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Pour se protéger, le monde du travail doit gouverner lui-même !

19 octobre 2020, 07:06, par Eric

Un premier grand choc boursier a eu lieu en décembre 2018 à Wall Street et sous pression d’une poignée de grandes banques privées et de l’Administration de Donald Trump, la Réserve fédérale des États-Unis avait recommencé à baisser ses taux et avait été applaudie par les quelques grandes firmes privées qui dominent les marchés financiers. La frénésie de l’augmentation des valeurs boursières a repris de plus belle et les grandes entreprises ont continué à racheter leurs propres actions en bourse pour amplifier le phénomène. Profitant de la baisse des taux, les grandes entreprises privées ont augmenté leur endettement et les grands fonds d’investissements ont augmenté le rachat d’entreprises de toutes sortes, y compris industrielles, en recourant à l’endettement.

Ensuite, de nouveau à Wall Street à partir de septembre 2019, il y a eu une très grosse crise de pénurie de liquidité dans un marché financier pourtant gorgé de liquidité. Une crise de liquidité alors qu’il y a profusion de liquidité, ce n’est qu’un paradoxe apparent comme je l’expliquais dans Panique à la Réserve fédérale et retour du Credit Crunch sur un océan de dettes publié le 25 septembre 2019 et dans Retour sur la panique à la Réserve fédérale en septembre 2019 et les solutions à la crise publié le 11 octobre 2019. Il s’agissait d’une crise grave et la Réserve fédérale est intervenue massivement en injectant au total des centaines de milliards de dollars pour tenter d’éviter l’effondrement des marchés. Elle a également gardé dans son bilan plus de 1 300 milliards de dollars de produits structurés toxiques qu’elle avait achetés aux banques en 2008 et 2009 car elle était persuadée à juste titre que si elles les mettaient en vente sur le marché secondaire des dettes, leur prix s’effondrerait et entraînerait une grande crise financière et des faillites bancaires. Si la Fed a fait cela ce n’est pas pour défendre l’intérêt général, c’est pour défendre les intérêts du Grand Capital, c’est-à-dire du « 1 % » le plus riche de la société. La BCE et les autres grandes banques centrales (R-U, Japon, Suisse, Chine…) ont appliqué grosso modo le même type de politique et elles portent une responsabilité très importante dans l’accumulation de matières inflammables dans la sphère financière (voir mon article écrit en décembre 2019 et publié en janvier 2020, article qui avait été précédé par un autre en mars 2019).

On a assisté à une énorme augmentation de création de capital fictif et dans chaque crise financière une partie importante de ce capital fictif doit « disparaître » car cela fait partie du fonctionnement normal du système capitaliste. Le capital fictif est une forme du capital, il se développe exclusivement dans la sphère financière sans véritable lien avec la production. Il est fictif au sens où il ne repose pas directement sur la production matérielle et sur l’exploitation directe du travail humain et de la nature.

Non seulement la crise financière était latente depuis plusieurs années et la poursuite de l’augmentation des prix des actifs financiers en constituait un indicateur très clair mais en plus une crise dans le secteur de la production avait commencé bien avant la diffusion du virus de la Covid19 en décembre 2019, avant la fermeture d’usines en Chine en janvier 2020 et avant la crise boursière de fin février 2020.

On a assisté au cours de l’année 2019 au démarrage d’une crise de surproduction de marchandises notamment dans le secteur automobile avec une chute massive des ventes d’automobiles en Chine, en Inde, en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays. Cela a provoqué une réduction de la production d’automobiles. Il y avait également surproduction dans le secteur de la fabrication des équipements et des machines-outils en Allemagne, un des 3 principaux producteurs mondiaux dans cette branche. Il y avait une très forte réduction de la croissance industrielle chinoise ce qui a eu de graves conséquences pour les pays qui exportent vers la Chine des équipements, des automobiles, des matières premières. Au cours du second semestre 2019, une récession s’est déclenchée dans le secteur de la production industrielle en Allemagne, en Italie, au Japon, en Afrique du Sud, en Argentine… dans plusieurs secteurs industriels aux États-Unis.

Pour rappel, au cours de la dernière semaine de février 2020, les principales bourses de valeurs de la planète (aux Amériques, en Europe et en Asie) ont connu une chute très importante qui a oscillé entre 9,5 et 12 %, la pire semaine depuis octobre 2008.

Le 3 mars 2020, la Fed décide de fixer son taux directeur dans une fourchette de 1 % à 1,25 %, c’est une baisse de 0,50 %, c’est la plus forte au cours des dernières années car jusqu’ici la Fed baissait son taux par pallier de 0,25 %. Face à la poursuite de la dégringolade des bourses et notamment des banques qui sont au bord de la faillite, la Fed a décidé une nouvelle baisse le 15 mars 2020 en frappant encore plus fort que le 3 mars. Cette fois-ci, elle a baissé son taux de 1 %. Donc, depuis le 15 mars, le nouveau taux d’intérêt directeur de la Fed se situe dans une fourchette de 0 à 0,25 %. Les banques sont donc encouragées à augmenter les dettes.

"Les banques qui s’engagent à ne pas réduire le volume de leurs prêts au secteur privé [...] peuvent se financer largement auprès de la BCE à un taux négatif de – 0,75 %. Cela veut dire qu’elles sont rémunérées et subventionnées lorsqu’elles empruntent à la BCE"

La Fed ne s’est pas contentée de baisser les taux d’intérêt, elle a recommencé à injecter sur le marché interbancaire une masse énorme de dollars car les banques, une fois de plus, ne se font plus confiance et répugnent à se prêter de l’argent. Le président de la Fed a déclaré que son institution avait programmé d’injecter dans les semaines qui viennent plus de 1 000 milliards de dollars de liquidité sur les marchés à court terme, notamment le marché du repo sur lequel elle est déjà intervenue massivement entre septembre et décembre 2019.

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