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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

3 mai 2015, 08:15, par Robert

L’Afrique du sud entre en lutte au même moment...

En 1913, une grève générale des mineurs blancs (rejoints par des travailleurs africains) connaît le succès, forçant les Randlords1 à s’asseoir à la table de négociations, après que des manifestations de rue à Johannesburg ont conduit à de violents affrontements et à la mort de 30 ouvriers. Une deuxième grève en 1914 est interdite par la loi martiale. En 1913, les mineurs africains suivent la grève des mineurs blancs, mais la leur est réprimée par l’armée.

Face à la réduction massive des salaires et à la dégradation de leurs conditions de travail, les mineurs entrèrent massivement en lutte. En effet, courant 1913, une grève fut lancée par les ouvriers d’une mine contre les heures supplémentaires que l’entreprise voulait leur imposer. Et il n’en fallut pas plus pour généraliser le mouvement à tous les secteurs avec des manifestations de masse, lesquelles furent néanmoins brisées violemment par les forces de l’ordre. Au final on compta (officiellement) une vingtaine de morts et une centaine de blessés.

Doris Lessing rapporte la montée révolutionnaire en Afrique du sud en 1913 dans « Les enfants de la violence » :

« Le comité de grève transféra son quartier général de Benoni à Johannesburg. Pendant ce temps, le gouvernement armait la bourgeoisie terrifiée en groupes de milice spéciale. Des troupes continuaient à arriver, armées jusqu’aux dents… Des pièces d’artillerie étaient installées dans les espaces dégagés… Les dragons commençèrent à tirer dans la foule… C’était en juillet 1913. S’il n’y avait pas eu la guerre l’année suivante, on les aurait battus, on aurait eu le socialisme en Afrique du sud. »

Le 19 juin 1913, pour faire face à la montée ouvrière, apparaissaient les premières lois d’apartheid en Afrique du Sud. Ségrégation à l’égard des Noirs : le Natives Land Act (en) no 27 fixe la part des terres réservé à chaque communauté en Union sud-africaine6. Les Noirs se voient attribuer 8 % des terres cultivables, alors qu’ils forment plus de 67 % de la population. Il leur est interdit de posséder et d’acheter des terres hors des réserves. Plus d’un million d’entre eux sont expulsés des terres qu’ils cultivaient. Dépossédés de leurs terres, les Noirs vont travailler dans les mines et les plantations européennes.

Au début de 1914 éclata une série de grèves aussi bien chez les mineurs de charbon que chez les cheminots contre la dégradation des conditions de travail. Mais ce mouvement de lutte se situa dans un contexte particulier, celui des terribles préparatifs de la première boucherie impérialiste généralisée. Dans ce mouvement, on put remarquer la présence de la fraction afrikaner, mais à l’écart de la fraction anglaise. Bien entendu toutes deux bien encadrées par leurs syndicats respectifs dont chacun défendait ses propres "clients ethniques".

Dès lors le gouvernement s’empressa d’instaurer la loi martiale sur laquelle il s’appuya pour briser physiquement la grève et ses initiateurs et en emprisonnant ou en déportant un grand nombre de grévistes dont on ignore encore le nombre exact des victimes. Par ailleurs, nous tenons à souligner ici le rôle particulier des syndicats dans ce mouvement de lutte. En effet, ce fut dans ce même contexte de répression des luttes que les dirigeants syndicaux et du Parti Travailliste votèrent les "crédits de guerre" en soutenant l’entrée en guerre de l’Union Sud-Africaine contre l’Allemagne.

Si la classe ouvrière fut muselée globalement durant la guerre 1914/18, en revanche quelques éléments prolétariens purent tenter de s’y opposer en préconisant l’internationalisme contre le capitalisme.

Puis, en 1917, une affiche fleurit sur les murs de Johannesburg, convoquant une réunion pour le 19 juillet : « Venez discuter des points d’intérêt commun entre les ouvriers blancs et indigènes. » Ce texte est publié par l’ International Socialist League (ISL), une organisation syndicaliste révolutionnaire influencée par les IWW américains2 et formée en 1915 en opposition à la Première Guerre mondiale et aux politiques racistes et conservatrices du parti travailliste sud-africain et des syndicats de métier. Comptant au début surtout des militants blancs, l’ISL s’oriente très vite vers les ouvriers noirs, appelant dans son journal hebdomadaire, l’ International, à construire un « nouveau syndicat qui surmonte les limites des métier, des couleurs de peau, des races et du sexe pour détruire le capitalisme par un blocage de la classe capitaliste ».

Dès 1917, l’ISL organise des ouvriers de couleur. En mars 1917, elle fonde un syndicat d’ouvriers indiens (Indian Workers Industrial Union) à Durban. En 1918, elle fonde un syndicat des travailleurs du textile (se déclarant aussi plus tard à Johannesburg) et un syndicat des conducteurs de cheval à Kimberley, ville d’extraction de diamant. Au Cap, une organisation sour, l’ Industrial Socialist League, fonde la même année un syndicat des travailleurs des sucreries et confiseries. Le premier syndicat des ouvriers africains La réunion du 19 juillet 1917 est un succès et constitue la base de réunions hebdomadaires de groupes d’études menés par des membres de l’ISL (notamment Andrew Dunbar, fondateur de l’IWW en Afrique du Sud en 1910). Dans ces réunions, on discute du capitalisme, de la lutte des classes et de la nécessité pour les ouvriers africains de se syndiquer afin d’obtenir des augmentations de salaires et de supprimer le système du droit de passage. Le 27 septembre suivant, les groupes d’étude se transforment en un syndicat, l’ Industrial Workers of Africa (IWA), sur le modèle des IWW. Son comité d’ organisation est entièrement composé d’Africains. Les demandes du nouveau syndicat sont simples et intransigeantes : elles se résument dans son slogan : Sifuna Zonke ! (« Nous voulons tout ! »).

En 1918, une vague sans précédent de grèves contre le coût de la vie et pour des augmentations de salaire, rassemblant ouvriers blancs et de couleur, submerge le pays. Lorsque le juge McFie fait jeter en prison 152 ouvriers municipaux africains en juin 1918, les enjoignant à continuer « d’effectuer le même travail auparavant » mais maintenant « depuis la prison sous surveillance d’une escorte armée », les progressistes blanc et africains sont outragés. Le TNC appelle à un rassemblement de masse des ouvriers africains à Johannesburg le 10 juin.

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