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2014, année de l’amiante en France : dix tués par jour sans condamnation, est-ce un crime d’Etat ?

28 janvier 2016, 16:48

L’exposition professionnelle à l’amiante, minéral massivement utilisé avant d’être interdit en 1997, continue à faire des victimes en France, avec au moins 2 200 nouveaux cas de cancers et 1 700 décès chaque année, selon des estimations publiées mardi. "Le poids des cancers pour les sites liés à l’amiante de façon certaine (poumon, mésothéliome, larynx, ovaire) demeure très important puisqu’il est estimé entre environ 2 200 et 5 400 cas par an en France, touchant de façon majoritaire les hommes pour les cancers respiratoires", relève le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Cette publication de l’Institut de veille sanitaire (InVS) consacre un numéro entier à l’amiante, matériau isolant très largement utilisé dans l’industrie et le bâtiment entre les années 1960 et 1980.

Le cancer du poumon arrive très largement en tête des cancers professionnels attribuables à l’amiante, avec 1 328 à 3 709 nouveaux cas estimés (dont seulement 56 à 81 chez des femmes) et 1 004 à 2 805 décès en 2012 (dont 43 à 62 chez des femmes), selon les deux scénarios retenus par des chercheurs de l’InVS. "Nous avons retenu deux niveaux de risque relatif de développer un cancer lié à l’exposition professionnelle à l’amiante, conformément à la littérature scientifique", précise Annabelle Gilg Soit Ilg, épidémiologiste à l’InVS.

En utilisant la même méthode, les chercheurs ont estimé que 615 à 822 décès par cancer de la plèvre (ou mésothéliome) en 2012 pouvaient être imputés à une exposition professionnelle à l’amiante, ainsi que 678 à 915 nouveaux cas de ces cancers, diagnostiqués la même année. Le mésothéliome est un cancer dont le seul facteur de risque avéré à ce jour est l’exposition (professionnelle ou extra-professionnelle) à l’amiante, contrairement au cancer du poumon, surtout favorisé par le tabagisme. Ces deux cancers apparaissent généralement de très nombreuses années après l’exposition à l’amiante, ce qui complique le travail des chercheurs.

Dans une des études publiées mardi, l’InVS relève une augmentation sensible des nouveaux cas de mésothéliome entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000, notamment chez les femmes alors que pour 28 % d’entre elles, aucune exposition à l’amiante n’a été retrouvée. "Nos résultats suggèrent que le pic d’incidence n’est peut-être pas encore atteint, contrairement à ce qui avait pu être avancé précédemment", relève Mme Gigl Soit Ilg, qui reconnaît également qu’"on ne sait pas très bien pourquoi" les mésothéliomes sont en augmentation chez les femmes.

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