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D’où vient et où va Fraction de Lutte Ouvrière (France) ?

25 octobre 2008, 00:10

D’autres contributions au débat, rédigées courant septembre.

Le mouvement de lutte contre l’Etat concernant les sans papiers a explosé en 1996. De 1996 à 2000, les manifestations, si elles comptaient des effectifs moins nombreux que celle du 25 août 1996, continuaient d’être assez nombreuses. Puis, corrélativement au « démontage » du Mc Donald de Millau par J. Bové et ses amis, le populisme mêlé de nationalisme a gagné l’ambiance du pays. Jusque 2005/2006 les manifestations de sans-papiers se sont vidées. De 5000 à 10000 encore jusqu’à septembre 2000, les manifestations ne comptaient plus que quelques centaines à 2000 personnes.

Puis le lancement du mouvement RESF et les bagarres contre le renforcement (loi sarkozy, Reseda, etc.) de la répression des étrangers en France a repris. Les bagarres contre l’expulsion des étudiants ou lycéens scolarisés « intégrés » comme dirait le PS, et contre l’expulsion de parents d’enfants scolarisés s’est développé depuis fin 2005 début 2006.

Les deux années suivantes ont vu se développer les premiers mouvements (Modeluxe, Buffalo Grill, OSP etc.) de travailleurs sans papiers réclamant leur régularisation du fait de leur présence sur le territoire depuis de nombreuses années, travaillant régulièrement dans les restaurants, embauchés légalement, déclarés, mais bien souvent sans que les patrons sachent leur statut réel.

Puis le gouvernement Fillon a produit la circulaire de janvier 2008. Le contenu de la circulaire proposait la possibilité d’une « immigration choisie » spécifiant les secteurs et les pays pour lesquels le gouvernement acceptait de donner un statut légal aux étrangers. (Il est notable que les algériens et les tunisiens sont complètement exclus de la possibilité d’immigration). L’article 40 de la loi dite Hortefeux permet la régularisation de personnes travaillant sur le territoire.

Les bagarres de sans papiers commençaient à s’intensifier depuis septembre 2007. La CGT, plus particulièrement Raymond Chauveau a sauté sur l’occasion de l’article 40. Suite à des bagarres plus nombreuses, certaines actions ayant commencé dès février 2008, le « mouvement du 15 avril » a été lancé par le maoïste de la CGT de l’Essonne.

Le bilan de 5 mois de l’investissement et de l’encadrement de la CGT dans cette bagarre a abouti, au 13 septembre, R. Chauveau à tirer un bilan auprès des camarades sans-papiers du 91 et des camarades de la section locale du PCF.

Il annonce « un recul de fait du gouvernement » suite à la régularisation de 900 (il hésite entre 950 et 900) « dossiers » sur les 1700 déposés.

Ce qui est dommageable dans cette bagarre, c’est qu’elle n’a que peu pris la forme d’une lutte de la régularisation de tous les sans papiers comme si souvent revendiqué depuis les grandes luttes de 1996.

Contrairement à ce qu’annonce Chauveau dans son fief, et qu’il se gardait bien d’annoncer devant les 85 personnes présentes au débat central du stand des sans papiers à l’autre bout de la fête de l’huma, ce n’est pas un recul du gouvernement, mais un recul des revendications de régularisation massive, sans cas par cas.

« "Une seule classe ouvrière", "régularisation sans condition de tous les sans -papiers", "libre circulation" voilà l’orientation de classe. »

C’est totalement déplorable, que ce « camarade » n’aille pas plus loin, maintenant qu’il a gagné un succès sur une bagarre qu’il n’a en réalité mené que sur le terrain du gouvernement, et qu’il ne propose pas d’aller au refus du cas par cas.

Il nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Le problème c’est que nous nous laissions embarquer sur le terrain du cas par cas et que nous nous soyons investis sans la ligne politique que nous avons si souvent défendus. Taire nos critiques, taire nos revendications et s’adapter au terrain du gouvernement comme Chauveau et la CGT l’ont fait est une forme de suivisme. Suivisme que nous combattions relativement à ce que LO est devenu depuis des années. A quoi servons nous, si nous participons à cette mascarade de bagarre de classe, si nous n’en proposons pas un axe élevant la subjectivité du mouvement, au pour soi du mouvement, si nous n’expliquons pas que les sans papiers sont une force qui pourrait et aurait pu entraîner l’ensemble des travailleurs dans le mouvement d’ensemble que nous revendiquons dans notre édito de mi-septembre ? C’est cette politique qui constituerait une politique révolutionnaire.

Cela n’est ni la politique ni le discours de la CGT. La CGT s’appuie sur le mouvement pour regonfler ses militants, placer des cartes, développer son organisation et sa popularité (ce que je suis loin de déplorer, tant mieux si les militants sont regonflés pour se bagarrer et préparer les luttes à venir). En définitive, son implication dans le mouvement a ou aura pour but de mieux faire passer sa ligne d’encadrement de la classe ouvrière. Rappelons que c’est cette politique qu’elle a tenté et en partie réussi à faire passer chez les cheminots en octobre et novembre 2007. Ce qui a aidé le gouvernement à faire passer sa réforme des retraites.

La CGT affiche sur le bâtiment sur son siège (à Montreuil) : « gagner des droits pour plus de stabilité sociale ». C’est un slogan qui ne tient pas compte de la durée et de l’approfondissement de la crise. En cela il continue de faire passer l’illusion du réformisme. Cet appareil n’est pas celui dont nous avons besoin, c’est celui auquel faudra s’affronter, contre lequel les camarades de la SNCF se sont affrontés il y a un an (de l’intérieur ou de l’extérieur). Ne pas défendre nos slogans, c’est faire le jeu inconscient du réformisme et de la social-démocratie. LO, NPA ou fraction, si nous ne l’avons pas à l’esprit et si nous ne militons pas idéologiquement et politiquement contre les pratiques de cas par cas, en proposant la régularisation de tous les sans-papiers, en proposant un soutien aux étudiants dans les facs, aux travailleurs dans les boîtes, nous n’aidons pas le mouvement. Nous sommes dedans sans notre politique, nous aidons la CGT dans son travail de sape de la combativité ouvrière. Nous ne valons pas mieux que la CGT ou le PS, donc. A quoi cela sert de se bagarrer, au point d’être exclu de LO, contre l’alliance aux municipales avec le PS et le PC, si c’est pour l’aligner à la première occasion sur la pratique du cas par cas de la CGT ?

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