Accueil > ... > Forum 23989

2014, année de l’amiante en France : dix tués par jour sans condamnation, est-ce un crime d’Etat ?

16 février 2014, 09:45, par RP

Il y a des dispositions médicales à prendre. Un cancer reconnu rapidement peut être soigné.

Essentiellement, il faut faire examiner le malade.

Un diagnostic de cancer nécessite toujours l’examen de tissus prélevés par biopsie dans une région suspecte. Cette analyse des tissus au microscope, appelée examen anatomopathologique, est indispensable pour confirmer la présence d’un cancer et permettre d’en déterminer le type.

Aucun examen d’imagerie médicale ne peut à lui seul suffire pour affirmer la présence d’un cancer. La démarche diagnostique comporte 2 phases : le bilan diagnostique et le bilan d’extension. Les examens sont habituellement effectués dans un ordre type qui peut cependant varier.

La démarche diagnostique permet de :

confirmer la présence d’un cancer,
identifier le type de cancer,
trouver l’emplacement où le cancer a pris naissance (tumeur primitive),
avoir une idée de l’étendue, ou propagation, du cancer (stade),
élaborer un plan de traitement,

Dans le cas d’une suspicion de cancer bronchique, les examens prescrits visent également à déterminer si la tumeur est résécable (c’est-à-dire si elle peut être enlevée notamment en fonction de l’extension de la maladie) et si le patient est opérable (c’est-à-dire vérifier que son état de santé autorise l’intervention avec notamment comme critère l’évaluation de sa fonction respiratoire).

Il y a les dispositions légales : entre autres des témoignages montrant qu’on a travaillé dans un espace contenant de l’amiante ou qu’on manipulait des pièces en contenant.

Ensuite, il faut faire un dossier en direction de la Sécurité sociale pour faire reconnaitre la maladie comme maladie professionnelle. Ce dossier nécessite des pièces médicales et des explications sur l’activité professionnelle (notamment les témoignages cités plus haut).

Il faut essayer d’obtenir le maximum de soutiens autour de soi (salariés, syndicats, famille, amis).

Il faut aussi contacter les associations spécialisées, à commencer par l’ANDEVA, ce qui est souvent le premier pas à faire, vu que les syndicats sont rarement réceptifs.

La complexité du dispositif de reconnaissance des maladies professionnelles, considéré comme un véritable parcours du combattant, arrive également en bonne place parmi les freins à la déclaration, tout comme le comportement de certaines caisses de Sécurité sociale à l’égard des assurés. Tout cela décourage plus d’un malade. Face à tant d’incertitudes, celui-ci va forcément se demander si l’enjeu en vaut la chandelle. Craignant d’être mal vu par son employeur dans un monde du travail de plus en plus sélectif, voire de perdre son emploi pour inaptitude médicale, il aura vite fait ses comptes : la faiblesse des indemnisations ne l’encourage pas vraiment à prendre ce risque.

Sur un plan individuel, les conséquences de ce renoncement à faire valoir ses droits peuvent être dramatiques pour la victime, qui ne bénéficiera pas de la protection contre le licenciement prévue par le Code du travail en cas de maladie professionnelle.

Sur un plan collectif, la sous-déclaration des maladies professionnelles ne pousse pas les organisations syndicales à faire de ce problème un axe de revendication prioritaire. Par ailleurs, en minorant les cotisations patronales, elle n’incite pas non plus les entreprises à mettre en place une politique de prévention. Au final, c’est un véritable cercle vicieux qui pénalise l’ensemble du système : mal réparées, les maladies professionnelles sont aussi mal prévenues.

Face à ce problème récurrent, l’amorce d’une réaction doit d’abord venir du terrain avec une meilleure prise en charge des salariés atteints. De ce point de vue, les associations de victimes de l’amiante (_R1) ont montré l’exemple. Elles ont mené une guérilla sans précédent pour faire reconnaître et indemniser des centaines de milliers de malades. Elles ont notamment bâti un vaste réseau d’aide et d’assistance médico-légale pour conseiller les personnes atteintes sur les démarches à accomplir. Elles ont bousculé le système de réparation, contraignant les pouvoirs publics à améliorer une réglementation obsolète et par trop défavorable aux assurés sociaux. Obtenant une nouvelle définition de la faute inexcusable de l’employeur, après avoir engagé pas moins de 10 000 procédures judiciaires, elles ont également ouvert la voie de la réparation intégrale des préjudices pour les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Mais, surtout, les associations de victimes ont obligé l’Etat à prendre des mesures réglementaires pour prévenir plus efficacement le risque cancérogène.

Il reste maintenant aux acteurs "officiels" de la santé au travail - syndicalistes, élus de CHSCT, médecins du travail - à s’approprier cette démarche. Ils ont tout à y gagner. A commencer par une amélioration, en retour, de la prévention des risques professionnels.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.