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Les citations les moins connues de Karl Marx

13 avril 2019, 11:13

Engels dans « Marx et la dictature du prolétariat » :

Depuis 1845, Marx et moi, nous avons pensé que l’une des conséquences finales de la future révolution prolétarienne sera l’extinction progressive des organisations politiques appelées du nom d’État 47.

47. Cf. Engels à Ph. Van Patten, 18-4-1883.

De tout temps, le but essentiel de cet organisme a été de maintenir et de garantir par la violence armée l’assujettissement économique de la majorité ouvrière par la minorité fortunée. Avec la disparition de cette minorité fortunée disparaît aussi la nécessité d’un pouvoir armé d’oppression ou État. Mais en même temps, nous avons toujours pensé que, pour parvenir à ce résultat et à d’autres, bien plus importants encore pour la future révolution sociale, la classe ouvrière devait d’abord s’emparer du pouvoir politique de l’État, afin d’écraser grâce à lui la résistance de la classe capitaliste et de réorganiser les structures sociales.

C’est ce que l’on peut lire déjà dans le Manifeste communiste de 1847 48.

48. Cf. chapitre II, fin.Engels fait évidemment allusion aux fameuses interventions despotiques dans les rapports de production que le prolétariat prend contre la bourgeoisie en faisant usa-ge de sa domination politique. Nous avons reproduit ce passage plus loin.

Les anarchistes mettent les choses sens dessus dessous. Ils déclarent que la révolution prolétarienne doit commencer en abolissant l’organisation politique de l’État. Or, la seule organisation dont le prolétariat dispose après sa victoire, c’est précisément l’État. Certes, cet État doit subir des changements très considérables avant de pouvoir remplir ses nouvelles fonctions, mais le détruire à ce moment-là, ce serait détruire le seul organe grâce auquel le prolétariat victorieux puisse précisément faire valoir la domination qu’il vient de conquérir pour écraser ses adversaires capitalistes et entreprendre le révolutionnement économique de la société, faute de quoi toute victoire devra s’achever par une nouvelle défaite et par un massacre général des ouvriers, comme ce fut le cas de la Commune de Paris. 49

49. Les découvertes scientifiques de Marx, depuis les écrits de sa prime jeunesse jusqu’au Capital, etc., sur la société communiste après la transition de la dictature du prolétariat - but de tous ses efforts - ont obtenu une éclatante confirmation expérimentale dans le soulèvement de la Commune qui tenta de réaliser le programme social défini à l’avance par Marx. Dans son ouvrage fondamental sur l’Etat et la Révolution, Lénine définit par opposition la conception marxiste du passage au socialisme : « Les utopistes se sont occupés à « découvrir » les formes politiques où devait se produire la transformation socialiste de la société. Les anarchistes ont éludé la question des formes politiques en général. Les opportunistes de la social-démocratie contemporaine ont accepté les formes politiques bourgeoises de l’Etat démocratique parlementaire comme une limite que l’on ne saurait franchir ; ils se sont brisé le front à prier devant ce « fétiche », et ils ont qualifié d’anarchisme toute tentative de démolir ces formes ». Ces définitions permettent a contrario de mieux saisir la conception marxiste. D’abord, Lénine souligne que Marx a déduit scientifiquement dès le début la nécessité de la phase transitoire de dictature du prolétariat, et qu’il a pu par la suite en préciser les formes en partant strictement de l’observation de la lutte des classes en acte, notamment lors des révolutions de 1848 et de 1871. Il faut ensuite remarquer que les diverses conceptions utopiste, anarchiste et social-démocrate se complètent : les utopistes, se fiant à la seule volonté politique des gouvernants en place pour réaliser leur modèle de société, ignorent complètement que le communisme est le mouvement économique même de la société moderne, qui tend à outrepasser d’ores et déjà les limites de la société capitaliste surannée ; les anarchistes ignorent que les masses doivent – en faisant converger leur action avec le mouvement matériel vers le communisme – abattre l’Etat politique qui coiffe les anciennes formes de production de classe et opposer de nouvelles formes politiques de violence aux vestiges de cet Etat et des rapports d’appropriation privée ; quant aux sociaux-démocrates, ils font la synthèse de ces deux déviations, au sens où ils ont le fétichisme des formes politiques bourgeoises existantes et, comme les anarchistes, ils ne peuvent dépasser les formes de production et d’appropriation existantes du fait qu’ils ne leur opposent pas d’autres forces politiques révolutionnaires pour les abattre. Il n’est pas besoin d’insister sur le fait que, pour Lénine, les formes politiques révolutionnaires ainsi que l’Etat de la dictature du prolétariat n’étaient que des phénomènes transitoires qui entraient en veilleuse avec l’abolition des derniers vestiges des classes.

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