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Syndicalisme en Irak

26 mai 2013, 08:53

« La chose qui m’a le plus encouragé, c’est que sous les conditions les plus difficiles que l’on puisse imaginer, les travailleurs n’attendent pas une minute avant de commencer à s’organiser. » C’était le rapport du journaliste syndical David Bacon, qui est allé en Irak avec une délégation de US Labor Against the War (Syndicalisme américain contre la guerre) et des militant.e.s de syndicats français.

Ce que Bacon - avec Clarence Thomas, l’ancien secrétaire-trésorier du local 10 de l’International Longshore and Warehouse Union - a vu en Irak est passé inaperçu dans les médias « mainstream » qui se concentrent seulement sur « les soldats et les rebelles » (dixit Bacon).

« Nous devons nous rappeler qu’il y a des millions de travailleurs en Irak », disait Bacon après un forum au congrès national de USLAW à Chicago, lors duquel il faisait un rapport de son voyage avec Thomas.

« Ils essaient, premièrement, de survivre à cette expérience, aller travailler, nourrir leur famille, trouver un logis pour eux au milieu de circonstances très difficiles. »

Plus de six mois après l’effondrement du gouvernement de Saddam Hussein et la promesse des officiels américains de « reconstruction de l’économie », le chômage en Irak est estimé à 70%. Par conséquent, survivre au jour le jour est littéralement un défit énorme pour la majorité de la population du pays.

« L’augmentation de salaire de 30%, les prêts et les terres promises par Paul Bremer (le numéro un américain à Bagdad), il y a trois mois, ne se sont toujours pas matérialisés », écrit Ewa Jasiewicz, du International Occupation Watch Center à Bagdad, qui a voyagé à travers l’Irak avec la délégation de USLAW. Pour ceux qui travaillent, le salaire moyen est de 60 $ par mois : la paie d’urgence décrétée par les occupants américain du Coalition Provisional Authority (CPA).

Le salaire était exactement le même sous Saddam mais les irakiens recevaient également de la nourriture et une aide au logement qui ont disparu sous le règne américains. « Donc, le revenu réel des travailleurs irakiens a baissé, et c’est compter sans la valeur d’échange et donc le prix de tout ce qui est importé », dit Bacon.

Mais aussi désespérées que peuvent être les conditions maintenant, les Irakiens qui ont rencontré Bacon et Thomas disent que ce qu’ils craignent le plus n’est pas encore arrivé : que les maniaques du libre échange de Washington réussissent à aller de l’avant avec leurs plans de privatisation pour l’Irak. Déjà, le CPA a légalisé la propriété 100% étrangère d’entreprises irakiennes et a mis la taxe d’affaire pour « l’Irak nouvelle » à 15%.

Quand il est question des syndicats, cependant, « les autorités d’occupation ont trouvé une loi "votée" sous Saddam Hussein qu’elles aiment : une loi de 1987 qui dit que quiconque travaille pour une entreprise étatique est considéré comme un fonctionnaire », dit Bacon. Ça veut dire que les travailleurs de l’industrie pétrolière irakienne, par exemple, n’ont légalement pas le droit de s’organiser en syndicat selon une loi de l’ère Saddam que les officiels américains refusent de reconsidérer.

« Et, pour la soutenir, dit Bacon, en juin, Bremer a publié une autre "régulation" à propos des "activités interdites". L’item B des activités interdites est d’encourager quiconque d’organiser tout type de grève ou de perturbation dans une usine ou tout type d’entreprise économique d’importance. La punition pour cela est d’être arrêté par les autorités d’occupation et d’être traité en prisonnier de guerre. »

Comme le dit Clarence Thomas : « L’administration Bush crée une image fictive qui ressemble à ceci : si on quitte l’Irak, il y aura le fondamentalisme islamique, des tensions ethniques et toutes sortes de chaos. Mais ce dont ils ont vraiment peur, c’est de la démocratie. Ils ne veulent pas voir les travailleurs irakiens s’organiser et avoir du pouvoir - avoir des droits syndicaux. »

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