violence militaire et les provocations dans toute la région.

Cette orientation a été confirmée par la réaction de la Maison Blanche à la vaste épuration lancée par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman impliquant l’arrestation de certaines personnalités les plus puissantes du royaume, dont une douzaine de princes, de ministres actuels et anciens, et l’un des milliardaires le plus riche du pays, tout en prétextant une bataille contre « la corruption ». En réalité, la répression, accompagnée du placement des alliés du prince héritier dans des positions clés, fait partie d’une consolidation du pouvoir entre les mains des plus belliqueux de la faction anti-iranienne du régime.

Cela a été accompagné par la convocation par le régime saoudien la semaine dernière du Premier ministre libanais Hariri à Riyad, d’où il n’est pas revenu. Des informations crédibles indiquent que lorsque Hariri est arrivé dans la capitale saoudienne, son avion a été cerné par la police, son téléphone portable confisqué et il a été détenu jusqu’à ce qu’il lise un discours aux médias saoudiens annonçant sa démission de son poste et dénonçant l’Iran et le mouvement chiite libanais Hezbollah. La monarchie saoudienne a apparemment décidé que Hariri, un sunnite qui a la double nationalité saoudo-libanaise, a dû être destitué parce qu’il n’a pas adopté une politique de rupture avec le Hezbollah, qui constitue une partie importante de son gouvernement. Lui et sa famille semblent demeurer des otages de la dynastie des Saoud.

La réponse initiale du gouvernement Trump, ainsi que celle des médias institutionnels, à ces développements extraordinaires était essentiellement de se faire l’écho de la ligne de Riyad, qualifiant bin Salman de « réformateur ».

« J’ai grande confiance dans le roi Salman et le prince héritier d’Arabie Saoudite, ils savent exactement ce qu’ils font », a tweeté Trump en réponse aux arrestations.

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