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Libreville - Gabon : des barricades pour protester contre le manque d’eau potable

18 mars 2010, 12:55, par A. du Cameroun

Cameroun : "cela fait plus d’un an" que l’eau n’arrive pas dans les canalisations du quartier Nsimeyong III-Ebom

"Nous veillons parfois jusqu’à 4 heures du matin mais l’eau ne coule pas toujours", raconte la petite Pulchérie, 11 ans, qui réside à Essos, un quartier populaire de Yaoundé, où une pénurie d’eau sévit depuis le début de l’année. La pénurie d’eau qui a commencé timidement début janvier dans la ville s’est aggravée au fil des jours. L’approvisionnement est devenu très incertain dans la plupart des quartiers. L’absence d’eau peut durer plusieurs jours voire des semaines dans certains endroits.Alors avant d’aller à l’école, la fillette et ses frères sont contraints de se rendre, au petit matin, à une source d’eau peu fiable située à 500 m de chez eux.

Comme tout le quartier procède de même, "l’attente" pour se ravitailler à la source est généralement "longue et épuisante", souligne Pulchérie.

"Le volume de production d’eau a énormément chuté après le tarissement du fleuve Nyong (centre) où nous captons l’eau pour alimenter la ville de Yaoundé", explique à l’AFP sous couvert d’anonymat une personne de la Camerounaise des Eaux (CDE), la compagnie privée de production et de commercialisation de l’eau courante.

Selon cette source, la grande "saison sèche" dans la région du Centre (novembre-mars) est à l’origine du tarissement du Nyong.

Dans la population, le mécontentement est perceptible : fin janvier, des habitants du quartier Damas, également touché par la crise, ont menacé de se soulever.Ce sentiment de révolte "est compréhensible", selon un habitant de ce quartier, Théophile. "Nous souffrons beaucoup pour l’eau", affirme-t-il avant de disparaître avec un bidon de 20 litres qu’il a pris l’habitude d’aller remplir à un forage situé à 2 km de son domicile.

Pressées par les populations, les autorités municipales ont mis en place une équipe mixte constituée notamment de pompiers et policiers qui ravitaillent les quartiers avec l’eau des bouches d’incendie.Aux heures de distribution, de longues files bigarrées de personnes munies de récipients et de jerricanes se forment systématiquement autour des camions-citernes.

"C’est une bonne chose. Ca permet de ravitailler les populations" en même temps que cela aide à étouffer "les menaces de soulèvement", souligne Emmanuel Moubitang, interrogé un jour de ravitaillement à Essos.La distribution d’eau par des pompiers au Cameroun, pays au potentiel hydraulique impressionnant, est "une situation écoeurante et inacceptable", estime pour sa part un responsable d’ONG ayant requis l’anonymat.

"Cela traduit l’échec du système", indique-t-il, soulignant que "tous les Camerounais" devraient en avoir "honte".

Le gouvernement a récemment adopté un programme de 400 milliards de FCFA (609 millions d’euros) pour renouer avec les investissements dans le secteur de l’eau, gelés depuis 20 ans, selon le ministre en charge de l’eau, Michaël Tomdio.En temps normal, seulement 29% des ménages camerounais disposent d’un accès direct à l’eau potable, selon le gouvernement. Mais être raccordé au réseau urbain ne constitue pas la garantie d’un accès permanent à l’eau courante.

A Yaoundé par exemple, "cela fait plus d’un an" que l’eau n’arrive pas dans les canalisations du quartier Nsimeyong III-Ebom, une banlieue de la ville, rapporte Etienne Amougou, un résident.Selon lui, la CDE n’a pas apprécié que les habitants de ce quartier se soient opposés au paiement mensuel des frais d’entretien des compteurs et a "purement et simplement enlevé les compteurs".

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