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2014, année de l’amiante en France : dix tués par jour sans condamnation, est-ce un crime d’Etat ?

14 février 2014, 16:12

Dans un courrier rendu public jeudi 16 janvier, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) interpelle les présidences de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’université Paris-Sud, leur demandant de renoncer à nommer un chercheur controversé, Paolo Boffetta, à la tête du principal centre de recherche français en épidémiologie.

Ce dernier, le Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), est placé sous la double tutelle de l’Inserm et de l’université Paris-Sud et doit voir un nouveau directeur être désigné courant 2014. Le processus de sélection est entamé depuis plusieurs mois et M. Boffetta est seul en lice.

S’appuyant sur des informations issues « des victimes italiennes de l’amiante, ainsi que de chercheurs compétents en épidémiologie et en santé publique », l’Andeva estime que « la candidature de M. Boffetta est gravement entachée de conflits d’intérêts majeurs, totalement incompatibles avec la direction du plus grand centre d’épidémiologie français ».

L’association fait notamment référence aux activités de consultant exercées par l’épidémiologiste italien. Outre son affiliation académique – il est aujourd’hui professeur à la Mount Sinai School of Medicine de New York (Etats-Unis) –, ce dernier était en effet jusqu’aux derniers jours de l’année 2013 vice-président d’une société de conseil basée à Lyon, l’International Prevention Research Institute (IPRI). Or, écrit l’Andeva, « l’IPRI produit et vend aux industriels des expertises ou articles ‘‘scientifiques sur les questions de santé et risques sanitaires ».

M. Boffetta assure de son côté que « l’IPRI travaille également avec des organismes publics ». « Je ne suis plus affilié à l’IPRI et je n’en suis plus actionnaire », ajoute l’intéressé, qui s’est engagé à cesser toute activité de conseil une fois nommé à la tête du CESP. Cependant, en février, le chercheur italien assistera le laboratoire pharmaceutique Takeda, attaqué devant la justice américaine par des patients atteints de cancer de la vessie après avoir pris l’antidiabétique Actos. En France, ce dernier a été retiré en 2011.

Dans sa lettre, également adressée aux ministères de la recherche et de la santé, l’Andeva attire plutôt l’attention sur un article, publié début 2012 par M. Boffetta dans la revue European Journal of Cancer Prevention. La conclusion en est que « le risque de mésothéliome (cancer de la plèvre), pour les travailleurs exposés dans un passé lointain, n’est pas modifié de façon appréciable par les expositions ultérieures et arrêter l’exposition ne modifie pas matériellement le risque ultérieur ». En clair, il serait inutile de réduire l’exposition à l’amiante des travailleurs ayant déjà été exposés dans le passé.

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