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La situation au Mali

22 février 2010, 18:37, par Issa Fakaba SISSOKO

Licenciés de manière dite « abusive, en violation flagrante de l’article 47 et 48 du Code du travail et de la Convention collective », les désormais ex-travailleurs de la mine d’or de Morila et leur ex-employeur seront de nouveaux face à face devant la justice. Le procès qui s’ouvre ce jeudi matin, connaîtra certainement de chaudes empoignades entre la défense et la partie civile.

Nous sommes le 30 avril 2009, 99 travailleurs de la Mine d’or de Morila (dans la région de Sikasso) viennent d’être licenciés par la direction générale. Majoritairement composés de leaders syndicaux dont 75% sont délégués de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), les licenciés crient à un règlement de compte. La crise financière internationale motive cette décision de licenciement, soutient la direction de la mine. Faux, rétorquent les travailleurs licenciés qui crient à un règlement de compte contre les leaders syndicaux qui venaient d’observer une grève de 48 heures à cause des doléances restées jusque là sans réponses. Il s’agit, entre autres, de l’octroi d’indemnités aux travailleurs des zones dites à risque, l’augmentation des salaires à 50% proportionnellement aux bénéfices de production, la prise en charge médico-social des parents des travailleurs, le paiement de l’allocation d’ameublement (payé à une partie du personnel) conformément aux dispositions de l’Article 125 du Code minier et de la Convention collective, etc.

En battant en brèche les arguments de licenciement fournis par la direction, les désormais ex-travailleurs estiment qu’il s’agit tout simplement d’une volonté de museler les syndicalistes. A en croire M. Ismaël Mamadou Doumbia, qui était lundi dernier à la CSTM face à la presse, « aucun plan social n’a accompagné les licenciements ». Pire, explique M. Doumbia, non moins ex-porte-parole des délégués CSTM du personnel de Morila S.A, « l’attitude adoptée par les autorités dans le contentieux suscite bien des interrogations ». De la direction régionale de l’Inspection du travail de Sikasso, au Tribunal de première instance de la localité, « le droit n’a été dit », estime-t-il.

« Nous avons été surpris, malheureusement, que le Contentieux de l’Etat malien ait envoyé un représentant à bord d’un véhicule de Morila S.A pour défendre cette société au motif que l’Etat détient 20% des actions », a déploré Ismaël Mamadou Doumbia qui regrette que malgré les appels lancés aux autorités, et aux élus de l’Assemblée nationale, rien ne semble présager une sortie de crise heureuse entre les protagonistes. Dans les rangs des licenciés on dénonce l’attitude du juge Tiékoura Mallé. Celui-ci, dit-on, semble confirmer la thèse qu’il la justice a déjà pris position en faveur des miniers.

Pour les ex-travailleurs de Morila, l’argument de la crise financière internationale comme motif de ces licenciements ne tient pas la route. Car, disent-ils, l’expérience a toujours prouvé qu’en cas d’une telle crise, le secteur de l’or est le secteur qui en ressent le moins. Surtout qu’en son temps, poursuivent-ils, l’or n’a connu aucune dépréciation. Qu’à cela ne tienne, arguent-ils, au moment de leur licenciement, la direction de Morila-Sa envoie à la l’Inspection du travail une demande d’heures supplémentaires. Bref, pour les 99 ex-travailleurs de la mine, il n’y a pas de doute que le prétexte de crise financière est un argument fallacieux dont l’objectif est de casser le mouvement syndical.

N’ayant pas donc obtenu gain de cause en première instance, le Collectif des délégués du personnel de Morila-Sa, par le biais de son conseil d’avocats, a décidé d’interjeter appel. Le procès qui s’ouvre ce jeudi matin à la Cour d’Appel de Bamako prévoit de chaudes empoignades entre la défense et la partie civile.

Issa Fakaba SISSOKO

Plus de 500 travailleurs mis à la porte par les sociétés minières

Le licenciement des 99 travailleurs en avril 2009 relance une fois de plus le débat sur le traitement infligé par des multinationales à leurs ouvriers. Les mines d’or de notre pays, notamment celle de Morila en témoigne.

On se rappelle du contentieux opposant la SOMADEX (Société Malienne d’Exploitation) aux 331 ex-travailleurs de cette mine. Licenciés depuis 2005, ils courent encore derrière leurs droits. Et les actions judiciaires intentées devant les tribunaux n’ont nullement apporté de solutions. Ce licenciement de 331 personnes est parti en effet de la découverte, en 2005, de cas de falsification de contrats de travail des employés.

Suite à cette découverte, pour se protéger le chef du personnel en son temps a fait circuler une pétition au nom des travailleurs contre le secrétaire général du syndicat. C’est la goûte d’eau qui fera déborder le vase. A partir de cette cabale injustifiée contre leur leader, les 500 travailleurs de la SOMADEX, c’est-à-dire la presque totalité des travailleurs de la société, ont décidé de décréter une grève de protestation de 72 heures. Et cela, précise-t-on, 15 jours après avoir déposé le préavis conformément aux dispositions prévues par le code du travail.

Le seul tort de ces travailleurs a été de démasquer une mafia et de revendiquer leurs primes de rendement et d’exiger une meilleure protection dans le travail.

Les menaces et tentatives de récupération n’ont, dès lors, pas cessé. Finalement, la liste officielle des 311 licenciés a été imprimée et affichée. Ils ont ainsi reçu leurs lettres de rupture de contrat signée par un huissier.

Comme si cela ne suffisait pas, dans la nuit du 13 au 14 septembre 2005, deux bus bien gardés dans la cour de la gendarmerie, ont explosé. Sans mandat, et contre l’absence de toutes preuves, les gendarmes ont mis aux arrêts et déféré à la prison de Bougouni une trentaine de grévistes. L’affaire avait en son temps défrayé la chronique à Bamako. Après avoir fait un mois et six jours en prison, 23 d’entre eux ont été mis en liberté provisoire. Deux autres grévistes furent ensuite appréhendés. Ils feront 14 mois de détention, soit un an et deux mois, avant d’être mis en liberté provisoire. Car aucune preuve n’a établi leur implication dans l’incendie desdits véhicules de la société. Mais à la suite de la grève, 331 personnes seront mises à la porte sans autre forme de procès.

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