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2014, année de l’amiante en France : dix tués par jour sans condamnation, est-ce un crime d’Etat ?

7 avril 2014, 10:31

Exposés à l’amiante, trois anciens salariés du constructeur automobile Renault ont été reconnus en maladie professionnelle, due à une faute inexcusable de l’employeur. Deux d’entre eux sont décédés.

Raymond Meteyer travaillait à « la cour » comme débardeur. Il déchargeait la nuit des wagons de sacs d’amiante destinés à la fonderie de Renault. En général, les salariés ressortaient « tous gris, couverts d’amiante ». À la tôlerie, où il a travaillé ensuite, la satanée poussière se trouvait aussi dans les freins et dans les embrayages.

Et puis, en novembre 2008, l’homme âgé de 64 ans, découvre qu’il est atteint d’un cancer broncho-pulmonaire. Il est décédé le 29 août 2009.

Patrice Trehet, ajusteur et technicien de maintenance jusqu’en 2009. Il n’avait pas soixante ans lorsqu’il a appris son cancer. La maladie l’a emporté en décembre 2011. Sa veuve Martine, tout comme la veuve de Raymond Meteyer, Renée, n’ont pas pu parler de leurs époux morts de l’amiante. Par pudeur, elles ont préféré écrire, chacune retraçant les douleurs et la fin de vie de leurs conjoints ; chacune condamnant les industries pour l’emploi de « ce poison ».

Le 4 septembre dernier, elles n’ont pas crié victoire mais le jugement du tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de la Sarthe les a un peu soulagées : il a reconnu la faute inexcusable de la société Renault. L’entreprise devait faire appel et finalement, s’est désistée.

Dans l’atelier peinture

Un troisième homme, en vie celui-là, a savouré le jugement du Tass. André Pousse, embauché comme ouvrier à l’atelier fabrication de peintures en 1976 par Renault, se plaint depuis longtemps d’avoir été exposé à l’amiante.

« On coupait au couteau de boucher les sacs d’amiante pour le mélanger à la pâte qu’on mettait sous le châssis des voitures, le blackson », raconte-t-il. Le masque, le nez de cochon, n’était pas toujours accessible.

André Pousse, qui a vu mourir ses deux frères qui travaillaient à l’usine, n’a pas retrouvé les sept collègues avec qui il occupait l’atelier peinture (qui n’existe plus sur le site). L’ancien salarié présidait jusqu’en 2011 l’Association de défense des victimes de l’amiante Renault Le Mans et Sarthe (Advarm). Il note que « c’est la première fois que l’atelier peinture était ciblé dans les procédures amiante ».

« La faute inexcusable, c’est une symbolique très forte du jugement pour les victimes », souligne Me David Simon, avocat de l’Advarm. Depuis 2003, année de la création de l’association, sept dossiers ont obtenu la faute inexcusable de l’employeur (cinq pour Renault, deux pour la SNCF).

L’association a adressé au Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) quelque 69 dossiers. C’est ce fonds qui, au nom des ayants droit de Raymond Meteyer et Patrice Trehet, avait saisi le Tass pour qu’il reconnaisse la faute inexcusable.

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