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Air France : quand le DRH perd sa chemise, les syndicats se dévoilent

8 octobre 2015, 08:08

Le premier ministre Manuel Valls a qualifié les grévistes de « voyous » qui font « mal à l’image de la France ». « La justice devra identifier ceux qui se sont livrés à cette violence inqualifiable », a-t-il dit, exigeant une condamnation et « des sanctions lourdes ».

L’ancien président Nicolas Sarkozy a quant à lui carrément évoqué le spectre de la Terreur et de la Révolution française : « Nous ne sommes pas en 1793. Nous ne pouvons pas accepter que deux dirigeants soient au bord de se faire lyncher par des hommes en tenue de syndicaliste, avec des syndicats qui ont pignon sur rue et qui ont tous appelé à voter pour François Hollande en 2012 ».

Faisant référence à une phrase du général de Gaulle lors de la grève générale de Mai 1968, Sarkozy a ajouté : « C’est la chienlit, c’est le délitement de l’État ».

Les dirigeants de la bourgeoisie soutiennent à fond leur classe.

Valls s’est dit entièrement du côté du patron d’Air France.

Les dirigeants capitalistes français ont identifié ce geste comme un acte de lèse-majesté par la classe ouvrière contre l’aristocratie financière. Leur hystérie provient de leurs craintes bien fondées que cet événement cristallise le mécontentement ouvrier à travers le pays, comme ce fut le cas en 1968, et à travers l’Europe en colère contre l’austérité.

La classe dirigeante a en mémoire la grève chez Air France de l’année dernière. Les pilotes ont fait grève pendant deux semaines, soumettant ainsi Air France à d’intenses pressions financières et à une perte de centaines de millions d’euros. Alors que le rapport de force était du côté des pilotes, le Syndicat national des pilotes de ligne a insisté qu’ils devaient mettre fin à la grève pour éviter qu’un dommage « irréversible » ne soit causé à la compagnie aérienne. Le SNPL craignait avant tout une victoire des travailleurs qui aurait risqué de déstabiliser totalement le gouvernement PS.

Aujourd’hui comme l’année dernière, la classe dirigeante craint qu’une contestation isolée dans une entreprise ou dans une branche ne débouche sur un mouvement social potentiellement révolutionnaire contre le PS et l’Union européenne.

Face à ce danger, le chef de l’État a dégainé l’arme politique de longue date du capitalisme français : le « dialogue social », c’est-à-dire la fausse conception que les arrangements entre le patronat et des appareils syndicaux aux ordres répondent aux intérêts des travailleurs.

François Hollande a réagi lors de l’inauguration de l’Ecole nationale supérieure maritime au Havre, en prônant « un dialogue responsable avec un patronat qui prend les décisions qui sont attendues et des responsables syndicaux qui jouent la carte, la seule possible, celle du compromis et de la négociation (...) Ça compte, le dialogue social. Et quand il est interrompu par des violences, des contestations qui prennent des formes inacceptables, on voit ce que ça peut avoir comme conséquences sur l’image, sur l’attractivité du pays ».

En fait, le « dialogue social » n’est qu’un slogan creux avancé pour semer la confusion sur le rôle traître des appareils syndicaux, pour bloquer des luttes indépendantes de la classe ouvrière, et pour tenter de sauver le capitalisme en faillite.

Le « dialogue social » a été le refrain des politiques d’austérité de Hollande, qui ont largement mérité leur taux d’approbation de 3 pour cent dans un sondage l’année dernière. Le seul élément véridique dans le commentaire du chef de l’État est son observation qu’il permet au patronat d’imposer les décisions « qui sont attendues » et qui, en spoliant les travailleurs, augmentent les profits qui rendent le pays attractif aux investisseurs.

Si Hollande défend maintenant le « dialogue social », c’est que l’invasion par les grévistes du CCE, où patrons et syndicalistes négociaent leurs projets réactionnaires, n’a démontré que trop clairement le gouffre de classe qui sépare les travailleurs d’un côté des forces du CCE de l’autre.

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