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L’éloge romanesque actuel de la guerre impérialiste mondiale

11 août 2017, 07:12

Le 3 août, un étonnant commentaire du politologue Ralph Rotte apparaissait dans le journal conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung. Sous le titre « [Baron von] Richthofen au lieu de Rommel, » le titulaire de la chaire des relations internationales à l’Université RWTH d’Aix-la-Chapelle plaide pour que les soi-disant héros de guerre de la Reichswehr allemande (Forces armées impériales) de la Première Guerre mondiale serve de modèle à l’actuelle Bundeswehr (armée allemande).

Le point de départ de la chronique est le scandale qui entoure le premier lieutenant d’extrême-droite, Franco A., membre d’un réseau néo-nazi au sein de l’armée qui a planifié des attentats terroristes contre des politiciens de haut rang. Il voulait faire porter la responsabilité des attentats aux réfugiés. Quand la ministre de la Défense Ursula von der Leyen a déclaré que la Wehrmacht (l’armée de Hitler) ne pouvait servir de modèle à la Bundeswehr, elle devint la cible de critiques sévères de la part de hauts gradés de la Bundeswehr et des médias.

La chronique de Rotte souligne le véritable enjeu de ce « débat sur les traditions » au sein de la classe dirigeante. Plus de 70 ans après la fin du régime nazi qui a réduit l’Europe et la moitié du monde en cendres en tuant d’innombrables millions de gens, la bourgeoisie tente à nouveau de créer les conditions nécessaires au retour à une politique mondiale indépendante. La promotion de supposés héros de guerre du passé sert à la fois à banaliser les crimes impérialistes antérieurs et à préparer l’opinion publique à de nouvelles atrocités.

D’après Rotte, le problème principal est que depuis des décennies, on a présenté une image faussée de la Bundeswehr à l’opinion, qui a également marqué durablement les soldats. « L’image du soldat dans la République fédérale [d’Allemagne] a été systématiquement coupée du phénomène de la guerre, » se désole le professeur. La perception de la Bundeswehr dans l’opinion « ne se concentrait pas sur sa capacité de combattre, mais sur ses fonctions sociales, humanitaires et économiquement pertinentes. » Rotte qualifie d’« étape fatidique » le fait que « peu à peu le risque de blessures et de décès, ainsi que la possibilité d’avoir à combattre et à tuer ait disparu de la mémoire collective. »

L’argument de Rotte est clair : pour ses futures guerres, la Bundeswehr a besoin de modèles historiques pour combattre, tuer et mourir. Comparé à l’historien militaire de Potsdam, Sönke Neitzel, Rotte s’intéresse moins à invoquer les traditions de la Wehrmacht, « problématiques » du fait de la nature criminelle de la Seconde Guerre mondiale. Il préfère glorifier l’armée allemande qui a causé des pertes innombrables pendant la Première Guerre mondiale.

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