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La dialectique de l’économie capitaliste, telle que l’a exposée Karl Marx dans « La Critique de l’Economie Politique »

25 mars 2017, 06:12, par Robert Paris

Eh bien, elles sont inhérentes au processus fondamental du capital lui-même : l’argent en capital et le capital en argent, l’objet en marchandise et la marchandise (valeur d’échange) en objet (valeur d’usage), la marchandise en argent et l’argent en marchandise, la force de travail se transforme en devenant instument du capital et transforme les marchandises dans la production. Toutes ces transformations sont dialectiques, contradictoires en soi…

Marx philosophe sur le mode de production capitaliste dans "le Capital" :

Nous avons déjà vu que la marchandise doit avoir un double mode d’existence pour pouvoir passer dans la circulation. Il ne suffit pas qu’elle se présente à l’acheteur comme article ayant certaines propriétés utiles pour la consommation individuelle ou productive, c’est-à-dire comme valeur d’usage déterminée ; sa valeur d’échange doit recevoir une forme autonome qui se distingue de sa valeur d’usage, ne serait-ce qu’idéellement. Bref, elle doit représenter l’unité aussi bien que la dualité de la valeur d’usage et de la valeur d’échange. Comme pure existence du temps de travail social objectivé, sa valeur d’échange revêt une forme autonome, indépendamment de la valeur d’usage, dans le prix, qui est l’expression de la valeur d’échange en tant que telle, c’est-à-dire dans l’argent, ou plus précisément dans la monnaie de compte.

En fait, certaines marchandises ne cessent d’exister d’un point de vue particulier. Par exemple, les chemins de fer, les grands travaux immobiliers, qui ont une telle continuité et une telle ampleur que tout le produit du capital avancé se manifeste dans une seule marchandise. Faut-il pour autant leur appliquer la loi valable pour la marchandise particulière et autonome, à savoir que son prix n’est rien d’autre que sa valeur exprimée en argent, la valeur totale du capital + la plus-value s’exprimant directement dans la marchandise particulière en monnaie de compte ? Dans ces conditions, le prix de cette marchandise ne se déterminerait pas autrement que celui de la marchandise particulière d’antan, simplement parce que le produit total du capital se présente dans la réalité comme une seule marchandise. Il est inutile de s’attarder davantage sur cette question.

Cependant, la plupart des marchandises sont de nature discrète, discontinue (du reste, même les marchandises continues peuvent être traitées idéellement comme des quantités discrètes). En d’autres termes, si on les considère comme masse d’un article déterminé, elles sont divisibles selon les mesures qu’on applique communément à leur valeur d’usage : par exemple a boisseaux de blé, b quintaux de café, c aunes (ou mètres) de toile, x douzaines de couteaux, l’unité de mesure étant la marchandise elle-même.

Examinons tout d’abord le produit total du capital qui, quelles que soient sa dimension et sa nature discrète ou continue, peut toujours être considéré comme une seule marchandise, comme une seule valeur d’usage, dont la valeur d’échange apparaît elle aussi dans un prix exprimant la valeur totale du produit tout entier.

En analysant le procès de valorisation, nous. avons vu qu’une partie du capital constant avancé (installations, machines, etc.) ne transmet au produit que la portion déterminée de valeur qu’elle perd en opérant comme moyen de travail dans le procès de travail ; que cette partie n’entre jamais matériellement, sous sa forme propre de valeur d’usage, dans le produit ; qu’elle continue de servir dans le procès de travail, pour une longue période, à la production de marchandises, et que la portion de valeur cédée au produit pendant sa période de fabrication s’évalue d’après le rapport de cette période à toute la période d’utilisation du moyen de travail, c’est-à-dire à la période au cours de laquelle toute sa valeur est consommée et transmise au produit. Par exemple, lorsque le capital constant avancé sert pendant dix ans, il suffit d’un calcul de moyenne pour déterminer qu’en une année il a transmis ou ajouté un dixième de sa valeur au produit. Après qu’une masse donnée de produits ait été rejetée du procès de production, une portion du capital constant continue donc à servir de moyen de travail et à y représenter une valeur déterminable d’après un calcul de moyenne, puisqu’elle n’est pas entrée dans la valeur de la masse des produits fabriqués. Sa valeur totale n’est donc déterminante que pour la valeur de la masse de produits à la fabrication desquels elle a contribué : on déduit de la valeur totale la valeur transmise en un laps de temps donné, comme partie aliquote de cette dernière, c’est dire qu’on évalue le rapport entre la période d’utilisation donnée et la période totale où elle fonctionne et transmet au produit la totalité de sa valeur. Pour ce qui est de la partie dont la valeur n’est pas encore entrée dans la masse des marchandises déjà produites, on peut la négliger dans ces calculs, ou l’estimer comme nulle par rapport à la masse produite. Ou bien, et cela revient au même pour notre démonstration, on peut admettre, pour simplifier, que tout le capital - y compris sa partie constante,- qui passe intégralement dans le produit au bout d’une longue période - se résout entièrement dans le produit du capital total considéré.

Karl Marx

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