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Marseille : la guerre de classes fait rage dans l’immobilier

4 novembre 2018, 07:29

En décembre 2011, Marseille Aménagement revend de gré à gré le terrain voisin et une partie de celui indemnisé (dépollué et en partie aménagé à ses frais en 2013) à un groupe de promoteurs qui souhaite y construire le centre commercial Bleu Capelette. Il s’agit d’Icade (filiale de la Caisse des dépôts et des consignations) et de Sifer, une société dirigée par Éric Lasery, l’un des associés de Laser Propreté, qui n’a pourtant aucune expérience dans le domaine. À en croire les déclarations d’un cadre d’Icade, les deux affaires semblent avoir été négociées à peu près à la même période. « Il y a dix ans maintenant, nous avons imaginé un centre commercial avec une composante loisirs importante à l’entrée est de Marseille », a indiqué Antoine Nougarède, directeur de l’immobilier commercial chez Icade, dans La Provence en avril 2013. D’où les soupçons de favoritisme. Contacté, Éric Lasery parle d’« extrapolations ». « Le seul reproche de la CRC [qui concerne Sifer, ndlr] est de ne pas avoir mis en concurrence, mais ça il faut demander à Marseille Aménagement », rectifie-t-il. Avant de lâcher : « Tous les terrains sont vendus à Marseille sans concurrence, donc il n’y a pas eu d’exception pour nous. »

L’affaire est symptomatique du fonctionnement opaque de la ville lorsqu’il s’agit d’immobilier. Dans son rapport sur Marseille Aménagement, la CRC a également épinglé la réhabilitation du centre-ville, confiée au privé à travers trois périmètres de rénovation immobilière (PRI) créés entre 1993 et 1995. Près de vingt ans et 60 millions d’euros de dépense communale plus tard, « 40 % des logements qui devaient être réhabilités dans les PRI Centre-ville et Thubaneau, n’avaient toujours pas fait l’objet de travaux à la date du 31 décembre 2009 », manque de s’étouffer la juridiction financière. Qui dresse un panorama aussi prévisible que désastreux de ces opérations : préemption des immeubles et revente à des investisseurs de gré à gré sans aucune transparence, défiscalisations massives et subventions à gogo sans contrôle de la réalité des travaux de rénovation.

La rue de la République… Une artère haussmannienne de Marseille faisant l’objet de l’une des plus grandes réhabilitations d’Europe en centre-ville. Deux grands propriétaires privés se partagent plus de la moitié des immeubles et commerces de la rue, chacun y possède plus d’un millier de logements. En 2001, les pouvoirs publics regroupés sous l’égide de l’Etablissement Public d’Aménagement Euroméditerranée décident la mise en place d’une Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, mesure incitative invitant les propriétaires à réhabiliter leur patrimoine. En effet, ces logements, dans une large partie, ne correspondent plus aux normes de confort actuelles, ou sont vacants, délabrés ou squattés. Au cœur de cette intervention publique, la question de la place des locataires est rapidement posée : un conflit émerge en 2004 autour d’une série de lettres de non-renouvellement de baux laissant présager une expulsion massive, adressées par l’un des deux propriétaires, le fonds d’investissement américain Lone Star. Soutenue par l’association Un Centre-Ville Pour Tous, une mobilisation voit le jour et s’inscrit rapidement dans le cadre d’une action collective visant à défendre le droit des locataires : le problème de la rue de la République prenait ainsi forme autour de CVPT, acteur incontournable concernant la question du logement et de la réhabilitation du centre-ville marseillais.

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