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Un camarade nous quitte : Jacques Morand

14 mai 2015, 15:22, par Robert Paris

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Autour de nous, dans les entreprises, les quartiers populaires et pas seulement dans le milieu immigré, personne n’approuvait bien sûr les voitures brûlées mais beaucoup disaient en même temps comprendre la colère et la rage des jeunes. Et la première semaine, ensuite même si cela a varié ensuite, les télés ou les radios n’arrivaient même pas à trouver dans les cités touchées par les émeutes de braves gens pour condamner les jeunes. Eux au moins avaient bien une conscience, élémentaire peut-être, d’appartenir à la même classe.

De toute façon même si ça n’avait pas été le cas, si il y avait eu une révolte générale contre la révolte, ça n’aurait pas été une raison pour ne pas prendre une position juste et expliquer celle-ci. Pourtant, les choses à dire, les positions à prendre, dans le passé notre organisation a su les dire et les prendre, et pas seulement dans un passé lointain ou différent comme en mai 68. Elle les disait encore, il y a 15 ans par exemple, à propos d’émeutes semblables mais beaucoup plus restreintes, à Vaulx-en-Velin, et les camarades de la minorité ont en leur possession des photocopies d’articles de LO de l’époque. Tous ceux qui veulent le vérifier pourront aller le leur demander.

Alors nous souhaitons que notre organisation revienne à la position de classe plus juste qu’elle a su trouver par le passé et ce n’est pas un souhait en l’air. Parce qu’il est bien évident que toutes les prétendues solutions proposées par le gouvernement ne changeront rien, ni au sort des banlieues ni à celui de leur jeunesse, qu’au contraire elles vont les aggraver et qu’il y a toutes les chances que de nouvelles explosions semblables se produisent, peut-être plus violentes et plus aveugles encore. Et que, dans le futur, il va falloir savoir garder le cap.

À propos de souhaits, puisque j’en suis aux souhaits, je voudrais en émettre un : celui que nos écrits servent à soulever les problèmes et les aborder de face, et non à les masquer ou les édulcorer. Et là je voudrais prendre deux exemples récents. Le premier à propos de la Russie et du texte sur la situation internationale présenté à ce congrès, le passage auquel G. Kaldy a fait allusion en ayant mal compris ou mal reçu la critique que la minorité a faite.

En Russie, Gasprom, le trust le plus important tenu à 51% par l’État, c’est-à-dire à 49% par le privé, a racheté récemment une autre entreprise, Simeft, une autre grosse société pétrolière, pour la modeste somme de 13 milliards de dollars à un certain Abramovitch, un de ces nouveaux milliardaires russes. Dans ce texte, cette affaire devient, je vous lis la phrase : « Il ne suffit pas que Poutine ramène en grande pompe les restes de Dénikine en Russie pour que l’opinion publique bourgeoise lui pardonne la renationalisation d’entreprises privatisées, quand bien même ces privatisations étaient le vol pur et simple d’entreprises d’État. »

Vous croyez vraiment qu’Abramovitch ne pardonne pas à Poutine de lui avoir remis 13 milliards de dollars qu’il peut réinvestir où il veut, en Russie, en Angleterre ou ailleurs ? Et comment peut-on parler de renationalisation, même entre guillemets, lorsqu’un trust dont l’État n’est qu’en partie propriétaire en rachète un autre ? Imaginez-vous, et j’imagine que cela vous semble bien entendu impossible et à moi aussi, que demain on parle de renationalisation si EDF, qui n’est même pas encore privatisée à 49%, rachète telle ou telle autre entreprise. C’est cela que nous critiquons, c’est le fait de ne pas poser les problèmes ou de les masquer sous des formules.

L’autre exemple que je voudrais prendre, c’est celui fourni par l’article sur la grève SNCF paru dans le numéro de LO d’il y a huit jours, article qui a été depuis, mais depuis seulement, un peu corrigé par l’article de ce jeudi (en réalité daté du vendredi et remis le mercredi).

Dès mardi soir, il était évident que les fédérations de cheminots entendaient stopper cette grève qui n’avait rien de reconductible, en fait on le savait même depuis avant la grève à cause des déclarations du secrétaire même de la CGT. Nous écrivons : « Avant même que les grévistes de la SNCF se soient retrouvés le mercredi 23 novembre en assemblées pour décider de la suite à donner ou pas à leur mouvement, la presse, les radios, les télévisions avaient déjà annoncé que c’était fini, que les cheminots avaient obtenu de petites choses et que cela suffisait comme cela d’embêter les usagers. »

Pas un mot de l’attitude des directions syndicales, pas un mot de l’appel hypocrite, en même temps que les radios, des différentes fédérations à stopper le mouvement. C’était pourtant elles les premières responsables de l’annonce que, je re-cite, « c’était fini, que les cheminots avaient obtenu de petites choses et que cela suffisait comme cela d’embêter les usagers ». Les radios et les télés n’ont fait que refléter à ce moment-là, bien entendu, les conseils sans doute du gouvernement ou de Gallois, mais en même temps, elles ne faisaient que paraphraser les déclarations de la CGT, SUD, FO ou la FGAAC. Eh bien ce que je souhaite, puisque j’ai commencé par des souhaits, c’est que notre journal pose les problèmes, les pose ouvertement et pas à côté ou en édulcorant les choses.

Enfin, je voudrais revenir sur nos propositions d’orientation pour l’année qui vient. À celles-là nous avons eu deux principales objections. D’abord « notre organisation est trop petite, vous rêvez en préconisant de mener une politique vis-à-vis des autres organisations du mouvement ouvrier ou de la gauche ». Ensuite, la minorité est accusée de vouloir mettre toute l’organisation en campagne permanente, de lui rajouter un travail militant alors que nous en avons déjà beaucoup. Alors essayons de bien nous comprendre.

Vous pouvez vous rassurer, nous ne voulons pas vous faire coller plus d’affiches, distribuer plus de tracts, tenir plus de meetings ou de réunions publiques, parcourir plus de kilomètres que vous allez le faire dans l’année qui vient, ou plus exactement que nous allons le faire, parce que nous sommes partie prenante de tout cela. Mais cette objection n’est qu’une caricature de nos propositions, ou plutôt, exactement à côté de la plaque.

Ce que nous proposons à l’organisation, c’est une intervention de LO sur la scène politique, c’est à dire des gestes et des propositions publiques faites d’abord pour être connues du public militant. Et je voudrais donner un exemple relatif à ce congrès. À la suite de ce congrès nous nous apprêtons à faire connaître par tous les moyens dont nous pouvons disposer, communiqués, conférences de presse, participation d’Arlette Laguiller à des émissions, sa candidature pour les prochaines élections présidentielles. C’est bien et, pas de fausse discussion, la minorité est prête à voter la motion qui nous sera proposée sur cette candidature. Là donc, et à juste titre, nous ne considérons pas que nous sommes trop petits, que notre organisation ne compte pas sur la scène politique, ni que les médias ne lui prêteront aucune attention. Au contraire, nous comptons bien que la nouvelle sera reprise, commentée comme un fait politique qui peut avoir un impact sur la scène politique.

Eh bien ce que nous proposons c’est que la même chose, le même effort soit fait, ni plus ni moins sur le même plan, mais pour tenter de nous adresser aux travailleurs et aux militants sur un sujet qui leur est quand même aujourd’hui plus proche et plus sensible que les élections de 2007 : la nécessité du mouvement d’ensemble pour changer radicalement la situation.

Ce que nous souhaitons et proposons c’est que sortent de ce congrès, non seulement la candidature d’Arlette Laguiller, mais aussi une proposition, un appel, une adresse, appelons-le comme nous voudrons, au mouvement ouvrier et à la gauche, proposition de préparer avec eux ce mouvement d’ensemble et que cette proposition soit popularisée de la même manière et par les mêmes voies que nous allons tenter de populariser la candidature d’Arlette.

Nous ne nous faisons pas d’illusion sur la réponse que nous pourrions recevoir des directions des plus grandes organisations syndicales ou politiques. Mais si Arlette, dans la conférence de presse qu’elle va tenir demain ou après-demain, ne se contentait pas d’annoncer sa candidature mais l’accompagnait de cette proposition publique, officielle si je peux dire, il y a quand même toutes les chances que cela soit aussi repris par les médias.

Et ce qui sortirait publiquement de notre congrès ne serait pas seulement que LO a commencé à préparer les élections qui auront lieu dans un an et demi, mais qu’elle propose maintenant une politique, je dis bien maintenant, au mouvement ouvrier. Une annonce qui pourrait alors être suivie dans les semaines qui viennent de propositions plus précises et plus ciblées à tel ou tel parti, à telle ou telle organisation, et en particulier à la LCR. Une annonce qui permettrait aux militants et sympathisants de LO d’en discuter dans leurs entreprises, leurs quartiers, leurs syndicats, avec les travailleurs et avec d’autres militants qui ne nous connaissent pas mais qui auraient entendu notre proposition.

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