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Un débat avec la gauche communiste conseilliste

2 décembre 2019, 08:50, par Olivier

Ce que tu soulèves comme question dans le messagel ci-dessous, est complexe à décrire ? Comment faire une répondre simple ? La question est malgré tout fondamentale pour l’avenir. Je me permets, ci-après, de tracer un résumé qui, comme tout résumé, est en partie faux ou tout au moins largement insuffisant, il reste subjectif.
Je crois qu’il faut reprendre d’abord les différences entre la Gauche communiste allemande et italienne.
La Gauche communiste italienne est exclue de l’IC définitivement lors du dernier recours qu’elle effectue en 1928. Au niveau théorique et politique, elle reconnait les 2 premiers congrès de l’IC alors que Trotsky reconnait, en général, les 4 premiers congrès de l’IC. Deuxième idée à prendre en compte, la Gauche italienne même s’il y a plusieurs tendances en son sein reste unie globalement jusqu’en 1952 ce qui n’est pas le cas, on le verra de la Gauche communiste allemande.
La Gauche communiste allemande (GCA) participe jusqu’au deuxième congrès de l’IC (Ian Appel détourne un bateau [décrété par la bourgeoisie comme acte de piraterie] pour arriver au 2ème congrès de l’IC) ; les autres délégués arrivent par la voie normale. A leur arrivée, Lénine leur remet le livre « Les gauchistes, la maladie infantile du communisme ». Le KAPD (50 000 membres à sa création) et le KAPH (hollandais) se créent dans la foulée. Ils ne seront jamais membres du Komintern mais membres « sympathisants » (le KAPD suivra plus fidèlement que le KPD et jusqu’au bout, les consignes de l’IC dans l’insurrection de Mars en 1921). Le bureau d’Amsterdam de l’IC qui devait être créé pour échapper au risque que cette dernière soit trop liée à Moscou, est créé le 28 septembre 1919. Le « bureau hollandais » ou de « bureau d’Amsterdam » est chargé d’organiser la propagande en Europe de l’Ouest. Mais le 30 avril 1920, à la suite des divergences, le bureau d’Amsterdam est dissout.
Ensuite, pour la GCA il y eut plusieurs courants. La tendance d’Otto Rühle dite « tendance de Berlin » (Rühle a voté avec Liebknecht contre les crédits de guerre au parlement en 1914) qui est déjà sur la ligne « communisme de conseils » (nom qui n’existait pas à l’époque), c’est-à-dire une ligne qui minimise le rôle des partis communistes et magnifie les conseils ouvriers. Il est à la fondation de l’AAUE (ou AAUD-E) en 1921 (unions qui se veulent à la fois parti et syndicat). Cela ne l’empêche pas de se retrouver avec Trotsky au Mexique et être son ami. Il fait partie de la commission Dewey en défense de Trotsky.
Le courant partidiste du KAPD : la « tendance d’Essen », avec des camarades comme Gorter, Pannekoek et Ian Appel. Ce dernier restera jusqu’à sa mort sur cette position politique ainsi que pour la défense du caractère prolétarien d’Octobre (je l’ai rencontré à la fondation du CCI en 1975 et toujours aussi internationaliste et révolutionnaire. C’est le principal rédacteur des Principes de base de la production et de la distribution communiste qui se veut être une contribution pour le contenu du communiste dans la période de transition au communiste). Le KAPH (Hollandais) suit les mêmes évolutions que l’Allemagne.
Pour le groupe de Mattick aux États-Unis, l’on peut dire que son évolution est plutôt dans le sens d’Ian Appel. Il publiera successivement : International Council Correspondence, puis Living Marxism et New Essays.
Korsch est à mettre à part, il reste dans le KPD jusqu’en 1926. A Moscou avec Bordiga au dernier exécutif de l’IC auquel ils défendent tous les deux Trotsky. Trotsky et Korsch auraient voulu alors que Bordiga devienne le leader et anime l’Opposition internationale de Gauche contre Staline. On connait le refus de Bordiga pensant que la situation n’était plus favorable et que cela ne pouvait amener qu’à des compromissions et affaiblir la théorie communiste. Ensuite, Korsch émigre aux USA et se rapproche de Mattick.
Voilà, décrits, à la serpe et en résumé, les 2 grands courants de la Gauche communiste à cette époque, jusqu’à la deuxième guerre impérialiste.
Ensuite, il y eut de nouvelles évolutions. Ce fut la Gauche communiste hollandaise qui demeurera et qui survivra du fait de la répression en Allemagne. D’ailleurs Mattick part pour les USA et Ian Appel pour la Hollande. Ensuite, pour bien comprendre leur évolution, il faut faire une distinction entre le communisme de conseil et le conseillisme. Le conseillisme nait après la guerre en 1945-50 et représente la tendance qui rejette le plus fortement la forme parti.
Pannekoek suit cette évolution. La plupart de ces camarades remettent alors en cause la nature d’Octobre ce qui n’est ni le cas d’Appel ni de Paul Mattick. Toutefois, à mon sens, la remise en cause de la nature prolétarienne d’Octobre leur empêche de tirer convenablement toutes les leçons que nous devons tirer d’Octobre. Puisque ce n’est pas une révolution prolétarienne, ils n’ont rien à en dire, ne pensez-vous pas ? C’est là où, en fait, ils se contredisent puisqu’ils font des analyses souvent pénétrantes et intéressantes sur cette période de l’histoire.

Je ne décrits pas, ici, les évolutions des groupes après la deuxième groupe que ce soit aux USA, en Hollande, en Angleterre, en Australie ou en France.
Pour juger Pannekoek, il faut mettre dans la balance son intransigeance sur l’internationalisme prolétarien et son intransigeance par rapport au soutien à la classe ouvrière sans faille. L’État et la révolution de Lénine est la conséquence des écrits de Pannekoek sur la question de l’État.
Aujourd’hui, ce courant n’existe plus réellement avec une filiation historique, à mon sens, ceux qui se disent conseilliste n’ont aucun lien avec ce courant et leur « attachement » au conseillisme provient seulement d’une peur des organisations et d’un fétichisme de l’auto-organisation. Cette mouvance représente maintenant autre chose plus proche de l’autonomie même si le conseillisme est à la "mode". Le seul groupe véritablement conseilliste en France est représenté par Échange et mouvement. A l’étranger, il faudrait voir surtout dans la sphère anglo-saxonne. Je n’ai rien lu depuis longtemps du fils de Mattick aux USA. Il était présent autour des IWW et dans leur presse, il y a peu.
En ce qui me concerne et dans le sens du CCI des années 1968-80, je pense qu’il faut prendre ce qu’il a de mieux, après un examen critique rigoureux, dans les deux courants au niveau politique et théorique. Chacun a exprimé une forme moderne de ce que doit être la théorie communiste dans la phase impérialiste du capitalisme et du rejet du vieux mouvement ouvrier social-démocrate. Nous n’avons jamais pu arriver à accomplir cette tâche de critique et de synthèse. Le dernier essai a été fait au cours des 3 Conférences Internationale de la Gauche communiste (1975-1978). Le travail de synthèse est donc toujours à faire pour ensuite le compléter avec les autres tendances révolutionnaires de la véritable l’Opposition de gauche internationale. Il s’agit de faire un bilan d’Octobre et de la contre-révolution jusqu’à aujourd’hui pour ensuite donner de nouvelles des perspectives à la classe ouvrière. C’est le bilan et perspectives de tout un arc de siècle.
C’est ainsi que je vous associe (je ne vois pas aujourd’hui d’autres éléments que vous dans la mouvance de l’Opposition de gauche internationale) à ce travail qui est immense mais nécessaire pour les futurs partis révolutionnaires.

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