Accueil > ... > Forum 44965

Un débat avec la gauche communiste conseilliste

5 mars 2019, 11:48, par Robert Paris

Même Bruno Rizzi ne rejette pas Lénine et Trotsky dans la même fange que Staline :

« Pour en finir et pour ne pas répéter ce qui a été dit de mille manières, nous affirmons qu’à la suite de la défaite de la révolution prolétarienne allemande et européenne, la dictature du prolétariat russe se trouvait isolée dans un monde capitaliste et hostile. Le reflux de la vague révolutionnaire était général, de cette vague qui, immédiatement après la guerre, avait effrayé la bourgeoisie. Il s’ensuivit que pour tout observateur de bon sens les perspectives révolutionnaires étaient renvoyées aux calendes grecques. En attendant, le capitalisme reprenait haleine et augmentait la production jusqu’à 1929 et cela surtout était dû aux travaux de réparation dans les zones ravagées par la guerre, et à la reconstitution des stocks.

La Révolution russe était à l’alternative : ou bien vivoter dans l’attente de la révolution prolétarienne de l’Occident d’Europe, ou bien s’accorder avec le monde extérieur et changer par conséquent de politique intérieure. C’est la seconde solution qu’on a choisie ; Staline en fut d’abord l’inspirateur et puis il en fut l’exécuteur impitoyable. Ce changement radical de politique, il fallait naturellement le cacher, du moins dans un aspect extérieur, soit au prolétariat russe, soit au prolétariat de toutes les nations. Ce ne fut pas une affaire très difficile, puisque depuis près de cent ans les travailleurs sont systématiquement dupés par les « rouges » de tous les partis, et de toutes les nuances, qui ont paru sur la scène politique. Le prolétariat russe et le prolétariat d’autres nations ont essuyé aussi cette énorme mystification et ils n’ont donné que trop peu de signes de colère contre leurs chefs, de véritables traîtres. On dirait que ces prolétariats en ont pris l’habitude et, de plus, qu’ils se sont endurcis à la mystification.

Lénine mort, il fallait bien un successeur ; c’était Trotski, la figure la plus digne autant du point de vue moral qu’intellectuel. Sa droiture révolutionnaire et son génie auraient certainement défendu très bien le premier et le seul Etat prolétarien du monde. Mais Trotski fut mis au rancart, il fut ostracisé et boycotté d’une manière unanime par les épigones de la révolution. Ceux qui connaissent un peu les partis socialistes et communistes ne s’étonnent pas du tout d’un phénomène de ce genre-là.

Trotski s’élevait comme un géant dans l’entourage de Lénine, alors on s’avisa bien de le neutraliser, de sorte que l’on mettait de côté un gros obstacle, qui aurait gêné la campagne nationale et internationale de bourrage des crânes. La réalité est encore celle-ci : la vraie dictature, ce fut celle du parti bolchevique et non pas celle du prolétariat, une dictature que l’on concentra dans les cellules et non dans les soviets. Il arriva ainsi que le parti bolchevique, le seul qui n’avait pas trahi les travailleurs avant la révolution, les trahit dès qu’il eut remporté la victoire, c’est-à-dire quand il croyait qu’il n’y aurait plus de dangers. »

source

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.