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Le recul des glaciers alpins, une preuve du « réchauffement global » ?

1er mai 2014, 08:52

Un point d’actualité d’abord : oui, aujourd’hui, beaucoup des glaciers alpins reculent, comme ils l’ont souvent fait dans leur histoire ! Mais cela joue chaque année sur des pourcentages variables de la population des glaciers. Pendant que certains ou beaucoup de glaciers reculent, certains autres… ou beaucoup d’autres sont, dans le même temps, en position stationnaire ou en position d’avancée. Pour bien s’en persuader il suffit de consulter le schéma, très pédagogique, des variations suisses au cours du XXe siècle (in " Les variations des glaciers suisses ", Revue du Club Alpin Suisse). Les longueurs des langues des glaciers alpins diminuent, mais les volumes de glace restants sont encore considérables. Ainsi le minuscule glacier de Sarennes (dont beaucoup pressentent la fin prochaine !) juxtapose aujourd’hui trois sous-bassins où la glace dépasse encore 70 à 80 mètres d’épaisseur. A Saint-Sorlin, l’épaisseur maximum relevée est de 135 mètres ! (sources : Labo de glaciologie CNRS). Un retour sur la période holocène : l’ Holocène a marqué depuis 12000 ans le grand recul des glaciers alpins jusqu’à leur position actuelle. Depuis le Boréal (9000-7000 BP), les glaciers ont oscillé sur un espace assez restreint, celui des marges des glaciers actuels, permettant à ces altitudes une présence continue des espèces arborées (cf. bois datés C14). Alors que dans le dernier tiers du XlXe siècle et dans la première partie du XXe siècle, les glaciers des Alpes ont subi, surtout de 1925 à 1965, un très intense recul qui a marqué... et les esprits et les paysages glaciaires... le dernier tiers du siècle (période centrée sur l’intervalle 1970-1990) a vu - au contraire - , dans le massif du Mont-Blanc et dans d’autres régions du monde, les fronts des glaciers avancer et les volumes de glace s’accroître. Ne parlait-on pas dans la presse, en 1986, de " nouvelle glaciation " ? Que les glaciers reculent ou avancent, il faut se rappeler que leur comportement ne doit être analysé qu’à l’aune de la durée (historique et géologique) ...et non de l’année ou d’un tout petit groupe d’années, voire d’une vie humaine. Le glaciologue suisse F.A. Forel, en 1902, allait plus loin encore lui qui constatait : " Hélas ! la mémoire de l’homme est bien courte et ses comparaisons bien incertaines. " Sinon, il devient facile de prouver tout et n’importe quoi, y compris de mettre en contradiction avec eux-mêmes les tenants du tout " réchauffement global dû aux industries humaines ". Quelques exemples ? Les glaciers ont été, dans le passé, beaucoup plus réduits qu’aujourd’hui. À preuve l’existence de ce village de Saint Jean de Perthuis (aujourd’hui disparu) qui occupait, avant le XVe siècle, l’emplacement actuel de la langue frontale actuelle du glacier de la Brenva… ou bien encore, ces multiples vestiges archéologiques révélés çà et là lors des phases du recul glaciaire récent. Un fort recul peut ne pas être inexorable et ne doit pas aboutir automatiquement à la disparition du glacier. Il y a plusieurs millénaires, la croissance de pins cembro, pins à crochets ou mélèzes, à des altitudes et en des lieux et des temps où aujourd’hui l’on ne trouve que de la glace, est un fait avéré. Les glaciers ont, depuis, reconquis les espaces. Flux et reflux au fil du temps ; ainsi vivent les glaciers du monde ! Dans le même temps où l’on nous annonçait qu’à cause des gaz à effet de serre, les années 80 étaient les plus chaudes du siècle (cf. R. Houghton et G Woodwell in Pour la Science, 1989, avec comme années " record ", dans l’ordre : 1988, 1987, 1983, 1981, 1980, et 1986), ces mêmes années 80 étaient marquées dans les Alpes, sur le plan glaciologique, par une des deux crues glaciaires les plus significatives du XXe siècle : en France (les glaciers du Mont-Blanc avancent ; sur la rive gauche du glacier d’Argentière " destruction " - consécutive à la crue glaciaire - du pylone de téléphérique situé en rive gauche, sur la bordure du glacier… ; en Suisse (crue glaciaire nécessitant la transformation de la prise d’eau du torrent en prise sous-glaciaire au glacier de Biferten, bassin de la Linth (cf. photos dans la revue du CAS) ; en Autriche et en Italie (augmentation localisée des pourcentages de glaciers en crue).

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