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Révolte sociale à Mayotte et répression coloniale en réponse

19 juin 2016, 15:08

Depuis plusieurs mois, dans l’île de Mayotte (qui est passée du statut de « territoire français » à celui de « département français » en 2011), des individus organisés en collectifs, font le tour des villages pour mener la chasse aux étrangers, essentiellement des ressortissants originaires des îles Comores voisines. Ils exercent la violence physique contre eux et détruisent leurs habitations précaires. Ces dernières semaines, ces agissements se sont multipliés, sans doute encouragés par le laisser faire des autorités. Autour de 800 victimes, des gens pauvres et vulnérables, ont dû fuir la furie des xénophobes et rejoindre la place de la République à Mamoudzou la capitale, qui fait office de camp de réfugiés. Les pouvoirs publiques ont fait encercler cette place, sans se préoccuper de mettre la moindre structure sanitaire à la disposition de ces personnes qui, vieillards ou bébés, dorment la nuit sans couverture et à même le sol en attendant leur expulsion hors de l’île.

Mayotte est un département dans lequel une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En octobre/novembre 2011, des émeutes contre la cherté de la vie à commencer par les denrées de base (aliments, gaz, ciment, sable, etc.) ont éclaté et duré 45 jours. Le calme n’est revenu qu’à l’issue des négociations qui ont débouché sur un accord dans lequel les patrons de la grande distribution s’engageaient à indexer les tarifs de onze produits indispensables, sur ceux pratiqués à la Réunion, autre département français dans l’océan Indien.

Mayotte manque cruellement d’infrastructures. Les services hospitaliers sont insuffisants pour soigner la population. Dans les établissements scolaires des quartiers pauvres des villes et dans ceux des villages, les salles de classes sont surchargées et les structures sanitaires lorsqu’elles existent, sont comparables à celles des pays sous-développés. Beaucoup d’enseignants sont confrontés à la situation de misère des parents car de nombreux enfants ont faim et ne peuvent pas de ce fait être réceptifs à l’instruction.

Mais tous les secteurs dépendant de l’État ne sont pas délaissés puisque par exemple la gendarmerie et la police des frontières bénéficient de moyens techniques sophistiqués pour traquer les frêles embarcations empruntées par les migrants. De ce fait, ceux-ci sont obligés d’effectuer pendant la nuit des traversées de plus en plus périlleuses pour essayer d’échapper à l’enfer qu’ils vivent dans les îles voisines (Anjouan est à 60 km) pauvres et sous la coupe de potentats locaux qui y dominent en maîtres depuis la fin de la colonisation.

En 2013 les travailleurs mahorais ont dû mener des luttes pour bénéficier des rémunérations comparables à celles pratiquées à la Réunion. Les patrons ainsi que l’État situé à 8000 km de là, ont accordé quelques augmentations et promis que des ajustements se feront progressivement. Malgré les difficultés de fin de mois et malgré le poids du chômage qui pèse lourd sur les familles ouvrières, les salariés de Mayotte ne baissent pas les bras puisque les mouvements actuels de lutte, en métropole contre la réforme des lois sur le travail, ont leur prolongement là-bas sous forme de grèves et de mobilisations diverses.

Malgré les incitations à la haine anti étrangers, toute la population ne hurle pas avec les loups. Bien au contraire de nombreuses personnes font preuve de solidarité envers les immigrés ne serait-ce qu’en leur apportant de la nourriture, des couvertures, du lait etc.. En cette période de montée de l’intolérance, c’est l’existence de tels élans ainsi que la lutte des classes pauvres pour un mieux-être, qui peuvent constituer une orientation à tous ceux qui en ont marre de cette société-là.

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